Crédit photo : Borasification.
Disclaimer : on accueille un nouveau contributeur dans nos colonnes, Mathieu, passionné de workwear. Face aux journées de plus en plus chaudes, il nous livre sa (riche) réflexion sur une question qui l'a longtemps perturbé : comment créer des looks workwear en été ? La parole est à lui !
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Pourquoi se poser une telle question ? Tout simplement parce que denim brut, flanelle et work-boots ne sont pas très adaptés aux températures estivales qui transforment la plupart des villes en sauna...
Passionnés de workwear, amoureux d'indigos imparfaits, fans de wabi-sabi japonais, ma quête d’un style "brut" s'est rapidement heurté aux chaleurs caniculaires des beaux jours.
Le coeur du problème vient de l'essence même du style workwear : né pour répondre aux conditions rugueuses du Grand Nord américain ou aux rigueurs de l’usine, il se caractérise par sa robustesse et son épaisseur. Du coup, il devient rapidement difficile de composer avec le cagnard d’un week-end juilletiste entre amis.
À mon grand étonnement, je me suis rendu compte que le web n’offrait pas de réponses satisfaisantes à cette problématique. Même le sage Nicolo, pourtant habitué aux questions de lecteurs, ne me contentait qu’à moitié…
Pour votre gouverne, c’était il y a près de deux ans. Depuis, je mûris une réflexion personnelle en même temps que cette quête stylistique, et je crois utile de la partager avec vous aujourd'hui.
Comment, donc, développer un style résolument workwear durant les (très) beaux jours ? C'est ce qu'on va voir ensemble.
Tout est question d'influence(s)
Comme beaucoup de styles, le workwear s’est bâti sur des figures emblématiques, mythifiées, réinterprétées à l’infini. Ouvrier à l’ancienne, bûcheron barbu, biker fifties, marin vintage… Des références louables mais pas idoines l’été.
Pour affronter la hausse du mercure, l’astuce la plus pertinente, à ma connaissance, reste de diversifier sa palette de références et piocher des inspirations dans des styles voisins. Des archétypes workwear “cousins” plus adaptés aux températures méridionales, voire tropicales.
On pourrait citer la grande famille du military, dont les rats du désert n’étaient pas des demi-durs. La figure cinématographique de l’explorateur des années 40 “spielberguisée”. Ou encore certaines inspirations sports/streetwear vintage chères au grand Nigel Cabourn…
Bref, il s’agit de trouver de quoi troquer ses inspirations sans pour autant trahir ses goûts et ses couleurs, pour les assortir à loisir, selon ses affinités et par tâtonnements. La liste précédente est loin d’être exhaustive…
L'importance du choix des couleurs
La palette workwear est dominée par le bleu profond de l’indigo, qui permet de mettre en relief ses fameuses fades . Beau, certes, mais pas très praticable une fois passée la barre des 25°C. Les grosses chaleurs venues, on préférera alléger ces bleus pour les rendre plus réfléchissants.
On pourra aussi emprunter les earth tones les plus lumineux. Des teintes neutres qui se substituent de façon très masculine à la gamme des bleus, tout en lui étant parfaitement complémentaires : olive, khakis, beige, écrus, taupe, camel, sable, rouille…
Le blanc et toutes ses nuances cassées et écrues y ont naturellement leur place, ainsi que les gris clairs et chinés, renvoyant à des univers plus sportswear.
On évitera toutefois les tons pastels et les couleurs trop vives. En effet, elles sont propres à d’autres influences et seraient donc contre-productives dans notre démarche, suffisamment technique par ailleurs.
Certains motifs peuvent aussi être de la partie, de préférence par petites touches. On pourra s’amuser avec toutes les variétés des camo, mais aussi certaines rayures pas trop fines évoquant le hickory .
Les gros carreaux clairs, les polka dots et les vichy un peu bruts sont également envisageables. On évitera juste les tartans trop sombres et “riches”, qui renvoient davantage à un univers automnal.
