Crédit photo de couverture : Informale
Sur BonneGueule, on défend l'intérêt stylistique du pantalon blanc depuis bien longtemps.
Beaucoup de personnes dans l'équipe le portent sans complexe et en toutes saisons :
Pourtant, depuis 10 ans que je m'intéresse au vêtement, je ne l'ai que très peu porté.
Serait-ce parce que je ne l'aime pas ? Non. J'ai toujours trouvé qu'il était intéressant : c'est une pièce à la fois forte car assez voyante mais aussi simple à intégrer car le blanc est neutre (il n'y a pas vraiment d'interdit niveau couleurs avec un pantalon blanc).
Si je ne le porte pas, c'est pour une autre raison : j'ai peur de le salir.
Peur de la tache qui fait tache dans une tenue.
Peur de l'enfiler et d'affronter une journée où le pantalon frottera inéluctablement sur tout type de surfaces.
Pourtant, depuis quelques mois, je suis plus serein à son sujet. Je le porte (presque) sans frémir.
Comment en suis-je arrivé là ?
2019 : premier pantalon blanc et naissance d'une crainte
Le premier vient de chez Suitsupply. C'est un jogpant à pinces en lin/coton. Acquis en 2019, ce qui est tard étant donné que je m'intéresse au vêtement depuis 2011):
C'est lui qui m'a fait prendre conscience de la peur du pantalon blanc.
La première fois que je l'ai enfilé, je me suis demandé comment j'allais faire dans les transports, moi qui avais l'habitude de vagabonder à mon aise dans mes pantalons sombres et peu salissants.
Je me suis aussi dit que je devrais faire attention dans nos bureaux, dont le couloir principal pour circuler est assez étroit.
Ça n'a pas loupé : je me suis frotté à un radiateur. Résultat : une petite tache rougeâtre sur le haut de la cuisse. Je n'ai jamais réussi à la faire partir.
Marqué à vie au fer rouge. Quelle belle entrée en matière !
À la fin de cette première journée, je me suis fait la réflexion que c'était contraignant de porter un tel pantalon.
Pas tant en termes de style car je suis bien parvenu à l'intégrer dans ma tenue, mais plutôt en termes de précautions à l'utilisation.
Ce pantalon finira au placard sans que je ne me résolve à m'en séparer, car je me suis dit que je reviendrais probablement à lui un jour.
2020 : second pantalon blanc et nouveau traumatisme
Fin 2020, je tombe sur ce très beau pantalon Berg&Berg à deux pinces sur Yoox. Je me laisse tenter :
Il est très beau et me va très bien.
Je l'ai porté en tout et pour tout trois fois avant de le revendre.
Juste le temps de voir apparaître une petite tache d'origine inconnue au niveau de la cuisse et de me rendre compte que la ceinture que je portais déteignait sur le tissu.
Ça a été l'occasion pour moi de me rendre compte que les vêtements habillés supportent mal les imperfections.
Un tel pantalon se doit d'être propre, immaculé. J'ai du mal à le concevoir taché, même légèrement. Un pantalon plus décontracté comme un jean avec de légères taches choque beaucoup moins. Certains pourraient même avancer que ces marques donnent du cachet à la pièce.
Pour quelqu'un comme moi qui a peur de salir un pantalon clair, le prendre aussi élégant n'était pas une bonne idée.
C'est donc un autre type de pantalon blanc qu'il me faut.
2021 : troisième pantalon blanc et double révélation
Début 2021, je fais l'acquisition d'un beau pantalon De Bonne Facture.
C'est un fatigue pant plutôt épais en twill de coton japonais :
Il m'a permis de me rendre compte de deux choses importantes :
1. L'importance de la bonne nuance de blanc
J'ai eu beaucoup moins d'appréhension à porter ce pantalon-ci.
Je me suis assez vite rendu compte que c'était à cause de sa couleur.
Ce pantalon a une teinte plus proche du mastic (blanc grisé). Il est plus sombre que les deux autres.
Cela m'est apparu comme une évidence : pour diminuer ma crainte de porter le pantalon blanc, il fallait simplement le prendre moins blanc.
Tous les pantalons blancs ne sont pas identiques. On peut explorer des teintes de type blanc cassé, écru, crème, mastic, etc.
À chacun de trouver la bonne nuance, celle avec laquelle il est à l'aise.
Pour moi, cette teinte mastic est très bien : suffisamment claire pour s'insérer comme un pantalon blanc dans mes tenues, suffisamment sombre pour que mon appréhension de le tacher ne s'estompe en grande partie.
Je fais encore attention en le portant bien sûr, mais je ne suis plus aussi crispé qu'avant.
2. L'utilité d'avoir un pantalon blanc que l'on peut se permettre de salir
J'ai commencé à prendre goût au pantalon clair.
Je me suis surpris cet été à reporter mon jogpant Suitsupply qui traînait depuis plus de deux ans dans ma penderie.
Il revient avec une autre fonction : celle du pantalon que j'accepte de salir.
En effet, quand je l'ai obtenu, c'était mon seul pantalon blanc. S'il lui arrivait une mésaventure, j'étais fichu. Il était seul titulaire : je n'avais personne pour le remplacer.
Désormais, ils sont deux.
Le pantalon Suitsupply étant moins haut de gamme que celui De Bonne Facture, j'utilise le premier quand j'ai des envies de pantalon clair mais sans trop me prendre la tête. Je garde le second quand je suis prêt à faire un peu plus attention.
Cette rotation avec un pantalon blanc moins haut de gamme me semble intéressante.
Si on devait traduire cette expérience en conseil pour le plus grand nombre, ce serait de faire l'acquisition d'un pantalon blanc décontracté pas trop cher, en entrée de gamme ou en seconde main, que l'on peut porter et salir sans culpabilité.
Par exemple, vous trouverez facilement des jeans Levi's blancs/écrus à prix intéressant sur Vinted :
Ici, on peut se demander pourquoi je n'ai pas acheté un tel pantalon blanc peu onéreux pour me faire la main ? Parce que le porter n'a jamais été un objectif en soi.
Si je m'étais donné pour mission explicite de parvenir à le dompter, j'aurais probablement procédé ainsi.
Mais je m'en sors très bien sans la grande majorité du temps. Ce n'est pas un indispensable pour moi.
Mais c'est une bonne chose que je sois parvenu à trouver la bonne manière de me l'approprier, à mon propre rythme. Cela fait une corde de plus à mon arc !
Dites-nous tout en commentaire. Cela m'intéresse car autour de moi, j'ai le sentiment d'être un peu le seul à avoir cette appréhension face au pantalon clair.