Une vie d'homme, de cinéaste, de couleurs et de vêtements. C'est plus ou moins ce que nous invite à voir « Douleur et gloire » de Pedro Almodóvar. C'est un grand film avec du blanc, du rouge et des tenues ensoleillées. À l'affiche : Penélope Cruz, Antonio Banderas, polos, chemisettes et robes à fleurs. Un avant-goût de l'été ?
(Crédit photo de couverture : Asier Etxeandia, Pedro Almodóvar et Antonio Banderas sur le tournage de « Douleur et gloire », 2019 - IMAGO / ZUMA Wire)
LE PITCH : ACTEUR, CINÉASTE ET JEUX DE MIROIRS
Salvador Mallo est un cinéaste espagnol grisonnant et il est mal en point : il souffre de diverses maladies chroniques et ne tourne plus depuis belle lurette. Est-ce si moche de vieillir ? La réponse se trouve peut-être ici. Si ses succès sont visiblement derrière lui, il renoue avec son histoire à travers ses acteurs, ses films et son enfance, passée entre autres dans une maison grotte de la ville de Paterna, dans la région de Valence.
Le film a tout du jeu de miroirs. Introspectif sans être 100% autobiographique, il voit se confondre la figure et le parcours du réalisateur espagnol avec celle d'Antonio Banderas, son acteur fétiche. Regardez-les sur le tournage du film, sur la photo ci-dessus, presque à l'identique.
Au casting de « Douleur et gloire », deux des plus grandes stars espagnoles contemporaines au cinéma : Antonio Banderas et Penélope Cruz. Le premier a accompagné nombre de films d'Almodóvar dans les années 80, « La Loi du désir » en 1986 pour ne citer que celui-là.
La seconde s'est prise d'intérêt pour le métier en regardant le film « Attache-Moi ». Penélope Cruz tournera plusieurs films avec le cinéaste dont le tout récent « Madres Paralelas » en 2021.
Si vous êtes familiers de notre format Bobine, vous avez déjà croisé « Douleur et Gloire » dans nos colonnes, à l'occasion d'une sélection de pulls à cols roulés au cinéma :
Mais le film a bien plus à offrir que des mailles. Si vous êtes par exemple en quête d'inspiration pour les beaux jours, vous trouverez ici quelques petites pistes savoureuses, pour peu que la couleur ne vous effraie pas.
CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…
Les liens d'Almodóvar avec la mode ne sont pas nouveaux. Le créateur Jean-Paul Gaultier est par exemple à l'origine des costumes des films « Kika » ou « La Piel que habito ». On trouve aussi régulièrement des pièces de maisons prestigieuses dans les films d'Almodóvar : Chanel, Prada, Balenciaga, Dries Van Noten, etc.
Dans « Douleur et Gloire », Antonio Banderas porte certaines pièces de la garde-robe personnelle du réalisateur : des chaussures et des vêtements, parfois répliqués afin de mieux convenir à la silhouette de l'acteur.
Vous trouverez entre autres ici des costumes, et possiblement aussi des chemisettes en soie, de la marque Prada. Mais aussi des choses bien plus décontractées, qui vont du jean aux baskets.
Les costumes du film sont supervisés par Paola Torres, en photographie ci-dessus avec le réalisateur espagnol. Elle était déjà au générique de quelques œuvres précédentes d'Almodóvar comme « Volver » ou « La mauvaise éducation ».
Autre personnage clé de la distribution : Antxon Gomez, un fidèle du cinéaste, attaché aux décors et au design. Il va sans dire que « Douleur et Gloire » est un film d'esthète, avec du style, de la couleur, de grands acteurs mais aussi de beaux objets.
Car on retrouve en effet dans l'appartement du personnage du film bien des objets familiers de Pedro Almodóvar. La déco est, vous le verrez, assez magnifique. Alors, trois bonnes raisons de (re)voir « Douleur et Gloire » ?
1. SOLEIL, COULEURS ET TENUES DÉCONTRACTÉES
On en avait fait tout un festival pour nos propres vêtements, on la retrouve ici partout et de manière aussi assumée que décontractée : la couleur. Parmi les plus présentes à l'écran : le blanc et le rouge. Pour le personnage de Salvador Mallo, ce sont les couleurs d'une vie. Elles sont là depuis l'enfance. Peut-on se définir avec des couleurs ? Et quelles seraient donc les vôtres ?
Chez Antonio Banderas, on n'a pas peur du costume, du tee-shirt, de la chemisette ou du pull rouge. On y va même plutôt franchement. Idem pour le vert, le jaune ou le orange. Vous me direz que ça lui va bien, que le soleil invite généralement à plus de fantaisie et au moins de gris.
