Nous sommes un dimanche, un peu plus tôt dans la matinée. Je m’apprête à sortir de chez moi pour une petite course. Un dernier coup d’œil avant de refermer la porte. Tout est éteint, le chat roupille peinard dans son coin. J’ai mes clés, mes papiers, et même un parapluie pour la forme. Tout va bien.
Ça ne va pas m’empêcher de refaire le tour de l’appartement juste pour vérifier que tout est vraiment en ordre. J’ai toujours peur d’oublier un truc important – comme d’avoir bien fermé la porte par exemple.
Quelques minutes auparavant, je bricolais une tenue vite fait : tee-shirt blanc, surchemise militaire vintage, pantalon en velours camel et mocassins en cordovan. Les couleurs vont bien ensemble, pas de prise de tête.
Par-dessus tout cela : ma fidèle parka légère Cadot en Ventile. Elle m'accompagne absolument partout, comme un doudou.
Oui vous avez bien lu : je mixe Ventile et parapluie. C’est possiblement inutile, un peu comme l’usage simultané de la ceinture et des bretelles, mais ça fait partie de mes petites manies.
Notez que je ne prends un parapluie que par habitude, sans véritable logique. Et que j'aime avant tout ma parka pour son style. En réalité, je ne me préoccupe pas plus que ça de la météo. Mais ça, c'était avant. Fermons la parenthèse et revenons au cœur de l'action.
J’allume la lumière dans les escaliers et je descends donc gaiement. La vie est belle en mocassins. Trois étages. Ce n’est pas la mer à boire, même pour mes jambes. Je traverse un premier couloir.
Me voilà arrivé dans la petite cour qui mène au bâtiment principal. Surprise : il pleut copieusement. Je m’arrête, j’hésite un instant. Quelques mètres seulement me séparent de la porte du bâtiment.
Ce n’est jamais qu’une petite averse, me dis-je alors. Un peu de courage, que diable. J’accélère donc le mouvement et je continue ma route jusqu’à la porte d’entrée. L’air de rien, une minute vient de s’écouler et le suspense est à son comble : ai-je vraiment bien choisi mes souliers ?
C’est alors que j’ouvre la porte de mon immeuble et qu’un soupçon de lucidité me revient soudain : il pleut véritablement à verse. Désolé les gars, mais les mocassins en cordovan, ça va pas être possible aujourd’hui.
Certains doutent. D'autres invoquent les contes et légendes du soulier ou même des histoires de qualité variable selon les marques. La pluie ferait en tout cas des tâches ou des cloques sur le cuir. Au prix d’une paire de chaussures en cordovan, j’aime autant vous dire que je n’ai pas très envie d’aller plus avant dans la démonstration.
Ce type de cuir a la réputation de ne pas aimer la pluie et c’est assez pour que je me décide à remonter fissa chez moi pour opérer quelques petits changements. J’aime mes souliers et leur petite histoire. Mais il y a un truc qui me chiffonne : j'ai deux paires de chaussures en cuir cordovan et j'aimerais bien pouvoir les porter plus souvent, sans me soucier de la météo. Mission impossible ?
Je n'ai jamais vraiment cherché à avoir des chaussures de ce type. C'est plutôt lié au hasard, ou plus précisément à des opportunités qui se sont présentées à moi. David appellerait ça une bonne affaire ou un bon plan et vous le savez, c'est un expert en la matière.
Il y a d'abord une paire de boots Crockett & Jones chinée sur le web. Je peux avouer une joie assez inexplicable lors du premier entretien : elles en avaient besoin. Mais force est de constater que bien entretenues, elles ne bougent pas d'un poil.
Le modèle Harlech est plutôt habillé. Le cordovan vient de chez Horween et les finitions sont assez exceptionnelles. Il faut voir la paire de près pour comprendre qu'il s'agit d'une paire de chaussures pas comme les autres :
Fun fact : on peut associer des chaussures de ce type avec un joli fatigue pant BonneGueule et être questionné dans la rue pour le pantalon plutôt que pour les chaussures. Comme quoi, le prix de l'exception ne fait pas tout. C'est un rappel toujours utile.
Mais c'est une paire pour l'automne/hiver. C'est-à-dire qu'en termes de saisonnalité, c'est plutôt limité. À cela vient s'ajouter le petit désagrément lié à ce cuir en particulier : son rapport compliqué à la pluie. Elles ne sont donc pas beaucoup sorties la saison passée.
Ma deuxième paire en cordovan est davantage quatre saisons. Là encore, il s'agit d'une opportunité chinée pour quelques dizaines d'euros sur le web. C'est une paire de mocassins Brooks Brothers façonnée par la maison Alden.
Ces chaussures ont été portées mais sont propres et encore en état. Mon cordonnier leur a redonné une seconde jeunesse - nouveaux patins, petit rafraîchissement de la semelle.
On n'y pense pas toujours, mais en matière de chaussures, le cordonnier sera toujours votre meilleur allié et il aura souvent des solutions pertinentes à vos petits problèmes de souliers.
Le précédent propriétaire de ces mocassins était italien. Il les a gardés une dizaine d'années et avait l'habitude de faire de la moto avec. Tranquille. De là, une petite déchirure sur le côté, ni trop grave ni trop visible, qui ajoute à la patine naturelle du cuir. Vous noterez qu'au bout de 10 ans, ils ont encore fière allure.
Ces mocassins peuvent se porter toute l'année, même en hiver. C'est une information qui n'étonnera pas Jordan. Pour autant, les miens sont en cordovan. J'hésite donc régulièrement à les sortir par temps chagrin.
La conclusion est inévitable : le style n'est pas qu'une histoire de matières, de coupes, de couleurs et d'harmonie. Savoir s'habiller en prenant en compte les éléments extérieurs, c'est véritablement utile pour le confort mais aussi pour les vêtements eux-mêmes.
Pour autant, je n'ai pas envie de tomber dans la peur panique de la pluie. Et pour tout vous dire sur les chaussures en particulier, parmi les modèles un peu inaccessibles que je regarde souvent avec envie, il y a celui-ci :
Alors si je veux pouvoir profiter plus souvent et plus sereinement de ces chaussures, il va me falloir faire preuve d'un peu moins d'insouciance et étudier la météo de beaucoup plus près. C'est une vraie nouveauté pour moi.
C'est ce que fait Benoit depuis longtemps au quotidien via des outils comme Weather Pro ou Rain Today. Je ne devrais pas tarder à lui emboîter le pas.
Quant au cordovan, vous pouvez en apprendre bien davantage sur lui ici. Son potentiel de patine et sa couleur si particulière méritent bien quelques freins à nos envies d'insouciance et de spontanéité. C'est aussi un achat particulièrement durable. Et vous, quelle est votre histoire avec le cordovan ?