Votre physique est plus proche de celui du jockey que de celui de l'haltérophile ? Pas d’inquiétude ! Pour être bien habillé, ce n'est pas la taille qui compte...
Disclaimer : Jonathan est un fidèle lecteur et contributeur BonneGueule. Ayant testé plusieurs astuces pour s'habiller selon cette morphologie, il a souhaité partagé ses conseils avec la communauté. La parole est à lui !
Précisons-le d'emblée : le vêtement ne permet pas tout. S'il peut contribuer à sublimer votre morphologie, il ne pourra en aucun cas la changer.
Souvenez-vous, Rick Owens avait fait scandale avec cette citation :
L’exercice physique est la couture moderne. Aucune tenue ne vous fera paraître ou vous sentir aussi bien qu’un corps affûté. Achetez moins de vêtements et allez à la salle de sport à la place.
Bien que le ton soit provocant, l'idée est pertinente ! En effet, votre estime personnelle et le regard des autres tiennent autant à l’entretien de votre physique qu’au choix de vos vêtements.
Mais au fait, qu’entend-on par « être petit et fin » ?
Pour faire simple, j’ai corrélé ces critères physiques approximatifs et arbitraires aux tailles de prêt-à-porter (eh oui, le spectre de Rick Owens n’est pas loin !). Grosso modo, un homme de petite taille et relativement fin fait généralement du XS. Ce qui donne plus précisément du 44 en veste, 36 en pantalon, 37 en chemise.
Vous l'aurez compris : pour le reste de cet article, appréhender l'importance de la précision des coupes sera votre priorité absolue !
Pour partir sur de bonnes bases, je vous recommande de jeter un rapide coup d'oeil au guide ultime des tailles développé par BonneGueule.
Si connaître sa taille est essentiel, savoir reconnaître une belle coupe est également incontournable.
La verticalité, astuce imparable pour "gagner" quelques centimètres
Pour illustrer mon propos, analysons rapidement une tenue en images. Elle se compose de pièces ajustées qui s’inscrivent dans la verticalité : de la tête aux pieds, la ligne est ininterrompue.
Pour renforcer ou non l’effet vertical, on peut également jouer sur la longueur du pantalon, le port d’un manteau ou d’une écharpe.
La longueur du pantalon, un gimmick facile
On peut tout retoucher sur un pantalon, notamment sa longueur. Selon moi, le tissu ne devrait pas « casser » plus d’une fois sur la chaussure, sous peine de tasser la silhouette. De même, faire un revers au lieu d’un ourlet attire le regard vers le bas, ce qui n’est pas l’effet recherché : l’objectif est d’é-ti-rer la silhouette tout en restant proportionné.
Concernant le port du pantalon roulotté, il n’y a pas de bon ou de mauvais choix : tout dépend du résultat que vous visez. Un pantalon qui casse sur la chaussure allonge artificiellement votre silhouette, tandis qu'un pantalon roulotté atténue le déséquilibre entre de longues jambes et un buste court.
Personnellement, je privilégie la seconde option qui apporte du dynamisme à mon look. Que l’on voie davantage mes chaussettes ne me dérange pas dans la mesure où elles font partie intégrante de la tenue, pouvant même y apporter une touche de sophistication.
Néanmoins, ce choix est valable car j’évolue dans un environnement informel, à savoir l’université. Si je travaillais en entreprise, j’aurais opté pour un modèle qui ne casse pas mais vienne juste effleurer la languette de la chaussure. Tout est affaire de contexte !
Les manteaux longs, alliés de la verticalité
Le manteau peut être la pièce structurante de votre tenue. Première couche visible, c’est lui qui va donner en premier « l’humeur » de la tenue.
Malgré ma petite taille, je suis un grand adepte du manteau long. Je vous encourage même à en porter un tombant jusqu’aux genoux. Mais il faut le porter ouvert ! Il va alors créer la fameuse ligne verticale à lui tout seul. Il couvre les autres pièces et, à moins de porter une marinière dessous, c’est "sa ligne" qui va l’emporter.
À mes yeux, le seul manteau qu’un « petit format » puisse porter fermé sans crainte est le croisé. Il offre une carrure généreuse grâce à son double-boutonnage et sa coupe élance la silhouette, tout en dessinant la taille.
En revanche, soyez vigilants avec certains manteaux arrivant à mi-cuisses qui peuvent avoir une "longueur traitre" : trop courts pour créer une vraie verticalité et trop longs pour donner de la stature au buste. Quelques centimètres plus bas sont donc idéaux.
L’écharpe et ses effets multiples
Ajouter une écharpe à une tenue permet de choisir la ligne à favoriser. Si on la laisse pendre le long du blouson, elle accentue la ligne verticale. Si on l’enroule autour du cou, le volume ainsi créé amène le regard sur les épaules et flatte la carrure.
