Si vous me lisez depuis un moment, vous savez que je déteste le froid.
Ou plutôt, je n'aime pas que le froid soit un frein dans ma vie quotidienne, je ne veux pas qu'il me fasse passer une mauvaise journée (D'ailleurs, il y a un an, j'avais aussi consacré un Parlons Vêtements dédié au froid).
Mais quand j'ai vécu à Montréal, j'ai compris que le froid n'était pas une fatalité. Par curiosité, je me suis demandé comment les alpinistes, les militaires, ou même les plongeurs se protégeaient du froid en conditions extrêmes.
J'ai ensuite réfléchi à comment adapter tout ça à un usage urbain, car je n'ai pas envie de vous faire ressembler à un sniper du cercle arctique ou à quelqu'un qui tente une ascension de l'Everest (bien que j'aime les vêtements d'alpinisme vintage).
Si on était aux Etats-Unis, j'aurais presque pu appeler ça le CCS_BG pour Cold Clothing System _BonneGueule. Je plaisante évidemment, mais dans le monde du techwear, on aime bien les acronymes (sans jeu de mot) de ce genre.
Voici donc mon guide complet pour résister au froid et continuer à kiffer le moment présent, quand bien même il fait 0°c et que vous devez rentrer à pied chez vous.
La base : encore et toujours le layering
La clé, c’est évidemment le layering, à savoir empiler des couches de vêtements.
Je n'ai rien inventé, je me suis évidemment inspiré du système "trois couches" des randonneurs :
- une première couche contre la peau pour évacuer l'humidité corporelle, le fameux "base layer" : en général ce sont les tee-shirts en mérinos ou en matière technique qui sèchent très vite.
- une couche intermédiaire qui sert à ajouter de la chaleur quand il fait froid, le "mid layer". C'est là où l'on met "ce qui tient chaud" : polaires, duvets, et autres isolants synthétiques.
- et la troisième couche qui protège de la pluie ou la neige, respirante et imperméable, "l'outer layer" : les membranes Gore-Tex, NeoShell, eVent, etc, s'imposent évidemment.
L'avantage, c'est que c'est très "modulable", et en jonglant avec les couches, vous pouvez non seulement avoir des tenues riches et variées, mais faire face à une grande variété de températures.
A noter que les militaires ont un système un peu plus sophistiqué, qui repose sur 7 couches.
Mais dans un usage urbain, sans enjeux militaires, c'est de l'overkill complet : un pantalon en Gore-Tex n'aura pas grande utilité pour marcher jusqu'à la prochaine station de métro, encore moins s'il est porté avec un blazer…
Le layering dans un style habillé
Même si vous devez porter (ou vous aimez porter) le costume, il y a des tas de solutions pour ne pas avoir froid en hiver.
Pensez aux chemises en flanelle de coton qui, en plus d’ajouter une texture intéressante dans une tenue, ont un côté « douillet » réconfortant.
Je recommande Howard's, qui s'amuse à explorer la flanelle de coton sur des coupes de chemises vraiment adaptées à un cadre habillé.
Le cas des chemises en laine mérinos
Il existe également des chemises 100 % laine mérinos. C’est pas aussi doux que du coton, il y a moins de textures possibles, mais il y a quand même des avantages non négligeables : évacuation de la transpiration, séchage rapide, etc.
Pour en avoir testées personnellement, avoir une chemise en laine apporte un petit plus en terme de chaleur par rapport à du coton, mais ce n'est pas non plus le jour et la nuit. Par exemple, si vous avez trop chaud avec une chemise en mérinos, il y a fort à parier que vous auriez eu trop chaud avec une chemise 100% coton.
Voici les marques qui proposent des chemises en laine :
- Proper Clothes, avec des tissus de Reda (ma reco #1 si vous voulez de la chemise vraiment habillée)
- Wool & Prince, pionnier dans la chemise en laine (et je trouve que c'est une marque attachante)
- Libertad Apparel
- Hardvark
- et évidemment, Seagale, fierté française du techwear.
Passons maintenant à la "couche" supérieure, celle que vous allez porter par-dessus votre chemise.
- porter un cardigan entre votre chemise et votre costume
- porter un pull fin
- porter un col roulé (col roulé + blazer = grande classe)
Quand vous avez une chemise + une maille fine + un blazer + un manteau, avec toutes ces couches et l’air qui va s’y emprisonner (sans compter les doublures du costume et du manteau qui rajoutent encore des couches), le thermomètre peut descendre très bas.
