Dans cette partie, nous allons aborder un style particulier : le streetwear. Rassurez-vous, nous nʼallons pas vous payer un aller simple pour tourner un clip de rap des années 90, avec pantalons larges, casquettes et chaînes en or autour du cou.
Oubliez ce style de « voyou à lʼaméricaine », périmé depuis longtemps et abandonné par ses plus fervents défenseurs. Le streetwear a su traverser les époques et rencontre aujourdʼhui un réel succès en touchant un large public.
Les origines du style streetwear
Le streetwear a fait son apparition aux Etats-Unis au milieu des années 70 avec lʼéclosion de la culture urbaine et de ses différentes composantes, comme les sports de glisse (le skate et le surf), la musique (punk, hip-hop) et lʼart urbain (le graffiti).
Comme son nom lʼindique, il est né dans la rue sous lʼimpulsion des jeunes de quartiers défavorisés. Une forme dʼexpression qui leur permettait de montrer leur appartenance à une culture et de réaffirmer leur individualité dans une société qui tendait à les marginaliser.
Nʼayant pas beaucoup de moyens financiers, ces jeunes ne pouvaient pas sʼoffrir des vêtements de marques, et faisaient donc avec ce quʼils avaient.
Lʼimportant nʼétait plus le vêtement en lui-même mais la manière dont il était porté. Une situation qui les incitait à être le plus créatif possible et qui a provoqué la naissance de nouveaux codes urbains.
Les fondements de base du mouvement streetwear sont donc lʼauthenticité, lʼoriginalité et la liberté. Des piliers qui ont accompagné le mouvement dans chacune de ses évolutions et qui sont valables encore aujourdʼhui.
Arrivés en France dans les années 90 et diffusés grâce à des films comme « La Haine », des marques comme Com8 ou Wrung, et lʼarrivée du mouvement rap (NTM et IAM), la culture urbaine et le style streetwear ont rapidement touché le grand public.
L'évolution du streetwear
De ses débuts dans la rue, à son influence dans les collections de prêt-à-porter des Maisons de luxe, le streetwear a énormément « grandi ». Cʼest un style qui a su évoluer de manière cohérente et qui arrive aujourdʼhui à maturation.
Certaines marques de streetwear ne se sont pas suffisamment remises en question et ont donc disparu, alors que de nombreuses autres se sont lancées depuis.
À l'origine, le style streetwear se définit par des vêtements larges : jean « baggy », t-shirt XXL avec les manches qui tombent en dessous des coudes, sweats à capuche avec une emmanchure commençant 10cm en dessous de lʼépaule...
Un style complété par de grosses baskets et une casquette. Mais très vite, certaines personnes ont préféré opter pour des jeans plus serrés, comme les skateurs californiens avec leurs skinny jeans.
En fait, la « liberté » qui est lʼessence même du streetwear a favorisé la diversité. Les gens se sont réappropriés les basiques de leur garde-robe. De fait, deux personnes avec un style streetwear pouvaient avoir des looks différents.
Aujourdʼhui, les coupes sont plus cintrées et les collections sont plus recherchées, avec lʼutilisation de belles matières et un souci du détail apporté à la fabrication des vêtements.
La sobriété a remplacé les énormes imprimés omniprésents des débuts. Aussi, on note la corrélation de plus en plus marquée entre le streetwear et le workwear.
La clientèle sʼest diversifiée : le streetwear nʼest plus associé à la youth culture anarchiste et anticonformiste comme à ses débuts. Il touche des tranches dʼâges plus âgées et a envahi lʼensemble des classes sociales.
Il a depuis longtemps quitté la rue pour investir les boutiques haut de gamme des plus grandes capitales. Sʼhabiller en streetwear peut donc revenir cher.
Le but de cette partie est de vous proposer un guide vous aidant à adopter les bons réflexes pour un style street soigné.
Par où commencer ? Les « indispensables » d'une tenue streetwear
Trois pièces constituent les bases dʼune tenue streetwear : le sweatshirt, les sneakers et la casquette. Pour bien commencer, concentrez-vous sur ces trois éléments.
Le sweatshirt avec et sans capuche
Le sweat à capuche, aussi appelé hoodie, est historiquement lié au streetwear. Avec ou sans zip central, privilégiez la sobriété et les coloris unis.
