En avant-première, BonneGueule souhaite vous proposer un article expérimental !
Des lecteurs avaient demandé des tests de montres, j'ai souhaité proposer un format inédit. Passionné de montres, j'avais constaté que ceux qui possèdent un bon look vestimentaire ont généralement des montres pas très intéressantes alors que ceux qui possèdent de belles montres ont généralement des associations de vêtements largement perfectibles. Il existe évidemment des exceptions mais nous-mêmes, nous avons fait ce constat.
Cet article a pour ambition de faire le lien entre deux mondes qui sont à la fois riches et complexes. Et il fera la part belle à un type d’exercice inédit : partir d’une montre, la passer en revue, expliquer certaines fonctions et créer des looks cohérents en associant des vêtements qui font référence au style de la montre. Ce n’est pas un exercice si facile… J'ai eu carte blanche et voilà le résultat ! Bonne lecture. 😉 Don
D’après un proverbe tibétain, « le voyage est un retour vers l’essentiel ». Qu’est-ce qui est essentiel ? Pour un passager, l’essentiel c’est d’aller d’un point A vers un point B. Ni plus, ni moins. Pour un voyageur, ce n’est pas nécessairement le point de chute qui importe, mais c’est souvent le voyage même qui constitue la finalité.
Et au-delà du voyage, je pense que la vraie motivation consiste en un besoin irrépressible de liberté. Un voyageur est avant toute autre chose un homme libre. Libre de partir et libre de revenir.
A travers ces quelques lignes, je souhaite vous faire passer de l’état de passager à celui de voyageur. Et peut-être même un peu à celui d’un baroudeur moderne épris de liberté.
Touristes, voyageurs et baroudeurs
Beaucoup ont visité des pays de par le monde, peu ont réellement baroudé. J’ai eu la chance d’avoir un père qui a réellement baroudé à travers le globe pour son travail : tempêtes de force 11 , températures infernales dans le désert avec en moyenne 60° C avec même une pointe à 65° C au soleil , des températures glaciales en Arctique avec du - 30° C dans la journée et - 40° C durant la nuit, sans parler des joies du climat équatorial avec une humidité à plus de 90% . Pays à risques et même des pays en état de guerre… il a presque tout connu.
Loin du petit confort des centres urbains, il n’était pas un voyageur ordinaire, c’était un authentique baroudeur. Cela va s’en dire, un baroudeur tient plus de l’aventurier que du touriste mais c’est surtout quelqu’un qui se prépare et s’adapte à presque tout.
Même en s’adaptant et en se préparant, il est systématiquement confronté à l’imprévu. Notre monde civilisé actuel a horreur de l’imprévu. Tout est catégorisé, tout est calibré.
Le baroudeur n’a pas vraiment le temps de soigner son style. Cela ne veut pas dire non plus que lors de son retour à la civilisation, il ne va pas chercher à porter une belle chemise et un joli costume.
J’ai vécu avec le récit et les photos de ses voyages. Récemment, je lui ai demandé : quelles montres portait-il avec ses collègues pendant ses missions ? Il m’a répondu qu’à son époque, les journalistes de guerre, les prospecteurs en matières premières et les militaires portaient des montres en acier conçues pour être solides, étanches et lisibles, c’était souvent des montres de plongée.
On ne s'en souvient pas assez, mais les commandos français portaient des Tudor Submariner par exemple, et beaucoup de baroudeurs portaient des Rolex. Bien avant de devenir des objets de luxe, il s'agissait avant tout de montres précises et fiables, résistantes et qui vous donnaient l’heure, que vous soyez en pleine mer, dans le désert ou dans une forêt équatoriale.
Nous ne sommes plus dans les années 60 mais je me suis posé la question : quelle montre porterais-je si je devais à nouveau voyager de par le monde ?
Le cahier des charges
Les montres de plongée sont évidemment de parfaites candidates et vous avez eu l’occasion de découvrir notre sélection de montres de plongée pour l’été.
Mais toutes les montres de la sélection n’étaient pas prévues pour barouder en toute quiétude. Certaines affichent des prix qui les mettent hors de portée de beaucoup de bourses, comme la Rolex Deepsea D-Blue ou l’Ulysse Nardin Diver Le Locle.