Si cela ne suffit pas, vous pouvez encore gagner en chaleur :
- avoir un costume en laine d’hiver, genre une laine de 300g si vous vous plaignez vraiment du froid.
- si vraiment vous avez encore froid, mettez une doudoune légère sans manches entre votre chemise et votre blazer. Attention, dans cette configuration, vous risquez d’être un peu à l’étroit si vous avez un costume un et/ou un manteau très ajustés.
Vraiment, se protéger du froid quand on a un style habillé n’est vraiment pas un problème, croyez-moi.
Il ne manque plus qu’une paire de chaussure avec une semelle épaisse type Dainite (voir plus bas) et vous serez bien.
Le layering dans un style décontracté
Ça en est presque trop facile tant les possibilités sont nombreuses.
L'indispensable tee-shirt mérinos
La base, à mon sens, reste le tee-shirt mérinos, incroyablement pratique, qui rend bien service quand il fait froid, surtout si vous voyagez léger.
Ça n'est d'ailleurs pas pour rien que le t-shirt mérinos est devenu un permanent chez nous, tant je ne peux plus me passer de cette pièce en hiver.
Voici quelques marques spécialisées :
- Seagale évidemment
- Loow
- Unbound
- Emyun
- Wool&Prince
- Outlier
- Woolly
- Quor
- Isaora
Au royaume des pulls
Pour la couche supérieure, la maille en laine règne en maître.
Que ça soit de la laine vierge ou du cachemire, j’accepte tout, tant que c’est 100 % naturel (pas d’acrylique notamment). Après, c’est plus une question de goût et de budget.
Certains vont aimer les pulls très simples et sobres, tandis que d’autres vont aimer la grosse maille, col roulé ou pas, avec ou sans torsades.
Pour ceux qui démarrent vraiment de zéro, je vous conseille d’investir dans deux mailles :
- un pull zéro difficultés à porter : du bleu ou du gris
- et une pièce plus fun : soit par une couleur plus originale (moutarde, rouille, vert, bordeaux, etc), soit par le design (gros cardigan, torsade, etc) soit les deux.
Vraiment ne paniquez si vous avez l’impression de faire l’erreur de votre vie en choisissant un pull vert au lieu d’un pull bordeaux. Et au contraire, faites-vous plaisir sur les textures et les matières.
Voici quelques marques que j'aime bien :
- pour les petits budgets, les marques françaises Paris Yorker sont incontournables
- Inis Meain, une marque de maille avec laquelle nous avons collaboré par le passé, qui aime explorer
- S.E.H Kelly : ce n'est pas une marque spécialisée dans le "knitwear" à la base, mais j'aime beaucoup ses choix de couleurs
- Johnston of Elgins, c'est la Roll's du cachemire, c'est cher… mais qu'est-ce que c'est beau !
Pour aller plus loin, je vous invite à lire nos tests de pulls et de cardigan, ainsi que notre guide pour reconnaître une maille de qualité.
Pourquoi le workwear est propice au layering
Le style workwear regorge d’exemples de layering facile à faire :
- Chemise en jean + henley
- Gilet sans manche + parka
- blouson type « fleece » + manteau
- etc
Pour moi, les deux pièces emblématiques du workwear très utiles en layering sont le henley et la sur-chemise.
A propos du henley, Jordan a écrit un article très complet que je vous invite à découvrir.
Julien, fondateur de la boutique Jinji montre comment une tenue workwear/vintage peut se montrer riche, avec une parka et une chemise en denim délavée portée par dessus un sweat. Il y a des couleurs variées, de l'inattendu, de la texture, bref, moi je valide :
Ainsi, avec ces pièces, ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Et je ne parle pas du style « outdoor » à la Patagonia qui, par définition, regorge de pièces confortables et chaudes, à utiliser en layering dans tous les sens.
Attention cependant : trop de pièces outdoor dans une tenue peuvent vite donner l’impression que vous êtes un randonneur égaré.
Bien que porter une veste en Gore-Tex Arc’téryx et des SpeedCross de Salomon soit le summum de la hype pour certains.
Utilisez donc les pièces outdoor avec beaucoup de parcimonie, et n’hésitez pas à contraster ces matières synthétiques avec des matières plus nobles comme la laine.
La dernière couche : manteau ou parka ?
Forcément, pour ne pas avoir froid, un manteau ou une parka s'impose. Sans surprise, si vous avez un style globalement habillé, que vous aimez porter le blazer et la chemise rentrée dans le pantalon, c'est un manteau qu'il vous faut.
