Ou comment BonneGueule a été choisi pour travailler sur l'étiquette des vêtements de demain. Explications.
En 2025, les étiquettes vous diront la vérité
Vous pourrez y lire l'empreinte environnementale du vêtement. Elle sera exprimée grâce à une note allant de A à D. Un peu comme le nutriscore sur les paquets de chips.
Cette notation vous donnera le pouvoir de choisir l'achat raisonnable versus celui qui ne l'est pas. Elle permettra à ceux qui n’étaient pas sensibilisés aux questions environnementales de le devenir. Ou du moins, de ne plus ignorer la part de responsabilité qui se tient cachée dans chaque achat.
Elle incitera aussi les marques à faire mieux.
Elle sera surtout obligatoire dans toute l’Europe et ce sera le seul système reconnu dès fin 2025.
Pour en faire une réalité, on participe au projet “Product Environmental Footprint Category Rule” (PEFCR) qui prépare le terrain en définissant les bons critères de notation pour les vêtements, en trouvant une méthode facilement applicable pour collecter les données et définissant une méthode fiable de calcul qui permettra de définir les notes en question.
Spoiler alert : c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
La CELC (Confédération Européenne du Lin et du Chanvre) nous a proposé d’y participer pour que le panel des marques soit varié. On a décidé de le faire car pour nous, c’est important de participer à cette avancée et de donner une voix aux petites et moyennes marques.
On change la mode, une surchemise 100% européenne à la fois
Cette surchemise Salema en 100% lin, c'était donc notre projet. Il fallait donc que l'on puisse collecter absolument toutes les données relatives à l'empreinte carbone de cette surchemise tout en la créant.
Et en passant de la théorie à la pratique, on s’est rendu compte à quel point on allait s'arracher les cheveux. Car estimer l’empreinte environnementale exacte d’un vêtement, c’est ambitieux. Très ambitieux.
Qu'on se comprenne bien : nous sommes toujours transparents sur la provenance des matières qu'on utilise, le lieu de fabrication des tissus, des vêtements et les méthodes de fabrication qui gravitent autour. Vous le savez. Ou si vous ne le savez pas, un tour sur l'une de nos pages de vente vous en convaincra.
Mais là, il s'agit par exemple de définir exactement la consommation d’eau qu’engrange cette surchemise. Au litre près. Et pour ça, il faut savoir combien d'eau consomme le fil des coutures pour le fabriquer. Et, est-ce que ça compte la consommation d'électricité de la boutique dans laquelle elle vous attend ?
Oui, ça compte.
Un exemple parmi tant d’autres : les boutons. Ils sont en corne et fabriqués en Allemagne par Schaffer, une entreprise qui n’a pas l’habitude qu’on lui demande combien d’eau a été utilisée pour chaque bouton, combien de matière ça demande, quelle quantité est perdue dans le processus, combien d’électricité consomment ses machines…
Ainsi, pour mener à bien ce projet, on sait qu'il va falloir se lever tôt, très tôt.
"Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait"
Afin de pouvoir recueillir un maximum de données fiables, nous nous sommes tournés vers les labels Masters of Linen et Europen Flax qui contrôlent la qualité et traçabilité du lin. Nous avons ensuite envoyé ces données à un bureau d'études (le PRE) afin de croiser ces données, analyser la méthode de collecte et voir comment en faire une information facilement compréhensible pour vous.
Ok. On vous épargne les détails de cette collecte colossale de données sur la fabrication de cette surchemise. Emilie a dû en faire des cauchemars. Mais si on continue, on se rend compte que le travail est loin d'être fini. Une simple question.
Si vous portez un vêtement 6 mois jusqu'à usure ou 6 ans, c'est pas le même impact sur la planète, non ? Votre achat n’aura pas du tout la même empreinte environnementale… Eh bien, cela, on a dû le mesurer.
On a donc estimé la durabilité de notre surchemise en laboratoire, envoyer 7 prototypes pour les tests et payer plus de 2000€. Ce qui n’est pas anodin pour une entreprise de notre taille.
Instant fierté : on a eu un score de 4/5 pour la tenue de la couleur dans le temps, un excellent score pour du garment dyed !
Forcément, on utilise plus de ressources et beaucoup d’argent dans ces moments. Mais il faut aussi le voir comme de la recherche et du développement. Si on ne le fait pas, on ne fera jamais avancer les choses.
