J’ai toujours eu une passion pour le vêtement.
Je ne me suis jamais mal habillé. Ou plutôt, jamais négligé.
Même si ça peut sembler superficiel, j’ai toujours accordé de l’importance à mon apparence. J’ai toujours fait attention à ma peau et d’être bien habillé, même de manière simple.
Les vêtements sont un moyen de me donner confiance en moi face aux autres. Mais plus simplement, c’est parce que j’aime bien ça.
Je pense aussi que c’est de famille : même si aujourd’hui il peuvent moins se le permettre, mes parents aimaient les beaux vêtements. Il paraît que c’est de mon père que je tiens cet amour des belles choses.
C’est pourquoi, tout comme David en 2018 qui vous parlait de ses six années de cheminement stylistique, j’ai voulu vous partager mon expérience et mon rapport au vêtement depuis un peu plus de 10 ans.
P.S : malgré d'intenses recherches, je n'ai pas encore trouvé de photos-dossiers pour illustrer mon histoire... Il faut dire que je n'aimais pas trop être pris en photo. Si jamais j'en trouve, promis, je mettrai à jour l'article !
2010-2013 : L’émancipation vestimentaire
La course à la marque
J’ai commencé à m’intéresser assez tôt aux vêtements, à partir du milieu de ma scolarité au collège, soit en 2010. Une époque où Justin Bieber avait la même coupe que moi.
Je n’avais pas la même masse capillaire, et ma frange m’allait directement dans les yeux. Mais vous avez l’idée. Une autre époque, je disais.
Comme tout le monde (ou presque), je suis passé par ces étapes qui nous construisent socialement et individuellement. J’ai rapidement souhaité ne plus me laisser dicter ce que je devais porter par mes parents, quand bien même j’étais encore dépendant de leur porte-monnaie.
Et comme tout le monde, ça a commencé par l’acquisition de vêtements de marque, histoire de faire comme si j’y connaissais quelque chose à la mode.
Par contre, sans prétention aucune, je n’ai jamais réellement été influencé par cette course à la marque. Je ne suivais pas ce qui était à la mode du moment, à part les Converse et les jeans skinny peut-être.
Je me souviens d’une fois où ma mère m’a acheté un hoodie Adidas noir à Decathlon. Alors certes, c’était une période où l’inflation n’était pas encore arrivée, mais ça me semblait déjà cher pour l’époque. Une cinquantaine d’euros, pour une pièce qui était en coton et polyester, avec un gros logo dans le style d’un tag.
Hoodie Adidas non contractuel.
Ce premier gros achat pour un hoodie m’a fait prendre conscience de deux choses :
- Les vêtements coûtent chers. J’envoyai paître le premier qui s’amusait à tirer sur ce fameux hoodie.
- On paie pour faire de la publicité gratuite pour ces marques, et on aime ça.
Je me souviens aussi d’une période où je sentais ce besoin de me démarquer des autres en portant des vêtements à messages plus ou moins drôles.
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, je les cumulais. J’avais sa variante plus colorée avec inscrit “Sauvez le monde, mangez un financier”.
Ce genre de t-shirt ou pull, avec un jean skinny et mes cheveux dans les yeux, j’avais l’impression d’être un véritable rebelle.
D’ailleurs, en parlant de skinny, je me rends compte que j’ai été en quête d’un choix vestimentaire qui allait me suivre pour les 10 prochaines années…
Des vêtements bien (trop) ajustés
En dehors de cette période pseudo-rebelle, j’avais une conception classique de la mode où je mettais seulement ce qui me convenait : un pull col en V ou un hoodie zippé, avec un t-shirt (logotypé ou non) ou encore une chemise, un jean bleu ou noir, et des Converse (ou des Van’s selon l’époque). Avec tout ça, je me sentais au top niveau. D’ailleurs, comme pour les pulls, j’avais une forte préférence pour les t-shirt avec un col en V.
Un exemple de tenue que je portais souvent sur ma période collège-lycée, et même fac. Faut bien commencer quelque part.
Et pour accompagner ce style casual, quoi de mieux que de porter des vêtements serrés.
J’ai toujours été fin, avec de larges épaules (j’ai fait beaucoup de natation en compétition), et je vivais avec cette croyance disant que pour être stylé, il fallait s’habiller de manière ajustée. Allez savoir pourquoi.
J’avais donc cette fixette sur l’habillement serré, pour éviter d’avoir l’impression d’être noyé par mes vêtements. Quitte à prendre toujours une taille en dessous, et donc de me voir arrêter de porter telle ou telle pièce prématurément.
Ça a commencé par des jeans “slims”, mais ils ne suivaient pas assez bien la courbe de mes jambes selon moi. Et il m’a fallu plusieurs années pour comprendre finalement que ce que je cherchais, c’étaient des skinny du style 510 chez Levi’s.
© Levi's
Si on récapitule, j’avais déjà des jambes fines, et j’accentuais encore ce côte “fin” avec ce genre de jeans.
