Qu'est-ce que le style rock pour homme ?
Le terme « rock » a été tellement galvaudé ces dernières années que nous ne croyons pas pouvoir lui donner une définition claire.
Si vous vous asseyez pour mettre la tête entre vos mains, essayant de réfléchir clairement à ce qu’est le rock, et le style allant avec, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
Sûrement un tas d’images complètement disparates, du moins au plan stylistique :
Les costumes cintrés des Beatles période pré-hippie.
Les perfectos déglingués et les jeans troués des Ramones.
Les collants bleu électrique de Peter Gabriel.
Les bottes compensées et le maquillage de KISS.
Sans oublier la banane et les chinos supra-classiques de James Dean...
Et encore, on n'a pas parlé de tout...
Tout cela, finalement, compose un large spectre où l'on peut plus ou moins trouver son bonheur vestimentaire, mais on n’est pas forcément plus avancé.
Plus qu'un style rock, une attitude
Le seul point commun entre tous ces styles, c’est l’esprit de rébellion, l’envie de tout brûler ou presque, de faire table rase des acquis de la génération précédente.
En fin de compte, chaque groupe majeur du courant a débuté comme ça : mêmes les Beatles, dont les coupes au bol et les costumes tirés à quatre épingles peuvent nous paraître aussi démodés que conventionnels aujourd’hui.
Pourtant, la rage Mod's de l'Angleterre des années soixante provient d'un rejet en bloc de la décennie précédente : adieu tempes au cordeau et mèche soigneusement plaquée, pantalon ample à taille haute, jupe longue, talons plats, et musique « ringarde » comme le twist.
Les films se déroulant dans les 60's donnent souvent une bonne idée des looks de l'époque, ici les mods avec Brighton Rock.
En Grande Bretagne, même la petite classe moyenne a le sartorialisme inscrit dans ses gènes, autant que le thé à cinq heures et la mentalité insulaire.
Aux États-Unis, c’était une autre histoire, avec un héritage « workwear » nettement plus marqué.
C’est ainsi que la même génération, dans deux pays différents, animée par le même esprit de changement, a pu voir d'un côté de l'Atlantique des amateurs de teddys des Lakers, des blousons noirs à moto et, de l'autre, des godelureaux en costume cintré ou des types au crâne rasé avec bretelles et chemises aux manches retroussées.
Rester cohérent avec ses vêtements
Un style de bad boy, le style de quelqu’un qui envoie tout péter pour vivre sa passion, le style dont n’importe quel homme rêve, mais qui restera vide si vous n’avez pas l’attitude qui va avec.
Nous le répétons souvent, mais le style, ce n’est pas forcément quelqu’un qui est bien habillé – bon d’accord, être bien habillé aide, évidemment – mais c’est surtout une attitude.
L'exemple le plus frappant que nous avons autour de nous, c'est Régis Dajczman, le créateur de Dajczman (ex-When I Was Seventeen).
Quand un bonhomme entier comme ça compose ses propres chansons et met le feu à une salle, personne ne trouve bizarre quand il tente la chemise noire... ou déambule au bureau en pantalon en cuir le lundi matin (ça rend d'ailleurs vachement bien au final)...
Rick Owens aime souvent répéter que l’esprit est le premier vêtement du corps, et le corps premier vêtement de l’homme. C’est particulièrement vrai quand vous adoptez un style « rebelle », qui ira à l’encontre de la plupart de ce qu'on vous a appris et dont vous aurez soupé.
L'exemple type du look "rebelle" sans spontanéité, type boys band. On ne vous parle heureusement pas de ça.
À titre d'exemple :
- Vous voulez vous habiller comme un universitaire anglais ? Lunettes Persol rondes, costume en tweed et gros cardigan, mettez-vous surtout à lire Yeats.
- Vous aimez les drapés, les matières brutes, l’asymétrie des couturiers goth-ninja ? Commencez un sport de combat, intéressez-vous aux architectes japonais et à la philosophie shinto.
Un vêtement est toujours connoté, il porte un héritage bien ancré dans l’esprit des gens, et si vous n’incarnez pas cet héritage, il y aura toujours un décalage dans la perception qu’auront les autres de vous.
Comme ça :
Le style rock est-il fait pour moi ?
Après ce paragraphe supra-théorique, revenons un peu sur Terre. Tout le monde n’est pas Lemmy Kilmister, et vous avez sans doute envie, quand même, d’avoir ce fameux style rock et rebelle – on va pas se le cacher, les filles adorent de toute façon.