Maîtriser les volumes : la clé du succès
Voyons maintenant comment donner du volume à notre poids plume. Votre cerveau peut se reposer, c’est désormais votre œil qui va s’exercer !
L'incontournable coupe ajustée
Porter des vêtements « fittés » en haut permet d’accentuer la carrure. Ici, le but est de mettre dos et épaules en valeur par la création d’une ligne non verticale. Je dis bien non verticale et pas horizontale, l’effet recherché étant un buste en V. La verticalité est rompue, ma silhouette passe d’une forme en I à un Y.
Sur la même base que ma tenue précédente, j’ajoute un blouson que je porte fermé.
Laissons à présent le blouson de côté : ce sont les pièces de la tenue qui vont créer le même effet de volume. Pour attirer le regard sur le haut du corps, j’ai choisi deux pièces très ajustées. Elles épousent les courbes du buste et révèlent ainsi son V.
En bas, porter des pantalons ajustés élance sa silhouette.
Le choix de l’ouverture de jambe est toujours délicat. On dit souvent qu’à moins d’être fan d’Hedi Slimane, mieux vaut rester sur un classique semi-slim. C’est évidemment une valeur sûre, mais ce choix réduit vos possibilités d’expérimentations stylistiques.
Même en étant mince, un jean presque skinny ne choquera pas. Il soulignera bien davantage vos formes que ne le ferait un semi-slim. Encore une fois, à vous de choisir l’image que vous souhaitez renvoyer.
Note de Rafik : si le skinny peut effectivement se prêter à certains physiques fins, il peut aussi convoyer une forme de "jeunisme". Comme d'habitude, une seule solution : essayez et faites-vous votre avis.
Le loose : un terrain de jeu peu exploré
Alors là, on entre dans la zone floue où seul votre bon goût peut vous dire si l’ensemble vous va. Ceci dit, on apprend beaucoup de ses erreurs...
Dans l’idéal, une coupe loose réussie va valoriser les pectoraux et les épaules en brouillant la taille. Elle repose donc entièrement sur le haut du buste. Assurez-vous que les manches ne vous mangent pas la main (vous pouvez autrement les retrousser) pour montrer que l’effet loose est voulu.
Porter ce genre de coupe est très intéressant. Cela étant, il faut déjà avoir l’œil pour distinguer la frontière poreuse entre loose et trop grand. De plus, il convient de connaître les marques proposant ces coupes. Par exemple, celles de COS sont correctes, quoiqu’un peu longues. Editions MR en faisait en revanche de très réussies (photo ci-dessous) en 2015.
Même combat pour le bas du corps, mais plus facile à maîtriser. Néanmoins, le choix de la coupe est là aussi essentiel.
Les coupes du prêt-à-porter sont pensées pour des morphologies standards (comprenez ni fines, ni petites). Il se peut très bien qu’une coupe étiquetée semi-slim paraisse droite sur vous. Tout est histoire de cuisses et de mollets !
Privilégiez-donc les coupes « carotte », qui donnent du volume aux cuisses tout en se resserrant à la cheville. La coupe doit bien sûr rester harmonieuse sans être trop large aux cuisses ni trop ajustée aux mollets. L’équilibre est ardu à trouver…
Sinon, et c’est ce que j’ai fait, vous pouvez acheter un pantalon qui vous va à la taille, mais dont la coupe est trop droite, et le faire retoucher. Son ouverture de jambe est passée de 21 cm à 17,5 cm !
Astuce : Ralph Lauren propose une gamme enfant reprenant les classiques du vestiaire preppy. Les coupes sont droites et le design classique. Impossible de voir que ce pantalon est une taille 18 ans, par exemple !
Bonus : les vêtements formels quand on est petit et fin (par Paul F.)
Paul F. est un contributeur régulier du très bon magazine The Rake et de Parisian Gentleman, que l'on ne vous présente plus.
En réfléchissant à cet article, je ne pensais pas aborder le vestiaire formel mais un mail envoyé à Paul - le questionnant sur ses « tips » pour choisir un vêtement en prêt-à-porter lorsqu’on fait du 44 - a soulevé un point technique auquel je n’avais pas pensé.
Je vous livre sa réponse ci-dessous in extenso :
« Tout d'abord, j'achète très rarement du prêt-à-porter et lorsque c'est le cas, je fais attention à ce que la longueur soit parfaite. C'est une des choses qu'il est difficile (ou du moins pas souhaitable) de retoucher.
Il y a un mythe selon lequel il vaudrait mieux éviter les épaules naturelles de type napolitaine lorsque les nôtres ne sont pas énormes. Je trouve l'argument faux, tout dépend de la façon dont le buste est construit autour. Le fit est encore plus important que pour les tailles supérieures, pour que cela soit flatteur.
La hauteur du cran ne devrait être ni trop haute, comme on peut parfois le voir chez Solito par exemple, ni trop basse (vieux style français ou anglais). La largeur des manches doit en effet être retouchée en conséquence pour ne pas ressembler à un sac... mais il ne faut pas tomber dans l'autre extrême et sembler sortir de chez Dior. Cela serait tout sauf flatteur.
