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L'histoire de la surchemiseComment expliquer le succès de la surchemise ? Comment reconnaître une surchemise ? Les avantages d'une surchemise Look 1 : Casual chic powerLook 2 : On ne laisse personne sur le carreauLook 3 : Un week-end au grand airLook 4 : en toute détenteLook 5: Camaïeu minimalisteIl y a 10 ans, le mot surchemise n'existait pas. Aujourd'hui, il est sur toutes les lèvres. Entre la veste de travail et la chemise, la surchemise surfe sur la tendance et répond aux nouvelles attentes du marché. On vous explique pourquoi.
L'histoire de la surchemise
L’origine de la surchemise reste floue. Il existe néanmoins quelques théories qui expliqueraient son arrivée dans nos vestiaires.
Pour certains, la surchemise serait apparue pour la première fois dans les années 1930. La marine américaine l’utilisait pour habiller les premiers CPO (Chief Petty Officer). C’était une chemise épaisse avec des poches sur la poitrine. On connaît cette date puisque des chineurs de l’époque avaient réussi à s’en procurer dans des surplus militaires.
Richard Widmark dans une chemise CPO dans le film de 1949 Down to the Sea in Ships . Image via marin classique
Pour d’autres, elle serait une adaptation des chemises BDU (Battle Dress Uniform) utilisées par l’armée américaine dès les années 1980 comme uniformes de combat.
Dernière théorie, la surchemise pourrait également provenir des surchemises créées pendant la guerre de Corée. Conçue à l’origine pour combattre l’hiver coréen, elle devait remplacer les uniformes vieillissant de la Seconde Guerre mondiale.
D’ailleurs, dans un de ces articles, David vous montrait une de ces surchemises historiques qu’il avait chinée sur Brut Clothing.
David, avec sa surchemise militaire
Au fil des années, la surchemise s’est implantée dans le quotidien de certains civils. En 1990, la chemise de bûcheron apparaît. Plus épaisse, elle était généralement portée au-dessus d’un t-shirt.
Comment reconnaître une surchemise ?
Identifier une surchemise est plus difficile qu’il y paraît. En effet, certaines caractéristiques de la surchemise ont évolué.
Julien, chef de collection chez BonneGueule nous explique la complexité que représente cette identification : "Il existe une multitude de modèles de surchemise sur le marché, des surchemises légères comme des surchemises épaisses. Le champ des possibles est énorme. Les frontières entre les familles sont extrêmement fines."
Il existe tout de même plusieurs critères qui permettent d'identifier une surchemise, d’une veste de travail ou d’une chemise. Tour d’horizon.
1. Les poches
Comme expliqué dans la partie historique, l’origine de la surchemise est militaire et donc utilitaire. C’est donc tout naturellement que la surchemise conserve encore aujourd’hui les caractéristiques de son ancienne utilisation.
Plusieurs types de poches peuvent être utilisés pour une surchemise. Si vous voulez en savoir plus, Nicolò a rédigé un compendium des 15 poches qui transforment une chemise en surchemise.
Cependant, une veste de travail possède également des poches. La confusion est telle, que même chez nos conseillers : "il n'est pas rare d'entendre parler d'une veste pour notre surchemise Milo (épaisse en laine bouillie)" confie Julien.
2. La coupe
La surchemise est un “par-dessus”, ce qui signifie qu’une ou plusieurs couches sont nécessaires en dessous de la surchemise, comme un t-shirt ou une chemise par exemple. Pour ça, elle aura une coupe nécessairement droite, afin de conserver un confort optimal.
Niveau longueur, difficile de différencier une surchemise d’une veste de travail, nous sommes pratiquement sur les mêmes standards. Selon les modèles, il y a quelques différences. Par exemple une veste en jean s’arrête au niveau de la ceinture, avec un effet plus “boxy”. La surchemise quant à elle, pousse un peu le curseur, en s’arrêtant sur le haut des cuisses.