Lemmy Kilmister est sans doute la seule personne au monde à pouvoir porter ces bottes. D'où l'intérêt de trouver SON style. (RIP Lemmy)
Bonne nouvelle, c’est relativement simple à avoir. Mais il va falloir l’attitude qui va avec.
Tout le monde est « rock» aujourd’hui – n’importe quel minet avec un perfecto de fripes qui sait plaquer Creep à la guitare se prend pour le prochain Nick Cave.
Soyez créatifs, ayez une passion hors normes, le reste viendra tout seul.
Les grandes tendances du style rock pour hommes
Le style rock blouson noir
Le style des légendes américaines des années 50-60, qui se rapproche presque du workwear par sa rugosité et sa simplicité.
- T-shirt : blanc, simple, sans fioritures. Ou un débardeur flingué. Cintré.
Marques de T-shirt : H&M, Muji, American Apparel. Sur du plus haut de gamme, Maisons Standards et Benjamin Jezequel en font de très bons, ultra basiques.
- Jean : brut, semi-slim, avec un revers.
Marques de jeans : les classiques habituels : le Petit et New Standard d’A.P.C, Naked & Famous, Unbranded Brand, Edwin.
- Boots : simples, brutes, à zip ou à boucles. L’important est qu’elles aient l’air d’avoir vu du pays.
Marques de boots : nous ne saurions que trop recommander les fripes à ce niveau. Moins chères, et largement assez usées ! Plus classique, NDC Made by Hand en fait de parfaites, en daim.
- Accessoires : aucun, sauf une grosse ceinture en cuir brun, type ceinture de cow-boy (moins les boucles gravées) avec une boucle traditionnelle. Sobre, fonctionnelle. Éventuellement une grosse bague en argent, et un foulard « gitan » à motifs.
Marques d'accessoires pour homme : Losco, dans le Marais, rentre exactement dans ce créneau.
- Coupe : Cheveux longs sur le crâne, relativement courts sur les tempes, plaqués. À la Wolverine, qui est d’ailleurs un aficionado du style.
Du cuir, des jeans et des muscles.
- Pièce forte : une grosse maille col rond, un harrington ou un (gros et lourd) blouson noir (pas d’agneau plongé ou de cintrage trop prononcé donc, c’est un blouson de motard, pas une pièce de défilé).
Marques : Fripes. Pulls : MELINDA GLOSS, Filippa K, SNS Herning, et en général toutes les marques scandinaves spécialisées dans la grosse maille brute.
- Blousons : Temple of Jawnz (uniquement disponible en seconde main, la marque n'existe plus) ou Blackscissors sur le net ont un excellents rapport qualité / prix. Malheureusement, les vrais beaux blousons pour ce type de looks ne se trouvent qu’en fripe (Killiwatch, malgré sa réputation, a encore un rayon blousons extrêmement bien achalandé de ce point de vue).
Le style rock des Mod's
Les mods apparaissent à peu près en même temps en Angleterre, amateurs de jukebox, de musique afro-américaine, de magazines italiens et de films d’art et essai français. Avec les Beatles, ils balaient tout sur leur passage.
Alors que les blousons noirs aiment le Pento, les motos et le rockabilly, eux se passionnent pour les costumes sur-mesure, les scooters et le ska (musique d'origine jamaïcaine, ndlr).
Si ce style a révolutionné le paysage de la mode, c’est que contrairement au précédent, il ne s’inscrit pas dans une tradition de rébellion, bien américaine, mais s'inspirent de coutumes très britanniques, jusque dans leur musique.
Les Beatles étaient parfaitement conscients qu’ils jouaient des musiques noires, et refusèrent en 1965 lors de leur tournée en Floride de jouer devant des publics ségrégationnistes.
- Costume : cintré, gris clair, bleu marine, brun, voire des couleurs plus fantaisistes comme le rouille ou le bleu azur. Trois boutons. Revers étroits.
Marques : toutes les marques de costumes que nous vous conseillons habituellement (Ly Adams, Emile Lafaurie, TM Lewin)
- Chemise : blanche ou en liberty, cintrée, à petit col ou col boutonné, sans poche.
Marques : Ben Sherman, MelindaGloss, Three Animals.
- Accessoires : cravate slim, pochette de costume pour les plus classiques, Fedora et bijoux en argent pour les inconditionnels des Babyshambles.
