Voici la suite directe de l'article présentant le sport chic dans les montres, BonneGueule a sélectionné deux nouveaux modèles qui rentrent pleinement dans ce style. Certaines s'inspirent de leur passé, d'autres sont des modèles surfant sur le néo-rétro sans pour autant faire dans la réédition ou encore ont été conçues à notre époque et proposent leur propre twist. Issues de marques historiques ou au contraire plus récentes, la sélection de montres sport chic commence.
LA TISSOT PRX
Depuis l’arrivée de la PRX de Tissot en 2021, ce modèle est devenu un véritable best-seller. J’ai été moi-même plutôt impressionné par l’attrait de cette montre sur les forums spécialisés. Mais savez-vous que son design est directement venu de la fin des années 1970 ?
Les années 70 ne sont pas tendres avec les marques horlogères traditionnelles. Après avoir atteint un zénith durant la décennie précédente, les marques sont confrontées à l’invasion incontrôlée du quartz japonais.
Cette invasion frappe littéralement le secteur des montres horlogères mécaniques. Les marques occidentales n’ont pas été victimes d’une rupture technologique pour autant : les français, les suisses et les américains avaient déjà développé auparavant des mouvements hybrides dits électromécaniques mêlant mécanique et pile. Par la suite, certaines marques suisses étaient en avance au niveau des mouvements à quartz mais elles ont tardé à les répandre en masse.
Ce qui a cloué le secteur de l’horlogerie mécanique c’est l’arrivée massive de montres quartz peu onéreuses qui a bouleversé la donne sur le marché. Pourquoi payer plus cher pour une montre mécanique qui est en définitive moins précise que ce que permet une montre à quartz ?
Du fait du choc violent de la crise provoquée par l’arrivée et le succès commercial des montres à quartz japonaises, tous les acteurs du vieux et du nouveau monde se mettent également au quartz. De Rolex à Tissot ou le site de la marque
LA MARCH LAB AM69
Une sélection sur BonneGueule n’aurait aucun sens si je ne vous faisais pas découvrir ou redécouvrir une marque méritant d’être connue davantage.
Mais, tout d’abord, je dois vous avouer une chose : avant de commencer à collectionner les montres des années 70, j’ai mis un peu de temps avant de m’y atteler réellement car les années 50-60 continuaient d’avoir ma préférence. C’est sur le tard que je me suis intéressé au style des 70s qui est bien différent de celui des décennies précédentes. S'il y a une marque française qui, dès l’origine, a complètement épousé les codes des années 70 : c’est March Lab.
Le point sur la marque March Lab
March Lab est une marque relativement récente fondée en 2011 par Alain Marhic. C’est avant tout un passionné des années 70. Avant de découvrir les produits de la marque, j’avais interrogé un autre créateur de marques dans un autre secteur, passionné par les beaux produits, et il m’avait dit que « le délire années 70 est authentique chez March Lab, il y a un travail sur le design et l’esthétique de ses produits ». C’est après cet avis que j’ai regardé March Lab de plus près. Et je confirme avoir trouvé un délire stylistique intéressant et quelques anecdotes.
Au moment de la création de la marque, les premiers modèles étaient équipés de mouvements suisses puis March Lab est passée au Miyota japonais. A la question de savoir pourquoi, le fondateur m’avait expliqué avoir eu quelques soucis de qualité dans les mouvements fournis, motivant d'en adopte d’autres.
Selon moi, il peut s’agir dans ce cas d’un mauvais batch de production. Il y a alors deux possibilités, ou bien la marque reconnaît le problème et s’attelle à le corriger ou bien il noie le poisson ce qui est très habituel dans le secteur. Aussi, j’ai apprécié cette sincérité et le souci de prendre les mesures qui s’imposaient à l’époque pour arriver aux modèles actuels.
Mon avis ? Je pense que la marque dispose d’un style qui lui est propre avec des montres fun à porter et des détails stylistiques qui en font des modèles singuliers par rapport aux marques plus anciennes.