Évitez les impressions sérigraphiées trop imposantes. Si vous portez un joli tee-shirt, nʼhésitez pas à le mettre en valeur en gardant votre hoodie ouvert. Le reste du temps, gardez-le fermé jusquʼen haut. Aussi, préservez-vous du style « voyou» et ne mettez pas la capuche.
Pour un sweatshirt à col rond, sans capuche, soyez attentif aux finitions. Lʼencolure ne doit pas être trop proche du cou et doit tomber parfaitement sur le début de vos épaules. Vérifiez que les bord-côtes situés sur les manches et le bas de la pièce ne soient pas trop longs, ni trop serrés.
Faites un test : levez et abaissez les bras plusieurs fois de suite. Vérifiez que le sweat reprenne bien sa forme initiale et retombe correctement.
En dessous dʼun sweat col rond sans capuche, vous pouvez porter une chemise boutonnée jusquʼen haut. Dans ce cas, optez pour des modèles à la matière plus travaillée (maille, coudières en cuir, etc.).
☞ Marques conseillées : American Apparel, Carhartt, Monoprix, Uniqlo (entre 40 € et 70 €).
Les sneakers
Les sneakers sont une obsession pour les amateurs de streetwear, qui les collectionnent (de manière plus ou moins raisonnable). Lʼoffre proposée par les marques est gigantesque. Voici quelques conseils pour vous aider à y voir plus clair.
Pour commencer et vous éviter de faire des erreurs, orientez-vous vers les marques les plus connues qui proposent des modèles iconiques à des prix abordables.
Nike propose trois modèles « indispensables » : les « Nike Blazer » (hautes et basses) sont fines et sʼadaptent vraiment à toutes les coupes de pantalons.
La Air Force 1 en version basse (95 €), dans son coloris original entièrement blanc, est aussi un modèle de base à posséder (évitez la version montante avec le scratch).
Enfin, la Air Max 1 complétera votre collection et se distinguera de vos autres paires avec sa bulle dʼair (environ 145 €).
Vous pouvez aussi choisir dans le catalogue Vans en toute sérénité. Nous avons une préférence pour le modèle Era de Vans (environ 80 €). Intemporel, il se porte aussi facilement avec un short quʼun pantalon et existe dans une multitude de coloris.
Si vous recherchez un modèle plus « habillé » et moins marqué « street », nous vous conseillons la marque National Standard (entre 150 € et 250 €). Elle propose des lignes fines (même pour les modèles montants !) avec une qualité de fabrication irréprochable et un design épuré.
De façon générale, évitez les coloris « flashy » et les modèles trop gros. Les sneakers doivent se fondre dans votre tenue et ne pas attirer lʼattention.
Attention, après votre premier achat, vous pourrez facilement vous prendre au jeu et démarrer une collection de sneakers sans trop vous en rendre compte. On vous aura prévenu...
Note : Il y a un retour du « running » dans le streetwear. Laissez vous tenter par une paire de baskets initialement destinée à la course à pieds. Nous aimons beaucoup ce que propose la marque New Balance. Attention, vérifiez bien quʼelles aient été fabriquées dans leur usine anglaise de Flimby (le drapeau du Royaume-Uni est brodé sur la languette) ou aux Etats-Unis.
La casquette
Accessoire indispensable pour une tenue street, trois modèles doivent retenir votre attention : la casquette classique à visière plate, la snapback et la 5-panel.
Casquette classique à visière plate :
Cʼest la référence des casquettes street. La marque New Era lʼa démocratisée avec son modèle iconique : la «59 Fifty » (35€ environ). La plupart du temps, les broderies sont les logos des franchises américaines de baseball (MLB), hockey sur glace (NHL), basketball (NBA) ou football américain (NFL).
New Era a aussi collaboré avec de nombreuses marques de streetwear sur la base de ce modèle. En édition limitée, elles sont plus recherchées que les modèles classiques.
Dans tous les cas, veillez à choisir un modèle « sérieux », avec un logo sobre et des couleurs classiques (évitez à tout prix les visières en imitation serpent et les trop grosses broderies). Gardez en tête que vous devez pouvoir la porter au quotidien.
Faites attention à la taille ! Une casquette trop petite peut vite devenir inconfortable, là où un modèle trop grand peut vite vous donner une allure ridicule. La taille est indiquée sur le sticker-macaron collé sur la visière. La tradition interdit de le retirer ! Mais on ne vous en voudra pas.