Pour « barouder », il faut une montre avec :
- Une excellente étanchéité : 150 mètres voire 200 mètres
- Une bonne visibilité : les aiguilles et index doivent être parfaitement lisibles et luminescents
- Un boitier solide : en acier 316L ou en titane.
- Un look moins précieux et qui donne envie de voyager sans chercher à trop attirer l’attention
- Un bracelet hypoallergénique et imputrescible, ce qui exclut le cuir qui, même traité, n’apprécie guère les joies de l’eau
Certes, il s’agit de trouver une montre avec les caractéristiques précitées - ce qui exclut les montres en plastique/polymères - MAIS aussi avec une esthétique qui rappelle les anciennes montres des années 60 et d’une partie des années 70 : celles qu’auraient pu porter nos parents mais actualisées avec les standards d’aujourd’hui et dotées d’une fonction fort utile pour celui qui parcourt le monde : la fonction GMT.
L’histoire du GMT
La mesure du temps a toujours été d’une importance cruciale dans l’histoire des civilisations. Par le passé et jusqu’au 19e siècle, les hommes à travers la planète ont connu plusieurs centaines d’heures locales différentes.
Quand la très grande majorité des populations vivaient près de leur lieu de naissance, cela ne posait guère de problèmes, à l’exception des quelques marchands et voyageurs qui devaient régler systématiquement leurs montres aux grés de leurs déplacements.
A l’époque où l’Angleterre a pu assoir sa domination sur les lignes du commerce international, l’augmentation des possibilités de voyager par bateau et par rail – nous rentrons alors en pleine Révolution Industrielle – ont conduit à la nécessité d’établir une référence universelle du temps. Le méridien de Greenwich (Greenwich Mean Time ou GMT) a été adopté d’abord par les marins de la marine marchande puis par les compagnies de chemins de fer britanniques.
Au milieu du 19e siècle, le GMT devint l’heure officielle du Royaume-Uni. Enfin, britanniques et français se sont mis d’accord en 1884 pour adopter le méridien de Greenwich comme méridien international de référence et également le système des fuseaux horaires qui partage le monde en 24 fuseaux.
GMT et UTC, les différences
Si le terme GMT est resté, il faut savoir que la base actuelle du temps civil international est en fait l’UTC . L’UTC permet de faire le lien entre deux mesures : le Temps Universel (TU) dont l’échelle de temps est fondée sur la rotation de la terre et le Temps Atomique International dont l'échelle de temps est fondée sur la définition de la seconde, la mesure s’effectuant grâce aux horloges atomiques.
Fondé sur la rotation de la Terre, le premier est variable, alors que le second est stable. Pour des questions d’ordre pratique et éviter trop de confusions, l’article utilisera principalement le terme GMT comme référence.
Cela peut paraître compliqué d’avoir des définitions aussi précises mais il faut savoir qu’une seconde ou un mètre sont des unités de mesure qui devaient d’abord être définies comme des références valables pour tous.
Le fait que nous puissions consulter l’heure d’un simple coup d’œil à nos montres ou à des horloges et des smartphones n’est qu’une conséquence d’une longue élaboration et d’une concertation entre les scientifiques. Nous ne faisons qu’appliquer sans presque le savoir au quotidien des mesures qui n’ont été fixées que récemment.
Qu’est-ce qu’une fonction GMT dans une montre ?
La fonction GMT est une fonction qui permet de gérer plusieurs fuseaux horaires sur le cadran d’une même montre. Alors qu’une trois aiguilles n’indique que l’heure de votre domicile réglée au besoin pour s’adapter à l’heure d’un autre pays, une GMT possède :
- Une aiguille des secondes appelée également la trotteuse
- Une aiguille des minutes
- Une aiguille des heures (jusque-là, rien d’anormal, sur une échelle de 12h sur le cadran comme sur une montre traditionnelle)
- Un guichet pour la date
Et là apparaît une autre aiguille :
- Une aiguille GMT : il s’agit d’une autre aiguille des heures – de couleur et de forme distincte par rapport aux autres aiguilles – indiquant l’heure sur une échelle de 24h cette fois-ci
Et enfin :
- Une lunette bidirectionnelle avec son échelle de 24h
A la fin de l’article, à titre indicatif, un mode opératoire sera disponible pour régler une montre GMT. Maintenant, rentrons dans le vif du sujet : la revue de la montre dont il est question.