Et si vous êtes un habitué des sneakers, que vous aimez les marques japonaises et le workwear, c'est une parka qu'il vous faut.
La parka, une alliée sûre
Elle apporte :
- un style décontracté
- une bonne protection contre la pluie
- une grande variété de tissus (techniques ou pas)
- une coupe plus ample qui permet de porter confortablement des pièces en-dessous, sans se sentir étriqué
- une compatibilité avec le port du sac à dos. Aucun risque d'abîmer l'épaulette interne, car il n'y en a pas.
Le manteau (quand il est bien choisi)
Vous pouvez le choisir parce que :
- c'est la grande classe !
- il dessine une très belle silhouette
- il est peut être composé de matières splendides, avec beaucoup de textures, de motifs, de couleurs
- c'est une pièce avec laquelle on se sent élégant, bien habillé
- James Bond porte un manteau quand il est en costume
Où trouver une parka ou un manteau ? Comme dirait Nicolo, "à la fois partout et nulle part". Honnêtement, c'est le genre de pièce qu'on trouve dans n'importe quelle marque de mode masculine bien travaillée, notamment auprès de toutes celles qu'on recommande.
Et sinon, je vous invite à (re)lire notre guide des marques recommandées, dans la section "manteaux".
Récap' du layering
A imprimer et à regarder les jours de grand froid !
Si vous avez un style habillé
Première couche :
- chemise flanelle en coton
- chemise 100 % laine
Deuxième couche :
- maille fine, type cardigan ou pull col rond
- pull col roulé (dans ce cas là, le port d’une chemise formelle est évidemment compliqué, prenez un tee-shirt classique)
Troisième couche :
- blazer en laine hiver
- doudoune sans manches
Quatrième couche :
- n’importe quel manteau digne de ce nom
- contre la pluie : pensez à du Norwegian Rain si le budget suit
Si vous avez un style décontracté
Première couche :
- tee-shirt en laine mérinos (manches courtes ou longues)
- henley si style bien décontracté (qui peut aussi être en laine mérinos )
(Entre ces deux couches, vous pouvez évidemment mettre toutes les chemises et/ou les sweats que vous souhaitez)
Deuxième couche :
- sur-chemise
- grosse maille
Troisième couche :
- gilet sans manche
- work jacket
Quatrième couche :
- parka de toutes sortes
- manteaux de toutes sortes
- blousons et bombers
Côté pantalons…
Première couche :
- leggings à la Icebreaker (voir plus bas)
- leggings Ultra Warm Heattech de chez Uniqlo si petit budget
Deuxième couche :
- vos pantalons/jeans/chinos habituels
Théoriquement, il serait par exemple possible d’avoir une tenue henley mérinos + chemise en jean + gilet sans manches + parka et là normalement vous serez bien protégés du froid.
Quelle matière tient le plus chaud ?
Le drap de laine
L’option la plus simple qui tient « chaud comme il faut » et qui compose la majorité de l’outerwear de qualité. Un matériau pas spécialement stretch ou imperméable, mais qui a l’avantage d’être très beau et élégant. Et d’être très satisfaisant dans 90 % de vos sorties urbaines.
La peau lainée, aussi appelée shearling
Peut-être le matériau naturel qui tient le plus chaud, c’est une véritable armure contre le froid. C’est une pièce qui a énormément de présence et une grosse désirabilité de part son côté aventurier, mais il arrive d’avoir trop chaud avec.
Et c’est une peau qui coûte cher, dont les prix montent très vite. Enfin, le confort est parfois pénible, car la peau lainée peut légèrement entraver la liberté de mouvement.
Si aujourd’hui je devais en acheter une, ça serait sans doute chez je fouillerai Grailed de fond en comble.
L’option techwear : les isolants synthétiques
Isolant synthétique ou duvet ? C’est un débat vieux comme le monde chez les randonneurs. Pour ma part, pour un usage urbain, j’ai une préférence pour l’isolant synthétique, notamment pour des questions de bien-être animal, de compressibilité, et gestion de la transpiration.
Que ce soit chez Primaloft, mais aussi Polartec ou Climashield (les deux que nous utilisons chez BonneGueule), aujourd’hui, il y a des isolants très performants à la chaleur douillette. Je vous invite à (re)lire l’article de Michel sur le gagnant du match synthétique vs duvet.
Le duvet
Même si les performances des isolants synthétiques s'améliorent toujours plus, le pouvoir isolant du duvet reste exceptionnel.