Après quelques errances chez Complice Eagle et Teddy Smith, j’ai jeté tout mon dévolu chez Levi’s, que je considérais comme une marque de jeans haut-de-gamme. Ce n’est pas complètement faux, vu les prix pratiqués en France.
C’était un jean noir, un 510 dégotté dans un Macy’s à Fort Lauderdale (Floride) pour une trentaine de dollars. Celui-là marqua le début d’un amour inconditionnel pour la marque, où je décidai de ne porter plus que ça.
J’avais aussi une autre fixette au niveau du pantalon qui m’a suivi de longues années : chaque jambe devait tomber juste sur mes baskets. Je ne laissais pas de place aux ourlets, ou encore aux bas de jambes vraiment trop en accordéons. Non, il fallait que ce soit que légèrement “cassé” au niveau de la chaussure pour que je considère la longueur comme bonne. J’ai oublié de préciser que j’ai de longues jambes, en taille américaine ça correspond à un 34.
Là, ça se dépose pile poil comme j'aime
Je vous rassure, j’ai quand même fini par adopter les ourlets après plusieurs années. Ma vie comme mon style se sont améliorés dès lors.
2013 à 2018 : une longue errance
Faites tomber les logos
C’est à partir de 2013 que j’ai commencé à mettre de côté les marques qui font de nous des panneaux publicitaires sur pattes, au profit de vêtements plus sobres et intemporels.
J’ai fait une refonte progressive de ma garde-robe, en me focalisant sur des pièces basiques que j’allais chercher chez Levi’s en outlet (parce que plus abordables), les classiques Jules, Célio, Devred et même Bonobo. Avec parfois quelques folies en achetant chez Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger, que je considérais comme “haut-de-gamme”.
Encore une fois, je dirai que j’étais relativement simple dans ma façon de m’habiller. Et toujours ajusté, bien sûr. Je me refusais de porter des vêtements qui ne mettaient pas en valeur mes petits bras, même si l’emmanchure était clairement juste. J’avais des basiques, qui étaient sans grande prétention : en coton ou mélangé à des matières synthétiques, rien d’extravagant.
Un pull (ou hoodie/sweatshirt, selon l’humeur), un jean ajusté et des baskets. J’étais au max. Crédits : Mr Porter.
2014 - 2018 : une quête de renouveau difficile
C’est en 2014 que j’ai découvert un média qui parlait de mode masculine. Peut-être en avez vous déjà entendu parler ? Ça s’appelle BonneGueule. L'un des tout premiers guides que j'ai lus abordait la notion de "bonnes et mauvaises marques".
Malgré ma surprise de voir que certaines marques que je chérissais étaient considérées comme très moyennes, ce guide m’a ouvert les yeux et m’a aidé à changer un peu d’état d’esprit sur ma consommation de vêtements.
Grâce à ce média, j’ai découvert tout un pan de la mode masculine que je ne connaissais pas, et qui m’a fait tout de suite fait rêver. C’est aussi cette même année qu’ils ont commencé à proposer leurs propres lignes de vêtements. Sur cette même période, une myriade de marques proposant des projets plus sympas les uns que les autres sont apparues. Vous les connaissez aussi bien que moi : Le Slip Français, 1083, Faguo…
Toutes ces nouvelles marques nées en ce début de la décennie 2010, qui sont venues révolutionner leur marché. Liste non-exhaustive. Crédits : MBA MCI
Hélas, tout ça me semblait inaccessible.
Malgré tout, je n’ai pas pu m’empêcher d’acquérir des vêtements de marques comme Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger, moins chères et trouvables en soldes, et dont l’image est encore forte dans mon esprit. Puis bon, étant entré en fac à ce moment-là, l’image de “l’étudiant américain” renvoyée par ces marques m’était plus appropriée. Et plus que jamais, le petit pull col en V et la chemise était de mises.
Tout compte fait, j’étais quelque peu paradoxal à cette époque : il y avait une différence entre ce que je pensais et ce que je faisais. Plutôt que de commencer à investir pièce par pièce, dans de bons vêtements de marques peut-être moins connues mais plus qualitatives, j’engloutis frénétiquement mes quelques sous dans des marques grand public. Je crois de toute façon que je me cherchais, et faisais au gré de mes quelques connaissances en la matière.
Ce n’est que quelques années plus tard, entre 2017 et 2018, que j’ai acquis mes premières vraies pièces intemporelles et durables, avec mes propres sous durement gagnés ! La pièce la plus marquante a été un pull en laine issu d’une collaboration entre Saint-James et Le Slip Français.
Le pull “Littoral” anthracite, de LSF x Saint-James.
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de passer un réel cap. Consommer de manière plus raisonnée, en achetant seulement ce dont j’avais besoin.
Depuis 2019 : de la redécouverte à la consécration
Une garde-robe totalement renouvelée
Un de mes plus grands tournants dans mon rapport au vêtement s’est opéré en Australie.
Novembre 2019. Après un an passé à Melbourne, incluant plusieurs mois passés à travailler en ferme laitière pour renouveler mon PVT, j’ai l’opportunité de travailler en tant que conseiller de vente au Levi’s du centre commercial Eastland, à Melbourne.