Marques : Simmonnot-Godard pour les pochettes, Zara, ou bien la marque éponyme pour les fédoras, Gudule pour les bijoux. Cuisse de Grenouille, Balibaris ou De Bonne Facture font de très belles cravates.
- Boots : « Beatle boots » (bottines montantes avec un talon haut), Chelsea boots (bottines avec un élastique sur le côté) Richelieu, desert boots à bout anglais, noires ou café (tout dépend de la couleur du costume).
Marques : Finsbury, Septième Largeur, Edward Green, Clarks.
Le style punk rock / motard
Héritée des blousons noirs des années 50, la figure du musicien en cuir déglingué évolue avec l’apparition du punk dans les décennies suivantes, où la politique (notamment la guerre du Viet-Nam) entraîne l’apparition d’une génération désabusée et prête à en découdre.
Se rebeller ne suffit plus. Il faut détruire, se moquer, insulter et ne laisser que des décombres derrière soi.
La décennie 70 voit cet esprit enfler peu à peu, en musique avec les Sex Pistols, les Stooges, Billy Idol et dans la mode avec Vivienne Westwood et Malcom McLaren, l’impresario des Pistols, qui commence à vendre des t-shirts avec des croix renversées et des références ostentatoires au nazisme ou à Satan dans sa boutique londonienne.
Les modifications corporelles aussi gagnent du terrain, c’est l’époque où les tatouages se démocratisent, que les piercings et écarteurs, autrefois réservés aux marins, sont arborés par des dizaines d’adolescents, etc.
C’est bien simple : plus vous aurez l’air de sortir du lit ou d’une cuite, plus vos vêtements auront ce cachet unique et rapiécé des pièces trimballées d’un quai à une scène, mieux ce sera.
- T-shirt : plutôt loose, gris, ou blanc. Avec une inscription ou non, un t-shirt de groupe, peu importe de toute façon.
Marques : Eleven Paris, Sixpack, American Apparel, fripes.
- Jean : gris, noir, ou une couleur terre délavée. Déchiré. Semi-slim ou slim.
Marques : April 77, All Saints, Balmain Biker, Naked & Famous.
- Cuir : l’incontournable perfecto, brun ou noir. Vous pouvez vous permettre de prendre des cuirs plus fins que pour un style motard, l’important est qu’ils aient l’air d’avoir vécu, vraiment vécu. Avec des taches, des différences de reflet, tout ce qui fait un beau cuir.
Un authentique cuir de punk...
Marques : Difficile à trouver ailleurs qu’en fripes, mais les marques milieu de gamme comme Serge Pariente ou Korintage en proposent des bien coupés à prix correct. Sur le net, Blackscissors ou TempleofJawnz. Certains créateurs comme Boris Bidjian Saberi ou Isaac Sellam Experience en font également des variations intéressantes.
- Boots : quoi de mieux et de plus riche que les Doc Martens ? Ou leurs variations, plus fines, les bottines à lacet usées par le temps et les intempéries.
Marques : Doc Martens (en soldes, sur le net), Wolverine (ligne 1000 Mile), Guidi sur du plus haut de gamme.
- Accessoires : bracelets en cuir, bagues en argent. Piercings et tatouages en option fortement conseillée.
Marques : Bracelets : H&M, Etsy, handmade.
- Bagues : Gudule, ou tout autre magasin proposant des bagues touareg / yéménites à prix abordable. Goti, Julius, Corpus Christi, Tobias Wistisen, Manuel Bozzi, Werkstätt-München.
- Coupe : à l’arrache, cheveux longs, barbe d’une ou trois semaines.
Le style "hybride"
Costume ample à large revers, chemise largement ouverte sur une poitrine sans cravate, bas de pantalons retroussés sur des Richelieu sans chaussettes, cet espèce de style hybride est hérité des hippies comme des Mod's.
Il est représenté par des figures aussi diverses que Serge Gainsbourg ou Pete Doherty, prend ses racines dans les années 70, et porte en lui un relâchement soigneusement étudié en même temps qu’un amour pour le sartorialisme.
C’est la tentative de conjuguer deux choses opposées : la coupe au rasoir des costumes italiens et l’espèce de négligence typiquement méridionale qui l’accompagne. Ces «gimmicks» stylistiques cassent la solennité un peu raide du costume.