La largeur du bas de pantalon n'influence pas énormément mais on évite les pattes d'éph. Tout dépend de la pointure mais une ouverture de 18 à 19 cm semble être plutôt une bonne mesure, c'est davantage la coupe du pantalon qui peut jouer. Profiter de pinces simples ou doubles peut s'avérer judicieux pour donner un certain volume à un corps qui peut en manquer.
L'idée est similaire pour le buste d'une veste. Le drape anglais d'Anderson & Sheppard peut être intéressant pour créer un effet de volume supplémentaire. »
La drape cut est en effet une coupe particulière, peu portée sur la planète sartoriale et très difficile à réaliser en prêt-à-porter.
Même si elle concerne plutôt les amateurs de bespoke (Anderson & Sheppard, Liverano & Liverano), sachez qu’il s’agit de laisser un excès de tissu à la poitrine (c’est ce qui donne le drapé) tout en pinçant la taille pour mettre les épaules en valeur. Je trouve l’effet très réussi.
Jake Grantham est également un grand amateur de drape cut, même si tout le monde n’a pas son flair pour adapter cette dernière à sa morphologie.
De la théorie à la pratique : quelques marques pour s’exercer en confiance
- Un peu de tout : La ligne "enfants" chez Ralph Lauren. Une fois n'est pas coutume, les prix sont très modérés sur cette ligne. Le style preppy y est vraiment mature (vous ne verrez pas la différence avec la ligne adulte sur ce point), et ça couvre un bel éventail de physiques (la taille la plus grande de cette ligne, le 18-20 ans, correspond à un S français).
- Manteaux : SuitSupply donne accès à une large variété de coupes et de matières (donc de tombés) sur ses manteaux longs. De plus, le sizing commence au 42.
- Pulls : le XS de Six&Sept est vraiment ajusté, alors que son S est loose. Si vous êtes assez fins, les dieux de la gradation seront avec vous ! Sinon, allez voir chez De Bonne Facture : les coupes sont plus intemporelles mais conviennent aussi très bien aux personnes fines, et les nombreux tricotages vous permettront de jouer sur les matières.
- Chemises : les chemises en XS de Maison Standards sont très bien coupées. L’emmanchure vous donne de la carrure tandis que la taille est dessinée.
- Pantalons : coup de cœur pour les chinos Le Pantalon. La jambe est ajustée mais on reste loin du skinny grâce à une ouverture de jambe correcte (17,3cm pour un 36). Si vous voulez une jambe plus resserrée, Maison Standards propose des chinos avec une ouverture de jambe de 16,5. Peut-être un peu trop amaigrissant quand on n’a pas des mollets de cycliste…
- Pour les pantalons carotte, cela se passera chez Coltesse en fonction de votre style. Dans un registre plus formel, Julien Scavini a lancé sa ligne de pantalons et propose notamment une coupe inspirée d’Ambrosi Napoli. Elle est donc assez large et les tailles commencent au 38, mais son retoucheur pourrait l’adapter à votre morphologie.
Note : si vous êtes plus proches du XXS que du S, n’hésitez pas à aller voir chez les marques japonaises, qui taillent souvent très petit. Je sais d’expérience que Jinji par exemple propose des sweats et quelques field jackets vintage, parfaites pour les petites morphologies.
Pour avoir plus de marques proposant des petites tailles, je vous invite à lire cet article :
Où trouver des vêtements quand on est petit et mince ? – CDL#35
Le mot de la fin
En écrivant « comment s’habiller lorsqu’on est petit et fin ? » et en vous confiant quelques astuces déjà expérimentées, je retiens que le plus important est la construction progressive d’une connaissance et d’une « culture du vêtement ».
En réalité, que vous soyez petits ou grands, fins ou enveloppés, l’essentiel est de visualiser votre morphologie. Testez des vêtements pour jouer sur les volumes et les longueurs, afin de choisir la pièce la plus adaptée à l’image que vous voulez renvoyer.
Pour aller plus loin, je dirais qu’il faut s’habiller pour vous plus que pour les autres. Ce n’est pas parce que vous portez un manteau aux genoux alors que vous mesurez 1,60m que l’opprobre sera sur vous ! Votre style doit refléter votre personnalité et non être une compilation de pièces cherchant à masquer telle ou telle caractéristique physique.
Cela peut sembler contradictoire avec tout l’article, mais c’est en réalité l’étape suivante. D’abord apprendre à se servir du vêtement pour se valoriser, puis laisser de côté ces règles établies pour se faire plaisir en trouvant son style.
Comme le résumait Picasso : « Apprenez les règles comme un pro pour pouvoir les briser comme un artiste. »
NB : Les photos ont été prises aux Baux-de-Provence par Sarah Meyssonnier