Mon initiation au techwear – Parlons Vêtements #41

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Le techwear, c'est quoi ?

Le techwear, pour moi c’est un style qui se définit comme un ensemble de vêtements, de chaussures et d’accessoires avec des matériaux performants : stretch, imperméable, respirant, etc et avec une esthétique très particulière, largement influencée par du futurisme. Pour vous faire une idée, voici ma vidéo Gimmick, dans laquelle je décrypte des looks techwear. 

Aux origines du techwear 

Pour moi, ça vient du regretté Massimo Osti, décédé en 2005 

C'était un ingénieur textile italien passionné par l’innovation et les expérimentations 

On pourrait faire un Parlons Vêtements entier sur la vie de cet homme et son influence immense. 

Il a beaucoup travaillé à créer de nouveaux procédés de teinture, de nouvelles matières, bref, c’est un vrai explorateur du textile. Et a poussé très loin cette idée de fonctionnalités à du vêtement “civil”, qui ne soit pas du vêtement militaire, outdoor ou du vêtement de travail  

C'est lui qui a créé en 1982 la marque Stone Island,  marque décontractée, avec de grosses influences sportswear qui met l’accent sur la fonctionnalité des vêtements et l’expérimentation.

Puis ensuite, Acronym est arrivé en 2003, avec son esthétique si particulière, un mélange de militaire, de cyberpunk et de futurisme, en poussant la fonctionnalité encore plus loin, en allant du côté de la performance que l’expérimentation. 

Ce qui est fou, c’est de voir que sa vision était déjà très claire il y a 11 ans, et qu’il ne l’a fait qu’affiner encore et encore.

Homme en veste noire en Gore-Tex.

La J1A-GT, une pièce fondatrice dans l'histoire du techwear.

L’idée fondatrice du techwear 

Ce qui drive le techwear, c’est cette idée de performance. Certes, c’est fonctionnel, mais ça doit être au service d’une performance : un vêtement toujours plus pratique, plus confortable, plus fonctionnel.

Et tout ça drive le design du vêtement. Et non l’inverse. Certaines marques d’entrée de gamme un peu cheap chargent volontairement le design, en mettant des straps partout, mais ça trahit un peu l’essence originelle du techwear où le design suit la fonction.

Pourquoi il y a techwear et techwear 

Pour moi il y a deux courants bien distincts dans le techwear…

1. Le techwear urbain

Il correspond basiquement à un vestiaire urbain classique, avec des chemises, des chinos, des tee-shirts, mais avec des matières stretch, respirantes, qui sèchent vite.

C'est un style un peu intéressant, mais ça reste assez basique et très passe-partout et parfois peut-être même un peu trop.

Une petite pièce par-ci par-là c’est cool et pratique, mais en full tenue, cela risque de manquer un peu d’aspérités.

Les marques connues dans ce style : Outlier, Mission Workshop, Western Rise et Seagale, Wolbe en France, ou Veilance, si vous voulez le plus cher.

2. Le techwear futuriste

C'est le techwear tel qu’on l’imagine, dont Acronym est le fer de lance. C'est cette esthétique futuriste avec des poches partout, des silhouettes particulières que j’ai détaillées dans mon Gimmick. 

Il faut distinguer le techwear des marques outdoor. Elles sont effectivement techniques, mais elles sont quand même créées dans le but de faire vraiment de la randonnée, d’être en montagne.

Et ça se voit dans le design, avec des couleurs souvent flashys. Et le but du techwear n'est pas de ressembler à un randonneur, même si Patagonia est une marque en vogue dans des contextes urbains.

La montée en puissance du techwear 

Le techwear a énormément bénéficié de la montée en puissance de "l’athleisure", qu’on appelle aussi "activewear", ce style vestimentaire qui se porte au quotidien pour retrouver le confort d’un vêtement de sport, dont Lululemon et Outdoor Voices en sont les fers de lance. Lululemon l’a bien compris avec le lancement de Lululemon Lab, sa ligne aux designs plus affirmés. 

