Y a-t-il encore besoin de rappeler l’importance d’une paire de chaussures pour un homme ?
Ce sont elles qui donnent le ton d'une tenue : un mauvais choix peut vite gâcher votre look, pourtant si bien pensé. Cela se vérifie d'autant plus en hiver.
Pour ceux qui se poseraient encore la question, il existe bien des chaussures adaptées au froid et à la pluie... Et, à contrario, d’autres modèles qu’il vous faudra éviter lorsque le mercure chute.
La « saisonnalité » d'une paire n’a rien à voir avec la tendance : le style des chaussures, selon que l'on se trouve en période de grand froid ou durant les beaux jours, sera souvent différent. Nous ne parlerons pas de mode ou de tendance, on va se concentrer sur des aspects plus constants.
C'est parti !
Savoir adapter ses choix à la saison
Si certains modèles peuvent être portés toute l’année, en parallèle, il est bon d’avoir quelques jokers à sortir en cas de froid, de neige ou de pluie.
Les chaussures à privilégier
En hiver, le froid et l’humidité vont clairement mettre vos chaussures et vos pieds à l’épreuve, plus que le reste de l’année. Il est donc essentiel de privilégier des modèles robustes.
C'est l'heure de ressortir vos plus belles boots ! Penchons-nous sur la plus pratique en cette saison : la combat boots.
Impossibles à porter en été, elles réapparaissent à la mi-saison et en hiver. Vous allez pouvoir vous faire plaisir avec ce style massif et rustique, renvoyant à un imaginaire aventurier / baroudeur.
Dans cet esprit, retenez que les chaussures montantes seront vos meilleures amies. Les chevilles sont particulièrement exposées aux courants d’air lorsque vous marchez, plus encore lorsque vous êtes assis. Si vous êtes du genre à prendre de petits cafés en terrasse au soleil - et ce, même en hiver - les chaussures hautes se révèleront être l'atout imparable. Il serait dommage de se priver...
La petite sélection shopping boots
- Red Wing : bon rapport qualité/prix (pour des tarifs allant de 200 à 350 euros) pour l'achat de premières boots d'inspiration plutôt workwear.
- Dr. Martens : gamme de chaussures très large avec de vrais modèles iconiques. Vous pourrez trouver des paires de chaussures robustes avec une identité marquée pour des prix débutants à 100 euros.
- N.D.C Made By Hand : des chaussures de grande qualité, fabriquées à la main, allant de la Richelieu à la workboot pour des prix dépassant souvent les 300 euros. Le montage et la qualité des cuirs expliquent ces prix.
- Grenson : marque anglaise plutôt milieu de gamme dans la chaussure de qualité, avec des modèles souvent cousus en triple-semelles (idéal pour l'hiver donc) pour des prix débutants aux alentours de 200 euros.
- Wolverine 1000 Miles : plutôt conseillée pour des styles assez pointus, c'est une marque idéale pour s'offrir une paire de workboots de très bonne facture, pensées pour durer dans le temps, pour des prix affichés aux alentours de 400 euros.
Enfin, comme pour les combat boots, osez les chaussures plus imposantes, notamment en ce qui concerne les semelles. Qu’il s’agisse de sneakers, de bottines ou de brogues, les épaisses couches de cuir ou, mieux, de gomme, seront toujours les bienvenues en hiver.
C’est aussi l’occasion de vous constituer une garde robe hivernale aux inspirations plus workwear, un peu "rustiques". Loin de vos tenues plus estivales - chemise en lin, short court et espadrilles - on enfile ici un jean brut bien épais, une chemise de bûcheron ou une jolie maille, et un blouson doublé ou un manteau en laine.
Ainsi, par temps froid, les combat boots ou les sneakers hautes seront parfaites pour habiller vos tenues.
S'il y a donc des modèles à privilégier, il y en a clairement d’autres à éviter. Laissez-moi vous éclairer...
Les paires à laisser au placard
Certains modèles sont proscrits l'hiver, pour des raisons plus pratiques qu'esthétiques.