3. Le col
Niveau col, il y en a pour tous les goûts. Du col de veste de travail structuré, jusqu'aux cols de chemises décontractés, la surchemise s’inspire de tous les styles. À noter, plus la surchemise est épaisse plus elle emprunte certains codes d’une veste. À l’inverse, plus la surchemise est légère, plus elle utilisera les éléments d’une chemise.
Les avantages d'une surchemise
- La polyvalence : il est difficile de trouver une pièce aussi polyvalente que la surchemise. Elle peut aller avec tout, tout le temps et de manière très simple. Elle nous permet de jouer avec les formes, notamment en ayant la possibilité de la fermer (pour affiner son look) ou en la laissant ouverte pour garder de l’ampleur et s'amuser avec le layering. Les différentes possibilités de matières (laine, laine bouillie, coton, lin...) sont également un atout de taille quand on souhaite varier les styles.
- Le confort : s’il y a bien une pièce confortable, c'est la surchemise. Aussi facile à enfiler qu'à enlever, elle nous permet de réguler la température à tout moment. Rien de plus efficace !
Les avantages de la surchemise sont indéniables, mais niveau style, comment associer cette pièce ? David, styliste chez BonneGueule vous donne ses conseils.
"Il existe une tellement de surchemises, et tellement de manières de la porter. Voici une sélection de cinq looks analysés pour vous aider à vous approprier ce vêtement.
Pour encore plus d’inspirations, allez voir l’épisode de Panache sur la surchemise.
Look 1 : casual chic power
On commence par un look accessible à tous. Une surchemise en velours beige avec un t-shirt blanc, un chino marine et des Converse blanches.
La tenue joue sur un contraste de couleurs qui a fait ses preuves : beige, bleu et blanc. Notez aussi que les volumes sont cohérents : la surchemise est légèrement ample et le pantalon aussi.
Ce look, résolument décontracté, a je trouve un petit quelque chose d’élégant, peut-être avec le pantalon bleu sombre qui fait un peu penser à un pantalon de costume dans l’idée.
Look 1 bis : version militaire
Vous aimez les tenues simples mais vous trouvez celle du dessus un peu trop sage ? Dans ce cas, vous pouvez miser sur une esthétique plus militaire/workwear. La surchemise beige devient vert olive avec des patchs.
Le chino bleu marine uni devient un jean délavé. Les trous aux genoux sont en option.
Les Converse sont remplacées par des German Army Trainers, sneakers de l’armée allemande des années 80/90.
La composition est similaire au premier look, assez simple, mais le rendu est finalement très différent.
Look 2 : on ne laisse personne sur le carreau
Une tenue avec du caractère.
La pièce majeure ici est bien évidemment cette surchemise à carreaux aux tons orangés. Notez que les deux côtés du vêtement ont une couleur et un motif différent. On trouve encore un troisième motif, sur les poches et le col, qui est d’ailleurs porté relevé pour la dégaine.
La surchemise est portée sur un pull crème : c’est un bon remplaçant du t-shirt blanc quand les températures baissent.
En bas, un jean pas basique. Celui-ci est typé “worker” avec un empiècement rectangulaire autour du genou (on peut imaginer que cet empiècement supplémentaire sert à renforcer cette zone pour les travailleurs manuels, souvent à genoux). Cet élément apporte de la richesse visuelle et une différenciation par rapport aux autres jeans.
On peut aussi noter que ce jean est aussi porté avec un revers haut. C'est un gimmick que l’on trouve chez les amateurs de style workwear.
Aux pieds, pas de workboots type Red Wing comme on pourrait l’imaginer mais des mocassins Alden en cordovan. Ces chaussures amènent un côté légèrement chic à la tenue.
En définitive, un look très réussi où chaque vêtement a droit à son twist.
Look 3 : un week-end au grand air
Voici un look qui me plaît beaucoup.
On remarque d’abord cette surchemise épaisse en flanelle à motif tartan rouge et noir. Elle est associée à un pantalon en velours que je vois vert, des boots marron demi-chasse en cuir grainé et un col roulé un peu épais.
La raison pour laquelle ce look marche si bien, c’est parce qu’il est cohérent de la tête aux pieds.
