Il y quelques pièces que l’on possède, ou que l’on voit dans la rue, sans même y prêter attention. Grands classiques du vestiaire masculin, ils font partie de notre quotidien… mais finalement, que connaissons-nous vraiment de ces basiques indémodables ? On s’est penché pour vous sur le cas du perfecto ! Histoire (racontée ici dans V.I.R.A.L), spécificités, et conseils : on vous dit tout pour (re)découvrir ce blouson mythique.
Le logo initial du perfecto.
$5.50 : ce n’est pas le prix d’un paquet de Marlboro aux USA, mais bien celui du premier perfecto, créé en 1928. Irving Schott, alors jeune entrepreneur, reçoit une commande un peu spéciale par une boutique Harley Davidson : un blouson de protection qui reste néanmoins fidèle au style biker. Schott réfléchit à une pièce en cuir de cheval (très résistant), qui protège le buste en cas de chute, tout en restant près du corps pour éviter que l’air ne s’infiltre. Le résultat est celui que nous connaissons aujourd’hui, et qui n’a pas pris une ride ! Le nom perfecto devient une marque déposée, inspirée des cigares fumés par Irving Schott.
Pour mieux comprendre, une première partie apportera un éclairage technique, alors qu'une seconde présentera les différents styles de perfecto, et les conseils pour les choisir en fonction de ses goûts.
Glossaire technique et histoire du Perfecto
Schott a très intelligemment conçu le vêtement avec de nombreuses spécificités qui lui donnent son style unique.
Le cintrage
Sans être une seconde peau, le perfecto est l’une des pièces masculines les plus cintrées qui soient. On obtient ainsi une bonne amplitude de mouvement au niveau des bras, les emmanchures étant bien nettes, et de largeur suffisante pour ne pas se sentir prisonnier du vêtement - surtout au guidon d'une moto.
Cintrage du perfecto.
La fermeture asymétrique zippée
Voici LE détail le plus marquant du perfecto. Pour protéger le buste des chutes, le concepteur a eu l’idée de décaler la fermeture sur le côté, de façon à ce que deux pans de cuir se superposent lorsqu’il est fermé. Cela facilite le cintrage puisque le zip est décalé sur le côté, mais aussi légèrement oblique. Le système paraît simple, mais est vraiment très bien pensé.
Le col
Comme sur la plupart des pièces croisées (le caban, par exemple), le col est bien structuré. Plus que le classique col tailleur. Il aurait été très gênant que le blouson se ferme jusque ras de cou, surtout à cause des deux volets en cuir pouvant être étouffants. En conséquence, les pans de cuirs sont rabattus sur la poitrine, libérant complètement le cou. Dans la version originale, des pressions permettent de fixer ces rabats, les empêchant ainsi de flotter dans tous les sens lors de vos virées en bécane.
Ouvert comme fermé, on voit bien l'asymétrie de la pièce.
Et ouvert, cela donne un col de dimension généreuse, bien masculin.
Les détails
Les puristes dénombreront 4 poches à l’extérieur. Trois d’entre elles à fermeture éclair (1 sur la poitrine, 2 sur les hanches), et une à rabat. En plus d’être pratiques, elles structurent le vêtement par petites touches métalliques. La ceinture termine le perfecto et a, là encore, une utilité non négligeable : maintenir le blouson sur le tronc, même en position assise. Enfin, des petites épaulettes soulignent la carrure pour accentuer cette coupe en V.
Points de vigilance et critères qualité pour choisir un perfecto
Au vu de tout ce que l’on vient de voir, un point est absolument crucial, comme souvent : l’assemblage. Cintré, près du corps, asymétrique… Cette pièce complexe doit être bien réalisée pour éviter les plis/tensions dans tous les sens, et je vous conseille pour cela de bien inspecter les coutures.
Les zones les plus sollicitées lors du port seront - comme souvent d'ailleurs - les manches, le cousu des flancs, ainsi que les coutures de la fermeture éclair et de l'empiècement central : ne laissez rien passer sur ces zones-ci !
Le fil utilisé doit être assez épais, en tout cas plus que celui de votre jean ou de votre chemise. N’hésitez pas à tendre (raisonnablement) la peau en tirant légèrement de part et d’autre de la couture : si vous sentez une fragilité, ou des points qui s'écartent, ce n'est pas très encourageant par rapport à la qualité du montage...