Mais c’est une matière qui n’est pas sans inconvénients. Comme d’habitude, se pose toujours la question du bien-être animal, où des associations rapportent régulièrement des cas d’oies plumées vivantes, même pour des grandes marques.
C’est aussi un isolant qui ne supporte pas d’être mouillé et qui n’aime pas être compressé.
C’est pour cette raison que je ne vous recommanderai pas de marques en particulier, bien qu’en toute transparence, j’ai été possesseur d’une Canada Goose en 2011 lors de mon séjour à Montréal. Et que je n’ai rien trouvé à redire à la performance du produit. Sauf qu’à l’époque, je n’avais pas la même conscience.
Si je devais en racheter aujourd’hui, je n’hésiterai pas à passer des heures sur la traçabilité du duvet, à contacter la marque, à demander plus de précisions, etc.
Le cas délicat de la fourrure : efficace, mais moralement indéfendable
Passons maintenant à la fourrure, sûrement une matière que vous n’allez jamais porter et c’est tant mieux. Par contre, peut-être avez-vous de la curiosité sur ses propriétés thermiques.
Je vais donc vous donner mon avis à titre indicatif, tel un médecin qui enseignerait à ses étudiants les effets d’une drogue, sans pour autant les pousser à en consommer.
C’est sûrement la matière la plus agréable en hiver, car elle tient chaud, elle peut garder de la souplesse et être portée avec de très grandes amplitudes thermiques, peut-être plus que n’importe quelle autre matière, dans une proportion invraisemblable. Une sortie à -5°c suivie d'une balade dans un magasin à 20°c ? Aucun problème avec la fourrure.
La chaleur qui s’en dégage est très douillette, très "douce".
Mais je ne vous apprends rien : le prix moral à payer est très lourd.
Alors oui, un vêtement en fourrure dépasse facilement les 1000 ou 2000 €, mais c’est surtout la cause animale qui est totalement sacrifiée pour des velléités vestimentaires. Plus encore quand ce sont des fourrures qui ne viennent pas d’Europe du Nord.
La situation devient plus dramatique et insensée quand ces animaux ne sont élevés que pour leur fourrure et que leur viande n’est même pas consommée. Ce n’est pas le genre de pratique que je veux encourager.
Aujourd’hui, au vu des nombreux scandales autour de ce matériau, il est hors de question de vous recommander l’achat d’un vêtement en fourrure, malgré ses qualités thermiques indéniables.
Et les pantalons ?
Longtemps j’ai eu froid aux jambes en hiver, en jean.
C’est tellement dommage, car il n’y a rien de plus facile que de passer un hiver les jambes au chaud.
Cas #1 : vous souhaitez continuer à porter vos jeans et chinos habituels
C’est tout simple : il suffit de porter un legging technique sous votre jean. Si le mot « legging » vous fait peur et vous rend insécure sur votre masculinité, ne me faites pas d’histoire, et remplacez le par le mot « boxer long ». Et si vraiment vous êtes tatillon, appelez ça « long John », une appellation qui nous vient du workwear.
Personnellement, j’ai essayé avec succès un legging de chez Icebreaker (il y a un équivalent chez Smartwool), et je me tâte à essayer un Ultra Warm de chez Uniqlo, qui vend des palettes de sous-vêtements techniques avec leur gamme Heattech.
Les plus courageux peuvent aussi s’aventurer dans la gamme caleçon long de Damart (peut-être la seule fois où je citerai cette marque sur BonneGueule).
Si vraiment, vraiment, vraiment, vous avez des enjeux de grands froids, je vous encourage à chercher des leggings avec des matières de Polartec telles que le Power Wool, le Power Grid ou le Power Stretch. Cela se trouve facilement auprès de marques outdoor établies.
Par exemple, pour ceux qui veulent le grand frisson du techwear Made in Usa, Beyond Clothing et Triple Aught Design proposent tout deux un boxer long en Power Wool.
Vraiment, je vous recommande chaudement (si je puis dire) de faire l’acquisition d’un boxer long dans votre garde-robe d’hiver, vous allez voir que c’est le jour et la nuit. Ça m’a dépanné tellement de fois que je ne peux plus m’en passer…
Les plus geeks d’entre vous n’hésiteront pas à lire l’article très complet de Wirecutter au sujet du « thermal underwear ». Si si, lisez-le, j’ai appris plein de trucs.
Cas #2 : vous souhaitez investir dans du pantalon automne/hiver
Autant la solution « pantalon habituel + legging thermique » est simple et peu coûteuse, autant le pantalon d’hiver en laine permet d’avoir accès à des matières très belles, avec bien plus de caractère qu’un pantalon 100% coton.
