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la parka de base est quand même sacrément énorme.A MA GAUCHE : LE REMBOURRAGE SYNTHÉTIQUE
Introduisons notre challenger, ou plutôt nos challengers : les techniques de rembourrage synthétique, venues pour détrôner le champion en titre.
De plus en plus de fabricants se sont tournés vers cette alternative, souvent en polyester. Certains le font pour des arguments commerciaux, d’autres pour des raisons de coûts. D’autres encore poussent sérieusement l’offre vers le haut à coups d’innovations techniques. Et c’est comme ça que cette solution s’est retrouvée sur notre ring.
Comme pour toute offre qui devient abondante, une question se pose donc : comment s’y retrouver ?
Réponse non-exhaustive avec un tour des principaux candidats :
LA OUATE BASIQUE
Principalement utilisée en entrée de gamme, c’est un rembourrage classique en fibre de polyester ou de coton.
L’INNOVANT POLARTEC
On ne le présente plus. Mais on va le faire quand même : un fabricant de tissus et isolants techniques qu’on apprécie particulièrement chez BonneGueule. A ce jour, neuf isolants aux objectifs différents sont proposés par la marque, allant du plus respirant au plus isolant, en passant par la résistance au vent.
CLIMASHIELD
Spécialiste de l’isolation à filaments continus, il mise principalement sur la tenue des performances thermiques dans le temps. Plusieurs variantes de rembourrage sont proposées, faisant partie des meilleures du marché.
PRIMALOFT
Il scinde son offre en trois gammes (“Gold”, “Silver”, et “Black”) traduisant trois niveaux de qualité différents. Il s’agit également d’une des solutions synthétiques les plus efficaces en termes d’isolation. Le savoir-faire de Primaloft a d’ailleurs été initialement sollicité en 1983 par l’armée américaine pour trouver une alternative pertinente… au duvet.
THERMOBALL
Il ne s'agit pas d'un concurrent de Malteser mais d'une technologie issue de la collaboration entre The North Face et Primaloft. Il s’agit de fibres non-continues, se rapprochant du fonctionnement du duvet en terme de préservation d’air.
CORELOFT
Basé sur un mélange de fibres en polyester de longueurs variables, il est exclusivement utilisé par les produits de la marque haut de gamme Arc’téryx. Note de Benoit : je soupçonne très fortement que sous l'appellation "Corelfoft", ça soit un développement fourni par Climashied...
QUAD FUSION MIMIC
Utilisé par la marque Haglöfs, cet isolant composé de billes synthétiques vise à capturer l’air chaud.
POLARGUARD
Plus présent dans les équipements de couchage que dans les manteaux, il s’agit d’une ouate composée de fibres longues et plutôt rigides, avec ses conséquences sur la compressibilité du vêtement.
THERMOLITE
Cinq gammes de rembourrages techniques, déclinées en plusieurs qualités de fibres. Certaines de ces fibres ont la particularité d’être creuses, laissant de l’espace pour emprisonner l’air. On peut notamment en trouver chez la marque Elizabeth Revol, rescapée de l’Himalaya, en était d’ailleurs équipée.
Note de Benoit : plus on monte en altitude, moins il pleut, c'est pour cette raison que le duvet — qui craint habituellement l'eau — est un choix judicieux, car il révèle tous ses avantages sans ses inconvénients : c'est chaud, c'est léger, ça peut se compresser un peu (le temps d'une expédition, mais pas plus car après il faudra le stocker non compressé de retour au bercail), et ça ne craint pas l'humidité par temps sec.
Mais revenons à nos oies.
Dans un manteau, le fill power du duvet est plus important que sa quantité. Rien ne sert de compresser un duvet en surchargeant une doudoune, cela va même freiner sa capacité de développement.
Mieux vaut donc avoir une doudoune avec 200 grammes de duvet au Cuin très élevé, que 400 grammes au pouvoir gonflant médiocre.