Les plus expérimentés, ou fondus de workwear japonais à l’ancienne, pourront même s’essayer aux patchworks de denim...
Plus décalé, je me dois de confesser un penchant très perso pour les chemisettes type hawaïennes à gros motifs. Ouvertes sur un tee blanc, je trouve qu'elles offrent un petit côté kitsch tropical qui, assumé, rend finalement assez badass.
Matière rime avec workwear
Derrière tout fan de workwear se cache un amateur de belles matières. De celles qui se patinent avec amour. L’éloigner de ses terres indigos peut, pour lui, être une source d’angoisse...
Du denim d'été ?
Réconfortons d’abord cet amoureux d’Okayama : il existe bien des grammages miracle, sous les 10oz, permettant de porter du denim en été. Même selvedge. Des toiles souvent mêlées de lin ou de chanvre, plus claires, et qui rendent la manœuvre à peu près jouable.
Certaines marques de puristes proposent des toiles très épaisses (15–20oz) mais “low tension”, c'est-à-dire avec une armure lâche et aérée. Cela permettrait donc de porter ces "mammouths" par temps chaud. Cela dit, je n'ai jamais testé de telles pièces donc je m'abstiendrai de tout commentaire.
Dans tous les cas, le choix des modèles est plutôt restreint. Dans le cas des denims légers, leur solidité est forcément amoindrie et le délavage ne peut pas non plus être optimal.
Un mot d'ordre, donc : quitter sa zone de confort et s'éloigner quelques semaines de ses chères toiles brutes bien épaisses.
Quelles alternatives au jean ?
On pense d'emblée au Rip-stop, cette matière militaire à la toile de coton ultra légère (~6oz) renforcée par un quadrillage de fils plus épais en nylon, lui donnant son aspect et sa solidité caractéristiques .
Le registre military regorge d’autres matières légères et résistantes, à la patine et aux tissages intéressants. Parmi eux,
- le "sateen" de l’armée US et sa texture striée, au rendu brut et original,
- ou les chevrons très serrés,
- voire certaines popelines un peu feutrées, épaisses et délavées .
Vieux cousin du denim, le robuste canevas se prête bien à des épaisseurs superlight, pouvant descendre vers un 5oz pour un pantalon ! Son grain, mais aussi le délavage que développe cette toile à l’usage sont une joie pour tout amateur de workwear. Néanmoins, la matière est plutôt rare, et encore davantage sur ces poids. Dommage...
Le chambray est aussi un allié tout indiqué dans cette quête d’authenticité, et ce depuis son adoption par la marine américaine. Enfin le lin, avec son slub naturel , sa robustesse, sa "main" nerveuse et sa respiration inégalée est votre meilleur ami sous le soleil.
Mais vous le saviez déjà.
On piochera aussi à loisir dans le vaste monde du jersey, notamment du côté de ses textures en relief.
En revanche, faites attention à certaines matières et leurs possibles connotations socio-culturelles. Je pense par exemple au coton piqué ou au seersucker, qui appartiennent à d’autres registres. Arborées dans un look se voulant workwear, des pièces dans ces matières sont susceptibles d'être sources d'incohérence.
Vers quelles pièces se tourner ?
Comme tout le monde en été, le fan de workwear est contraint à réduire son layering fétiche à sa plus simple expression. D'où l’importance de bien choisir ses pièces.
Le risque ? Glisser sur une tenue pas forcément hors-sujet, mais un peu fade pour le baroudeur qui est en vous.
Le but est donc de porter au moins une pièce un peu plus marquée que la moyenne. Lesquelles?
De multiples possibilités pour le pantalon
Ceux qui résistent à l'appel du short se trouvent confrontés à un problème cruel : comment ne pas crouler sous la sudation ?