Pour préparer mon entretien, j’ai chiné le plus d’informations possibles sur internet. Et il se trouve qu’un site était une mine d’or sur l’histoire du jeans et de Levi’s : BonneGueule. Un certain Luca en parlait beaucoup sur la chaîne Youtube de B.G ainsi que sa propre chaîne.
Pour l’anecdote, j’ai décroché ce travail. Une consécration pour moi à l’époque.
Le Levi’s du centre commercial d’Eastland, à Melbourne. Que de souvenirs.
C’est lors de cette redécouverte du média que j’ai commencé à réellement m’éduquer sur la mode masculine, à commencer par le fameux mot “selvedge” associé aux jeans ; ou encore à quel point les japonais sont forts pour fabriquer le denim.
Je regardai également avec envie toutes les marques dont B.G faisait l’éloge (Atelier Tuffery et Septième Largeur pour ne citer qu’elles), en me jurant de me procurer telle ou telle pièce dès que possible à mon retour en France.
Je ne remercierai jamais assez Luca, Jordan, David, Michel et Benoit, de m’avoir remis sur le droit chemin de la sape.
À mon retour en août 2020, et donc 2 ans à vivre la tête en bas avec quasiment les mêmes affaires, j’ai décidé de faire un grand ménage dans ma garde-robe. Je me suis débarrassé de tous mes vêtements qui ne correspondaient plus à mes critères. Exit les vêtements Jules et Célio, Devred et Bonobo que je ne portent plus depuis des lustres et qui avaient été délaissés tout ce temps dans mon armoire.
J’en ai filé au maximum à mes amis, et vendu le reste. Par contre, j’admets humblement avoir gardé quelques pièces de ces chers Ralph Lau et Tommy. La séparation complète avec eux m’est encore difficile, j’apprécie toujours l’image qu’ils renvoient.
Dès décembre 2020, je reçois ma première vraie belle pièce.
Un t-shirt en coton japonais de chez BG. Le Bertrand, en écru.
Le point de départ d’un renouvellement complet de ma garde robe, où j’ai décidé de complètement laisser tomber les marques grand public. Les t-shirts mérinos de Seagale, les pantalons de LePantalon, les sneakers de National Standard… ont vite rejoint la partie.
Désormais, les marques qui comptent pour moi sont celles qui apportent vraiment quelque chose à la mode, ont le sens du détail et se veulent éthique.
Je renoue (enfin) avec ma taille et les volumes
En plus de ces changements de mon comportement d’achat, j’ai entamé une grande transition dans la taille de mes vêtements. J’en avais assez de me sentir serré dans mes vêtements en haut, et d’avoir cet effet “petites jambes, grands pieds” en bas. De même, me rendre compte après plusieurs ports que oui, cette emmanchure de pull/t-shirt remonte beaucoup trop mes épaules.
J’ai non seulement arrêté de porter du Medium au profit du Large. Mais en plus ! Je me suis détaché des pantalons skinny. On y va petit à petit, pas trop de changements d’un coup, s’il vous plaît.
Du skinny au droit-ajusté, en passant par le fuselé. Si vous voulez une équivalence de ma progression avec des jeans Levi’s, disons que je suis passé du 510 au 512, et j’ai découvert le 501 que je boudais jusque-là.
Et aujourd’hui, je parviens carrément à porter des jeans droits. Mais ça, je vous en parlerai plus en détails prochainement !
Et aujourd’hui ?
Un style casual amélioré
Je vous ai affirmé tout du long que je m’habillais de manière “classique”, ou “simple”. Je pense finalement que le terme “casual” est le plus approprié. Je n’ai jamais vraiment fait dans l’extravagance, mais il y avait quand même un quelque chose chic qui se dégageait.
© Asket
Même si mes tenues n’ont rien d’extravagant, les pièces portées ne sont jamais choisies au hasard. J’accessoirise et je joue davantage avec les textures et les matières, ainsi que sur les couleurs. À ce titre, j’ai évincé la couleur noire de mon vestiaire, hormis pour les chaussures.
J’ai aussi une consommation plus raisonnée, où je n’hésite pas à investir une certaine somme dans une pièce, en me disant que le coût sera amorti à mesure des années.
Mais à long terme, j’ai quand même envie d’aller plus loin encore…
Une orientation certaine vers du “soft-tailoring”
Mon objectif vestimentaire est le style tailleur, déclinable en casual chic. C’est dans le style de l’Ivy League ou Preppy que je me retrouve le plus. Avoir un côté très bien habillé avec une touche de désinvolture, je trouve ça parfait pour tous les instants de la vie.
Pour le moment, je m’en inspire seulement parce qu’il me manque certains éléments pour l’atteindre, comme des mocassins. Mais ce n’est qu’une question de temps. Autrement, je viens d’acquérir mon premier pantalon tailleur chez Berg & Berg, et je n’ai désormais qu’une hâte : continuer sur cette lancée pour enfin être la meilleure version de moi-même.
D'ailleurs, si ça vous intéresse, je vous en parle un peu plus en détails dans mes bonnes résolutions stylistiques de 2024. ;)