La Tudor Black Bay GMT
Hans Wilsdorf, le fondateur de Tudor et de Rolex, avait conçu l’idée de fabriquer une montre à la fois accessible et de haute qualité. Il l’a nommé Tudor. Pourquoi Tudor ? C’est un nom aux origines galloises facilement prononçable dans la majorité des langues et avec une référence évidente à une dynastie d’outre-manche dont les emblèmes devaient représenter la beauté (la rose) et la force (le bouclier). La rose et le bouclier sont ainsi les symboles de la marque Tudor, que l’on retrouve sur le cadran et sur la couronne.
Mais ce qui nous intéresse sur cette montre, c’est sa force et celle de la collection Black Bay se base sur sa solidité et sa fiabilité.
Une montre solide
La solidité d’une montre se mesure à l’aune de ses caractéristiques techniques. Tudor a déjà été par le passé sélectionnée par les unités d’élite, comme les commandos français et notamment le commando Hubert qui en est l’un des plus prestigieux.
Fort de cet héritage, Tudor est revenu aux sources à travers sa collection Black Bay. L’acier utilisé est le 316L qui est l’acier avec lequel la majorité des montres actuelles sont fabriquées. Il s’agit d’un alliage qui est un excellent compromis avec une bonne résistance aux rayures et à la corrosion.
La solidité de la montre se retrouve également à travers son étanchéité de 200 mètres, détail essentiel pour toute personne souhaitant plonger. Il faut rappeler que l’étanchéité d’une montre se mesure à travers la pression exercée par l’eau dans les profondeurs. Une étanchéité de 200 mètres correspond à une pression statique de 20 bars ou ATM , autrement dit, une plongeuse est résistante de par ses caractéristiques qui en font une montre également adaptée à d’autres types d’environnement comme le désert ou les milieux équatoriaux. L’absence de protège-couronne ne retire en rien à l’impression de solidité globale de la montre, la couronne ayant un diamètre assez important (utile pour ceux qui ont des gros doigts) et vissée (ce qui est normal pour une montre assurant une parfaite étanchéité). Le verre saphir bombé contribue évidemment à la solidité de l’ensemble.
On notera l’absence du « cyclope » , ce qui n’est pas un mal pour moi, n’ayant jamais vraiment apprécié cette particularité que l’on retrouve sur d’autres montres.
Une montre lisible
La lisibilité est un aspect fondamental pour une montre qui a un lien direct avec des modèles de plongée. Ainsi, les aiguilles dites « Snowflakes » sont une caractéristique visuelle importante chez Tudor mais, avant de faire partie de l’identité visuelle de la marque, ces aiguilles sont surtout très lisibles.
La lisibilité se retrouve également sur le cadran dont les index sont parfaitement distincts. L’insertion de la date à la place de l’index de 3h est judicieuse car beaucoup de marques insèrent ce guichet de manière beaucoup moins esthétique. Le recours au SuperLuminova permet évidemment de lire l’heure dans l’obscurité des profondeurs… ou tout simplement durant la nuit.
Enfin, la lunette « Pepsi », avec son échelle de 24h, n’est pas seulement esthétique car elle est surtout là pour distinguer aisément les heures du jour et de la nuit. Vous verrez d’ailleurs toute son utilité dans le mode opératoire à la fin de l’article. Si on compare cette lunette par rapport à celle d’autres montres plus onéreuses, la lunette de la Black Bay GMT n’a pas cet aspect « clinquant », le bordeaux et le bleu de l’insert de la lunette tirent vers le mat, ce qui la relie à une utilisation pratique et toute en sobriété.
Un nouveau mouvement
Le mouvement MT5652 est un mouvement de manufacture conçu par Tudor. S’il reprend l’architecture globale des mouvements MT existants , il intègre la fonction GMT. Les mouvements de manufacture Tudor ont adopté le spiral en silicium dont les propriétés amagnétiques permettent de se prémunir des risques de magnétiser la montre avec un smartphone ou un portique de sécurité, etc…
Mon opinion sur les calibres Tudor est simple : la marque fait partie d’un groupe dont le leitmotiv est la recherche de la qualité et de la fiabilité. Les calibres sont ainsi tous conçus dans cette optique et pas dans un souci uniquement esthétique.
