Houndstooth. Dent de chien. C'est comme ça qu'on dit en anglais.
Sinon en français, c'est pied-de-poule. Rien à voir.
Ou quand il est plus petit pied-de-puce. Ou pied-de-coq s'il est plus gros.
Sinon, en anglais, on dira puppytooth. Dent de chiot.
C'est joli et ça se tient.
Je veux parler du motif qu'on voit beaucoup en ce moment, un motif ancien qui aurait vu le jour au début du XXème siècle. Un motif que j'aime particulièrement et c'est justement le lien qui unit mes trois pépites du jour.
Allez, je vous montre.
Un manteau Suitsupply
1. Pourquoi cette marque ?
Pour me confesser : je ne suis pas un fan inconditionnel de Suitsupply. Désolé David, je sais que c’est un choc pour toi mais je ne peux plus vivre dans le mensonge. C'est au-dessus de mes forces à présent.
Cette touche assumée de clinquant me gêne souvent. Je trouve les lookbooks bien trop "m’as-tu-vu" et c’est un problème. Il me semble que la discrétion doit être au service de l’élégance. Toujours.
Bon.
Cela dit, de temps à autre, je me laisse surprendre par la marque. Parce que, avec sa force de frappe colossale, Suitsupply s’adonne de temps à autre à produire quelques dingueries. Je pense notamment au short gurkha de cet été sur lequel je ne l'attendais pas du tout.
Suitsupply est une porte d’entrée accessible quand on commence à s'intéresser aux vêtements sartoriaux, avec une offre étoffée et des prix accessibles. Mais avec ce manteau, on voit que le soft tailoring est aussi bien représenté chez eux.
2. Pourquoi cette pièce ?
Je suis obnubilé par le motif pied-de-poule en ce moment. Je ne saurais dire pourquoi. C’est dans l’air du temps, faut dire. On trouve le motif chez de nombreux acteurs du milieu et y’a comme un hype qui plane autour de ce motif.
Franchement, je ne m’en plains pas : quand on donne à l’homme de quoi s’amuser un peu concernant ses vêtements, je suis pour. Par principe. Sauf quand ça défie les lois du bon sens. Mais je suis toujours du côté de la créativité. La fashion police ne devrait pas exister.
Là, il s’agit d’un pied-de-poule gris et blanc cassé et je trouve que ça a beaucoup de charme. J’aurais préféré que ce tissu soit utilisé pour faire un Balmacaan Coat, mais cette forme de trench n’est pas mal non plus.
Exemple d'un Balmacaan Coat de chez Berg&Berg juste ici :
Le tissu vient de chez Ferla, tisseur que l’on connaît bien chez BonneGueule. Et on sait que leurs tissus sont subtils et pleins de cette irrégularité qu’on aime tant, pleins de cette imprécision qui rend le tout plus authentique. Ici, de plus, la composition est alléchante : 62% de laine, 28% d'alpaga et 10% de polyamide.
La manière dont la pièce est portée par le mannequin est typiquement le genre de tenue que je voudrais faire. Quelque chose de "Cucinelliesque". Jouer sur les gris, les blancs, les marron.
J’ai simplement un peu peur de la longueur totale, que j’aurais voulue plus importante mais, sait-on jamais, peut-être sont-ce les jambes infinies du mannequin qui donne une impression de court.
Mais j’en doute.
Un costume Oliver Spencer
1. Pourquoi cette marque ?
Oliver Spencer m'a toujours tapé dans l'œil depuis que je me souvienne. Et, pour autant, j'ai peu de pièces de la marque dont les beaucoup sont au-dessus de mon budget.
En fait, je n'en ai qu'une : un gilet bleu marine moucheté blanc que je porte ici :
Mais je voudrais en avoir tant d'autres !
Car la marque est bien dans son époque et j'apprécie particulièrement sa vision du costume. Ou plutôt, une nouvelle vision du costume, porté généralement sans cravate, fait dans des matières souples, plutôt à motif discret, dans des coupes confortables avec des détails empruntés à l'univers héritage.