Donc forcément, quand les codes de l’habillement pro s’érodent un peu et que le confort commence à devenir la valeur cardinale pour choisir un vêtement… cela laisse un boulevard immense au techwear

Et en plus ça évacue la transpiration, c’est plus stretch que du coton, ça froisse moins, etc, il y a de vrais avantages à porter du techwear. 

Et surtout les fibres synthétiques coûtent moins cher que de la laine ou du coton par exemple.

Un mot sur Uniqlo, même si vous savez que je suis assez mitigé sur certains aspects de cette marque. On ne peut nier qu’elle y a aussi participé, en mettant énormément l’accent sur la fonctionnalité de ses produits, chose plutôt rare pour une marque si grand public, pour ce qui est l'apanage de l'outdoor. 

Comment j'ai découvert le techwear

Alors moi le techwear, comme beaucoup de fans, je l’ai découvert en tombant sur une vidéo de présentation des produits Acronym, appelées Acronymjutsu. 

J’ai été ébloui par ce côté très geek de ces vêtements, j’avais l’impression qu'il s'agissait des vêtements d’un film de science-fiction et d'action.

Puis j’ai acheté un cargo chez Maharishi en 2013, ma veste J1A-GT Acronym en 2014, j'avais attrapé le virus ! 

Alors paradoxalement, je ne m’habille pas tant en techwear que ça, la plupart du temps, j’ai un style à la BonneGueule, avec des chemises en chambray, des sweats ou des blazers.

Mais de temps en temps j’aime bien ce petit plaisir d’avoir une tenue prête pour l’apocalypse.

Les conseils de base

1. Le techwear et les autres 

Première chose, le techwear ce n’est clairement pas pour tout le monde. 

Si vous voulez un style pour être accepté par les autres, vu comme une personne séduisante et consensuelle, ce n'est clairement pas du techwear qu’il te faut. C'est un style très clivant et d'un point de vue social, il peut déclencher des réactions particulières.

Donc si ça vous angoisse un peu que les gens pensent que vous avez un style bizarre, il faut aller sur des choses plus sécurisées. 

Parce que c'est style qu'il faut quand même assumer :

2. C'est quoi une matière techwear ?

On m’a déjà demandé quelles matières étaient techwear, et quelles autres ne l’étaient pas. Ce n'est pas tout à fait comme ça qu’il faut aborder le sujet. C'est comme si je disais que le coton est plus une matière casual chic que workwear.

Et en ce qui concerne les tissus techniques, vu qu’à la base ils viennent tous de l’outdoor ou du militaire, il n’y a pas vraiment de tissus spécifiques au techwear. Ce qu’il faut regarder, c’est plutôt du côté des marques techwear. 

Les pièces incontournables du techwear  

1. La veste étanche

Il faut la veste étanche, a minima résistante à la pluie. C'est la pièce emblématique du techwear, là où tout a commencé. L'outerwear, c’est vraiment là où le techwear peut pleinement s’exprimer.

Évidemment, la pièce légendaire, c’est la J1A-GT de Acronym, qui va tranquillement sur ses 20 ans d’existence.

Outre Acronym, Poutnik by Tilak, Enfin Leve et Veilance sont des références.

Si vous avez le courage de vous plonger dans ebay et dans grailedregardez la Nike ACG Alpine, cette veste elle est juste incroyable en termes de fonctionnalités, elle aurait pu sans souci se trouver dans une collection Acronym. D’ailleurs, c’est Errolson qui l’a dessinée.

Nike ACG continue à faire des choses en Gore-Tex, mais c’est plus typé outdoor, et moins urbain, j’aime moins. 

Maintenant je regarde plus leur gamme ISPA, qui a un côté expérimental assez fun.

Mon avis c’est que vous ne devez pas forcément vous précipiter sur du Gore-Tex. Des matières type Ventile comme le Stotz Etaproof, c’est vraiment bien aussi. C’est moins imperméable, mais c’est vraiment beaucoup plus respirant.

C'est pour cette raison que je me suis mis à autant aimer le ventile et que j’ai voulu en faire en blouson avec notre Jirobi. 