Ils ont été testés rigoureusement avant d’être adoptés. Les tests de fiabilité démontrent que les fréquences de révision sont espacées de nombreuses années avec un estimé de huit années pour les mouvements MT .
Des bracelets qualitatifs
Pour barouder, il faut donc une montre de qualité, mais il nécessaire que les bracelets le soient tout autant . Il existe peu de marques qui disposent de bracelets satisfaisants, ce qui me conduit à changer ceux d’origine. Mais Tudor fait partie des exceptions. Il existe trois types de bracelets et ils sont tous qualitatifs. Dans le cadre de cette revue, j’ai testé le bracelet acier et le bracelet tissu.
Le bracelet acier de la Tudor GMT est un bracelet riveté, autre clin d’œil aux anciens bracelets mais les maillons actuels sont en acier massif.
Le système de boucle est fiable, solide et, une fois ajusté, le bracelet acier s’avère très confortable, quoiqu’un peu lourd du fait de l’emploi des maillons en acier massif. Beaucoup de bracelets acier sont polis de nos jours.
Le polissage donne un aspect clinquant à la montre, mais il est vite confronté au quotidien, fait de micro-rayures liées au porter. L’acier satiné du bracelet Tudor est un bon compromis entre l’acier poli et un acier au brossage prononcé.
Dans le cadre de cet article, j’ai choisi le bracelet tissu qui est lui aussi très qualitatif et tissé en France.
Ce système de bracelet permet d’insérer les pompes à l’intérieur même du bracelet tissu. Ce système a deux avantages : si pour X raison une pompe venait à céder, il y en a une autre qui permettra d’éviter de perdre la montre contrairement à un bracelet cuir traditionnel en deux parties où la perte d’une pompe entraine la perte de la montre.
Le motif du bracelet tissu est une référence aux bracelets militaires du passé et c’est parfaitement cohérent avec l’esprit baroudeur. Comme je l’ai écrit dans un précédent article, Tudor a recours à une manufacture française près de Saint-Etienne pour tisser certainement les meilleurs bracelets textile du moment.
Une montre "accessible"
Certaines montres sont devenues particulièrement onéreuses, à tel point que beaucoup de propriétaires les surprotègent : elles ne voient guère les forêts équatoriales, le désert ou même les plages alors qu’elles sont faites pour ne pas rester enfermées à l’intérieur d’un coffre.
L’accessibilité n’est pas synonyme de budget découverte, les montres Tudor ont un prix mais, compte-tenu de leurs caractéristiques, il s’agit d’une offre disponible à un tarif bien moindre que celui proposé ailleurs à caractéristiques égales.
Le rapport est même très en faveur de Tudor dans certains domaines comme le SAV ou le mouvement de manufacture. Globalement, il s’agit de l’un des meilleurs rapports style/qualité/prix que je connaisse dans le secteur. A 3.350 euros avec le bracelet cuir ou tissu et 3.650 euros avec le bracelet acier, honnêtement, je ne vois pas mieux dans cette gamme de prix.
Au-delà d’une simple revue détaillée d’une excellente montre, il convient de la porter avec style. C’est la spécificité de cet article : je souhaite non pas intégrer les montres dans des looks existants mais faire le chemin inverse et de partir des montres pour construire un look cohérent.
Vers un nouveau baroudeur
Au cours de mes voyages, j’ai toujours constaté qu’il était très facile de reconnaître un touriste par la tenue vestimentaire qui détonne aussi sûrement qu’un costume de carnaval porté au bureau et j’exagère à peine. Quand vient le moment de voyager, il faut certes penser pratique.
Mais la praticité ne doit pas être synonyme d’adoption d’un look qui repousse les limites de la laideur sous l’argument du confort. Benoît vous en a parlé lors d’un sujet récent pour les vacances et d’un autre sujet pour ne pas ressembler à un touriste.
Si je choisis une montre conçue pour le voyage, pourquoi ne pas adopter une tenue appropriée au voyage ? Je vois continuellement des personnes qui investissent des milliers d’euros dans de belles montres mais qui, en parallèle vont la porter avec une tenue qui ferait fuir un Tyrannosaurus Rex affamé.
De même, je ne comprends pas pourquoi investir une part significative d’un budget étudiant ou même de cadre dans une belle tenue si c’est pour qu’elle soit ruinée par une montre cheap ou de mauvais goût. C’est la raison pour laquelle je souhaite partir d’une montre intéressante et, ensuite, élaborer un look cohérent.