La couronne à 4h – très en vogue dans les années 70 – mais aussi une étanchéité de 100 mètres pour quasiment tous les modèles de la marque, et la présence de la couleur verte qui est prédominante dans beaucoup de leurs modèles ou dans leurs boutiques. J’aime bien leur dernier modèle de « Surfeuse » qui dispose d’un beau design.
Récemment, je note aussi la volonté de participer au mouvement de re-localisation progressive en essayant de sourcer leurs mouvements auprès de fournisseurs assemblant en France les mouvements via le partenariat entre le suisse La Joux-Perret et le français Humbert-Droz pour la production du mouvement G100.
Les prix me semblent intéressants pour leur entrée de gamme alors que le prix de leur moyen de gamme me semble un peu élevé par rapport à d’autres marques. Il est néanmoins indéniable que l’offre de March Lab est originale au niveau du design.
Ayant quelques connaissances et amis portant des montres de la marque, je n’ai jamais entendu de points négatifs, je pense de mon côté que le délire esthétique est suffisamment intéressant pour partir à la découverte de leurs modèles et de pouvoir craquer en cas de coup de cœur.
Le boîtier et la lunette sont en acier poli. Je me suis posé une question : la montre aurait-elle gagné à proposer du brossé sur la carrure et du poli sur la lunette ? Mais, au final, je pense que le poli va très bien au style de la montre pour renforcer son côté chic. Ce dernier est renforcé par le cadran champagne, qui respire l’inspiration rétro avec des index et des aiguilles qui rappellent le passé.
Le délire esthétique Seventies est très présent dans ce modèle. Pour ma part, j’aime beaucoup ce cadran champagne qui renforce l’aspect chic de la montre tout en proposant une étanchéité de 100 mètres
Le verre saphir est un peu particulier : il n’est ni bombé comme sur de nombreuses plongeuses ou plat mais biseauté. En fait il s’agit d’une combinaison entre le bombé et le plat, le verre commençant sur un bombé mais terminant comme sur un verre plat.
Il est à la fois original mais aussi il renforce l’épaisseur de la montre qui atteint les 13,5mm, ce qui n’est pas anormal pour une plongeuse mais ici nous sommes sur un modèle de type sport chic.
L’étanchéité de la montre étant de 100 mètres, cela peut expliquer une petite partie de cette épaisseur mais je pense qu’il s’agit d’un choix stylistique délibéré d’avoir une montre un peu plus épaisse qu’à l’accoutumé pour un diamètre de 36mm afin de proposer un twist.
Au final, je ne trouve pas l’épaisseur de la March Lab rédhibitoire car elle lui donne un cachet supplémentaire par rapport à l’éternelle trois aiguilles plates que l’on retrouve chez quasiment toutes les marques. Au porter, mon appréciation esthétique n’est pas négative aussi je conseille d’essayer le modèle et de faire confiance à votre ressenti.
Outre le verre saphir biseauté, il y a un autre détail que j’ai pu apprécier au niveau des finitions de cette AM69 : ce sont les détails de la couronne située à 4h. La couronne n’est pas banale, elle est légèrement surdimensionnée pour un meilleur réglage et elle est gravée. C’est le genre de détail qui montre un souci au niveau des finitions du modèle et qui fait partie intégrante du style de la marque.
Couronne gravée à 4h. Si le fait de la placer à 4h est un héritage direct du début des années 70, proposer une couronne gravée avec ce motif est une originalité qui contraste avec l’acier poli du boîtier et de la lunette
Autre détail esthétique, je remarque l’entre-corne de 20 mm à mettre en rapport avec le boîtier de 36mm. Certains trouveront cela disproportionné, moi je dirais le contraire, c’est parfait. Il existe d’autres marques qui « sur-dimensionnent » l’entre-corne par rapport au diamètre de leurs montres, il y a bien sûr le cas de MAT Watches qui recoure aux 24mm pour leurs modèles de 42mm mais aussi, il faut le rappeler, Patek Philippe avec son modèle Calavatra.
