D’Elvis Presley à Daniel Craig, petite histoire du blouson Harrington au cinéma – Bobine

D’Elvis Presley à Daniel Craig, petite histoire du blouson Harrington au cinéma – Bobine
La pluie, mes mocassins en cordovan et moi – Carte Blanche à Jérôme Vous lisez D’Elvis Presley à Daniel Craig, petite histoire du blouson Harrington au cinéma – Bobine Suivant 🍂 La saison des cols roulés (et pas que) est enfin ouverte !

(Crédit photo de couverture : James Dean et Natalie Wood dans « La Fureur de vivre », 1955 - photo IMAGO / Everett Collection)

Vous le savez : nous avons sorti un nouveau blouson court en Ventile. C'est typiquement le genre de pièce qui donne des idées. Comme par exemple : faire un Bobine sur le blouson Harrington, un classique du genre mi-saison.

Il est devenu célèbre par la grâce d'une série télé des sixties aujourd'hui oubliée mais il s'est aussi illustré au cinéma.

À l'origine, c'est un blouson qui accompagne les parties de golf. Une toile fine qui protège du vent et de la pluie, un col et des poches latérales spécifiques, parfois même une doublure tartan : le modèle emblématique du genre n'est autre que le G9 de la marque britannique Baracuta.

Mais on peut également regarder du côté de chez Grenfell pour une autre référence historique :

Jordan vous en parle plus en détail dans King Creole » n'ont rien à lui envier. Un aperçu ? Regardez ici :

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© Collection Christophel / IMAGO / Prod.DB

Dolores Hart et Elvis Presley, dans « King Creole » en 1958.

Le film est signé Michael Curtiz, un nom que vous connaissez probablement déjà ne serait-ce que parce qu'on a pu admirer sa manière de filmer Vertigo », « Fenêtre sur cour », etc. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, elle ne manquait pas de style elle-même :

Comment Elvis porte le Harrington ? Comme si c'était un blouson en cuir, avec ce qu'il faut de style et d'attitude rebelle : avec un pantalon clair, un tee-shirt blanc sous une chemise à carreaux ou un Les Nerfs à vif » de John Lee Thompson en 1962, un film que nous avons déjà abordé à travers Yakuza » de Sydney Pollack en 1974, autre film très intéressant avec Robert Mitchum en parka et col roulé. Pas de révolution ceci étant : on porte là aussi le Harrington de manière casual :

Pour autant, s'il fallait trouver l'ambassadeur du Harrington au cinéma, ce ne serait pas tant Elvis Presley que L'Affaire Thomas Crown » de Norman Jewison en 1968.

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© IMAGO / Prod.DB

Steve McQueen dans « L'Affaire Thomas Crown », 1968.

À l'instar du cultissime « Bullitt », c'est un film plastique, qui prend allégrement son temps. Il raconte l'histoire d'un homme d'affaires posé, riche et séduisant, qui trouve sa part de frisson dans les cambriolages les plus audacieux.

Mais « l'Affaire Thomas Crown » dévoile aussi une esthétique du vêtement qui intéressera à la fois les hommes et les femmes qui nous lisent. Les tenues de Faye Dunaway méritent par exemple le coup d'œil.

Quant à Steve McQueen, vous ne serez probablement pas surpris d'apprendre qu'entre deux costumes impeccables, il s'essaie avec brio au peignoir orange ou aux tenues plus casual.

Ici un sweat, un jean, des sneakers et une Le Chevalier des sables » de Vincente Minnelli en 1965 :

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© IMAGO / Prod.DB

Richard Burton et Elizabeth Taylor dans « Le Chevalier des sables », 1965.

C'est une histoire comme on en tourne encore à Hollywood, impossible et romantique, entre une artiste peintre et un pasteur, quelque part sur les plages de Californie. La photographie du film est remarquable, mais cette aventure intrigue évidemment beaucoup grâce au couple mythique formé par Elizabeth Taylor et Richard Burton.