Note d'histoire : cʼest le rappeur Jay-Z qui a répandu le port de la New Era 59 Fifty en portant le modèle de lʼéquipe de baseball de New York, les New Yankees. Originaire de Brooklyn, cʼest un des premiers à avoir revendiqué ses origines newyorkaises de la sorte. Le quotidien New York Times parle même de «lʼeffet Jay-Z».
Lʼintéressé assume et déclare même dans une de ses chansons «Jʼai rendu la casquette des Yankees plus célèbre quʼun Yankee aurait pu le faire».
La snapback
Depuis quelques années, la snapback fait de lʼombre au modèle classique. La seule différence est quʼelle est réglable à lʼarrière (fini les casse-têtes pour trouver un modèle à sa taille). Pour lʼintégrer facilement à votre look, il faut là aussi veiller à acheter un modèle « sérieux ».
Note : New Era et Mitchell & Ness sont les spécialistes des snapbacks avec les logos de franchises sportives américaines. Cependant, privilégiez des marques de streetwear qui ont leur propre ligne de snapback comme «Only NY», «HUF» ou bien «Quiet Life» (à partir de 35 €).
La 5-panel
Comme son nom lʼindique, ce modèle est constitué de cinq panneaux (un sur lʼavant, deux sur les côtés et deux sur le dessus), cousus entre eux. Tout comme la snapback, cʼest un modèle avec une languette de réglage à lʼarrière. Cʼest la casquette qui rencontre le plus grand succès ces derniers temps.
Si vous aviez des doutes sur sa forme, détrompez-vous ! Loin du cliché « voyou », il nʼy a pas plus élégant quʼune 5-panel. Des marques comme Norse Projects, Moupia et I Love Ugly (entre 50 € et 65 €) nous étonnent à chaque fois, avec lʼutilisation dʼimprimés originaux et des jeux de matières intéressants.
Note : la marque française Larose Paris revisite le modèle de la 5-panel avec une forme retravaillée et lʼutilisation de matériaux nobles (tissus en provenance dʼAngleterre, de France et des Etats-Unis). Les modèles sont montés à Paris par une chapelière titulaire du titre «dʼartisan dʼart». Dʼoù un prix un peu plus élevé, aux alentours de 95 €.
Quel que soit le modèle de casquette, concentrez-vous aussi sur la qualité de fabrication : les coutures, la bande anti-transpiration placée au niveau du front (évitez une bande blanche car elle sera tout de suite marquée par votre sueur), la languette de réglage (en cuir avec une boucle avec ardillon pour les plus belles)...
Enfin, il y a deux manières de porter une casquette : avec la visière de face et en arrière. Toute autre position intermédiaire est réservée aux rappeurs. Cʼest non négociable.
Et le reste de la tenue ?
Mis à part les sneakers, la casquette et le sweatshirt, il nʼy a pas de pièces « estampillées » streetwear. Le reste de votre tenue est en grande partie emprunté à un vestiaire plus classique. Cependant, lʼinfluence « street » se ressentira dans votre façon de vous les réapproprier.
Sachez aussi que le streetwear, hétéroclite par définition, se marie bien avec dʼautres styles : avec des choses drapées, minimalistes et dark comme chez Silent by Damir Doma ou Rick Owens, du workwear comme chez Carhartt, ou encore des pièces plus habillées.
Le tee-shirt
Pour le teeshirt, veillez à ce que celui-ci soit bien coupé même si vous êtes autorisé à le choisir un peu plus grand, toute proportion gardée. Prenez la ceinture comme point de repère : le teeshirt ne doit arriver ni au-dessus, ni en dessous de celle-ci.
Si vous optez pour un teeshirt un peu plus large, évitez « lʼeffet parapluie » inhérent aux manches trop grandes. Nʼhésitez pas à faire un petit ourlet sur chacune dʼentre elles. En plus de restructurer votre teeshirt, cela vous donnera un « effet négligé » appréciable.
Concernant les tee-shirt avec des imprimés, préférez avant tout la sobriété. Ils ne doivent pas être trop imposants... exception faite pour les imprimés all-over (cʼest à dire recouvrant toute la matière), comme le camouflage. Les tee-shirts à fines rayures ou en coton chiné sont des alternatives intéressantes.