Et c’est vraiment le genre de pièce qui va vous faire aimer l’hiver.
Au porter, par rapport à la solution « legging », c’est très plaisant car il n’y a qu’une seule épaisseur et l’isolation thermique d’un tel pantalon est très agréable.
Et évidemment, si vous voyagez dans des contrées très froides (Europe du Nord en hiver), rajoutez un legging sous votre pantalon en laine, et vous n’aurez plus jamais froid.
Alors, quelles solutions possibles pour du pantalon en laine en hiver ?
Chez BonneGueule, ça fait des années que je suis partisan du pantalon en laine gris, tant il est pratique et polyvalent.
Evidemment, la flanelle de laine est à privilégier. Avec une tenue plus habillée, sa capacité à y être bien intégrée est indiscutable : un blazer, une chemise, un pantalon en flanelle et une belle paire de souliers, et vous n’avez pas besoin de faire plus.
Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, le pantalon en flanelle peut trouver facilement sa place dans des tenues plus décontractées, comme avec des sneaker ou un sweat.
Si vous nous lisez depuis plusieurs années, vous en avez forcément un. Et si ce n’est pas le cas, vous passez à côté d’un super compagnon pour l’hiver.
Viennent ensuite les tissus en laine plus « exotiques » comme le whipcord ou le cavalry twill. Les puristes vont s’arracher les cheveux en lisant ça, mais je vais faire simple : c’est comme du denim au niveau de la construction sauf que c’est de la laine et pas du coton indigo.
A la base, ces matières ont été créées pour des activités de plein air, comme l’équitation : il fallait donc que ça soit résistant et qu’il y ait un stretch naturel et mécanique.
Malheureusement, c’est un type de matière pas facile à trouver dans le commerce, malgré des qualités réelles, et un joli aspect légèrement chiné.
Par contre, un problème de taille se pose avec les pantalons en laine : dès que vous voulez quelque chose de plus exclusif, avec une couleur inhabituelle, les prix montent très rapidement, chez la marque Rota par exemple.
Et les pantalon en coton ?
Oui oui, on peut continuer à les porter.
Forcément, les selvedge japonais sont plus que jamais adaptés à cette saison. A partir de 13-14 oz, vous avez un candidat très sérieux contre l’hiver, en plus de la « solution legging ». Naked and Famous, chaque hiver, s’amuse souvent à sortir un jean adapté à l’hiver.
On a tellement parlé de jeans sur BonneGueule que je vais juste me contenter de vous pointer vers quelques articles :
- Notre guide ultime pour choisir et porter un jean de qualité
- Nos conseils sur les jeans
- Nos tests de jeans
Le velours fait également son grand retour depuis quelques années. C’est un peu plus chaud qu’un coton classique et la sensation est plus « douillette ».
Chez les amateurs d’art sartorial, c’est une pièce qui peut être facilement intégrée dans des tenues avec un blazer et de beaux souliers.
A titre (très) personnel, j’aime beaucoup les pantalons en velours de la marque danoise NNO7, car leur coupe leur permet d’être portés dans des tenues plus décontractées.
Plus courant, vous avez la moleskine de coton, avec un toucher doux et en coton épais.
Et les chaussures en hiver ?
Avoir froid aux pieds, je vous l'accorde, c'est franchement pénible. Mais heureusement, il y a plein de solutions possibles.
Quel est le risque de porter des chaussures avec des semelles trop fines ?
Quand vous allez marcher sur un sol glacial, la froideur du sol est très vite confrontée à la chaleur de votre pied en mouvement et en transpiration.
Et que se passe-t-il quand du très froid rencontre du très chaud ? Ça condense ! Ou plus exactement, la transpiration naturelle de vos pieds se met à se condenser, vos chaussettes s’humidifient peu à peu, deviennent de plus en plus froides et vous avez les pieds gelés.
L’enjeu d’une paire de chaussure d’hiver est d’isoler vos pieds du sol froid grâce à une semelle plus épaisse que d’habitude. Il y en a quatre qui reviennent souvent :
- la semelle type Dainite qu’on croise un peu partout
- la semelle commando, bien plus facile à porter dans un look habillé qu’on pourrait le croire
- la semelle en crêpe
- et les semelles Vibram
Pas de difficultés particulières à trouver ces semelles, une marque un tant soit peu sérieuse propose ce type de semelle pour l’hiver. Et évidemment, c’est la norme chez les marques anglaises.