Déjà, assurer à ses jambes une libre circulation d’air, et ne pas hésiter sur les coupes un peu droites ou qui se resserrent sur le bas de la jambe. Pour se les approprier, on les “civilisera” via de généreux revers, afin de découvrir stratégiquement ses chevilles, à la japonaise.
Petites précisions au passage : dans les deux cas, la chaussette invisible est de rigueur. De plus, si la ceinture est de mise, on la préféra dans un tissu léger uni ou au motif simple et sobre. #sprezzaturepas.
Ayant déjà traité son cas, passons en revue les substituts au jean d’été…
Commençons par l’évidence : le léger twill d’un chino. Il est tout à fait approprié par fortes chaleurs .
Cela dit, le fan de workwear ne dira pas non à des pièces plus fortes.
On pense au pantalon cargo, dont les poches latérales trouvent toujours une utilité lorsqu'on se balade en tee-shirt. Vous trouverez forcément votre bonheur chez Orslow, Universal Works, Bleu de Paname, Maharishi...
Plus confidentiel, le "fatigue pant" et ses larges poches avant plaquées est une sorte de chino en plus brut, et souvent en plus large. Pour en dégoter un (ou plus), il vous faudra regarder chez Orslow, Carhartt, Bleu de Paname, Engineered Garnements ou Stan Ray.
Moins attendu, le chambray est aussi monté en pantalon par certains. Outre le classique cinq poches (un récurrent chez Naked&Famous), il rend bien sur un easy pant . Ou avec un peu d’élasthane, en sweatpants légers pour une inspiration à la croisée du streetwear (dépend vraiment des collections).
Quid du short ?
Même pour les plus réfractaires, le short est inévitable en bord de mer ou au plus fort de la canicule. Avec si peu de tissu pour s’exprimer, l’écueil d’une tenue trop lisse n’est jamais loin… Alors, que faire?
Inconditionnel du bermuda ? Cette pièce parfois un peu sage peut être rendue plus sauvage. Il s’agit juste de lui offrir, outre un bon revers et une coupe un poil large, voire une nuance de earth tones assez prononcée. Pour une identité plus forte, pourquoi ne pas le délaver franchement pour suggérer un kilométrage aventureux ?
Comme dans le cas du chino, on peut facilement lui substituer sa version “fatigue” et ses poches avant plaquées .
Plus classique, l'indémodable et incontournable short en jean semi-slim est presque un "basique de l'été".
On pourra aussi opter à l’occasion pour un modèle plus sportswear en jersey texturé d’inspiration vintage. Ses cordons de serrage offrent un détail bienvenu.
En faisant très attention à sa coupe, ni trop large, ni trop longue, les plus audacieux pourront s’essayer au short cargo, voire au monkey-short et sa large poche arrière unique.
Sympa avec un revers débordant sur les poches latérales, c'est une pièce plus envisageable que son équivalent pantalon, que Boris de Borasification manie avec maestria.
Enfin, on s’en doute, mais le pantacourt demeure un tabou que personne ne devrait violer. Jamais. JAMAIS.
Tee-shirts, chemises... comment se débrouiller en haut ?
Toile vierge mettant en valeur toutes les autres, le tee-shirt et son sous-texte militaire sont une évidence en été, surtout enrichi de lin.
Tous les tons clairs précédemment évoqués sont les bienvenus, mais le blanc aura l’avantage de trahir à minima votre (éventuelle !) transpiration.
On pourra lui offrir une coupe un peu plus loose, des manches roulottées ainsi qu’un col boutonné, pour plus d’aération. Et surtout... tenter de canaliser le Ryan Gosling qui sommeille en vous.
Si la chemise habillée est difficile à faire passer, la chemise casual a résolument droit de cité. L’amateur du style appréciera les riches textures du chambray, du lin, d’oxfords légers, de denims subtils et clairs voire de certaines popelines…
La pièce poussera au besoin le curseur "élégance". Mais afin de rester dans une esthétique brute, on n’hésitera pas à se porter vers des modèles aux poches pectorales très travaillées.
