Pas de bla-bla, je vous montre ces belles pépites !
Un polo Camoshita
Pourquoi la marque ?
Je jette toujours un œil du côté du maître Yasuto Kamoshita, l'âme derrière cette marque presque éponyme et directeur créatif de United Arrows.
Et je vais même vous dire : si par mégarde, je frottais la mauvaise lampe dans le fin fond d'une friperie et qu'un génie sartorial en sortait, un génie fringant mais espiègle qui me commandait de choisir une marque et une seule, à porter pour l'éternité, je choisirais Camoshita. Tout de go.
Bon, en revanche, si le génie de la sape avait le pouvoir de me faire un rabais, je ne dirais pas non.
Yasuto Kamoshita est japonais et, comme beaucoup, influencé par l'americana et le style Ivy League des années 30, 40, 50, 60. C'est une affinité que je partage avec lui. Normal que je me sente donc attiré par les vêtements qu'il crée : sens du détail, matières japonaises, un brin de style Ivy et une touche personnelle de cool due à sa propre personne.
C'est avec lui que j'ai appris ce que voulait dire de porter un costume à la cool. Je ne sais pas faire comme lui, mais je vois le chemin pour y parvenir.
Il suffit de porter un costume et de s'en foutre. Ça et tout un tas d'autres détails de coupe et de construction de veste notamment.
Mais l'idée est là. Il a une attitude, un comportement de gentillesse et de conquête à la fois qui inspire.
Ses vêtements sont faits au Japon avec des matières luxueuses et il n'y a pas de compromis sur la qualité.
Ses pièces fétiches ? Le col roulé, le blazer croisé, le mocassin bien qu'il n'en fasse pas, la surchemise et l'outerwear en général. Surtout quand il est fluide avec des manches raglan. Je dirais que ses collections sont l'inverse de "difficile à porter". Facile à porter donc. Oui voilà merci.
Les couleurs quand elles sortent de l'ordinaire sont toujours portables et il faut simplement voir comment lui les porte pour avoir aussitôt envie de l'imiter.
Pourquoi cette pièce ?
Il y a des combats qui sont justes.
Et l'un des miens est de militer pour le retour du polo. Oh, c'est vrai qu'il n'est jamais vraiment parti. Ou plutôt il est parti en toupie.
Quand je dis "polo", je ne veux pas dire celui pétant que l'on prend pour aller au golf, ou l'autre encore dont on relève le col ou même celui qu'on floque d'un petit logo un peu ridicule quand on est une marque cool du marais.
Je milite pour le retour de deux polos :
- Le premier, c'est celui de rugby avec les grosses rayures horizontales.
- Le deuxième, c'est celui qui s'inscrit dans une esthétique à la Mad Men. Années 1950 donc. Celui qu'on verrait bien (et qu'on a vu d'ailleurs) sur les épaules de Don Draper, ou bien de Marcello Mastroianni, ou de Jude Law dans The Talented Mr Ripley.
Ici, je l'aime bien parce qu'il est en maille il me semble et que cela donne une nonchalance séduisante et enviable. Ça et le fait que le col est travaillé, ainsi que les épaules raglan, le bas des manches et du polo. Mais juste ce qu'il faut.
La matière du polo Camoshita est un coton terry, c'est-à-dire que c'est la même matière qu'une serviette de bain ou un peignoir. Je n'en ai jamais porté encore mais j'ai dans l'idée que c'est parfait pour l'été, n'ayant pas peur de suer un peu dedans.
Bon cela dit, à 210€ la bête, je ne suis pas 100% convaincu d'avoir envie de suer dedans. Peut-être si je le touche pendant les soldes.
Bien porter le polo, selon moi, c'est le porter comme si on portait une chemise très décontractée.
Un peu comme ça, si on veut le porter sportswear :
Ou alors, un peu plus chic, années 50, comme ici :
Un jogpants Aviatic
Pourquoi la marque ?
Cette marque, je ne la connaissais pas avant de la connaître. Et maintenant que je la connais, je me rends compte que je ne la connais pas.
La raison à cela, c'est que la marque a cessé de produire pendant une certaine période. Elle partage le même patron avec l'eshop Elevation Store, qu'on aime particulièrement car ils ont du nez pour sélectionner de belles pépites.
Aviatic semble de retour. Et c'est tant mieux, tant on sent un effort dans la confection de chaque pièce. C'est fait surtout en France et au Portugal pour certaines pièces, comme cette pépite.
Ça donne envie de faire un petit test de marque tout ça...
Mise à jour de la part d'Elevation Store
"Aviatic est une marque française qui existe depuis 1982 très exactement. C'était à l'époque l'une des marques françaises pionnières dans l'importation de tissus japonais et fabrication française. Aujourd'hui la fabrication est au Portugal ainsi que des séries très limitées en France.
Les matières sont également essentiellement japonaises mais on peut retrouver quelques tissus italiens ou belges, de temps en temps français également.
Le style style est assez large. Il peut y avoir des éléments workwear, sartoriaux, militaires mais aussi un peu de streetwear. Tout dépend comment chacun souhaite interpréter certaines pièces. Même s'il y a une dominance de workwear."
Pourquoi cette pièce ?