J'attire toutefois votre attention sur une question récurrente : celle des chaussures en toile. Chaque année, tandis que le froid s'installe, je croise de nombreuses personnes qui se risquent à porter le jean roulotté au-dessus de la cheville avec des tennis / runnings en toile ou, pire, en tissu mesh.
La toile (de coton du moins) a un faible pouvoir isolant. Elle va surtout absorber l’humidité de l’extérieur, rien de pire pour avoir les pieds trempés et gelés.
Mieux vaut aussi éviter les souliers trop fragiles, réalisés à partir de cuirs fins, ouvragés , en nubuck... Si certains peuvent protéger du froid, on constate qu'en revanche, ils n’apprécient pas du tout l’eau.
Pire, la neige qui devient extrêmement salissante lorsqu'elle fond. Les perforations peuvent noircir, les patines se dégrader en formant des auréoles et les cuirs suédés aux tons clairs, se tâcher presque irrémédiablement.
Rentrons un peu plus dans le détail, en se penchant sur les éléments qui font la qualité — ou la fragilité — des souliers hivernaux.
Ces éléments qui font de bonnes chaussures d’hiver
Le choix des matières à l’extérieur... mais aussi à l’intérieur !
Personne ne porterait de gros pulls en laine en été. Mais l’hiver, quel plaisir de ressortir ses grosses mailles. Même principe pour les chaussures.
Pour commencer ce tour d’horizon des matières, j’aimerais vous parler de la laine, que l’on voit de plus en plus dans la confection de chaussures. Imperméabilisées, elles permettent de profiter de ses qualités thermorégulatrices sans prendre l’eau.
Au niveau du style, je trouve que cela apporte un vrai plus, entre la noblesse de la matière et la rusticité de la texture.
Cela vaut pour l’extérieur, mais aussi pour l’intérieur de la chaussure : certaines doublures en laine ont de solides propriétés d’isolation et de maintien au chaud. Rappelons aussi que l’hiver, c’est la saison des cuirs « à fourrure ».
Je pense évidemment au mouton retourné, avec la peau lisse ou velours à l’extérieur et la fourrure à l’intérieur. J'en ai moi-même une paire et c'est un vrai bonheur… On hésiterait presque à les porter même par grand froid tant elles vous tiennent chaud.
Les cuirs lisses sont aussi très présents en hiver : sans être aussi isolants qu'une peau lainée, ils garantissent tout de même un confort minimum et une robustesse très appréciable. Niveau qualité, comme d’habitude, faite bien attention à avoir un cuir d’aspect régulier, souple et agréable au toucher.
Pour ce qui est des peaux lainées, j’aurais tendance à vous conseiller d’éviter le synthétique : c’est certes moins cher mais, pour en avoir porté, ça peut vite devenir désagréable lorsque vous êtes en intérieur. Le fait que le synthétique soit réalisé à base de plastique fait que ce n’est pas respirant.
Il m'est arrivé d'avoir la sensation de mettre les pieds dans une cocotte minute en passant d’un extérieur bien froid à un intérieur chauffé.
Voyons maintenant ce qu’il en est des différents montages.
Le montage, fonction de l'isolation d'une chaussure
Je vais distinguer deux grands types de montages : les cousus et les collés.
Les chaussures cousues
L'indétronable cousu norvégien
Plus complexes à réaliser, mais indéniablement plus nobles et surtout plus robustes, les montages cousus remportent souvent notre préférence. D'autant qu'en hiver, la robustesse est plus que bienvenue.
Ce sera même l’occasion de tester des montages que l’on ne peut porter qu'en cette saison, comme le cousu norvégien – son nom étant déjà un signe… même s’il a été inventé en Italie.
Il possède deux niveaux de coutures visibles sur l'extérieur de la semelle. Il est donc bien massif à l’œil. Il se caractérise aussi par la présence d’une semelle intermédiaire en plus de la trépointe. Les chaussures fabriquées à partir de cette méthode sont donc complètement étanches, et la solidité du montage est remarquable.
Parfait pour un trek en montage ou le bitume enneigé.
L'alternative Goodyear
Le Goodyear est intéressant également, grâce à la trépointe qui vient obstruer les interstices pouvant laisser passer l’eau.
Le Blake, moins à propos en hiver...