Note de Benoit : c'est aussi pour cette raison qu'il ne faut pas prendre un vêtement en duvet trop ajusté, car il ne faut surtout pas que le duvet soit compressé quand vous allez le porter. Si votre vêtement en duvet est un duvet un poil ample (mais vraiment un poil), c'est tant mieux.
Pour comparer les capacités de deux manteaux, il vous suffira donc de sortir votre belle calculette Casio et de multiplier le grammage par le Cuin. Même si ce ne sera pas le seul paramètre déterminant.
Bien que de plus en plus de revendeurs mettent ces informations à disposition, il vous faudra souvent aller les chercher : n’hésitez pas à poser des questions aux équipes en boutique ou à envoyer un e-mail au service client de votre e-shop préféré.
Pour ce qui est du fill power et du grammage, la marque Rab fait preuve d’une transparence appréciée sur ses étiquettes.
“Ok, donc on a un duvet d’excellente qualité, label “pur duvet d’oie”, avec un fill power de 950 Cuin. Mais concrètement, quand est ce que ça tape ? Nous, on est là pour voir de la confrontation !”
D’accord, passons maintenant à la gauche de l’arbitre. Du côté plastique de la force.
Pour éclairer mes recherches sur le fonctionnement d’un isolant synthétique, c’est avec Linda Cattaneo de chez Polartec que j’ai pu discuter. Elle s’occupe notamment de la marque pour la France, l’Espagne, la Belgique et le Portugal. On lui adresse donc nos remerciements et nos bonnes meilleures ondes !
Chaque marque du domaine utilise ses propres trouvailles techniques pour imiter au mieux le pouvoir isolant du duvet. Les trois combattants les plus à même de rivaliser avec notre oie sont Primaloft, Polartec, et Climashield.
Voyons un peu comment une bouteille en plastique peut devenir un rival de taille dans ce combat pour l’emprisonnement de l’air chaud.
Chez Climashield, ce sont de longues fibres synthétiques qui sont combinées par milliers pour isoler l’air parmi elles, dans l'ensemble de la doublure du vêtement. A l’inverse d’une grande partie des isolants du marché qui utilisent des fibres courtes, ce procédé permet d’offrir une répartition plus homogène. Côté efficacité thermique, c’est la gamme Climashield Apex qui sera la plus aboutie au sein de la marque.
Chez Climashield, l’air chaud se transforme même en lave.
L’avantage d’une fibre longue ne nécessitant pas de compartimentation se retrouve également chez Polartec. A l’origine de l’invention de la polaire en 1979, la marque propose aujourd’hui plusieurs gammes de rembourrages dont la plus technique, Polartec Alpha.
Pour ce qui est de l’isolation, c’est leur gamme Power Fill qui se démarque. Comment ça marche ? Des fibres en polyester, faites à partir de plastique recyclé, forment une matrice dont les poches maintiendront l’air au chaud. Ce maillage obtenu par les fibres étant bien réparti sur l’ensemble du vêtement, Power Fill devient une des meilleures alternatives au duvet.
La technologie Power Fill, présentée par la marque Polartec.
Quant à Primaloft, sa gamme de rembourrage Primaloft Gold est souvent reconnue comme étant la plus isolante du marché, à grammage égal.Le fonctionnement de sa technologie est semblable à celui de Power Fill, avec des fibres extrêmement fines et denses, donnant lieu à un volume de rembourrage réduit.
© Primaloft Gold, prêt à en découdre avec le duvet.
Primaloft Gold, prêt à en découdre avec le duvet.
Suivant la configuration du vêtement, son tissu extérieur et les grammages utilisés, il est cependant difficile de déterminer un grand vainqueur de l’isolation synthétique avec précision.
Au même titre que le pouvoir gonflant du duvet, il existe tout de même une unité de mesure permettant à priori de comparer les capacités d’isolation de deux rembourrages synthétiques. Mais elle présente deux problèmes :
- Très peu de revendeurs communiquent dessus, c’est une information qui circule surtout entre fournisseurs et marques.
- La méthode de calcul et ce qu’elle représente feraient passer votre dernier mal de tête post-Saint-Sylvestre pour une chatouille.