On y croise des choses intéressantes pour le vêtement, des costumes cravate le plus souvent, mais aussi des tenues moins formelles. Harrington ou non, le blouson beige porté sur la plage par Richard Burton se conjugue par exemple avec un esprit casual, plus décontracté encore que nos exemples précédents : La Fureur de Vivre », 1955 - photo Warner Brothers/Getty Images)

Certains parlent d'une version remaniée de l'Anti Freeze jacket de la marque McGregor. D'autres citent une version fabriquée par une marque baptisée Bud Berma. C'est a priori un blouson en nylon, et il en existe des copies plus ou moins réussies un peu partout sur Internet.

Parmi les marques qui nous intéressent, on peut par exemple regarder la La Fureur de Vivre » ne coche pas toutes les caractéristiques historiques du blouson popularisé par Baracuta.

Oui, la légende du cinéma américain des années 50 est un argument de vente imparable. Mais ça fait toujours plaisir de voir ici et là des vieux films inspirer la mode d'aujourd'hui.

Sans transmission, qui donc irait jeter un œil sur les anciens trésors du cinéma ? Le vêtement aussi a un rôle de passeur, et c'est d'autant plus inspirant lorsqu'il est porté par des acteurs ou des cinéastes de légende.

Ceci étant, le Harrington a été revisité maintes fois par de nombreuses marques au fil des années. Regardez par exemple chez Prologue :

Ou bien encore chez Valstar, dans un autre style, plus proche du Harrington originel mais dans une belle matière suédée :

Quant au film de Nicholas Ray, c'est encore aujourd'hui une mine d'or pour le style, le cinéma et les vêtements. Si jamais vous hésitez encore à replonger dans cet univers, on en a parlé plus longuement dans ici :

Magnum Force » puis bien plus tard, à près de 90 ans, dans un de ses propres films, « La Mule » en 2018.
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© IMAGO / Everett Collection

Clint Eastwood dans « Magnum Force », 1973.

Le premier est un classique du cinéma américain du début des années 70 : c'est le deuxième volet de la saga du très controversé inspecteur Harry Callahan. Il est cette fois aux prises avec des "justiciers" de l'ombre, qui se sont mis en tête d'exécuter eux-mêmes les criminels de San Francisco.

On retrouve David Soul au casting, le futur Hutch de la série « La Mule » en 2018. C'est l'histoire d'un vieil homme grognon et solitaire qui devient passeur pour les cartels de la drogue.

Ce personnage ne dit pas non au costume clair et au Losin' It », comédie adolescente de Curtis Hanson en 1983 - le film a son petit charme.

D'un autre côté, rien de plus normal : Tom Cruise apparaît dans pas moins de trois autres films cette année-là, dont « Outsiders » de Francis Ford Coppola et « Risky Business » de Paul Brickman - ce dernier vaut d'ailleurs le détour, ne serait-ce que pour le style et la musique.

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© IMAGO / Allstar

John Stockwell & Tom Cruise dans «Losin' It», 1983.

Si jamais vous êtes passés à côté de « Losin' It » et de son histoire d'ados américains qui partent s'encanailler au Mexique, vous n'avez aucunement raté le film de l'année. En revanche, Tom Cruise a ici son petit style Ivy, à redécouvrir à l'occasion : Harrington beige, chemisette bleu clair, This is England » de Shane Meadows en 2006. C'est l'histoire d'un groupe de jeunes happé inexorablement par le mouvement skinhead.

Nous sommes dans le Nord Anglais. C'est un film de type démonstration, vous y trouverez donc un certain nombre d'archétypes, des choses simplifiées, un message souligné. On écoute ici du punk, du rock, du reggae. On s'y habille également chez Fred Perry, Quantum of Solace » de Marc Forster en 2008. C'est sa deuxième participation aux aventures de James Bond et on y trouve entre autres de nombreuses destinations, de l'action et un "méchant" incarné par Mathieu Amalric. Si le film peut décevoir un peu après la très belle surprise « Casino Royale », il gagne tout de même à la revoyure. Mais c'est sans comparaison avec les sommets du film suivant « Skyfall ».