Ayant reçu carte blanche pour élaborer ces looks, je ne me suis pas gêné pour m’éloigner un peu du monde des costumes et des chemises à poignets mousquetaires pour sélectionner des pièces différentes auprès de deux marques que j’apprécie beaucoup et que vous connaissez bien.
Prêt pour le départ
Si le bomber est dorénavant intégré dans une très grande variété de styles différents, j’ai voulu faire un clin d’œil à ses origines militaires et notamment à la célèbre MA-1 mais en adoptant un très beau vert olive.
Ces nuances particulières de couleurs se retrouvent principalement chez les marques plus haut de gamme qui choisissent justement des teintes qui ne se retrouvent pas aisément ailleurs. Editions M.R propose un très beau bomber certes, mais aussi bien coupé et avec une matière technique déperlante .
Si on retrouve la traditionnelle poche sur le bras, ce modèle se distingue par des épaulettes qui l’écartent un peu des modèles habituels de bombers. La légèreté de ce bomber le distingue des autres, habituellement plus épais et rembourrés de polyester.
Il est un coupe-vent idéal et permet une utilisation de la pièce dans une plus grande variété d’environnements. Le jour du shooting, il ne s’est pas avéré étouffant malgré des températures estivales élevées.
La chemise col officier d’aujourd’hui n’a pratiquement plus aucun rapport avec son passé militaire, désormais portée davantage dans un contexte habillé et urbain. J’ai toujours eu une faiblesse pour ces belles chemises au col qui sortent de l’ordinaire… c’est précisément pour cette raison que j’ai choisi de la « détourner » de son utilisation actuelle pour l’intégrer à un look qui rappellerait et ses origines et le contexte dans lequel je souhaite l’intégrer : le voyage.
Parmi les modèles existants, j’ai préféré une chemise en popeline de coton italien beige dont la teinte est plus adaptée au voyage que l’éternel chemise blanche qui s’avère trop salissante à mon goût.
Le chino est évidemment LA pièce à adopter dans le contexte du voyage. Si on veut renforcer l’aspect utilitaire, il existe le pantalon de type cargo mais – et c’est une opinion personnelle – je préfère très largement le chino qui est le pantalon le plus polyvalent que je connaisse. Le khaki est une teinte parfaite : moins salissante et plus baroudeuse.
Il faut viser ce qui est pratique et rester en capacité de s’adapter par rapport au contexte rencontré : de l’aéroport à la ville puis à la campagne, la forêt et les vieilles pierres de votre site archéologique préféré, il est difficile de prendre en défaut ce bon vieux compagnon de route qu’est le chino. Les militaires ne se sont pas trompés en le conservant après-guerre au retour à la vie civile.
Il est nécessaire d'avoir à l'esprit aussi bien la durabilité que le confort, c’est un impératif encore plus important pour le voyageur car, quelques fois, il ne sera pas question de se changer aussi fréquemment qu’en ville. Ce sergé de coton de 280g/m2 s’adapte à toutes les saisons avec un tissu français fabriqué par Velcorex, idéal par temps chaud perdre en confort – avec 30 degrés le jour du shooting, on peut témoigner qu’il remplit sa fonction avec aisance.
Le polo rebelle
Le polo est une pièce essentielle à mes yeux, quitte à être un peu rebelle par rapport à la préférence traditionnelle accordée chez BonneGueule au t-shirt. Je ne porte quasiment aucun t-shirt car il manque notamment ce col qui confère un aspect bien plus élégant au polo, tout en permettant de ne pas étouffer durant l’été grâce à cette légère ouverture sur la poitrine. Un peu comme si on déboutonnait deux boutons d’une chemise pendant les chaudes nuits d’été.
Dans le cadre de cet article, je ne conseillerais pas de porter un polo tel que vous pouvez en trouver chez Gant ou Lacoste. En revanche, j’avais découvert une véritable petite pépite chez Editions M.R… Un polo fait d’une matière spéciale : en éponge, qui est certainement un must de cet été.
Le combo polo/chino/sneakers en lin/montre portée sur un bracelet en tissu sont pour moi une valeur sûre de l’été. Au niveau du confort, il n’y a rien à redire, c’est l’idéal. On est très loin du look de touriste en short trop large/chemisette ou un mauvais t-shirt/chaussettes + sandales/montre en plastique.
