Nous y sommes.
C'est le centième épisode du Courrier des lecteurs.
3-digit, comme disent les américains.
Cela fait aussi trois ans que je réponds à toutes les questions que vous nous posez.
Alors pour marquer l'événement, j'ai pris un peu de recul sur tous les messages que nous avons pu échanger, vous et moi.
Trois réflexions ont émergé. Les voici.
1. Un esprit plus ouvert
On a tous une certaine vision du vêtement, de ce qui est stylé et de ce qui ne l'est pas, de ce qu'est une bonne et une mauvaise coupe, etc.
Je n'y échappe pas. Moi aussi je viens avec une certaine vision de la mode.
Et ce qui est intéressant, c'est d'être confronté à des personnes qui ont des avis différents.
Le but n'est pas de se disputer pour prouver à notre interlocuteur qu'on a raison et qu'il a tort, mais plutôt d'essayer de comprendre son point de vue.
Être exposé à toutes ces idées diverses m'a beaucoup ouvert l'esprit.
Voici un exemple récent provenant de Youtube :
En creusant un peu, on en apprend plus sur l'opinion de ce lecteur sur le jean blanc.
Il y a des raisons qui le poussent à spontanément se dire "beurk" à la vision de ce vêtement. Et c'est intéressant de les connaître.
Donc là, vous vous demandez peut-être quel est le rapport entre ouverture d'esprit et style ?
J'y viens.
Dans votre quête de style, il me semble important de dépasser le stade du simple avis "j'aime / j'aime pas".
C'est notamment dans cette catégorie qu'on trouve les stéréotypes vestimentaires, assez péremptoires. Par exemple : "le velours côtelé ça fait papy".
Disons que cette appréciation spontanée, qui est importante, n'est que l'étape numéro 1.
Si vous êtes dans une démarche où que vous avez envie de comprendre le style et de développer le vôtre, vous avez tout intérêt à aller un peu plus loin.
Ainsi, l'étape numéro 2 est de se demander :
"Pourquoi j'aime ? Pourquoi je n'aime pas ?"
Là ça commence à devenir plus intéressant car il est parfois difficile de mettre des mots sur un simple ressenti.
Mais en creusant ce pourquoi, vous en saurez plus sur votre vision du vêtement.
"J'aime parce que la palette de couleurs marron/vert est très harmonieuse, parce que je vois ici une vision du costume plus décontractée qui me plaît bien."
"Je n'aime pas car je trouve la semelle de ces chaussures trop imposante et ces chaussettes blanches contrastent trop avec le reste. Je préfère des chaussures plus discrète, des chaussettes plus sombres."
Après avoir réussi à analyser pourquoi on aime quelque chose ou pas, l'étape numéro 3 est de parvenir à se dire :
"Je n'aime pas mais je peux en comprendre l'intérêt".
C'est accepter qu'on peut ne pas aimer un vêtement ou une silhouette mais aussi concevoir que d'autres personnes apprécient, y voient un intérêt.
Par exemple, je n'apprécie pas vraiment les silhouettes proposées par la marque anglaise Albert Clothing sur laquelle on nous interroge parfois. Je trouve les lignes très agressives avec des revers trop larges, des couleurs trop saturées :
Mais avec le temps, j'ai appris à mettre de l'eau dans mon vin : j'accepte qu'il s'agit d'une forme de tailoring assez forte, affirmée, qui ne correspond pas à mes goûts mais qui correspond aux goûts d'autres personnes.
Avoir ce regard neutre permet même d'aller un peu plus loin. En creusant la collection de la marque, je trouve certaines références qui me plaisent un peu plus.
2. Il ne faut pas forcément rejeter les tendances
Après trois années à évoluer dans la mode, j'ai vu émerger quelques tendances que j'ai mis en lumière à travers des sélections de marques au sein du Courrier des Lecteurs.
Je pense par exemple au pantalon large, au bandana ou à la noragi.
Il peut être tentant de pointer ces tendances du doigt, dire qu'elles sont éphémères ou artificielles.
Je ne suis pas d'accord avec ça.
La raison principale est qu'actuellement, l'offre en basiques est très riche. Si vous cherchez et valorisez des vêtements au style relativement simple et neutre, vous trouverez de nombreuses marques qui vous donneront satisfaction :
- Asket
- Le Pantalon
- Hast
- Paname Collections
- Paris Yorker
- Loom
- Colorful Standard
- l'Exception Paris
- Etc.
Avoir des vêtements un peu plus différenciés, pouvant répondre à une forme de tendance permet d'apporter de la variété. Cela évite d'avoir un marché trop uniformisé.
Par exemple, je trouve que le regain d'intérêt actuel pour le pantalon est une bonne chose. Comme le dit Nicolò en introduction de son Compendium sur les fermetures de pantalons :
[En 2015], je trouvais un peu dommage qu'il y ait tout un tas de cols de chemises, de types de blousons, tandis que tous nos pantalons se ressemblaient, hormis la couleur et la matière.
Fort heureusement plus de cinq ans plus tard, les temps ont changé, et le marché de l'Homme s'est depuis énormément enrichi en options de pantalons !
Quel que soit votre camp, il y a actuellement sur le marché une offre qui vous conviendra.
3. Trop de choix = overdose
La question que l'on me pose le plus est la suivante :
"Où trouver un vêtement X avec un budget Y ?"
La réponse attendue est donc une liste de marques.
Je constate que certains d'entre vous cherchent une forme d'exhaustivité, souhaitent connaître le plus de marques possibles pouvant correspondre à leur recherche.
C'est intéressant car cela démontre de la passion, de la curiosité, une certaine forme d'exigence aussi.
Et comme le marché est actuellement riche, on peut fournir des listes qui sont assez extensives. Mais ce n'est pas toujours bénéfique. Cela peut même être contre-productif.
Quand il y a trop de choix, on n'arrive plus à choisir .
Si vous avez trop d'options, vous pouvez avoir des difficultés à vous arrêter sur un modèle précis.
Comment faire ?
Pour éviter d'être noyé sous les marques, il me semble intéressant de partir d'une liste relativement large, maximum 5 à 6 marques, puis de procéder par élimination en enlevant :
- Ce qui vient de très loin
- Ce qui est difficile à trouver
- Ce qui est en-dehors de votre budget
- Ce qui n'a pas tout à fait l'aspect ou la couleur que vous recherchez
- Ce qui n'est pas en stock dans votre taille
Avec un tel filtrage, il ne devrait plus rester grand-chose.
Pour prendre un cas concret, l'offre en sneakers de 100 à 200€ est assez bien fournie : Garconne et Chérubin.
Ici, il n'y a pas besoin de rajouter en plus une marque comme Oliver Cabell par exemple. Les produits ont l'air plutôt intéressants... mais c'est américain et pas distribué chez nous.
En commandant chez eux, vous pouvez avoir à payer des taxes supplémentaires à l'import. L'offre accessible en France et en Europe sur les sneakers milieu de gamme est suffisante.
Et si après tout cela, vous hésitez entre deux ou trois modèles, demandez-nous, on pourra vous donner un petit coup de pouce pour vous aider à faire votre choix :
Le mot de la fin
La numérotation du Courrier des lecteurs s'arrête à ce numéro 100, mais rassurez-vous : il y aura toujours de nouveaux contenus le vendredi.
Donc soyez au rendez-vous !
Et pour aller plus loin
Achat : comment choisir entre plusieurs vêtements très proches – CDL#46