D’abord au niveau des couleurs : écru, rouge, noir, vert, marron. Ensuite, au niveau des matières : flanelle, velours côtelé, cuir grainé, laine. Enfin, au niveau des vêtements en eux-mêmes : surchemise épaisse, pull épais, pantalon velours, boots.
Tout cela est cohérent car très automnal et typé rustique/campagne.
On peut aussi évoquer quelques gimmicks utilisés qui insufflent un supplément de style et une identité à cet ensemble :
- Le col de la surchemise relevé (comme sur le look précédent)
- Le col de chemise qui dépasse sous le col roulé
- La casquette beige qui fonctionne très bien avec le reste de la tenue : en camaïeu avec l’écru et le marron, en contraste avec le vert, le rouge et le noir
- Des lunettes à verre fumé
Chapeau !
Look 4 : style streetwear et surchemise
Une tenue assez détente pour les amateurs de style un peu plus streetwear.
La surchemise, lainée, se présente avec un joli motif pied-de-poule. Elle est associée à un pantalon écru, une paire de Wallabees beige et une casquette en velours, beige elle aussi.
Sous la surchemise, pas de haut très clair, vu que le pantalon l’est déjà. Cet instagrameur choisit plutôt un t-shirt couleur rouille, qui vient apporter du contraste. Ce t-shirt est porté en-dehors du pantalon, pour rester dans l’esprit relax de la tenue.
Pour une association plus originale, je verrais bien un hoodie sous cette surchemise. Il y a l’air d’avoir suffisamment de place pour qu’il puisse passer. À choisir aussi dans une couleur intermédiaire, légèrement passée, comme ici.
Look 5: camaïeu minimaliste
Ce look a deux caractéristiques principales.
Tout d’abord, il peut être considéré comme minimaliste. Les vêtements sont fluides (notamment le pantalon), amples (notamment la surchemise), unis (peu texturés, sans motifs). Cette tenue aurait tout à fait sa place dans un lookbook de marque scandinave type COS.
Ensuite, c’est un camaïeu de marron. Du plus clair au plus foncé, on trouve :
- Le pull, écru
- La surchemise, taupe
- Le pantalon, marron moyen
- Le sac, fauve/camel
- Et les Birkenstock, fauve
Seule exception ici : le bonnet, gris foncé. C’est quelque chose que je vois souvent : des tenues en camaïeu au niveau du torse et des jambes avec plus de contraste aux extrémités (chaussures, couvre-chef).
Vous noterez enfin que l’arrière-plan de la photo correspond aux couleurs de la tenue : on trouve du beige et du gris. C’est probablement voulu.
Si vous aimez les camaïeux de marron, cliquez ici et là pour en découvrir deux autres très réussis."
Le vestiaire masculin continue de changer dans un monde où toutes les tendances s'accélèrent. La surchemise a finalement toujours existé. Seules sa forme et son utilisation sont désormais nouvelles. Pour en connaître davantage sur les nouvelles matières, et notamment la laine bouillie, retrouver un article qui vous explique les avantages de cette matière pour les surchemises.
Comment expliquer le succès de la surchemise ?
Pour comprendre le succès de la surchemise, il faut se plonger dans le contexte vestimentaire de ces dernières années.
Le vestiaire masculin mue, se transforme. Auparavant, les hommes s’habillaient avec des tenues formelles. Aujourd’hui les codes ont changé. Notre chef de collection chez BonneGueule se souvient : “Avant, la veste bleu marine était un indéboulonnable de nos collections, j’ai énormément travaillé dessus, avec plusieurs modèles dans les collections. Maintenant la veste tend à disparaître.”
Pour Julien, cette casualisation est arrivée au moment où “nous avons commencé à dépareiller nos costumes, avec des chinos et du denim”. Il poursuit en rappelant “que c’est la recherche de confort au quotidien qui a mis la surchemise sous les feux des projecteurs”.
La polyvalence de la pièce apporte une multitude de possibilités aux consommateurs. Pour notre chef de collection “la chemise est un parfait entre-deux entre une veste de travail parfois trop rigide et épaisse et une chemise trop légère”. Peu importe le temps et la saison, la surchemise peut être une solution.