Après avoir confectionné cette surchemise, il faut aussi l'apporter jusqu’à vous. Et donc partir à la recherche de données exactes sur les moyens de transport utilisés, la taille des entrepôts, le type de chauffage…
Pour vous donner une idée du niveau de détail qu’il faut, on considère même la manière dont le vêtement vous est présenté à la livraison : plié ou sur un cintre ? Car dans le second cas, il prendra plus de place dans les colis et donc dans les transports, chez notre logisticien… et il consommera donc plus de ressources que s’il était plié. Dans la même logique, on a aussi dû plancher sur les stocks qu’il nous restait habituellement en fin de saison.
Nous, quand on fait semblant de garder notre calme devant la liste d'infos à trouver.
Et après tout ça, quand le client, vous, va la porter, combien de fois va-t-il la laver ? En moyenne bien sûr, mais quand même. Peut-on vraiment estimer cela ? Ainsi sont définis des codes d'entretien et des tables de normalisation et ensuite les bureaux d'étude vont se mettre en quête de données pour estimer tout cela.
En tout cas, nous nous sommes dit qu'avec un notre 100% lin thermorégulant qui évite les odeurs, on serait pas mal aussi à ce niveau.
Et si vous buvez de l'eau en la portant, faut-il le mettre sur l'addition ?
Les dés sont pipés
Imaginez que les marques doivent faire tout ça, pour chaque vêtement. Que ce soit un manteau, un caleçon ou une paire de chaussures.
C’est un travail énorme, qui demande un temps incompressible. Ainsi, il faudra recruter pour répondre à ce sujet, ce qui demande un budget non négligeable que beaucoup de petites marques n’ont pas actuellement.
Et forcément, ça va créer des inégalités. Car les grands groupes de la fast fashion pourront y consacrer tout un département. Sans compter le pouvoir d’influence qu’ils peuvent avoir dans ce projet.
C’est aussi pour ça qu’on tenait à y participer. Pour faire remonter les difficultés qui nous semblent importantes, faire comprendre à des institutions qui ne connaissent pas parfaitement le secteur toutes les subtilités que ce système demande.
Je pense par exemple au modèle des marques qui doit être pris en compte : un t-shirt en coton bio certifié GOTS vendu par une grande enseigne qui surproduit des tonnes à l’année ou une petite marque à taille humaine, ça n’a pas le même impact.
Et comme vous, on se pose plein de questions.
Est-ce que ça rendra les vêtements plus chers ? On pense que non.
Est-ce que ça va donner lieu à des vêtements moins créatifs ? On fera tout pour que ce ne soit pas notre cas.
Est-ce finalement une bonne chose de faire tout ça ?
Oui. Absolument car il faut pousser la mode dans le bon sens.
Comme pour le nutriscore, il y aura probablement des dérives, des inégalités entre les marques, des nuances à garder en tête. On fera de notre mieux pour vous informer dessus, pour que vous puissiez vous faire votre propre avis, avec le recul nécessaire.
Mais ça reste un grand pas en avant, qui attirera votre attention comme la nôtre sur la portée écologique de nos vêtements et nous aidera tous à faire de notre mieux.
Mais la vraie question, c’est…
Va-t-on y arriver ?
À ce jour, on continue à transmettre toutes les infos qu’on peut autour de cette surchemise pour faire avancer l’étude à notre échelle. Si tout va bien, le bureau d'étude pourra nous éclairer sur l’interprétation des données en novembre 2022.
Après cette expérience, on peut vous dire que ça va être compliqué. Compliqué, mais pas impossible. Car des cabinets se spécialiseront sans doute dans ce genre de collecte de données, les fabricants développeront de nouvelles habitudes et les marques s’adapteront, chacune à sa manière.
On pense aussi que les pouvoirs publics auront un rôle à y jouer, pour nous accompagner dans cette transition. D’ailleurs, l’Agence de la transition écologique (ADEME) fournit déjà des subventions pour certaines études de cas.
Mais pour nous, la plus grande aide, c’est la vôtre. Car si on a notre mot à dire dans ce projet, c’est aussi grâce à la portée que vous nous donnez. Si on peut y participer avec cette surchemise, c’est grâce à votre soutien sur cette pièce. Et si de cette manière, on peut encore aider à consommer mieux, petit à petit, surchemise après surchemise, vêtement après vêtement, c’est grâce à vous.
Alors merci de nous aider à changer la mode, c'est ensemble que nous y parviendrons !