Faisons donc simple : le clo est une unité qui mesure l’isolation d’un vêtement.
Avec des couches de vêtement atteignant ensemble 1 clo, vous garderez une stabilité thermique dans un environnement aux alentours de 21 degrés. A condition que l’humidité soit inférieure à 50%, que le vent reste en dessous des 0,9 km/h, et que vous ne venez pas de vous enfiler un pot entier d'Häagen-Dazs.
Certains ensembles de vêtements peuvent atteindre un clo total de 4, soit 4 fois ce qui vous ferait tenir dans les conditions ci-dessus en termes de chaleur.
A l’inverse, nu comme un vert, vous aurez un clo de 0. A éviter en extérieur donc.
A titre d’exemple, la gamme Climashield Apex a un clo de 0,82, tandis que Primaloft Gold montera à 0,92. Bien entendu, ces valeurs ne prennent pas en compte les couches de tissu utilisées.
Nous pouvons à présent répondre à la question qui doit surement vous démanger : entre un duvet parfait à l’excellent fill power, et un rembourrage en Primaloft Gold au clo de 0,92, qui isolerait le mieux du froid ?
Qui vous aidera le plus en cas de sieste prolongée au sommet de l’Everest ?
Qui mettra son adversaire au tapis pour ce premier round ?
Et bien, à poids égal, c’est le duvet qui ira plus loin en terme de performance isolante.
Vous ressentirez peu de différence en ville, mais on est là pour couronner l’isolant thermique ultime, et le duvet n’est toujours pas détrôné à ce jour.
Christophe Capellot préfère d’ailleurs au pouvoir gonflant la comparaison par altitude entre deux rembourrages. Jusqu'à 1500 mètres d’altitude, le match est très serré. Mais au delà, le meilleur des duvets finit toujours par triompher.
Note de Benoit : pour m'être renseigné sur les parkas et vestes d'hommes utilisées dans des environnements très extrêmes (base arctique, expédition en Himalaya), c'est effectivement du duvet qui est utilisé en grande majorité.
Nous y voilà, vous savez à présent quelle solution résiste le mieux au froid. Le plus important, c’est que vous savez surtout pourquoi c’est le cas, comment se défend chaque alternative, et quels critères garder à l'esprit.
Mais nous parlons ici uniquement de l’isolation thermique, et vous ne choisissez pas forcément votre manteau pour un séjour en igloo.
D’autres caractéristiques sont aussi importantes, d’autant plus si votre usage de la pièce est principalement urbain.
Le rembourrage synthétique tient encore debout. Et le gong du second round a sonné.
ROUND 2 : LEQUEL RÉSISTE LE MIEUX AUX INTEMPÉRIES ?
Vous pourrez avoir le plus pur des duvets.
Vous pourrez même en trier les plumettes la main vous même pour frôler les 100% de flocons.
Vous pourrez avoir un fill power de 1000 Cuin.
Si vous croisez une averse sur votre chemin, et que votre tissu extérieur ne l’aura pas prévu dans ses spécificités, game over.
Vous perdrez une grande partie de son pouvoir isolant.
Gros crochet du droit à encaisser pour notre champion.
Les meilleurs isolants synthétiques ont justement pour principal argument comparatif leur résistance à l’humidité.
Pourquoi le duvet repose-t-il sonné sur le tapis ?
Ses flocons, une fois mouillés, se retrouvent compressés les uns contre les autres, imprégnés d’eau. Ils sont tassés et ne sont plus répartis de façon homogène et donc leur pouvoir gonflant en a également pris un coup.
A l’inverse, les isolants synthétiques tels que Thermoball de chez North Face et Polartec ont des propriétés inhérentes aux matières d’origines plastiques, dont la quasi-imperméabilité.
Chez Climashield, c’est la technologie Aquaban qui assure la résistance en cas de dos crawlé dans un lac : un traitement appliqué directement à la surface du rembourrage freine toute infiltration.
Ces propriétés permettent à la majorité des rembourrages synthétiques de conserver nettement plus de chaleur en cas d’intempéries. Dans le cas de Primaloft Gold, cela peut descendre à seulement 2% de perte en termes d’isolation.