Doubles poches, surpiqûres contrastantes, fermetures à boutons, poche stylo, rabats, boutons contrastants, ouverture inclinée, poche asymétriques voire poche intérieure : autant d'éléments à favoriser pour styliser votre look.
La ‘jumper shirt’ de Rogue Territory synthétise pas mal de ces détails. Mais on peut aussi citer Jinji et tous les spécialistes du denim : Momotaro, Fullcount, Studio D’Artisan, Pure Blue, Levis Vintage…
Au niveau du col, le button-down est roi. Cela dit, un col club arrondi est aussi possible, tout comme un modèle sans-col.
Quant au tab-collar, avec cette petite patte de serrage à la base du col, c'est un détail très prisé…
Pour la coupe, on pourra librement expérimenter avec des tombés plus loose, des modèles “pop-over” style vareuse (mais pas de polo svp!), des manches raglans, des pans arrondis, des empiècements western, voire des longueurs un peu longilignes - clin d’œil à certaines influences indiennes - pour épicer la chose…
Enfin, à l’exception notable de la chemisette hawaïenne et son kitsch assumé, je suis pleinement du parti du Benoît : manches longues et roulottage pour tous.
Trouver les chaussures adaptées
C'est un point assez technique dans la mesure où le soulier est un sujet workwear sensible, un make or break de ce style puriste. La difficulté tient en ce que la saison chaude interdit tous les classiques en cuir épais. Dès lors, que faire ?
Il est ici plus simple de procéder par élimination, certaines chaussures estivales étant trop marquées pour se fondre dans une tenue workwear sans en dénaturer la "badassité".
C'est le cas de tous les types de mocassins (des tassel au driving-shoes), chaussures bateau, brogues ou boucles suédées aux semelles contrastantes, slip-on proprettes et autres espadrilles…
Que reste-t-il ? Des desert boots pardi ! De préférence un peu limées...
Leur daim non doublé et leurs semelles en crêpe s’en sont bien sortis dans les années 40 en Égypte, paraît-il.
Leurs cousines aux semelles sneakers ou leurs sœurs wallabees sont, elles aussi, appropriées.
Ensuite, on ira piocher des solutions dans un streetwear sobre : low-top classiques en canevas léger ou runnings légères et profilées, qu’elles soient d’inspiration vintage (GAT) ou tirant parti d’un côté "technique" moderne, comme des knits bien respirantes.
Bonus point pour des semelles en gomme couleur naturelle, une préférence personelle qui donne toujours un côté plus brut et old-school à la chaussure.
Comme on n’est plus à un sujet tabou près, concluons ce chapitre par le cas des sandales. On préférera largement des modèles plus massifs à toutes les tongs et autres claquettes maigrelettes.
Et même si une mode se développe à ce propos chez les adolescents inspirés des sportifs US, on s’épargnera le combo chaussette-sandales. SVP.
Le coin de l'outerwear
Un rafraîchissement bienvenu peut inciter au port d’une petite épaisseur supplémentaire le soir. L’occasion tombe à pic pour étoffer son allure.
D’abord, pour nos orthodoxes du denim, les premières vestes Levi’s Type I et II étaient coupées dans une toile assez light : un très envisageable 9oz.
Aujourd’hui, les spécialistes du denim proposent des Type III (les fameuses trucker jackets) dans les mêmes poids-plume.
Le vaste monde des vestes d’ouvriers de tous poils s’offre à vous. Dans des styles plus ou moins marqués, en coton ou en lin.
Combinaison de cheminot américain des 50's, bleu de travail français, workshirt en hickory, worker-jacket à mi chemin du blazer… ou encore noragi, si une expérimentation nippophile vous tente.
Sinon, le registre military propose - surprise ! - un paquet d’options sympathiques.