Il y a bien sûr des petites choses intéressantes à voir, notamment une tenue qui peut éventuellement apparaître comme un clin d'œil au Steve McQueen de « La Grande Evasion » : une moto, des boots marron, un pantalon clair (ici un Octopussy » de John Glen en 1983. Le film ne vieillit pas forcément très bien. En revanche, comme dans tous les films de James Bond, on y trouve de quoi se contenter question style, en particulier si vous aimez le costume ou la saharienne.

Pour la petite histoire, le blouson de Roger Moore a eu droit à sa réplique chez la marque ici, et comme vous pourrez le constater, c'est là encore une variation autour du Harrington originel.

Un dernier exemple, pour la route ? Peut-être Leonardo Di Caprio, dans « Once upon a time in Hollywood » de Quentin Tarantino en 2019. Si vous ne vous êtes pas encore laissé tenter par les aventures de ce personnage d'acteur looser et de sa doublure incarnée par Brad Pitt, foncez : comme à chaque fois, Quentin Tarantino trouve le moyen de glisser ici et là des séquences particulièrement savoureuses.

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© IMAGO / ZUMA Wire

Leonardo Di Caprio, dans « Once upon a time in Hollywood », 2019.

Pour le style, on ne se lasse pas de cette tenue-là aussi très simple :des boots marron, un pantalon beige, une chemise blanche, un Harrington noir. Si on ne recommande pas souvent le noir chez BonneGueule, ça n'empêche pas d'apprécier une bonne tenue avec - et rassurez-vous, il y en a !

3. LE VESTIAIRE FÉMININ

Vous l'avez sans doute remarqué, ne serait-ce qu'à travers l'exemple du film « This is England » : le blouson Harrington se trouve aussi dans le vestiaire féminin. C'est un blouson résolument casual, pas prise de tête, plutôt neutre dans l'esprit.

On peut par exemple regarder quelques looks chez la marque Baracuta, ici avec tee-shirt et salopette :

Ou là, avec tee-shirt rayé, jean sombre, chaussettes blanches et probablement des mocassins :

On peut aussi trouver quelques exemples un peu plus rétro et stylisés, comme ici avec chapeau, pull à col roulé clair, Harrington de caractère et probable jupe en bas :

Au cinéma aussi, on peut observer le blouson Harrington chez la femme. Par exemple sur les épaules d'Adèle Haenel dans le poignant « 120 Battements par minute » de Robin Campillo en 2017. Il y est question d'amour, de sida et de militantisme à Paris au début des années 90.

Ici, l'interprète du chef-d’œuvre de Céline Sciamma + y porte le blouson Harrington de manière décontractée : badges, tee-shirt à slogan engagé ou débardeur bleu, jean bleach Levi's, probables sneakers aux pieds. C'est une nouvelle fois un blouson d'action :

Si d'aventure vous trouviez ce blouson un peu trop casual pour vous, rassurez-vous : il en a probablement encore sous le pied.

On a par exemple déjà porté ce blouson avec des pantalons plus habillés et un combo chemise cravate. Ou bien dans des silhouettes qui jouent avec le volume, à la japonaise. Et bien sûr, c'est sans compter sur votre propre expérience + avec cette pièce.

Pour savoir où trouver un blouson court dans cet esprit, vous pouvez jeter un œil sur cet article. On pense bien sûr à Grenfell mais aussi à Suitsupply, Baracuta, Harrington, etc. Pour des modèles en Ventile : Private White V.C. ou BonneGueule. Et maintenant ? À vous de jouer !

Jérôme Olivier Jérôme Olivier
Jérôme Olivier, ciné, velours et rock'n'roll

Ex-caviste et rock critic de poche, grand amateur de films et de chats sibériens, je crée des e-mails et je m'intéresse aux petites histoires qui vont avec les vêtements.

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