Pour l’humidité, le séjour sera de courte durée chez Primaloft.
Pour palier cet écart de performance, il existe des techniques d’imperméabilisation du duvet telles que Nikwax Waterproofing ou Downtek, pouvant par exemple limiter à 30% l'imprégnation de l’eau.
Selon Christophe Capellot, ces techniques limitent le pouvoir gonflant du duvet, et c’est tout de même pour cette caractéristique qu’on le choisit. La meilleure solution dans le cas du duvet reste donc le tissu extérieur du vêtement, qui devra idéalement être imperméable.
ROUND 3 : LEQUEL EST LE PLUS RESPIRANT ?
Ici, l’affrontement devient plus corsé.
Du fait de l’origine plastique des fibres, la majorité des isolants synthétiques d’entrée de gamme seront nettement moins respirants que le duvet, qui reste après tout un rembourrage naturel. Avec ces alternatives, attendez-vous donc à des coups de chaud plus systématiques quand vous prendrez le tramway pour aller voir votre grande tante.
Courage, plus que six arrêts.
Quand on monte en gamme, la différence devient plus infime : les technologies sont travaillées et conçues pour assurer une certaine respirabilité.
Une des gammes les plus abouties techniquement dans ce domaine est Polartec Alpha : développé pour les forces spéciales américaines, son principal objectif est d’offrir une excellente circulation de l’air. En somme, les fibres à faible densité permettent à l’air chaud et à l’humidité de circuler librement.
Les rembourrages de Primaloft sont également connus pour leur efficacité en la matière.
Match nul pour ce round : face à nos plus grands challengers du marché tels que Polartec, Climashield, ou encore Primaloft, la différence en terme de respirabilité se jouera donc plus sur les tissus intérieur et extérieur du vêtement que sur le garnissage en lui même.
D’ailleurs, la pièce dans laquelle votre rembourrage se retrouvera mérite aussi son attention. Car oui, certains rembourrages sont plus contraignants que d’autres pour la conception même du vêtement. Et vous ne voulez pas devenir la mascotte de Michelin.
Vous comprenez l’idée.
ROUND 4 : QUELLE INFLUENCE SUR LE VÊTEMENT EN LUI MÊME ?
Le garnissage d’un vêtement avec un rembourrage nécessite de prendre en compte les caractéristiques de ce dernier. Ces critères vont jusqu’à influencer la conception même du vêtement, et donc, par extension, son style.
L’affrontement n’est donc pas fini, puisque d’un isolant à l’autre, les contraintes techniques seront différentes,. Et c’est votre allure qui en assumera les conséquences.
La confrontation s'intensifie.
Du côté droit du ring, à isolation égale, la compressibilité du duvet vous permettra de facilement trouver une pièce plus fine et plus légère. Vous le savez à présent : pas besoin de surcharger un vêtement avec du duvet. Car si son pouvoir gonflant le permet, c’est son développement dans la doublure qui s’occupera de tout.
Avec le duvet, contrairement à l’option synthétique, à vous la légèreté et le confort.
Autre coup dur pour son adversaire : bien entretenu, le duvet peut avoir entre 10 et 20 ans de durée de vie. Difficile d’y faire face, même si les fibres continues de Climashield ont pour objectif de résister à toute épreuve (95% de performances thermiques préservées après 20 lavages).
Mais deux inconvénients du plumage d’oie viennent lui faire poser un genou à terre face à ses challengers synthétiques :
- Le duvet et l’eau, c’est un peu comme la pizza et l’ananas, vous avez déjà compris pourquoi.
- Vous l’avez également saisi, le duvet est un flocon.
A cet égard, la forme même du duvet peut l’amener à se tasser dans un vêtement, pas très pratique pour la répartition de l’air chaud contre vous. C’est là l’origine du mythe de la doudoune “Bonhomme Michelin” : l’obligation de compartimenter le duvet pour maintenir une présence homogène dans votre doudoune nécessite de faire appel à un matelassage. Bonjour les lignes de couture interminables.