Moi avant je ne jurais absolument que par une membrane étanche, mais avec l’expérience, je vous assure qu’un 100% coton Etaproof, c’est ce que je préfère porter au quotidien.

Et en dessous votre veste contre la pluie, que porter ? 

2. Le mid layer

Et oui il faut une pièce d’isolation quand il fait froid. Moi j’adore la Metamorphosis de chez Nike ACG, sortie en même temps que la Alpine d’ailleurs, on peut encore la trouver d’occasion. 

J’aime beaucoup la Atom LT et la Atom AR de chez Arcteryx aussi .

Mission Workshop a aussi de chouettes vestes isolantes, mais ça coûte un peu cher. Ou encore Veilance avec la Mionn Is. Ça c’est avec de l’isolant synthétique.

Il y a aussi l’option “polaire”, comme  la Dinitz toujours chez Veilance. Dans sa version extrême, c’est ce que fait Vollebak avec leur Ice Age Fleece, qui est une polaire Polartec sous stéroïdes.

Moi j’adore également le Power Stretch de Polartec, c’est une matière que j’ai découverte lors de la conception de notre bomber travel tech il y a bien bien longtemps, et pour moi c’est la matière de polaire ultime en termes de chaleur et de durabilité. 

Houdini Sportswear et Arcteryx l’utilisent dans des designs relativement sobres, mais là on flirte dangereusement avec le look randonneur. Cela dit, c’est une pièce qui a beaucoup d’usage et qui ouvre beaucoup de possibilités en termes de layering. Elle est même utilisée comme base layer à porter à même la peau par certaines marques tellement elle est confortable.

3. Les base layers

Et à même la peau, que porter ? C’est compliqué dans le techwear ! Les vêtements à porter à l’intérieur sont limités.

Chez Veilance, il y trois tee-shirts qui se battent en duel, avec éventuellement une chemise. Chez Acronym et Enfin Levé aussi, mais les prix s’envolent totalement, même si le Dryskin de la chemise Enfin levé est fantastique au porter.

Alors souvent, les fans de techwear portent des tees techniques, et des sweats par-dessus ou des surchemises. C’est tout ! 

Mais c’est pour ça que l’immense majorité des photos de tenues techwear du côté d’insta sont postées avec de l’outerwear 

4. Le pantalon 

Alors le pantalon, plus j’y pense et plus pour moi c’est une pièce au moins aussi intéressante que l’outerwear dans une tenue techwear, si ce n’est plus. 

Alors que dans un style classique, le pantalon, il est souvent minimisé, dans le techwear, c’est une pièce qui influe considérablement sur le confort global d’une tenue, vu que souvent ce sont des matières très stretch et respirantes. 

Et visuellement, c’est pour moi la pièce qui influe le plus sur une silhouette techwear. Au niveau des coupes, vous avez des choses uniques et qui bousculent les codes, comme le fameux  cargo ample à la cuisse et très resserré à la cheville. Et à ce petit jeu, Acronym a fait très fort, en imposant des coupes vraiment uniques. 

Il y a certes le P10, ce pantalon mythique qui m’a une grosse claque quand je l’ai vu il y a quelques années. Et il y a eu le P30, ce très curieux pantalon sarouel, ultra confortable, très clivant chez les non techwear, mais qui a eu beaucoup de succès dans le techwear.

Il est censé permettre une très grande ampleur de mouvement et se ferme avec un système de double ceinture et il a des poches absolument partout.

Ce pantalon a si bien marché qu’il a été décliné plusieurs variantes en modifiant la coupe, comme le P31le P35 ou le P37  

Alors je vous rassure, pas besoin de mettre 800€ dans un pantalon pour avoir un style techwear.

Toujours dans le haut de gamme, Veilance et Vollebak qui ont de sacrés pantalons, mais ça reste cher.

Enfin Levé propose des choses très cool en Schoeller et Etaproof, les mêmes matières utilisées sur les Acronym, mais on reste sur des tarifs autour des 400€ sur une pièce.

Pantalon noir cargo

Le Ameztu de Enfin Leve, bien parti pour devenir une pièce emblématique.

