Le denim porté par les monstres du cinéma américain – Bobine

Le denim porté par les monstres du cinéma américain – Bobine
Le denim et BonneGueule, c'est une longue histoire. Au cinéma, c’est aussi un sujet inépuisable : on pourrait y consacrer plusieurs Bobine. Raison de plus pour commencer par ses premières heures de gloire, à travers quelques monstres sacrés du cinéma US.
6 conseils pour bien acheter sur Internet – CDL#92 Vous lisez Le denim porté par les monstres du cinéma américain – Bobine Suivant Oui, elles sont (enfin) de retour !

Sommaire

Stronghold. C'est une marque américaine fondée en 1895 qui fabrique toujours ses jeans à Los Angeles. Pour la petite histoire, c'est elle qui habille aussi Chaplin dans les « Temps Modernes ».

Quant à la tenue d'Henry Fonda, elle parle d'elle-même : salopette en denim, chemise de travail, casquette type Gavroche sur la tête. Si vous visualisez en prime le soleil de plomb, et les nuages de poussière, n'allez pas plus loin : vous voilà sur la route de l'Ouest et cette tenue rustique avec salopette vous inspirera peut-être pour les beaux jours à venir. En denim ou non, c’est une pièce à tenter ou à réinvestir.

3. Le denim et l'ampleur

« LE PORT DE L'ANGOISSE » (HOWARD HAWKS, 1944)

Mon collègue Jordan introduisait son billet sur la mort du costume en prenant appui sur l'un de ses plus fidèles porteurs : Humphrey Bogart. On le sait peut-être moins, mais tout comme Cary Grant, l'acteur américain n'a pas porté que des chapeaux et des costumes dans sa carrière.

Les deux hommes ont tourné avec Howard Hawks. Si Cary Grant et sa flight jacket ont possiblement inspiré le futur LE GRAND BILL » (STUART HEISLER, 1945)

En voilà un qui en a fait rêver plus d'un(e) : Gary Cooper est le modèle du « strong silent type » cher à Anthony Soprano. C'est aussi un fin amateur de style et si ce film de 1945 n'est pas son meilleur, il vous montrera assez bien ce qu’est la veste en denim brut portée façon western.

Pour quelques grands films de Gary Cooper, vous pouvez jeter un œil sur « Le Train Sifflera Trois Fois » de Fred Zinnemann, « L'Homme de la rue » de Frank Capra ou bien encore l'ensemble de ses films avec Ernst Lubitsch - un pur régal pour les yeux.

Quant au « Grand Bill », c'est un western plutôt léger avec Loretta Young et dans lequel Gary Cooper se moque volontiers de son image : il y joue le rôle d'un cow-boy un peu naïf et non-violent qui se retrouve confondu avec un tueur.

gary cooper western cow boy grand bill veste denim noir blanc

© Michael Ochs Archives/Getty Images

Gary Cooper dans « Le Grand Bill », 1945.

On peut retenir la gestuelle et le sens de l’autodérision de Gary Cooper. On peut aussi noter que le personnage de Lucky Luke est venu puiser ici l’inspiration de son célèbre « I'm a poor lonesome cowboy ». Mais la plus belle trouvaille du film, c’est une très belle veste en denim brut de type Levi's 506 que Gary Cooper porte ouverte, les manches légèrement retroussées. En dessous, une chemise avec du grain.

Pour compléter : jeans, ceinture en cuir, boots et chapeau de cow-boy. Voilà pour la tenue denim & western classique, nature et somme toute LES INDOMPTABLES » (NICHOLAS RAY, 1952)

Parmi les cinéastes américains à redécouvrir : Nicholas Ray. S’il n’est pas le plus connu, « Les Indomptables » demeure l’un de ses plus grands films et met entre autres en scène, Susan Hayward, Arthur Kennedy et Robert Mitchum dont nous avions déjà pu apprécier le style en parka ou en chemisette.

Nous sommes en 1952. « Les Indomptables » traverse les terres du Texas ou de l’Arizona. C’est un western moderne : pas de soldats, de cow-boys ou d’Indiens ici, mais une histoire à la fois intime et universelle qui tourne une fois n’est pas coutume autour du rodéo. Il y est question de nostalgie Americana, de chevaux et de taureaux sauvages, d’amour et de quête d’un endroit bien à soi.

« He puts on his own pants. He buttons his own shirt. If he knows how to do that, he’s got to know enough to run his own life ». Voilà ce qu’on peut entre autres entendre ici.

robert mitchum susan hayward indomptables nicholas ray denim noir blanc

© IMAGO / Everett Collection

Robert Mitchum et Susan Hayward dans « Les Indomptables », 1952.

Robert Mitchum joue le rôle d’un champion de rodéo désormais usé et has been. Il rencontre alors le couple formé par Susan Hayward et Arthur Kennedy, et comme vous vous en doutez, la petite vie bien rangée va bientôt laisser place à de l’aventure, du spectacle et du drame.