A noter que de beaucoup de marques proposent des solutions : matelassage sans coutures apparentes, avec des compartiments côté intérieur… Sachez également que pas mal d’isolants synthétiques d’entrée de gamme présentent aussi le même désavantage de par leur forme.
Pour revenir à la pizza et l’ananas, je parlais bien entendu du comportement du duvet face à l’eau. Les marques sont obligées de faire appel à des tissus déperlants ou imperméables.
Sans mentionner les plumes sortantes quand une marque vous propose le luxe d’une doudoune en flanelle. Croyez en mon expérience, mieux vaut être vigilant là-dessus.
Dans cette matière, vous aurez une très belle pièce, mais de mauvaises surprises peuvent pointer le bout de leurs plumes.
Côté texture et style, tout ça limite pas mal les possibilités. Avez-vous déjà croisé un blouson en laine doublé de duvet ?
Enfin, le problème de l’eau rend le duvet plus difficile à entretenir : la case “facture du pressing” n’est pas contournable.
Tiens, je viens de parler de facture. Et notre duvet vient de poser son deuxième genou au sol : il est cher.
Pour vous donner une idée, parmi les élevages français, on trouve 55 millions de canards pour 2 millions d’oies. Autant vous dire que si on ajoute les frais liés à une production de qualité, votre carte bleue risque de préférer les alternatives synthétiques au duvet d'oie.
Si votre budget est serré, et que vous avez déjà un dessous de sapin de Noël à remplir, mieux vaut donc vous tourner vers un bon rembourrage synthétique plutôt que vers un duvet de qualité moyenne.
L'arbitre siffle la fin du round, et nos deux concurrents sont tout aussi sonnés l'un que l'autre.
ROUND 5 : ET POUR L’ÉTHIQUE ?
Pendant qu’on est là, devant des plumes qui se battent avec du plastique, certains d’entre vous doivent penser à des critères de choix autres que la température corporelle en extérieur au mois de mars.
“Qu’en est-il du sort des oies ? De leur bien-être ? Sont-elles plumées à vif ?”
“Avec toutes ces fibres de polyester, bonjour le coup de pouce pour l’industrie pétrolière !”
Comme pour le reste, ce n'est ni noir ni blanc.
Prenons le duvet : effectivement, des cas de plumage à vif ont déjà été mis au jour auparavant. Et oui, comme pour tout élevage d’animaux, les derniers instants peuvent facilement être propices à une souffrance psychologique de l’animal.
La question de l’impact psychologique des élevages sur les animaux n’a jamais été aussi importante aux yeux des acheteurs.
Cependant, la plumaison à vif est interdite depuis le début des années 90. Les producteurs européens, dont notamment Transplume, sont aujourd’hui obligés de faire appel à des abattoirs agréés par l’Union Européenne. Ces derniers doivent assommer les oiseaux par électrocution avant l’abattage, de sorte à minimiser leur souffrance physique.
De plus, comme pour le cuir de vos chaussures, la majorité des duvets sont prélevés auprès d’élevage dont la finalité reste le secteur alimentaire. Il est donc très peu probable qu’une oie française ait été tuée uniquement pour permettre de garnir votre doudoune.
Pour encadrer au mieux les élevages, il existe des labels internationaux auxquels vous pourrez vous référer tels que le RDS, créé à l’initiative de The North Face. Son objectif est de pouvoir fournir une certaine traçabilité du duvet. Les oies ne sont ni gavées, ni exposées au stress.
On interdit même toutes formes de coupages d’ongles susceptibles de faire souffrir l’animal, pratiqués à l’origine pour éviter que les plumages ne soient endommagés lors de combats.
Les exigences du label RDS.
A savoir que du fait de la place importante du foie gras dans l’Hexagone, vous aurez beaucoup de mal à trouver un duvet français certifié RDS.
Chez Patagonia, c’est un partenariat avec l’organisme NSF International qui vise à vous proposer un duvet à la traçabilité garantie : le Global Traceable Down Standard, connu pour être plus strict que le RDS.