Typiquement, Gianni Agnelli, l’actionnaire principal de Fiat portait toujours, avec des costumes impeccables de chez Valentino, sa montre sur son poignet de chemise. Fermé.
Pete Doherty est un spécialiste de l’assemblage des colliers de toutes provenances sur son costume, ou des breloques sur une chaîne de montre à gousset, Gainsbourg se signalait plus par ses éternelles Repetto portées pieds nus été comme hiver.
- Chemise : tout dépend du goût. Gainsbourg portait plutôt des chemises en lin lâches, Pete Doherty les préfère plus classiques.
Marques : MelindaGloss, Three Animals, Turnbull & Asser, Toxan ;
- Costume : italien, revers larges et épaules naturelles (spella camica). Bleu marine, gris anthracite, à rayures.
Marques : Danyberd, Ugo Baldini, EmileLafaurie. Sur du plus haut de gamme, Husbands, Brioni, Cifonelli, Michael Ohnona.
- Chaussures : Richelieu basses ou « Chelsea Boots » (avec un élastique sur le côté, cf. le paragraphe consacré aux Mod's).
Marques : Septième Largeur, Finsbury, Edward Green ;
- Accessoires : colliers, foulards, bracelets, bagues, chapeaux, en fripes.
Le secret pour bien maîtriser le style rock homme ?
Pas vraiment de secret.
C’est un style sobre, à la limite de l’austérité, deux trois pièces maximum, sans compter les éventuels bijoux.
Nick Cave
D’autre part, c’est une panoplie complète. La plupart des pièces d’un style rock sont soit chinées et déglinguées à l’image de leur propriétaire, soit tellement fortes qu'on ne peut simplement pas les intégrer dans un autre look. De meilleurs que nous s’y sont cassés les dents.
Ce qui fait un style rock’n’roll, c’est surtout la dégaine qui va avec, donnant du cachet à n’importe quelle pièce. Il faut voir Johnny Rotten porter avec un naturel confondant ses pulls angora à rayures pour vraiment le comprendre).
Être à l'aise dans ses vêtements rock pour homme
Commencez par choisir un des courants vestimentaires présentés plus haut, celui qui vous met le plus à l’aise. Si vous aimez Dio et Ozzy Osbourne, vous allez vous sentir engoncés dans un costume mods, et c’est parfaitement normal.
On a sans doute vu plus confortable comme tenue.
Mettez vous à l’aise dans vos pièces, ayez l’air de les avoir attrapées au pied du lit en vous réveillant d’une nuit très courte et d’avoir vaguement pris une douche. Sans plus, parce que vous avez plus intéressant à faire.
Attention aux pièces fortes
Ne commencez PAS par l'achat de la pièce la plus forte. Dans 95 % des cas, vous regretterez votre achat dans les mois qui suivront, ou vous maîtriserez mieux votre image et il s'agira alors d'un investissement perdu. C’est aussi valable pour les accessoires. Comme d’habitude, on commence par les pièces basiques.
En termes de couleurs, limitez-vous aux gris (anthracite, souris, béton), blancs (normal, cassé) et couleurs terre (toute la gamme qui reste relativement neutre : rouille, taupe, marron, brun, kaki, etc.).
April77 est une marque de jean jouant beaucoup sur l'univers rock, le mannequin semblant sortir d'une répétition agitée.
Évitez également les vestes fantaisie à brandebourg, tout le monde n’est pas John Lennon. Ce n’est pas un style accepté, vous aurez juste l’air d'un type bizarre, ou d’un minet. Et ce n’est pas le but que vous poursuivez en cherchant à vous habiller de cette façon.
Vous avez des tatouages ? Tant mieux ! Les manches retroussées de votre perfecto les mettront en valeur.
Le style rock masculin : pour quelle(s) morphologie(s) ?
Physiquement, c’est un fait, c’est un style qui va mieux aux gens grands et minces. Mais tout va mieux aux gens grands et minces généralement. L’important est d’avoir la présence qui va avec.
Prince fait 1.54m, James Dean et Jamie Cullum culminent à 1.65m les bras levés, Axl Rose, Kurt Cobain, Joe Strummer, Frank Sinatra, Trent Reznor et Kevin Jonas sont tous dans la barre du mètre 70, et ils irradient de leur présence sur scène. Bon, OK, pas Kevin Jonas...
Elton John porte des lunettes teintées et pourrait faire les campagnes grandes tailles pour H&M. N’empêche que, c’est Elton John.