Dans les montres, le rapport entre l’entre-corne et le diamètre du boîtier n’est pas établi par un code. Dans la pratique, les montres de 36mm se verraient appliquer une entre-corne de 18mm par exemple, c’est classique. Mais qu’est-ce qui fait une belle montre ? Je dirais que l’erreur principale n’est jamais de surdimensionner l’entre-corne par rapport au boîtier mais le contraire, celle de la sous-dimensionner. Rien n’est plus rédhibitoire à mon sens qu’un boîtier de 42mm avec une entre-corne de "seulement" 18 ou 20mm. Visuellement, ce n’est pas harmonieux, le boîtier a l’impression d’être gigantesque par rapport au bracelet. Au final, je trouve que le choix de l’entre-corne à 20 mm est un bon choix fait par March Lab.
Autre détail stylistique, le fond de boîte. Alors oui, il est apparent, chose (trop ?) commune sur les montres d’aujourd’hui mais le verre du fond de boîte est de couleur verte ce qui est fait référence à la couleur qui prédomine chez March Lab. Ce vert est un fétiche du créateur de March Lab, de même que le rouge cinabre l’est également pour le créateur de la marque éponyme. Ce fond apparent révèle un mouvement japonais.
Le fond de boîte apparent caractéristique des modèles mécaniques de March Lab avec un verre de couleur verte qui révèle un Miyota 9215.
Il ne s’agit pas d’un 8215 de Miyota qu’on retrouve chez beaucoup de marques en entrée de gamme mais d’un mouvement plus récent que le groupe Citizen cherche à mettre en avant.
Le Swatch Group, à travers ETA, ayant fermé les vannes qui alimentaient un marché qui dépendait des mouvements comme le 2824 ou le 2892, d’autres acteurs se sont développés pour saisir l’opportunité. Il y a d’un côté les calibres suisses comme le SW200 de Sellita qui produisent une forme de clone du 2824, clones qui existent d’ailleurs en version suisses ou chinoises, pas nécessairement tous de la même qualité par rapport au calibre original, et les mouvements japonais issus de Seiko et Citizen.
Sur l’entrée de gamme, Seiko et son NH35 et Miyota avec le 8215 sont dorénavant très répandus. Mais il existe une gamme supérieure chez Miyota, prévue pour être industrialisable en masse et censée combler aussi le vide laissé par l’arrêt de la fourniture en 2824 d’ETA : le 9015.
Miyota range le 9015 dans la catégorie « Premium Movement » alors que le 8215 se range dans la catégorie « Standard Movement ». S’il dispose de la même réserve de marche de 42h, il s’avère plus précis que le 8215, ainsi il fonctionne à une fréquence de 28800 alors que le 8215 tourne seulement à 21600, et ce calibre est mieux fini. C'est une bonne alternative par rapport aux calibres suisses produits en masse comme les clones du 2824. Il s’avère également un peu plus abordable du fait de la volonté de Citizen de vouloir conquérir des marchés occidentaux.
Si le modèle mécanique s’avère un peu trop onéreux pour un budget plus restreint, un modèle à quartz est disponible pour la moitié du prix, ici présenté à gauche avec un cadran silver
La réserve que je fais par rapport à ce calibre c’est sa réserve de marche qui, si elle est légèrement supérieure de 4h par rapport au 2824, reste tout de même en deçà de certains calibres qui dépassent les 42h du 9015. Cela reste un standard et ne dérangera en aucun cas le porteur de la montre lors de son usage quotidien.
March Lab a fait le choix de proposer tout un panel d’options en termes de bracelets pour sa montre et d’adapter les prix en fonction des choix dans ce domaine. J’ai pour ma part une préférence pour deux configurations : leur bracelet lézard me semble un bon choix au porter, ce type de cuir étant l’un de ceux que je privilégie pour certaines de mes montres vintage. Celui de March Lab me semble de bonne qualité aussi. Si vous souhaitez porter votre montre dans des contextes habillés, c’est celui que je recommande.
Si en revanche pour porter la montre dans des contextes plus décontractés, la gamme de perlons de March Lab me semble alors plus indiquée. Je remarque à ce titre – comme lors d’un précédent article le site de la marque