Quant aux alternatives telles que le duvet recyclé, elles ne sont pas dépourvues de vices sur le plan éthique. Christophe Capellot m’affirme connaître des fripiers qui fournissent les producteurs de duvet recyclé… avec de la literie achetée aux fondations de dons humanitaires.
Une personne peut donc donner une couette de duvet, persuadée qu’elle aidera quelqu’un dans le besoin, alors qu’en réalité, son don ne sera que matière première pour une entreprise à but lucratif.
L’idée ici n’est ni de légitimer les élevages, ni de remettre en cause le bien fondé des alternatives plus éthiques. Il s’agit simplement de vous montrer que rien n’est absolu, et que ces problématiques sont plus complexes qu’on ne le pense.
Et concernant le rapport entre rembourrage synthétique et industrie pétrolière, beaucoup de marques proposent des solutions recyclées :
- Les gammes Polartec Alpha et Polartec Power Fill sont issues de plastiques recyclés, respectivement pour 100% et 80%.
- Chez Primaloft Black, on trouvera 60% de matières recyclées.
- Pour descendre un peu en gamme, Quad Fusion de chez Haglöfs fait également appel au recyclage pour ses fibres.
Le recyclage constituant un argument commercial à part entière, de plus en plus de marques se tournent vers cette technique pour limiter leur impact écologique.
Chaque camp limite donc ici tant bien que mal son nombre de points de pénalité, à vous de juger suivant les enjeux qui vous tiennent à coeur.
L'AVIS DE BENOIT
En tant que grand fan de techwear, je me suis de plus en plus intéressé aux technologies d'isolation. En matière contre le froid, j'ai d'ailleurs essayé beaucoup de choses.
Le duvet tient toutes ses promesses, c'est indéniable, et si vous habitez dans un coin où vous faites plus souvent face à la neige qu'à la pluie en hiver, c'est effectivement le choix par défaut.
Oui mais voilà… mes convictions sur le bien-être animal évoluent petit à petit.
Quand je vois des marques respectées très techniques comme Wiggy's ou Kanuk qui utilisent du Climashield pour des vêtements de très grands froids, je me dis que prendre du duvet n'a plus vraiment de sens pour un usage urbain car c'est plus cher que du synthétique et ça craint l'humidité. Et les oies sont préservées.
Par contre, si vous êtes dans une optique de randonnée en altitude, oui, le duvet reste un incontournable. Idem pour les sacs de couchage. Mais pour un vêtement urbain, qui va se prendre des averses, mon choix est définitivement fait en faveur du synthétique (et c'est un ancien porteur très satisfait de Canada Goose qui écrit ces lignes).
COUP DE GONG FINAL : QUI EST AU SOL ?
Et bien c’est à vous de décider, puisque vous avez toutes les cartes en main pour faire votre choix.
Mais surtout pour faire le bon choix.
Si vous recherchez de la performance thermique et rien d’autre, que vous préférez un rembourrage plus noble, et que vous avez le budget, orientez votre recherche vers le duvet d'oie.
Si vous voulez de la polyvalence, de l’efficacité en cas d’intempéries, un entretien facile de votre pièce, et que la question du bien être animal vous est très cher, vous avez pu voir que les alternatives synthétiques peuvent tout à fait rivaliser.
Dans les deux cas, renseignez-vous au maximum sur les pièces qui vous plaisent, comparez les fill power, les grammages, l’origine du duvet, les caractéristiques des garnissages synthétiques : cherchez-vous de la respirabilité pour les transports ? Une isolation forte ? Moyenne ? C'est donc votre usage qui déterminera la pièce la plus adaptée.
Pensez également au tissu extérieur. Privilégiez le ripstop qui résistera au déchirement et limitera les pertes de garnissage. Pensez au Gore Tex et à ses avantages incontournables à mi-chemin entre respirabilité et imperméabilité. Là dessus, le Pertex Endurance est également efficace.
Sur le ring, deux bons champions donc. Et un seul arbitre : vous.