Et en plus abordable j’aime beaucoup : 

  • Maharishi, notamment leur custom pant que j’ai beaucoup porté 
  • Lululelemon Lab qui est pour moi la meilleure option pour avoir un design techwear sans se ruiner 

Maintenant qu’on a quasiment toute la tenue, il manque une dernière chose : les chaussures ! 

5. Les chaussures

Alors en techwear, c’est vraiment le plus facile, tant l’offre est foisonnante et variée. Par contre, vu que ce sont de très grandes marques mondiales, la fabrication est très souvent asiatique. 

Le plus haut de gamme, ce sont les Salomon en collab avec le créateur Boris Bidjan Saberi, mais je trouve que c’est un peu cher. Et sinon, les fans de techwear vont chez Nike, soit pour les collabs avec Acronym, ou dans les gammes ACG ou ISPA, là il y a vraiment l’embarras du choix.

J'aime bien aussi les chaussures portées sur les shootings de Veilance, à savoir les Konseal

La gamme Terrex d’Adidas propose aussi quelques modèles sympathiques pour barouder.

Du côté des couleurs, étant donné qu’Errolson aime bien le fluo aux pieds, il a imposé ça au techwear où maintenant c’est très courant de voir des tenues techwear noires avec une touche fluo aux pieds.

Ce que j’aime dans le techwear

Pour moi tout l’intérêt du techwear, c’est cet espace de sentiment de liberté totale contre la météo, les contraintes de liberté mouvements. Quel plaisir de pouvoir monter les escaliers en courant sans craindre de craquer l’entrejambe ou de sortir faire ses courses en toute tranquillité sous une pluie battante.

C’est quand même un style qui facilite le quotidien, vous êtes tout le temps confort, avec des poches partout.

Je trouve que Nike avait bien illustré cette idée de ninja urbain dans leur campagne vidéo de chez ACG.

En termes visuels, c’est assez plaisant d’avoir un style qui de vraies aspérités.

Pour le voyage, c’est top d’avoir des vêtements bien confortables, avec des poches partout pour le passeport et les écouteurs, un pantalon dans lequel il est possible de passer dix heures sans se sentir serré au niveau de la taille, et un haut dans qui gère la clim.

Et justement, à propos de voyage pour moi le techwear, c’est un style qui m’évoque très fortement l’aventure, l’exploration. 

C'est pas pour rien si Vollebak se définit comme une marque du futur de “l’adventure gear”. Ce n’est pas pour rien si Acronym a fait une collaboration avec le jeu vidéo Death Stranding, qui est la plus grande ode au techwear que j’ai jamais vue.

Et c’est pour ça que c'est kiffant, car je sais que quelque soit dans la situation dans laquelle je vais me trouver, je ne vais pas être limité par mes vêtements. C'est une partie de la magie du techwear.

Homme sous la pluie.

Image issue d'une campagne Nike ACG.

Ce que je n'aime pas dans le techwear

Le vrai problème du techwear : il n’est vraiment pas un style environnemental friendly, quasiment composé que de tissus synthétiques. Et je n'ai jamais encore vraiment vu une marque techwear axer sa communication sur la protection de l’environnement. 

Au niveau des lieux de fabrication, le haut de gamme est fabriqué en Europe, mais dès que c’est de l’entrée de gamme comme chez Nike, tout vient Asie. Je sais qu'en Asie il y a des ateliers d'excellente qualité, mais alors que le scandale des Ouïghours secoue le monde du textile, comment avoir des garanties sur les conditions de travail ? 

Donc c’est quand même un plaisir un peu coupable de s’acheter du techwear, il faut le faire en son âme et conscience.

Benoît Wojtenka Benoît Wojtenka
Benoît Wojtenka, cofondateur

J'ai fondé BonneGueule.fr en 2007. Depuis, j'aide les hommes à construire leur style en leur prodiguant des conseils clairs et pratiques, mais aussi des réflexions plus avancées. J'aime aussi le techwear, les matières japonaises, le sport et le thé.

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