Le mercenaire en repérage
Souvent, quand on aime une pièce pour son confort et son look, un réflexe masculin courant est de l’acheter en plusieurs exemplaires. Et pourtant, il est à mon sens plus intéressant de varier les matières et les teintes dans les habits : passer du khaki au jaune sable en passant par le camel ou le tabac et sans oublier l’écru vous permet de conserver un certain look tout en ayant la possibilité de le twister à l’infini.
La chemise BonneGueule écrue en coton japonais a été un véritable coup de cœur à cet égard. Si l’esprit workwear était à la base de cette pièce, je n’hésite pas à l’adapter à un look résolument plus baroudeur.
Un autre réflexe courant est de prendre des vêtements trop larges pour se donner une illusion de plus grand confort. Mais le confort, primordial pour un voyageur, provient davantage de vêtements adaptés à votre morphologie.
La logique est la même avec les montres : porter une montre en plastique peut potentiellement ruiner un look alors qu’il existe d’autres solutions. Opter pour un bracelet en tissu hypoallergénique avec une montre qui donne l’heure est un préalable certes, mais cela doit aussi résulter d’un choix tant côté fonctionnalités que style. Cela me semble être essentiel pour parfaire un look.
La fin d’un voyage et le début d’un autre
Un authentique explorateur, Mike Horn, a dit que « Voyager ne se limite pas à l'ascension de sommets ou à l'exploration, c'est avant tout une histoire de partage ». Ce que je souhaite partager avec vous c’est que les montres ne servent pas qu’à donner l’heure.
Certaines ont des fonctionnalités utiles et d’autres encore ont des histoires à raconter et encore d’autres vous permettront de raconter un jour vos propres aventures.
La montre n’est pas le seul bijou de l’homme car elle n’est pas un bijou. C’est un bel objet fonctionnel qui porte une histoire et cette histoire c’est celle du modèle, celle de la personne qui vous l’a transmise, celle à qui vous souhaitez la transmettre et… c’est d’abord votre propre histoire.
Tudor Black Bay GMT – Caractéristiques techniques
- 41 mm de diamètre
- Boitier en acier poli et satiné
- Lunette tournante bidirectionnelle
- Couronne vissée
- Verre saphir bombé
- Fonction GMT
- Mouvement mécanique Tudor à remontage automatique MT5652
- 70 heures de réserve de marche
- Etanchéité 200 mètres
- Prix : 3.350 euros avec le bracelet tissu ou le bracelet cuir, 3.650 euros avec le bracelet acier
Bonus : votre montre GMT peut vous sauver
Une boussole qui ne perd pas le nord
Et si d’aventure vous vous perdiez sur le chemin, sachez qu’une montre GMT peut vous être plus utile que vous ne l’imaginiez car elle peut servir de boussole.
Nos journées étant sur 24h (et non sur 12h comme affichées sur les montres trois aiguilles traditionnelles), l’aiguille GMT évolue comme la course du soleil qui lui aussi évolue sur 24h. Pour vous permettre de trouver le nord :
- Poser la montre sur une surface plane
- Positionner la montre en faisant pointer l’aiguille GMT en direction du soleil
- Regarder sur la lunette bidirectionnelle qui affiche l’horaire sur 24h : en regardant l’indication affichant 12h sur la lunette, c’est le sud, en regardant l’indication affichant 24h (symbolisé sur la Tudor par un triangle inversé), c’est le nord
La preuve en image :
La méthode est valable pour l’hémisphère nord, en hémisphère sud, il faut tout simplement inverser.
Grâce à votre montre, vous pouvez vous orienter, retrouver l’hélicoptère, rejoindre votre camp de base et ne pas rater les dernières vidéos de la Chaîne BonneGueule ☺
Et pour ceux qui ont besoin d’un tuto, je vous conseille de suivre cette vidéo d’un aimable youtubeur : https://www.youtube.com/watch?v=7PGUq9GbBgY
Questions/réponses et mode opératoire pour régler une montre GMT
C’est quoi cette aiguille supplémentaire ?
Il s’agit de l’aiguille GMT, elle est normalement réglée sur le méridien de Greenwich, la référence universelle du temps international.
