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LE TEMPS NE FAIT RIEN À L'AFFAIRE »Pierre Brochant est éditeur à Paris. Il vit confortablement, entre Château Lafitte et tableaux de maîtres. Parmi ses occupations préférées, une étrange tradition qu'il partage avec quelques amis : chaque mercredi, ils organisent un dîner de cons.
La recherche de l'oiseau rare est parfois laborieuse. Tandis que Pierre Brochant se fait un tour de reins malencontreux sur un terrain de golf, un de ses amis lui déniche un champion du monde rencontré au hasard d'un voyage en train :
Il s'appelle François Pignon, travaille aux Impôts et a une passion peu commune pour les maquettes de monuments en allumettes. La rencontre s'annonce plus que prometteuse...
Adapté de la pièce de théâtre à succès de Francis Veber, « Le Dîner de cons » réunit Thierry Lhermitte, Jacques Villeret, Francis Huster, Daniel Prévost, Alexandra Vandernoot et Catherine Frot. C'est un succès populaire à sa sortie, le film se classant juste derrière le « Titanic » de James Cameron dans le box-office de l'année 1998.
Francis Veber est un habitué de la comédie au cinéma. Parmi ses meilleurs moments, citons par exemple le tandem Pierre Richard / Gérard Depardieu développé de 1981 à 1986 dans les films « La Chèvre », « Les Compères » et « Les Fugitifs ».
Que retenir du « Dîner de cons » près de 25 ans plus tard ? Qu'il s'agit d'une comédie assez irrésistible, faisant la part belle au jeu et aux dialogues. Jacques Villeret est excellent, comme souvent. Et si jamais vous doutez du potentiel stylistique de l'acteur, regardez par exemple ici :
CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…
Le concept imaginé par le personnage de Thierry Lhermitte et ses amis est d'une cruauté peu commune : inviter quelqu'un qu'on juge abruti pour se moquer de lui - et ce sans qu'il ne s'en aperçoive. Si cet exercice est un jeu pour eux, il n'en va pas de même pour les premiers concernés. C'est du sérieux. Ils sont même honorés qu'on puisse s'intéresser à eux.
Pour chacun des invités, les dîners sont donc aussi un enjeu de style. Se pose alors une question : comment s'habiller pour faire bonne impression ? Sans surprise, c'est le formel, le costume et la cravate, qui tiennent le haut du pavé.
Mais la particularité du vestiaire du « Dîner de cons », c'est qu'il raconte l'histoire d'un dîner avorté - il se fera en tout cas sans Thierry Lhermitte et Jacques Villeret. On ne saura donc pas vraiment comment le personnage de Thierry Lhermitte avait prévu de s'habiller. À la place, on découvre chez lui et chez son ami Francis Huster un registre plus casual qu'attendu. Les autres personnages ont leurs petites spécificités : le film s'amuse en effet copieusement des idées reçues, notamment via le vêtement.
Les costumes sont signés Jacqueline Bouchard, une habituée du cinéma de Claude Miller. S'il n'y a rien qui fera vraiment palpiter les plus expérimentés d'entre vous, on apprend tout de même ici quelques petites choses intéressantes sur le style en société. Trois bonnes raisons de revoir « Le Dîner de cons » à travers le vêtement ?
1. LA CRAVATE, L'ACCESSOIRE CLÉ D'UN « DÎNER DE CONS »
Vous vous souvenez peut-être de la petite phrase de Lino Ventura dans « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner : « Les cons, ça ose tout et c'est même à ça qu'on les reconnaît ». D'une certaine manière, les personnages du « Dîner de cons » appliquent le message à la lettre. Les quatre spécimens qu'on découvre furtivement alignés sur le canapé lors du dîner ont tous opté pour un costume cravate.
Le premier est gris clair, le second foncé, les deux derniers dépareillés avec blazers respectivement rouge et sable. Jusqu'ici tout va bien. Sauf que chacun d'entre eux porte une cravate très large et totalement hors sol, voire carrément ringarde.
Le contraste est saisissant dès lors qu'on observe les hommes en face d'eux, aux tenues plus sobres et mieux senties. Ainsi donc, ce serait à la cravate qu'on reconnaîtrait un champion du monde ?
© IMAGO / Allstar
Jacques Villeret en train d'ajuster sa cravate dans « Le Dîner de cons », 1998.
Sans le savoir, le personnage de Jacques Villeret est annoncé prétendant au titre. Mais avant de se rendre au domicile de son partenaire de jeu Thierry Lhermitte, il hésite sur le choix de la cravate. Ce passage est particulièrement intéressant car il confirme le goût présumé d'un champion du monde pour la cravate fantasque.
Si les deux cravates de François Pignon sont de la même couleur bordeaux, sa réplique abonde dans le sens décrit plus haut : « celle-là est plus rouge, allez je la mets, ça fait plus fantaisie ! ».
