« Boulevard de la mort » : tee-shirts, mini-shorts et blouson argenté – Bobine

« Boulevard de la mort » : tee-shirts, mini-shorts et blouson argenté – Bobine
Toujours à mi-chemin entre le film de fan et le film d'auteur, Quentin Tarantino revisite le genre grindhouse « Boulevard de la mort », sur les routes du Texas et du Tennessee. Accrochez vos ceintures : tout ici est lié à une histoire de cinéma, à commencer par le vêtement !

Toujours à mi-chemin entre le film de fan et le film d'auteur, Quentin Tarantino revisite le genre grindhouse « Boulevard de la mort », sur les routes du Texas et du Tennessee. Accrochez vos ceintures : tout ici est lié à une histoire de cinéma, à commencer par le vêtement !

(Crédit photo de couverture : « Boulevard de la mort » de Quentin Tarantino, hommage au genre grindhouse, 2007 - IMAGO / United Archives)

LE PITCH : UN HOMME, DES FEMMES ET LA ROUTE DROIT DEVANT

Austin, Texas USA. Trois jeunes amies prennent la route pour un week-end entre filles. Elles font une halte dans un bar et font la connaissance d'un étrange cascadeur sur le retour. Il s'appelle Stuntman Mike. Signe particulier : il porte un blouson argenté.

Il a aussi une balafre sur le visage et une voiture « à l'épreuve de la mort ». Comme le suggère la bande-annonce : « il a du charme, il a du style ». Sauf que la virée entre potes va bien vite se transformer en cauchemar.

Si vous n'avez pas vu « Boulevard de la mort », inutile de vous gâcher la surprise sur la suite de l'aventure. C'est du Quentin Tarantino tout craché : des références cinéphiles partout, un peu d'action, du plein soleil, de l'ironie et surtout pas mal de causeries.

C'est même une des particularités de son cinéma : ses personnages adorent discourir de tout et de rien. « Boulevard de la mort » ne fait pas du tout exception à la règle. Vous y trouverez tout de même aussi des histoires de tueur fou, des cascades et de longues poursuites haletantes en voitures, le tout fabriqué à l'ancienne, avec un grain d'image volontairement vintage.

Si jamais vous vous intéressez aux voitures, vous découvrirez des modèles tout ce qu'il y a de mythiques : une Dodge Challenger, une Chevrolet Nova ou bien encore une Ford Mustang. Chacune porte en elle une histoire de cinéma, à redécouvrir dans des films comme « Bullitt » de Peter Yates en 1968 ou « Vanishing Point » de Richard C. Sarafian en 1971.

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© IMAGO / Everett Collection

De gauche à droite : Mary Elizabeth Winstead, Rosario Dawson, Zoë Bell et Tracie Thoms dans « Boulevard de la mort », 2007.

À sa sortie en 2007, « Boulevard de la mort » est présenté avec « Planète Terreur » de Robert Rodriguez. Au casting de ce Tarantino de traverse : le toujours épatant Kurt Russell, la cascadeuse Zoë Bell et des actrices comme Mary Elizabeth Winstead, Sydney Tamiia Poitier, Rose McGowan ou Rosario Dawson.

Rien de tout cela n'est vraiment innocent. C'est une vraie distribution de cinéphile, avec dans la lignée du précédent diptyque « Kill Bill » une large place accordée aux héroïnes. C'est tout ? Non !

Car pour ce qui nous intéresse, cet amour du cinéma se retrouve bien évidemment jusque dans les tenues et les vêtements. Les costumes sont signés Nina Proctor. C'est une habituée du cinéma de Robert Rodriguez et vous la retrouverez d'ailleurs dans l'équipe de « Planète Terreur ».

CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…

Si l'on excepte le personnage très « badass » de Kurt Russell, la mode masculine ne pèse pas bien lourd ici. Ainsi, la chemise western noire et blanche du tenancier de bar interprété par Quentin Tarantino ne fera pas déplacer les foules.