Pensez aussi au workwear, car s’il y a bien des chaussures faites pour être résistantes au froid et aux éléments, ce sont des chaussures de marques comme Red Wings ou Wolverine. Elles ont soit des semelles épaisses, soit des Vibram, soit les deux.
Expérience personnelle : moi et mes Red Wing Iron Rangers à la neige.
L’an dernier, j’ai passé trois jours dans un village enneigé et je n’avais pas de chaussures de montagne. J’ai donc graissé à nouveau mes Red Wing avant de partir, j’ai mis des chaussettes en laine mérinos, et j’ai marché dans la neige (c’était en ville ou en bas des pistes hein, pas en haute montagne).
La solution fut satisfaisante, bien qu’au bout d’un moment, le cuir s’humidifie à force d’être en contact avec la neige. Mais c’est une solution qui reste largement supportable et qui dépanne bien.
Aujourd’hui, si c’était refaire, je reprendrais mes Red Wing. Mais j’emporterais également ma paire d’Adidas Gore-Tex pour alterner afin de laisser une paire sécher correctement. Et je n’hésiterais pas à graisser encore mes Red wing, chaque jour.
Danners aussi, avec ses modèles Gore-Tex, est à envisager si vous êtes sensible au made in USA. Toujours à propos des chaussures Gore-Tex (dont je recommande d'avoir une paire), je me suis longuement exprimé sur le sujet dans ma sélection de vêtements de janvier 2019.
A moins d’habiter dans un pays aux hivers très rigoureux, investir dans des chaussures très chaudes type bottes Sorel uniquement pour l’hiver, c’est de l’overkill, surtout à Paris. Pour faire simple : vous allez avoir trop chaud aux pieds, et votre journée va être pénible.
Quant aux sneakers, vu qu’elles ont souvent une semelle en caoutchouc épaisse, elles sont naturellement isolantes. Vos sneakers de base seront donc tout à fait portables en hiver. Et si vous avez un peu froid aux pieds, mettez des chaussettes plus chaudes.
Du côté des chaussettes ?
Par contre, côté chaussettes, il y a de l’optimisation à aller chercher.
Moi j'aime beaucoup les chaussettes de SmartWool, Wool&Prince et j'ai eu un coup de coeur pour Sympa Bonnard.
Cela dit, il est possible que vous ayez quand même les pieds froids avec les chaussettes les plus épaisses. Pourquoi ? Parce que la transpiration des pieds peut avoir du mal à s'évacuer malgré des chaussettes en laine, l'humidité s'accumule, et c'est elle qui va refroidir vos pieds.
Plus exactement, c'est votre transpiration, emprisonnée dans vos chaussettes, qui va "aspirer" la chaleur de vos pieds. C'est pour cette raison que les pieds mouillés sont la hantise des randonneurs en hiver.
Mais dans le cas d'une utilisation urbaine, où vous êtes la plupart du temps dans des endroits chauffés, c'est moins pénible. En général, en marchant dans un bâtiment avec du chauffage, votre pied se réchauffe et la transpiration de vos chaussettes sèche petit à petit.
Pour les températures négatives, si vous en avez marre d'avoir les pieds froids — même avec des chaussettes en laine — il n'est pas idiot de s'orienter vers des chaussettes plus techniques.
Pour des journées à -30°c, prenez les chaussettes en Lamilite de Wiggy’s. Et si comme moi, vous adorez le Power Stretch, sachez que ça existe en chaussette. Les chaussettes en Polartec sont aussi une très bonne solution "anti pieds froids".
La question des gants
Il n’est pas possible de passer un hiver sans gants, ça c’est clair.
Sur du cuir fin, il ne faut pas hésiter à les prendre un peu serrés car le cuir va se détendre.
Pour ma part, j’aime beaucoup les collaborations entre Norse Projects et Hestra. Attention, la coupe de ces gants est assez rustique, ça n’a rien à voir avec un gant en cuir fin ajusté, mais ils tiennent bien dans le temps et peuvent être portés dans une grande amplitude thermique.
Et j’ai eu un gros coup de coeur pour la maison Lavabre Cadet, dans la plus pure tradition de la ganterie française. C’est bien simple : quand vous essayez un gant si haut de gamme, votre main est plus belle avec que nue ! Il y a donc un gros « X Factor », mais c’est un certain budget.
La marque anglaise Dents propose aussi de beaux gants habillés, ce sont notamment eux qui habillent les mains de Daniel Craig dans les James Bond…
Et, la solution de facilité, ce sont les gants COS bi-matière, doublés en cachemire. L’un des meilleurs rapport qualité/prix.