Jungle ou field jackets, vestes M43 et surchemises riches en poches poitrine... vous avez l'embarras du choix. D'autant plus que la mode a tartiné ses khakis sur à peu près toutes les vitrines cette saisons. Facile.
On mettra toutefois en garde contre l’accumulation de pièces militaires trop fortes : le but n’est pas de se déguiser en soldat. On vous déconseille donc de doubler votre large cargo d’une M65, pour ne pas donner un effet redondant disgracieux. Vigilance.
Par ailleurs, l'intemporel militaire adoubé par le streetwear est évidemment le classique bomber.
Qu’il soit en ripstop, en chambray, en nylon non-doublé, ou en canevas de lin, si la MA1 est bonne pour Steve McQueen, elle est bonne pour vous.
En cas de voyages plus humides (on pense aux moussons asiatiques), une légère et imperméable coach-jacket aux lignes épurées peut s'avérer utile ! Une street cred hip-hop impeccable au service du style : que demande le peuple ?
Et si c’est vraiment nécessaire, un sweatshirt uni au jersey pas trop épais et au ton neutre restera votre meilleur ami pour toute soirée barbecue à la belle étoile. Pourquoi pas à manches courtes, en référence à l’univers de la boxe.
Enfin, petite pensée à Benoit et sa bien-aimée mid-layer. Un gilet en coton ou taillé dans une matière plus isolante peut tout à fait être envisagé quand l’humidité retombe ou pour gérer des transports un peu trop climatisés.
Des accessoires avec du style
Ils sont nombreux et bienvenus en été, afin de rehausser des tenues trop lisses.
Premier d’entre eux : la montre. On se souciera surtout du bracelet, en prenant soin de choisir un bracelet Nato ou en perlon pour éviter de suer du poignet. Cuir et métal sont, le temps de la période estivale, à proscrire...
Indispensable sous le soleil, une bonne paire de lunettes est également essentielle. L’amateur de workwear se tiendra éloigné de toute forme futuriste ou un peu bling, pour se concentrer sur les classiques.
Des montures métal apporteront un parfum military plus bourru, où des acétates apporteront plus de sophistication. On passera son tour sur l'univers des verres miroirs, polarisés ou colorés… qu’on laissera aux festivaliers EDM.
Le couvre-chef est un autre sujet complexe, qui demande avant tout de l'assurance et de la confiance en soi . Sans être incollable sur ce sujet plutôt "advanced", j’entrevois surtout trois grandes possibilités workwear-compatibles :
- les fedoras un peu rincés,
- les casquettes et trucker-hats,
- et les buckets hats ou bob (surtout en denim) ramenés au goût du jour par le streetwear et le Japon ces derniers temps.
Parfois utiles et souvent stylés, chèches aériens et bandanas roulés sauront, si besoin est, protéger votre cou du soleil ou de la fraîcheur du soir, tout en rehaussant votre carrure.
Tips & tricks spécial canicule : un bandana humide roulé autour du cou est un bonheur en plein cagnard.
Enfin, l’accumulation de bracelets pas trop imposants et/ou de bagues sympas, voire de colliers, peut être une bonne idée pour encanailler une tenue trop minimaliste. Perle, argent, turquoise, tissu, pièces de monnaie, faites-vous plaisir. Vous pouvez jeter un oeil chez Harpo, Gudule et Tant d'Avenir par exemple.
Le mot de la fin
Arborer un style workwear en été n’est donc pas si compliqué en choisissant bien quelques pièces, leurs matières et leurs couleurs.
Les chercher peut même être l’occasion de pivoter vers des influences nouvelles, d'élargir ses horizons et d'enrichir son vocabulaire stylistique. C'est d'ailleurs, selon moi, ce que chacun devrait toujours chercher à faire pour affiner son swag personnel...
Il n’y a pas que le denim dans la vie. Tentez, essayez, découvrez et restez (au) frais.