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© IMAGO / Everett Collection

Quentin Tarantino et sa western shirt dans « Boulevard de la mort », 2007.

En revanche, les tenues des nombreuses femmes du film nous en racontent davantage sur le style et les intentions du cinéaste. Deux salles, deux ambiances ? La première est volontiers voluptueuse et hyper-féminine :des tee-shirts ajustés, des mini-shorts, des ceintures en cuir et de simples tongs.

Elle met en lumière une certaine insouciance vestimentaire héritée du modèle « California Dreaming ». De fait, pour les habitués, vous retrouverez dans « Once upon a time... in Hollywood » un style pas si éloigné chez Margaret Qualley, ici aux côtés de Brad Pitt et de sa chemisette hawaïenne jaune :

La seconde est plus nuancée, plus revendicatrice aussi et laisse apparaître des boots, des jeans et des motifs camo. L'esprit villégiature laisse place à l'aventure. Ces deux groupes de filles ont un caractère presque opposé, ici souligné par le choix du style et des vêtements.

Approche caricaturale ? Peut-être. Mais comme le soulignait la costumière Stephanie Collie au sujet de la série « Peaky Blinders », le métier use parfois de petits stratagèmes pour aider le spectateur à mieux cerner les personnages.

On peut enfin voir « Boulevard de la mort » comme une chasse aux trésors : l'intérêt du film réside aussi dans les petits clins d'œil que glisse Tarantino dans son vestiaire. Trois bonnes raisons de revoir « Boulevard de la mort » pour le vêtement ?

1. UN BLOUSON ARGENTÉ PAS COMME LES AUTRES

Et si le Ryan Gosling de « Drive » n'avait finalement rien inventé ? Le Stuntman Mike interprété par Kurt Russell ne porte pas de souvenir jacket mais sa tenue n'a rien à envier à celle du célèbre driver de ‎Nicolas Winding Refn.

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© IMAGO / Everett Collection

Kurt Russell, son blouson argent et Rose McGowan dans « Boulevard de la mort », 2007.

Les informations au sujet de son vestiaire sont contradictoires. On ne sait d'ailleurs pas grand-chose de ce personnage sorti de nulle part. Certains évoquent un tee-shirt noir American Apparel, associé à un 501 Levi's noir, des boots de cow-boy marron en peau de serpent et une paire de lunettes noires Ray Ban.

Quant à la pièce emblématique du film, c'est un blouson de type satin argenté inspiré des racing jackets, truffé d'écussons avec inscriptions « husky » ou « icy hot ». C'est le vêtement le plus singulier de « Boulevard de la mort » et il s'ajoute à la liste déjà bien longue de vêtements cultes portés par Kurt Russell au cinéma.

Souvenez-vous au hasard des pièces en cuir affichées dans « The Thing » ou « New York 1997 » de John Carpenter. Si jamais le blouson de « Boulevard de la mort » vous hante, vous en trouverez des répliques de plus ou moins bonne qualité assez facilement sur la toile. Si vous préférez malgré tout la conduite de Ryan Gosling, petite piqûre de rappel ici :

2. DE LA COULEUR, DU TRÈS CASUAL ET DE L'ÉTÉ SANS FIN

On l'a souligné plus haut, « Boulevard de la mort » regorge de personnages féminins hauts en couleurs, à la frontière des tendances girly et du mouvement musical Riot grrrl. Deux équipes au casting donc : l'une volontiers détente, l'autre plutôt baroudeuse.

Malgré ces traits de caractère bien distincts, les femmes du film possèdent à l'évidence une chose en commun : le sens de la couleur. Kurt Russell lui ne vit qu'en noir et argent. C'est dire si un monde les sépare. Cela ne s'arrête pas vraiment à l'univers de l'habillement.