La question des écharpes
C’est impossible de passer un hiver sans écharpe, quand bien même vous êtes un adepte du col roulé.
Parce que c’est un accessoire indispensable, il y a intérêt à bien la choisir.
Quelle matière ?
Une règle d’or : jamais de matière synthétique dans une écharpe. Ensuite, que ça soit de la laine, du cachemire, ou de la soie, c’est comme vous voulez (et en fonction de votre budget).
Je recommande quand même d’avoir une « vraie » écharpe d’hiver et une écharpe/foulard plus légère pour le printemps et les soirées d’été.
Quelle taille d’écharpe ?
Pour moi, la dimension magique c’est 190 cm x 50 cm. Certes, c’est long, c’est large, mais ça protège vraiment du froid, et vous pouvez la mettre de plusieurs manières, faire plusieurs noeuds.
Certains préfèreront une écharpe moins large et moins longue, mais quand il fera très froid, il risque d’y avoir des petits interstices où le froid va s’infiltrer.
Il existe des écharpes en laine qui font 70 cm de large, mais je trouve que ça commence à devenir très encombrant.
Alors évidemment, que ça fasse 185 cm au lieu de 190 cm, ça « marche » aussi ! Mais ça vous donne une idée de ma dimension idéale.
On peut avoir des écharpes en 190 cm x 100 cm, comme par exemple chez Inouitoosh. Une fois portée, l’effet est assez spectaculaire, très imposant et « graphique », en plus de protéger efficacement contre le froid, mais attention, c’est aussi un accessoire encombrant. A réserver à ceux qui ont déjà une écharpe « simple » et qui veulent s’amuser avec de grands drapés autour du cou.
Le mot de Nicolò sur les bonnets
Hé oui, c'est moi qui m'y colle.
Vous vous demandiez peut-être pourquoi Benoît n'a pas mentionné une seule fois le bonnet dans tout cet article ? Hé bien c'est que notre cher Benoît n'aime vraiment pas ça. Et c'est plus fort que lui, il ne peut pas s'empêcher de voir tout homme avec un bonnet comme, disons... une représentation phallique. Haem.
Mais il est tout à fait conscient que c'est aussi lui qui fait un peu un blocage là dessus. Aussi, il a tenu à me laisser la parole à moi, porteur occasionnel du bonnet en hiver.
Voici donc mes "Cinq Conseils pour bien choisir et porter le Bonnet".
Numéro 1 : la couleur
Très sincèrement, je n'ai pas de recette miracle pour choisir la bonne couleur de bonnet par rapport à votre tenue. Très souvent, je pense avoir trouvé une "règle absolue" qui marche, puis je me rends compte qu'il y a trop d'exceptions à chaque fois.
Il faut tester ce qui vous plaît et voir le résultat. Voici quand même quelques pistes pour éviter de vous planter :
- La base : j'invite quiconque ne l'a toujours pas fait à voir cette vidéo et à lire cet article, pour apprendre les règles élémentaires sur les couleurs, et comment bien les choisir. Il faut absolument que vous compreniez le concept de "contraste peau/cheveux", sinon ce que je vais dire après risque de n'avoir aucun sens pour vous.
- Ayez conscience que, comme toujours les couleurs plus vives sont un peu plus "dures" sur les peaux claires. Mais quand bien même, ce n'est pas importable, c'est juste un petit compromis entre le style et la "valorisation" du visage, que vous pouvez d'ailleurs faire en connaissance de cause.
- Pas de rappel de couleur avec l'écharpe. Vraiment, je ne sais pas qui a eu cette idée (je crois que ça vient des marques qui adorent vendre les deux en packs assortis), mais c'est le meilleur moyen de faire disparaître votre visage dans un océan de laine-cachemire. Au mieux, "ça passe" pas trop mal, et au pire, vous avez ça :
- De façon générale, les rappels de couleurs avec le manteau, le pull, ou les autres pièces proches du visage, sont un peu compliqués. Ne le faites que si vous avez suffisamment d'éléments contrastants sur le haut du buste, sinon vous risquez un effet "bloc". Par contre, vous pouvez tout à fait le faire en ayant un bonnet d'une nuance légèrement différente, et là ça devient simple comme bonjour.
- Ne vous prenez pas trop la tête non plus. Choisissez une couleur qui ne jure pas avec votre manteau, en respectant les astuces au dessus, et vous avez 95% de chances que ça marche. Vraiment. Et au pire si le doute vous assaillit, vous ne risquerez pas grand chose en vous tournant vers du gris ou du bleu, qui ne jurent vraiment avec rien.