Mais l’heure de Greenwich, ça ne m’intéresse pas !
Il s’agit de la référence mondiale, plus exactement celle de l’observatoire de Greenwich, qui a été adoptée historiquement : c’est le GMT 0. Les différents fuseaux horaires sont référencés à partir de celui-ci. Le fuseau horaire qui inclut Paris c’est GMT+1 (s’il est 9h du matin, heure GMT, il est 10h à Paris), celui du Japon, que vous aimez tant pour faire venir votre coton pour vos chemises, c’est GMT+9.
A quoi sert la lunette tournante sur la montre ?
Il s’agit d’une lunette dotée d’une échelle de 24h. Ainsi, nul besoin de régler les aiguilles de votre montre dans chaque pays dans lequel vous voyagez. En tournant la lunette, vous la réglez sur le fuseau horaire approprié.
Je ne comprends rien !
En arrivant au Japon pour chercher votre coton japonais, il suffira de tourner ta lunette sur GMT+9, c’est-à-dire que vous tournerez dans le sens inverse des aiguilles d’une montre la lunette, 18 crans à gauche et vous serez sur l’heure du Japon. Si vous partez à Los Angeles, c’est GMT-8 : vous tournerez cette fois à droite la lunette de 16 crans et vous serez sur l’heure de Los Angeles.
Pourquoi 18 ou 16 crans et pas 9 et 8 ?
Parce que les crans représentent une demi-heure et non une heure : il existe quelques pays qui sont à GMT+3½ comme l’Iran ou à GMT+5½ comme l’Inde.
Pourquoi l’insert de lunette est bicolore ?
La moitié rouge correspond aux heures du jour, la moitié bleue correspond aux heures de la nuit. Comme vous n’aurez pas nécessairement envie de téléphoner à votre patron à 4h du matin au lieu de 4h de l’après-midi, un simple coup d’œil à la lunette vous évitera quelques petits soucis…
Pourquoi la lunette est bidirectionnelle alors que sur les plongeuses la lunette est unidirectionnelle ?
La lunette est unidirectionnelle sur une plongeuse pour éviter aux plongeurs de changer par inadvertance leur référence qui marque le début de leur plongée.
Pour les GMT, il s’agit de facilité : c’est plus simple pour pouvoir régler la lunette sur GMT+X ou GMT-X.
Comment je fais pour régler ma GMT par rapport à une montre traditionnelle ?
Voici le mode opératoire que je préconise :
- Dévisser la couronne. Si la montre est arrêtée, je conseillerais alors de faire quelques tours de couronne dans le sens inverse afin de « recharger » la montre avant de procéder au réglage même.
- Tirer la couronne au maximum. Sans forcer non plus : il s’agit de mettre la couronne en position 2 pour être précis.
- Régler l’aiguille GMT d’abord sur l’heure UTC, il suffit de tourner la couronne pour régler l’aiguille GMT sur le temps universel en s’appuyant sur l’échelle de 24h de la lunette. Ce faisant, tu remarqueras que toutes les aiguilles bougent en même temps, c’est normal, l’important est que l’aiguille GMT soit réglée à l’heure universelle et l’aiguille des minutes soit bien réglée par rapport cette fois-ci à l’échelle normale de 12h du cadran
- Positionner la couronne sur la position de niveau 1 (la couronne n’est plus tirée au maximum comme en position 2, on pousse légèrement la couronne vers le boitier)
- Régler l’aiguille des heures : vous verrez que l’aiguille des heures normales « sautera » heure par heure (Jump Hour Function), tout est normal, il s’agit de régler l’aiguille des heures sans changer le réglage de l’étape précédente. On remarquera que, ce faisant, on règle la date par ce biais
- Une fois que tout est réglé, il suffit de revisser la couronne pour assurer l’étanchéité de la montre
Maintenant, quand en voyage, il suffit de tourner la lunette pour la régler sur le fuseau horaire approprié sans avoir à changer l’heure de la montre : l’aiguille GMT donnera l’heure du pays dans lequel vous voyagez et vous conserverez l’heure de votre domicile avec les autres aiguilles.
Et comme une vidéo est plus explicite, je conseille de regarder celle-ci qui explique (en anglais) comment régler ta GMT :
https://www.youtube.com/watch?v=BGlyg7RIsQc
Maintenant, bon voyage !