On vous invite régulièrement à mettre de la couleur dans vos tenues, à plus forte raison en été, parce que la saison s'y prête. C'est à peu de chose près ce que mettent en pratique les filles de « Boulevard de la mort » : du jaune, du rose, du vert, du violet et même des licornes pour l'arc-en-ciel.

Si le premier groupe de filles affectionne de manière assez unanime les tenues les plus légères et estivales, le second apparaît comme un mariage d'influences plus cosmopolites. Il emprunte ici et là quelques petits trucs au vestiaire masculin, au registre militaire, voire à des traditions très américaines affiliées au sport.

Vous y verrez des boots et des ceintures de cow-boys, du motif camouflage et même un blouson en cuir. Vous y verrez aussi une véritable tenue de pom-pom girl, portée avec une paire de sneakers blanches.

À l'écart des phénomènes de groupes, le personnage de Rose McGowan opte pour un jean et une blouse à motifs fleuris. Vous pouvez l'apercevoir sur la photo ci-dessus.

Si les motifs floraux vous interpellent, quelques autres exemples l'Ultimo Buscadero ». C'est une référence au cinéaste américain Sam Peckinpah et à son film « Junior Bonner » de 1972, avec Ida Lupino et un acteur que les amoureux du style connaissent bien : Steve McQueen.

Même chose avec le tee-shirt de sa consœur Jordan Ladd, ci-dessus en photo à droite. C'est une référence explicite au film « Faster Pussycat ! Kill ! Kill ! » de Russ Meyer en 1965.

Et que dire de celui de Sydney Tamiia Poitier, tout à gauche ? Le logo « Austin Hot Wax » qui figure sur son vêtement est en connexion directe avec un film plus obscur : « American Hot Wax » de Floyd Mutrux en 1978. Il y en a d'autres. Quentin Tarantino s'amuse d'ailleurs à piocher dans son propre répertoire, « Kill Bill » notamment.

Les clins d'œil ne s'arrêtent pas aux vêtements. Kurt Russell porte par exemple un bracelet de montre identique à celui de Barry Newman dans le film « Vanishing Point ». C'est assurément une des références cinématographiques de « Boulevard de la mort ». Ce n'est pas la seule. En matière de films, Quentin Tarantino est du genre boulimique... et fétichiste.

Au passage, les plus observateurs noteront peut-être aussi la présence de bagues turquoise. On peut voir des modèles similaires dans la vidéo de Benoit sur les bijoux amérindiens. Au besoin, quelques autres conseils pratiques ici :

… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES

L'association la plus intrigante, c'est possiblement celle tentée par Rosario Dawson. C'est aussi une des tenues clés du film. Mais vous comprendrez mieux le sens de cette formule pendant le visionnage, lorsque l'une des filles lui demandera de lui passer sa ceinture en cuir... C'est nous dit-elle une ceinture Prada, mais là n'est pas le plus important.

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© IMAGO / Everett Collection

Rosario Dawson dans « Boulevard de la mort », 2007.

Car cette ceinture ajoute une touche de caractère bien trempé à une tenue déjà singulière. Regardez plutôt : un tee-shirt sans manches rose floqué d'une licorne, une paire de santiags et un étrange bas de couleur grise, très fluide.

S'agit-il d'une jupe-culotte ? D'un pantalon court et ample ? On le décrit parfois ici et là comme un « harem pant », un vêtement à l'origine inspiré du Moyen-Orient et introduit en France au début du XXème siècle.

Comme le suggère la publication Instagram ci-dessus, cette tenue fonctionne sans que l'on s'y attende. C'est aussi ce que l'on espère tous secrètement du style : de l'inattendu. La suite du film devrait logiquement vous surprendre tout autant.

Jérôme Olivier Jérôme Olivier
Jérôme Olivier, ciné, velours et rock'n'roll

Ex-caviste et rock critic de poche, grand amateur de films et de chats sibériens, je crée des e-mails et je m'intéresse aux petites histoires qui vont avec les vêtements.

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