Mais pas seulement les costumes : j'aime les chemises décontractées à col officier ou club, les pantalons carottes, les manteaux fluides qu'on porte facilement.
Tout donne l'impression d'être confortable et je trouve que c'est un vestiaire idéal pour un homme de nos jours. Un vestiaire qui s'appuie sur la tradition sartoriale mais simplifie le propos stylistique, le rend accessible, le décontracte.
Je crois que c'est un positionnement intelligent dans un contexte où le costume est en perte de vitesse, tant les milieux professionnels et sociaux nécessitent de moins en moins le port de celui-ci et qu'il est relayé, pour le mieux selon moi, à un port de pur plaisir.
Je place Oliver Spencer dans le même environnement que Officine Générale par exemple, ou même Ami Paris.
2. Pourquoi ce costume ?
Au-delà de ma période pied-de-poule, je médite aussi, et de plus en plus, à me fournir en costumes pour le quotidien.
Mais pas des costumes comme on pense spontanément, ceux qu'on porte avec une cravate et une chemise. Non, plutôt des costumes décontractés, des ensembles quoi, mais très peu formels, comme :
- Un costume corduroy camel, bordeaux ou vert, comme on trouve chez Drake's par exemple.
- Un costume trois-pièces en tweed ou flanelle à chevrons
- Une veste de travail en moleskine et son pantalon assorti (chez Lane Forty Five par exemple).
Bref des costumes casual à porter pour les matins où on a la créativité qui flanche. C'est facile, le haut et le bas vont ensemble, tout le temps et quoi qu'il arrive. L'hiver avec un col roulé et des boots. L'été avec des sneakers en toile et un t-shirt.
Et roulez jeunesse.
La marque m'a prêté la veste.
Elle est un peu courte à mon goût et je la porterais plutôt avec un pantalon à taille haute. En boutique, j'aurais demandé à passer la taille supérieure. Peut-être que c'est celle qu'il me faut d'ailleurs.
Pour le reste, j'apprécie le cintrage gentillet, la finition des manches comme une veste de travail, le fait que ce soit une fausse trois-boutons.
Egalement, de près, elle est vraiment belle.
Le pantalon, lui, n'était pas disponible en revanche et c'est bien dommage car j'aurais voulu essayer cette coupe tapered ample, avec cette poche sur la jambe gauche uniquement qui donne une asymétrie plaisante.
Tout à fait le genre de coupe qui me plaît, avec une ouverture de jambe suffisante pour s'amuser avec les chaussures. Et bien sûr, le côté ludique de ce pantalon est en grande partie assuré par le motif.
Ce qu'il y a de bien avec ce costume, c'est qu'on peut le dépareiller. C'est même la manière la plus facile de le porter.
Pour ne rien gâcher, tout est très bien fait avec un intérieur de veste non doublé et gansé, une fabrication au Portugal et un produit composé à 50% d'une laine écologique.
Oui, on pourrait dire que je séduis.
Une paire de boots Yuketen (sold out sauf un 7US)
Oui pardon, je sais ! C'est un peu salaud de vous mettre sous le nez ces belles boots et vous dire qu'il n'y en a plus.
C'est une pépite que j'ai trouvée trop tard. Comme il y en a tant. Et je n'aurai de cesse d'harceler ceux qui les possèdent pour les pousser à me les vendre pour une poignée de dollars. Que Dieu m'en soit témoin !
Du coup, je ne vais pas m'appesantir dessus mais c'est fait aux Etats-Unis, avec du cuir de chez Horween et une semelle Vibram.
La languette jaune me subjugue. Ce motif houndstooth me bouleverse. Cette forme de boots/mocassins m'époustoufle.
Je suis sous le charme.
Dommage que je ne fasse pas du 7 US.
Vous peut-être ?