Du denim, vous en trouverez ici chez la plupart des personnages, qu’ils soient hommes ou femmes. Mais celui qui nous intéresse le plus n’est autre que celui de Robert Mitchum. Il possède ainsi une chouette collection de chemises western unies ou à carreaux, un chapeau Stetson, de belles ceintures en cuir et un… ensemble jean + veste en denim Wrangler.

Rien d’étonnant à ce que l’acteur porte ici une veste 11MJ et un jean Blue Bell de la marque : c’est justement à travers les stars du western et du rodéo que Wrangler s’est fait connaître. Ces modèles apparaissent à la fin des années 40 et font depuis partie du patrimoine du jean américain.

De là à dire que le personnage de Robert Mitchum était en fait à la pointe de la mode de son époque, il n’y a qu’un pas. Son petit plus ? Ses chemises western, un type de chemises bien particulier que l’on retrouvera lors de notre dernière étape sur les épaules d’un autre géant du cinéma américain : Clark Gable.

« séquence fabuleuse où le style s'étend jusqu'aux tenues des enfants, qui portent bien évidemment eux aussi du denim par endroits.

Si l'époque est encore en grande partie aux costumes et chapeaux en feutre, la jeunesse portée par des acteurs comme James Dean ou Marlon Brando fait basculer le denim dans l'âge moderne. Plus rien ne sera jamais comme avant.

8. Le denim et sa tenue iconique

« LA FUREUR DE VIVRE » (NICHOLAS RAY, 1955)

S'il ne fallait garder qu'une tenue au cinéma avec du denim dedans, ce serait probablement celle de James Dean dans « La Fureur de vivre ». Le film est sorti un mois après la mort de l'acteur - un tragique accident, remis en scène par David Cronenberg dans « Crash ».

On pourrait mettre le succès phénoménal du film sur le seul compte de cette tragédie. Sauf qu'il y a déjà tous les ingrédients du mythe dans l'œuvre de Nicholas Ray et la performance de James Dean. On peut ainsi y voir la patte d'un cinéaste singulier et un portrait réaliste de la middle class américaine.

« La Fureur de vivre », c'est le plus célèbre film du cinéaste Nicholas Ray, et sans doute le plus moderne et réussi de la trop brève carrière de James Dean.

Du denim chez James Dean, vous en trouverez cependant aussi dans les deux fresques que sont « A l'Est d'Eden » d'Elia Kazan ou « Giant » de George Stevens, mais aucun de ces deux films n'est aussi "contemporain" que « La Fureur de vivre ».

On découvre ici le personnage de Jim Stark incarné par James Dean, ses relations compliquées avec sa famille et ses camarades de lycée. D'autres stars du grand écran comme Natalie Wood ou Dennis Hopper figurent au générique.

james dean rebel without a cause denim tee shirt blanc blouson coupe vent noir blanc

© Warner Brothers/Getty Images

James Dean dans « La Fureur de vivre », 1955.

Le film raconte beaucoup des frustrations des jeunes des années 50 vis-à-vis de l'autorité parentale, scolaire ou policière. Dès lors, rien d'étonnant à ce que la jeunesse américaine trouve en James Dean un modèle et un grand frère : ses tenues seront autant de sources d'inspirations.

C'est par exemple le cas de LA tenue du film : un tee-shirt blanc sous un blouson rouge coupe-vent, un jean Lee Rider 101z et une paire d'Engineer boots.

Comme son idole Marlon Brando avant lui, James Dean est ici symbole de fragilité et de rébellion. Pour autant, le vrai rebelle du film s'appelle non pas James Dean mais Platon, comme le philosophe.

Il porte le blazer, la cravate ou le pull col V et son doigt d'honneur à la société n'est autre qu'une paire de Westerner devenus depuis mythiques, qu’il associe ici avec ceinture et chemise western Rockmount Ranch Wear, boots et chapeau de cow-boy. À noter qu'il partage avec Alain Delon une même passion pour la montre Tank de Cartier. C'est un fait relativement inhabituel pour un personnage de film aussi rustique.

Si notre tour d’horizon s’achève avec la fin de l’usine à rêves, le denim n’en a pas terminé pour autant avec le cinéma. On y reviendra peut-être une autre fois. En attendant, si comme moi tout cela vous a donné envie de films ou de nouvelles pièces en denim, rendez-vous comme toujours dans les commentaires.

Jérôme Olivier Jérôme Olivier
Jérôme Olivier, ciné, velours et rock'n'roll

Ex-caviste et rock critic de poche, grand amateur de films et de chats sibériens, je crée des e-mails et je m'intéresse aux petites histoires qui vont avec les vêtements.

Plus d'articles de cet auteur
LAISSEZ NOUS UN COMMENTAIRE Questions de styles, points de vue perso, bons plans à partager ? Nous validons ton commentaire et te répondons en quelques heures