C'est la pépite qui m'a fait décrocher la mâchoire. Je vagabondais sur les grands boulevards de l'internet, quand au détour d'une ruelle un peu moins passante, je suis tombé sur ce jogpants.
Je ne suis pas un habitué du jogpants, mais je m'y mets, surtout s'il consiste simplement en une taille élastiquée, un cordon de serrage mais que le bas de la jambe, lui, n'a pas d'élastique pour serrer le mollet. Ça me va bien comme ça.
Surtout que, une fois retouché à la bonne longueur de jambes et un t-shirt par-dessus, on peut tout à fait le faire passer pour un chino. Enfin bref.
Le gros coup de cœur que j'ai eu pour cette pièce tient davantage de sa matière que de sa forme en définitive.
Ça me donne l'impression qu'un peintre a tracé ces lignes avec un pinceau fin, appuyant plus ou moins.
Je trouve les rayures subtiles et pas premier degré, avec cette irrégularité dans le trait. Tout comme je vais préférer sur un costume les rayures tennis aux rayures plus nettes et bien dessinées qui me semblent dépourvues d'intérêt. Là, il y a des choses à voir, des choses à dire.
Disons-les justement car il s'agit d'un tissu indigo japonais en wabash.
Le wa-quoi ? Wabash.
Commençons par le commencement : la Wabash est une rivière d'Amérique, traversant les États de l'Ohio, l'Illinois et l'Indiana. Au XVIIIe, de nombreuses tribus amérindiennes sont installées autour de cette rivière et forment un groupement politique qu'ils ont nommé La Confédération de la Wabash.
Et cet ensemble de tribus tissait des étoffes à motifs, des choses décoratives et créatives qu'elles vendaient aux travailleurs blancs.
Là-dessus, J.L. Stiefl & Son s'est emparé de ce tissu wabash pour le commercialiser sur des vêtements destinés au travail manuel, notamment les employés des chemins de fer.
C'est donc un tissu que l'on portait dans des tenues workwear uniquement.
Un fatigue pants Officine Générale
Pourquoi Officine Générale ?
OG, comme personne ne l'appelle, est une marque utile pour les tenues du quotidien. Car l'originalité des créations se trouve moins dans la nature des pièces que dans les matières subtilement différentes et les motifs raffinés.
À titre personnel, la marque me parle aussi grâce à ses coupes travaillées : j'y trouve l'ampleur modérée que j'aime dans les pantalons à la coupe carotte, les chemises qui ne moulent pas le corps. Je regrette simplement les revers trop étroits des vestes. Mais je comprends aussi que cela s'inscrit dans un style français qui s'exporte bien à l'international.
Chez OG, même le tissu le plus simple a des choses à dire. Officine, c'est un peu un nid à pépites comme Michel l'a d'ailleurs montré dans l'article qui précède le mien.
Pourquoi cette pièce ?
Déjà, je dois vous dire que cette pièce vient de la braderie récente que la marque a organisée. Oui, c'est souvent un privilège d'être à Paris. Même si, pour parler d'Officine Générale en particulier, la marque cède à des ventes privées régulièrement avec 30 ou 40% de réduction.
Bon, ici c'était plus. Bien plus en fait.
Et du coup moins. Bien moins en fait.
30€.
C'est indécent, je sais.
Pour tout vous dire aussi, je ne sais pas si ce pantalon a jamais été commercialisé ou si c'était un prototype abandonné. Toujours est-il que c'est une pièce qui a de la force. Pas forte vraiment, mais elle dégage quelque chose. Il faut vraiment s'approcher un peu pour qu'elle dégage tout son potentiel.
La forme choisie par la marque est le fatigue pants. Ce pantalon d'origine militaire, que les GI's portaient quand ils n'étaient pas au combat , faisait partie de l'uniforme officiel de 1952 à fin 1980, le OG-107, "OG" signifiant "olive green", "vert olive" donc.
Officine Générale a gardé la forme du fatigue pants, avec ses grand poches plaquées caractéristiques sur le devant, poches à rabat sur le fessier et cette couleur "olive green". En revanche, elle l'a mordernisé, avec une coupe plus ajustée que les pantalons originaux et cette finition de tissu en chevrons.
Laquelle finition ne vient d'ailleurs pas de nulle part puisqu'elle était présente sur les pantalons militaires américains qui ont précédé celui-ci et utilisés durant la période de la Guerre de Corée, le HBT, c'est-à-dire le "Herringbone Twill", autrement dit le twill chevronné, pourrait-on dire.
Un pantalon vert est rudement pratique dans un vestiaire et sa touche militaire n'est pas pour me déplaire. Cela va avec des bleus des marron, des camel, du blanc évidemment, gris clair c'est superbe et puis si vous mettez du violet vous pourrez revendiquer votre amour pour le Joker du Batman.
Des fatigue pants, on en trouve chez Drapeau Noir, Orslow, The Real McCoy, Champ de Manoeuvres, Closed, Universal Works, Aviatic notamment. C'est un pantalon paradoxalement très actuel, que les marques contemporaines aiment à décliner.
Et je vous dirais même que si vous possédez un bon jean, un chino beige et un fatigue pants vert olive, vous n'avez besoin de rien d'autre pour habiller vos jambes.