Chemise blanche, bretelles rouges, costume gris foncé ou bleu selon l'image, chaussures noires. Petite particularité : il ne se sépare jamais de son porte-documents en cuir marron. L'ensemble est plutôt pas mal, pas très original certes, mais c'est sans commune mesure avec le style de ses « concurrents ».
C'est justement cette tenue qui trahit la vraie nature du personnage de Jacques Villeret. Vous voilà donc désormais au fait : si des inconnus vous invitent mystérieusement à dîner, pensez à soigner votre costume et surtout à bien choisir votre cravate.
Pour nos conseils sur les cravates, c'est ici :
2. LE POLO À MANCHES LONGUES ET LA VESTE EN CUIR SUÉDÉ, DEUX ATOUTS DE STYLE
On l'a souligné plus haut : Pour Jacques Villeret et Thierry Lhermitte, le dîner n'aura finalement pas lieu. Si le premier s'est bien habillé pour l'occasion, le second est resté scotché à sa tenue de golf de l'après-midi.
Dans le détail : un polo à manches longues bleu marine, un pantalon vert à motif carreaux et une paire de souliers marron. C'est une tenue plutôt casual, rien de foncièrement extraordinaire si ce n'est que porter le pantalon à motif est devenu chose rare. Au-delà des tendances, c'est aussi plus compliqué à porter.
Les personnages qui défilent par la suite dans l'appartement évoluent eux aussi dans un registre plus casual. Celui de Francis Huster porte un pantalon gris clair plutôt ample, une chemise blanche sortie du pantalon et une veste en cuir suédé, celui de Daniel Prévost un costume sombre enfilé à la hâte avec ce qui pourrait bien être un polo à manches longues. Quelques minutes avant, il était encore en tenue de sport Adidas devant son téléviseur.
Vous l'aurez compris : « Le Dîner de cons » n'est pas un film au style flamboyant. On peut cependant trouver ici et là quelques petites choses à prendre, à commencer par le polo manches longues bien sûr - toujours une bonne idée, notamment avec un costume, et déjà expérimenté au cinéma avec brio par Paul Newman dans « La Couleur de l'argent » de Martin Scorsese, avec Tom Cruise :
On peut aussi se pencher sur la veste en cuir suédé de Francis Huster et son association intéressante de gris, de blanc et de camel fauve - on y revient plus bas. En attendant, pour d'autres pistes d'inspiration :
3. DES STÉRÉOTYPES VESTIMENTAIRES QUI INTERROGENT
Le principe du « Dîner de cons », c'est bien sûr le jugement hâtif des autres. Le personnage de Jacques Villeret en est la première victime. Mais dans les faits, c'est loin d'être le plus mal habillé du film. Certains stéréotypes ont ici la vie dure. C'est souvent un moyen efficace d'identification pour le spectateur. Mais c'est aussi parfois très réducteur.
Ainsi le médecin s'habille strict mais aisé en costume cravate, l'inspecteur des Impôts est fatalement en noir, etc. Les femmes du film n'échappent pas non plus à ce phénomène.
Le film s'amuse de ces idées reçues sur la personnalité et le style des gens selon leur catégorie socioprofessionnelle. Mais les vêtements que portent les personnages du « Dîner de cons » sont-ils réellement proches de leur personnalité ?
À l'instar d'un Jacques Villeret qui se révèle à la toute fin du film, les gens sont heureusement bien plus que leur style et leurs vêtements. Parfois même, ce qu'ils portent ne leur ressemble pas tout à fait. Comment trouver le chemin d'un style authentique ? La réflexion se prolonge ici :
… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES
S'inspirer d'un film qui fait du jugement des autres un jeu cruel n'est pas chose aisée. Au-delà de la personnalité, c'est aussi parfois le style qui est visé. Mais en y regardant de plus près, il y a tout de même une tenue en particulier qui pourra peut-être vous intéresser.
L'une des séquences les plus cultes du « Dîner de cons » peut se résumer en deux mots : Juste Leblanc. Petit extrait ici pour la découverte, si jamais :
Juste Leblanc est ici incarné par Francis Huster. Sa carrière s'est surtout faite au théâtre, mais vous pouvez aussi le retrouver dans une vraie curiosité de cinéma comme « Equateur » de Serge Gainsbourg en 1983. On a brièvement évoqué ce film ici.
Toujours est-il que dans le « Dîner de cons », Francis Huster porte une pièce qui vous évoquera peut-être, de loin, une des sorties BonneGueule de cette année :
Si vous la possédez et que vous étiez en panne d'inspiration, vous voilà en mesure de revisiter LA tenue désormais culte de Juste Leblanc.
Pour ce faire, pas besoin d'en faire des tonnes : une veste en cuir suédé donc, une chemise blanche portée de manière décontractée, un pantalon gris clair. Et pour conclure : une paire de sneakers fera très bien l'affaire. Vous pouvez glisser une photo en commentaire, si jamais le résultat est concluant.