Enfin, nous avons le Blake, privilégié par les amateurs de souliers fins et élégants, confectionné sans trépointe.
Il présente quelques inconvénients pour une chaussure d'hiver : sa finesse et l’absence de trépointe, qui l’exposent plus que les autres à la pluie, la neige et au froid.
Sans patin en gomme sous la semelle, cela devient compliqué de sortir avec du Blake par temps humide. Et avec patin, la moindre flaque plus épaisse que la fine semelle détrempera le cuir et l’intérieur des chaussures. À bon entendeur.
Mes conseils :
- privilégiez le cousu norvégien pour les baroudeurs ou amateurs de chaussures massives,
- le Goodyear pour des chaussures plus habillées et peu exposées à l’humidité
- éventuellement, du Blake pour sortir par temps bien sec.
Les chaussures "en collé"
Il y a des montages collés de très bonne qualité, mais la fabrication est souvent moins robuste que sur les montages cousus.
L'utilisation des matières plastiques / caoutchouc est intéressante pour leur pouvoir isolant face à l’eau. En revanche, le montage risque d'être fragilisé à la moindre goutte qui s'y introduit.
Si vous avez une bonne paire de sneakers en collé, les premières années, vous ne rencontrerez pas de problèmes. Mais à la moindre petite faille ou plis d’aisance, vous risquez d'avoir des soucis d'infiltration.
Au niveau de l'isolation thermique, l’épaisseur de certaines semelles peut être intéressante, même si ces matières ne tiennent pas chaud de base.
Passons maintenant à l'entretien au quotidien...
L’entretien de ses chaussures en hiver
Il est important d'entretenir régulièrement ses chaussures, en particulier en hiver. Environ deux fois par mois pour une paire portée régulièrement.
Que faire si on marche dans une flaque, dans la neige fondue et que nos chaussures s'en trouvent salies ?
Pour les cuirs lisses et gras
On laisse d'abord sécher avant de chouchouter nos chaussures.
Insistez particulièrement sur le nettoyage avec le lait : il est super important d’enlever tout ce qui pourrait rester de saletés et de sel .
Veillez à bien laisser sécher et passer au crémage, quitte à faire une pause pour s’assurer que le cuir réagit bien et retrouve des couleurs.
Là aussi, vous pouvez cirer si vous le souhaitez.
Soigner ses souliers en cuir velours
Au lieu de simplement brosser et délustrer le cuir avec une brosse en laiton, je vous conseille d’utiliser une gomme à daim en cas de taches, puis un nettoyant cuir velours de type Omnidaim de la marque Saphir.
Imaginons maintenant que vous ayez malencontreusement marché dans une flaque profonde ou qu’un as du volant ait détrempé vos chaussures.
En rentrant chez vous, couchez-les sur le côté, toujours loin d’une trop grosse source de chaleur.
Il faudra normalement plusieurs heures pour évacuer toute l’humidité. Il est également possible de les bourrer de papier journal pour accélérer le processus. Une fois bien sèches, les chaussures devront subir un petit entretien dans les règles en n’oubliant pas de bien insister, là aussi, sur le nettoyage et le nourrissage.
Quand le cuir craquèle...
Là, il est probable que l’origine du problème ne soit pas entièrement due à des conditions climatiques défavorables.
Il vous faudra insister sur le nourrissage du cuir, quitte à répéter l’opération deux ou trois fois sur plusieurs jours sans porter les chaussures entre temps, pour bien laisser la crème infiltrer toutes les couches du cuir...
Le mot de la fin...
C'est le moment de sortir vos chaussures les plus robustes et volumineuses. On préfèrera les modèles montants — boots ou sneakers —car ils protègent mieux les chevilles du froid.
Bien sûr, il n'est pas interdit de garder ses chaussures habituelles. Attention, toutefois, aux matières trop fines ou trop fragiles : l'hiver est la saison idéale pour profiter de matières chaudes, comme le tweed ou le mouton retourné.
Quelle que soit la matière choisie, un bon entretien sera indispensable pour préserver vos souliers préférés : c'est une étape incontournable sur laquelle il ne faudra pas lésiner.
Et même en cas d'accident, il y a (presque) toujours moyen de rattraper le coup !