Tout a commencé en hiver 2014.
Nous avions sorti notre premier manteau croisé bleu. Luca est alors venu me voir pour me dire : "Benoît, il est bien, mais je veux un manteau camel.". Et là, il s'est confié à moi : "Chaque hiver, c'est la même chose. Impossible de trouver le manteau camel".
J'ai manqué de tomber de ma chaise : "Mais Luca, il y en a partout du manteau camel !"
Et là, c'est Luca qui s'est levé et m'a pointé du doigt : "C'est faux Benoît ! Tu dis n'importe quoi ! Tu n'y connais rien ! À chaque fois, c'est en rupture de stock ! Partout ! Et quand je dis ne pas en trouver, personne ne me croit ! Au Pitti, ils en ont tous un ! Alors que moi, je n'ai pas le mien !"
Et il est parti, me laissant dans mes pensées et complètement déstabilisé. "Luca est un jeune homme impétueux, cette histoire de camel coat lui passera", ai-je pensé. Quelle erreur de ma part !
À l'automne 2015, alors que nous sortions notre manteau en drap de laine gris un an plus tard, Luca est revenu me voir : "Benoît, je veux un manteau camel !"
Ayant préparé la parade dans ma tête, je me suis empressé de lui dire qu'il n'y avait pas de manteau camel, mais qu'à la place, un très beau manteau gris chiné en laine Jules Tournier était arrivé.
Mais rien n'y faisait... Il m'a regardé et, emporté par sa tristesse, m'a dit : "Mais pourquoi tu ne m'as pas écouté ? Pourquoi ? Je t'ai dit qu'il n'était pas possible de trouver un manteau camel sympa parce que, l'hiver dernier, ils étaient tous en rupture de stock ! Je te l'ai dit ! Et cet hiver, c'est pareil ! Encore de la rupture de stock ! Et rien n'a changé, personne ne me croit ! Personne ne comprend ma tristesse."
Et là, le vague à l'âme, il a tourné les talons pour aller tourner un épisode du Bon Look.
Sa tristesse m'a fait réfléchir... J'ai décidé d'aller voir Alex dans le plus grand secret, en lui exposant tout le désespoir de Luca. Il s'est montré extrêmement sensible et m'a rassuré avec des mots simples, mais efficaces : "Benoît, on va y arriver". Sauf que j'étais encore marqué par les mots durs de Luca : "Mais Alex, on n'y arrivera pas ! Des manteaux camel, il y en a partout à tous les prix ! Ça ne sera jamais assez pour Luca !"
Alex est resté silencieux quelques instants, le regard bienveillant, et s'est contenté de me répéter ces mots que je n'oublierai plus jamais :
Benoît, on va y arriver.
Quelques mois plus tard, en octobre 2016, Luca - plus sprezzaturé que jamais - est venu me voir.
Sauf que cette fois-ci, fier et préparé, je savais quoi lui répondre :
"Benoit, il me faut un manteau camel.
- Luca, laisse-moi te montrer quelque chose..."
Ce manteau camel, je veux donc le dédier à Luca (qui s'est vraiment plaint de ne pas en trouver !). Je tiens aussi à remercier Alex d'avoir oeuvré dans le bien de Luca, en subissant comme d'habitude mes petites manies quand je conçois une nouvelle pièce dans ma tête.
Une couleur particulière : un camel chiné
La difficulté de trouver la bonne nuance
Choisir le "bon" camel - ou plutôt celui qu'on préfère - est le plus difficile, tant les débats peuvent être interminables entre les différentes teintes de beige qu'on peut voir.
Alexandre m'a montré pléthore de camel, mais ça n'allait toujours pas : nous ne voulions pas faire un camel juste pour en faire, simplement parce qu'il en fallait. On voulait apporter quelque chose de différent, mais qui n'existait visiblement pas dans les sélections d'Alexandre .
Alexandre et moi étions alignés sur un point : ce qu'on voyait était trop "plat", trop "uniforme", trop "fade"... Il manquait quelque chose.
C'est là qu'Alexandre m'a suggéré de nous tourner vers Jules Tournier. Après tout, ils avaient développé un gris exclusif pour notre manteau et notre blouson à col moutonné. Peut-être tenaient-ils la clé pour nous présenter un beau camel, différent de tous ceux qu'on avait vus ?
Alex a donc appelé Lionel, qui crée les mélanges de laine chez Jules Tournier, en lui disant :
Benoît veut un camel, mais avec un petit truc en plus qu'on ne voit pas ailleurs.
Je me demandais comment il allait s'en sortir avec ce cahier des charges mais Lionel est un homme de goût, il y avait de quoi être optimiste sur le résultat final.
Forcément, quand on a reçu l'enveloppe contenant l'échantillon de matière, j'étais impatient... Et là, on découvre une matière très légèrement chinée. C'était la clef : mettre un chinage bien dosé sur ce camel.
Un drap de laine français de chez Jules Tournier
"Un camel chiné ! C'est une très bonne idée, on aurait dû y penser plus tôt ! ". C'est à ça qu'on reconnaît un très bon partenaire : il comprend bien vos besoins et est capable de vous faire des propositions pertinentes, en y mêlant son ADN.