Numéro 2 : la composition
Comme toujours, on vous dira : "privilégiez les matières naturelles". Mais alors s'il y a bien une pièce sur laquelle il ne faut pas tricher, c'est le bonnet.
Vous voulez suer du front et vous retrouver avec la tête qui gratte chaque matin en arrivant au travail ou en cours ? Non.
Je dirais même plus : n'hésitez pas à vous tourner vers les matières les plus douces si c'est dans votre budget. Mérinos, cachemire, baby alpaga, voire même des pourcentages de soie... Car un 100% laine ne garantit pas du tout la douceur. Je dirais que le mérinos c'est le minimum, du coup.
Oui c'est plus cher, mais l'avantage c'est que le bonnet reste une pièce assez peu chère dans son ensemble. Et c'est un accessoire qui sera vite rentabilisé car vous le porterez souvent. (Une fois qu'on est habitué à avoir les oreilles au chaud, difficile de revenir en arrière.)
Numéro 3 : le fit
Oui, un bonnet a un fit, même s'il est souvent en taille unique.
Pensez-y notamment si vous avez un tour de tête assez petit comme-moi : souvent les bonnets seront trop couvrants pour vous, voire même tombants pour les plus larges.
Et au contraire, pour les porteurs de grosses lunettes, ou ceux qui ont une crinière magistrale : tenez compte du fait qu'il vous faut peut-être un peu plus de place que la moyenne.
Ah, et le "beanie", c'est à dire le bonnet long, c'est un peu passé de mode aujourd'hui, donc ne soyez pas surpris si vous en trouvez moins qu'avant.
Numéro 4 : la technique secrète "du front et de la mèche"
Ecoutez, ce que je vous lâche là, c'est une vraie petite pépite... Vous vous n'êtes jamais demandés pourquoi certaines personnes avaient une bonne tête en portant le bonnet alors que vous, à chaque fois que vous essayez, vous ressemblez automatiquement à, disons, un champignon ?
Hé bien c'est probablement qu'ils utilisent une de ces astuces, ou même les deux.
- Laissez dépasser une mèche de cheveux du bonnet, si votre coupe vous le permet. Pourquoi ? Parce que soudainement votre visage reprend ses "dimensions humaines". On retrouve la séparation entre cheveux et visage, et par ailleurs le contraste peau/ cheveux est rétabli. Vous avez soudainement une mine et un teint plus naturels. Et par ailleurs, ça rend beaucoup plus facile le port de couleurs plus vives, qui sinon peuvent très vite vous "manger" le visage. C'est là d'ailleurs que ceux d'entre nous qui portent les cheveux longs sont très avantagés. Ah, et pour les chauves qui nous lisent, ce n'est pas une raison pour hésiter. Au contraire, les couvre-chefs bien choisis habillent le visage.
- Ne vissez pas le bonnet sur votre tête comme un bonnet de piscine, pardi ! A la place, laissez autant que possible votre front dépasser, en orientant le bonnet de façon à ce qu'il soit incliné vers l'arrière. Dans la vaste majorité des cas, c'est à cause de cet oubli que les gens ont une tête bizarre en bonnet. Evidemment, quand il fait si froid que vous commencez à vous ficher de la tête que vous pouvez bien avoir, baissez-le, on est pas là pour se faire du mal. Rien ne vous empêchera de le remonter plus tard.
Numéro 5 : les marques
Parce qu'il faut bien finir par l'acheter, ce bonnet !
Entrée de gamme : Muji, Monoprix, Uniqlo, Massimo Dutti,
Milieu de gamme : Le Bonnet, Atelier Particulier, Albam, Homecore, Harmony Paris, Oliver Spencer, Albam, Howlin' By Morrisson, Robert Mackie, Drapeau Noir
Haut de gamme : Drake's, The Workers Club, A Kind of Guise, Inis Meain, Johnston of Elgin, Begg & Co.
Et voilà pour ce mini-guide ! Sortez couverts, les amis.
"Le froid n'est pas une fatalité"…
S'il y avait vraiment une chose à retenir de ce guide, c'est ça.
Le froid ne doit pas être un problème, car il est très facile de le contourner, et de continuer à apprécier la balade du samedi après-midi, malgré des vents glaciaux.
Pensez à bien protéger vos pieds, expérimentez différents layerings, voyez quand vous avez (trop) chaud (ou pas), et la saison froide n'en sera que plus plaisante.