C'est vrai, et on peut aussi noter l'impact psychologique positif des vêtements colorés. Toujours est-il qu'une des composantes essentielles du style chez Almodóvar, c'est la couleur dans ce qu'elle peut parfois avoir de plus pop.
Même lorsque le ton se veut plus grave, le soleil et ses couleurs ne sont chez lui jamais très loin, même dans ses tenues de tous les jours. Regardez plutôt celle-ci :
© Photo by Jean Marie Leroy/Sygma/Sygma via Getty Images
Almodóvar, rayures et pantalon coloré, sur le tournage de « Kika » en 1993.
Ceci étant, vous le savez : la couleur, c'est aussi un des nerfs de la guerre question style, et ce n'est pas toujours simple de sortir du bleu réconfortant. Pour mieux vous y retrouver, une petite vidéo pratique ici :
2. LA CHEMISETTE ET LE POLO, DEUX BELLES ALTERNATIVES DE STYLE SOUS LE SOLEIL
À l'approche de l'été, il n'est pas inutile de préciser qu'il y a une vie en dehors du tee-shirt. C'est du moins ce que nous rappelle ici le personnage d'Antonio Banderas. Si jamais vous voulez aller plus loin que le tee-shirt en coton, David vous donne quelques pistes ici.
Antonio Banderas parie de son côté sur la couleur mais aussi sur les chemisettes et les polos pour diversifier son style, notamment dans leur version rétro et tricotée telle qu'on la retrouve chez des marques comme Scott Fraser Collection ou Percival Clothing.
Si les pièces du film sont colorées, elles sont aussi parfois graphiques ou à motif. On pense bien sûr aux hauts d'Antonio Banderas. Mais aussi aux tenues à fleurs de Penélope Cruz : son personnage hante régulièrement le film et les plus observateurs noteront peut-être aussi ses espadrilles vert olive. Il y a beaucoup de choses à regarder, et pas seulement chez les personnages clés.
Autre petit détail qui ne manquera probablement pas de vous échapper : le col de chemise par-dessus le blazer, une touche un rien rétro qui a déjà fait ses preuves au cinéma. Notez que David s'y est déjà essayé via son costume d'illusionniste ici :
3. LE STYLE NE S'ARRÊTE PAS À VOTRE GARDE-ROBE
Certains parmi vous sont tout aussi sensibles aux vêtements qu'à la décoration intérieure. Et ça n'a rien d'invraisemblable : les deux univers ont bien plus en commun qu'il n'y paraît. Dans les deux cas, il est question d'esthétique, de couleurs, et de bien-être.
Ce rapprochement est plus que jamais visible dans le film d'Almodóvar. De fait, vous trouverez tout autant de choses à voir dans les tenues que dans les intérieurs du film. L'appartement du personnage d'Antonio Banderas est par exemple inspiré de l'appartement milanais du cinéaste, et ça fait rêver.
Almodóvar est en effet un amateur d'art contemporain, de design et autres objets vintage. La moitié des objets présents dans l'appartement du film sont d'ailleurs les siens et vous y trouverez bien des choses d'exception signées par des artistes comme Gerrit Rietveld, Mario Bellini, Fornasetti ou bien encore Vico Magistretti.
Si jamais, vous souhaitez en savoir plus sur les relations entre style vestimentaire et décoration intérieure, cet article est pour vous :
… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES
C'est une des tenues les plus habillées du film : un ensemble rouge bordeaux composé d'une veste et d'un pantalon de costume, associé avec ce qui semble bien être une chemisette à motif rétro. Nuances, vous avez dit nuances ? Pour celles et ceux d'entre vous que le camaïeu intrigue, David vous donne quelques conseils ici.
On a déjà vu une composition de ce type dans Bobine, chez John Leguizamo dans le film l'« Impasse ». Mais chez Brian De Palma, le costume se portait de manière particulièrement formelle, avec cravate et gilet de costume.
Ici Antonio Banderas décontracte totalement sa tenue : la chemisette est sortie du pantalon et les pointes du col sont à l'extérieur. Il n'est pas impossible d'imaginer des espadrilles ou des mocassins pour aller avec.
Vous hésitez à faire tomber la cravate ou vous manquez d'inspiration pour vos événements habillés de l'été ? Antonio Banderas vous fait ici une proposition que vous ne pourrez peut-être pas refuser. Il la tient très probablement d'Almodóvar lui-même : le costume oui, mais avec polos ou chemisettes stylisés.