Tout le mérite revient ainsi à Lionel de Jules Tournier, vous ne le trouverez nulle part ailleurs. C'est donc un drap de laine 100% laine en camel chiné qui équipe ce manteau.
Un poids adapté au camel coat
Son poids est de 410 gr/m2. Pourquoi ce choix, et non un drap plus lourd comme sur notre manteau croisé ?
Notre précédent manteau avait été pensé dans un esprit "caban", donc assez épais. Mais sur un manteau camel, plus élégant et pensé pour être porté avec un blazer en-dessous, il fallait proposer un poids plus léger :
- On obtient une plus grande fluidité,
- Et c'est aussi plus confortable !
Rassurez-vous, on reste quand même bien épais : la plupart des autres manteaux du marché sont entre 360 et 400g.
De la laine déperlante
Dernière suggestion de Lionel : l'ajout d'un traitement en surface pour apporter de la déperlance à la laine. Il s'agit d'un apprêt, appliqué sur la matière, qui empêche l'eau de pénétrer.
Soyons bien clairs : ce n'est pas une pièce techwear totalement imperméable, avec des coutures thermosoudées et une capuche. Cependant, face à une petite averse, l'eau va se contenter de "rebondir" sur la laine.
Une fois la matière choisie, notre périple du manteau camel idéal était loin d'être fini. Il fallait qu'on se penche sur le design...
Un design élégant
Des influences italiennes
Ma vision personnelle était la suivante : je ne souhaitais pas sortir un manteau camel trois boutons avec des petits revers à crans "sport" . C'était trop sage pour moi. C'est vraiment une pièce qui donne de l'allure, un manteau de monsieur ! Donc autant lui apporter plus de flamboyance, plus de présence.
La première chose qu'on a décidé, c'est de mettre des revers à cran aigus (= en pointe). Luca, avec son oeil sprezzaturé aguerri, rompu aux tenues du Pitti, nous a suggéré de les remonter légèrement afin d'allonger visuellement la silhouette.
On a écouté Luca, et on l'a fait. Et Luca est content.
Malin jusque dans ses poches
Ensuite, point de poches droites. Nous les avons préférées légèrement inclinées, avec une double poche sur le côté droit. Là aussi, je trouve que ça donne plus de dynamisme au design global, et c'est plus élégant.
Pour ne rien vous cacher, j'ai été très marqué par cette photo d'un Gary Oldman tout simplement impérial, lors devenu culte.
Ces poches inclinées et ces revers... Ça, c'est un manteau terriblement élégant. Je voulais retrouver cet esprit dans notre camel coat.
Justement, vous remarquerez l'intérêt de mettre une poche poitrine, car on peut s'amuser avec. Au Pitti, les hommes s'en servent pour mettre des lunettes, une paire de gants ou tout simplement une pochette.
On a poussé plus loin ce clin d'oeil à nos amis transalpins, en lui donnant une forme légèrement arrondie. C'est donc une poche poitrine dite "barchetta", comme on en voit parfois sur les blazers de style napolitain.
Je n'y ai pensé qu'après, en portant le prototype : moi qui n'ai porté que du manteau croisé jusqu'à présent, je dois reconnaître que le manteau droit est très facile à (dé)boutonner puisque, comme sur une veste, on ne ferme que le bouton du haut.
C'est plus pratique que les deux ou trois boutons d'un manteau croisé, surtout quand on porte des gants.
Un dos équipé d'une martingale
La face avant étant réglée, il fallait maintenant s'attaquer au dos. Et vous l'avez compris, vu la direction plus forte qu'on voulait prendre, on a ajouté une martingale :
- Elle dessine le dos,
- Et le galbe très légèrement en marquant la taille.
Avec ce manteau, on veut de la prestance !
Il y a une fente à l'arrière, mais fermée. En fait, c'est par un jeu de pliage qu'on donne l'aisance à cette fente. Et le fait qu'elle soit fermée évite les courants d'air.
Les poches doublées en polaire
C'est l'une des premières caractéristiques que j'ai demandées à Alexandre : j'en avais assez d'avoir des poches doublées en viscose en hiver, qui "accrochent" le froid (en tout cas, ne retiennent pas du tout la chaleur).
Je voulais donc absolument des poches doublées en polaire. Oui, de la bonne vieille polaire, qui va garder vos mains bien au chaud.
Le seul problème avec les poches en polaire, c'est que dès qu'on rebascule sur les poches "classiques" d'une autre pièce hiver, le retour est rude...
Les boutons en corne habituels
Comme d'habitude, vous trouverez des boutons en corne, montés sur queue et sur des contre-boutons, afin d'apporter de la solidité dans le temps.
Comment choisir sa taille ?
Le sizing est très classique, prenez simplement votre taille habituelle !
Par exemple, si vous faites du 48 chez nous en blazer, prenez aussi du 48 ici. Vous pourrez porter votre blazer sans problème en-dessous.
Comment porter un manteau camel ?
Comment se procurer le manteau camel BonneGueule ?
Vous pouvez dès à présent retrouver notre manteau camel sur l’eshop et en boutique.