Les «pocket tees» (tee-shirts avec une poche côté cœur) rencontrent un grand succès depuis quelques années. Les variations sont nombreuses : soie, tissu avec imprimé original, poche avec bouton pression... Des détails qui donnent du relief à une pièce traditionnelle.
☞ Marques conseillées : Carhartt, Stussy, Norse Projects, Tantum, A.P.C. (de 35 € à 80 €). Citons cette pépite quʼest la marque Elegvncy Pvris, proposant du streetwear haut de gamme à un prix abordable.
Le jean et le pantalon
Pour le jean, préférez un jean brut avec une belle toile selvedge. Celui-ci tombera parfaitement sur vos sneakers. Et vous pouvez faire un léger ourlet qui laissera apparaître le liseré rouge.
Nous vous conseillons de préférer une coupe droite ou semi-slim, et de porter une paire de New Balance ou dʼAir Max. Évitez les skinny jeans et les « baggys » qui feront perdre toute crédibilité à votre tenue en cassant votre silhouette.
☞ Marques conseillées : Gustin (100 €), Balibaris (120 €), Naked & Famous (145 €), A.P.C. (145 €).
La meilleure alternative au jean est le chino. Préférez une coupe cintrée, même si vous pouvez le portez un peu plus large. Nʼhésitez pas à mettre un peu de piment dans votre tenue en choisissant des coloris vifs. Dans ce cas, veillez à ce que le reste de votre tenue soit sobre pour se marier avec la couleur du pantalon.
Avec un sweatshirt à col rond et une belle paire de sneakers, vous aurez une silhouette street et décontractée, sans pour autant paraître négligé.
☞ Marques conseillées : Patrons, Dockers, Homecore, Bleu de Paname, Norse Projects (entre 100 € et 140 €).
Et le short ? Si la météo vous le permet, nʼhésitez pas à en mettre un ! Attention à sa longueur : idéalement, il doit sʼarrêter à mi genoux. Sʼil est trop long, faites un petit ourlet. Évitez le superflu (poche sur le côté...) et portez-le uniquement avec des sneakers basses.
Vestes / manteaux
Pour passer lʼhiver au chaud, choisissez une parka. Préférez un modèle long, avec des poches pratiques au niveau de la poitrine pour y glisser vos mains. Les bombers dʼaviateurs avec ou sans col en mouton sont aussi un excellent choix pour affronter le froid.
Pour les beaux jours, un blouson dʼété fera lʼaffaire. Optez pour des modèles avec un col en velours si vous souhaiter renforcer le côté recherché de votre tenue.
Le teddy, pièce emblématique des universités américaines, est à choisir si vous voulez renforcer encore plus le côté street de votre tenue (ou si vous êtes étudiant). En fonction de la saison, préférez un modèle en coton ou en cuir.
L'intégration de pièces plus habillées
Une fois que vous aurez maîtrisé les principes de base, vous pourrez aller plus loin en intégrant des pièces haut de gamme. Le contraste est très intéressant. Concentrez-vous sur une pièce précise, sans perdre de vue que celle-ci doit parfaitement sʼintégrer à votre tenue streetwear.
Nous vous conseillons de commencer par les pièces du haut comme des pulls et cardigans en grosse maille, des chemises en popeline ou encore une veste matelassée type Barbour. Des maisons de prêt-à-porter "premium" comme A.P.C. et AMI proposent des bomber jackets magnifiques (entre 350 € et 500 €).
Les créateurs Gaspard Yurkievich et Monsieur Lacenaire ont revisité le teddy dans leur collection (environ 300 euros).
Pour vos chaussures, Lanvin propose dʼexcellents modèles de sneakers en nubuck et en suède (entre 320 € et 550 €). Cela renforcera le côté habillé de votre tenue tout en préservant la dimension "urbaine".
Les collaborations
Appelées aussi co-branding et très répandues dans lʼunivers du streetwear, elles permettent à deux marques de travailler ensemble sur un ou plusieurs produits. La rencontre de leurs univers et savoir-faire respectifs donne naissance à des produits inédits, donc très recherchés.
Le parfait exemple est la collaboration entre Carhartt et A.P.C. : la silhouette proposée a su réunir les fans de streetwear / workwear et les amateurs du style "bobo".
Attention quand même à ne pas prendre la moindre collaboration pour le Graal : chez les grandes marques, ce sont surtout des coups marketing. Écoutez-vous et faites-vous confiance !