L'emmanchure, la jointure du cuir sur les flancs et la fermeture : des zones sensibles très sollicitées.
Si vous voulez en savoir plus, petit détour par l’article sur comment reconnaître un bon cuir.
Le cuir : matière phare du perfecto
Dans l’immense majorité des cas, le perfecto est réalisé en cuir. Pour plusieurs raisons, « éthiques » notamment, le cuir de cheval ou de poulain a moins la cote, et est très souvent remplacé par des cuirs tels que le veau ou l’agneau. Votre petite soeur vous dira merci.
Cela dit, on voit aussi (bien que rarement) des pièces en buffle : à la base, le cuir doit être assez épais et rigide, ce qui accentue l'aspect viril de la pièce, et contrebalance avec le cintrage.
Les avantages de souplesse des autres peaux (veau, agneau), issues de bêtes plus jeunes, justifient leur très large utilisation. La souplesse d’un cuir plongé, et son grain très fin, sont des qualités très appréciables, ne serait-ce qu’en terme de confort.
Du plus souple au plus rigide : agneau, cheval et buffle. Remarquez que le grain est aussi de plus en plus gros !
Niveau couleurs, l’offre est très largement dominée par le noir, surtout chez l’homme. Ce n’est bien sûr pas rédhibitoire,/ et permet un nombre important d’associations ! De quoi exploiter à fond ce que vous avez déjà.
Note de Rafik : N'hésitez pas cependant à vous tourner vers d'autres teintes de peau, comme le marron ou le camel, qui sont très élégantes et sortent de l'habituel cuir noir. D'autant que nous déconseillons les vêtements noirs chez les débutants.
Ici, le perfecto en couleur menthol.
A quel type de morphologie s’adresse le perfecto ?
Inutile de le cacher, le perfecto est une pièce très exigeante. Si vous êtes bien proportionné, aucun problème, comme toujours vous pourrez mettre ce que vous voulez... Pour les trop grands, les physiques trapus ou les physiques petits, cela peut s'avérer difficile...
Peut-on tricher ? Oui et non. En cas d'embonpoint, vous pourrez tenter une coupe plus droite, mais au risque de ne pas mettre en valeur les épaules. Ne comptez pas sur la « détente » du cuir : elle risquerait de ne pas être homogène et de se concentrer sur la zone ventrale, avec à la clé un cuir gondolé et très inélégant.
Schott propose ici une coupe droite, mais plus ample : une aubaine pour ceux qui ne peuvent pas se permettre la coupe cintrée.
Trop grand et mince, il va vous falloir faire des concessions sur le cintrage afin d'obtenir la longueur nécessaire, et éviter d’avoir le nombril à l’air ! Au cas par cas, armez-vous de patience et essayez divers modèles.
Le salut se trouve peut-être chez les italiens, réputés pour leur tendance irrationnelle à sur-cintrer le vêtement ! On pense notamment à Armani qui, sans avoir un rapport qualité/prix imbattable, dessine des pièces très (très) fittées. Dernière option : un excellent couturier, capable de reprendre le cintrage du vêtement au niveau des flancs, ou de déplacer la fermeture.
Note de Geoffrey : tournez-vous vers un retoucheur spécialiste du cuir (oui, ça existe).
Plus près du corps : tu meurs !
Vous l'aurez compris : pas évident de dompter le Perfecto ! Mais encore une fois, les conseils donnés ici connaissent de nombreuses entorses, alors essayez et ne désespérez pas.
Et dans la suite de ce dossier, nous verrons quels sont les différents styles de perfectos, et comment choisir un perfecto pour homme.
Sans oublier nos propres blousons...
Une grosse pièce, ça doit durer dans le temps.
Alors on utilise d’épais draps du lainier Jules Tournier, Entreprise Patrimoine Vivant de 150 ans située dans le Tarn, mais aussi les dernières innovations textiles des tisseurs techniques Schoeller, SympaTex et Polartec.
Et ce n’est pas tout : veste en jean selvedge Kuroki, blousons en agneau d’Italie... on avoue, on s’est fait plaisir !