« Incassable » : et si la véritable star du film était le poncho de Bruce Willis ? – Bobine

« Incassable » : et si la véritable star du film était le poncho de Bruce Willis ? – Bobine
Dans la foulée de « Sixième Sens », le réalisateur américain M. Night Shyamalan emmène une nouvelle fois Bruce Willis sur le terrain du fantastique et de la psychologie. À la croisée de ces deux chemins,le vêtement s'illustre ici par sa symbolique : il révèle l'identité de son porteur, quitte à voler la vedette aux grandes stars du film. Décryptage.

Dans la foulée de « Sixième Sens », le réalisateur américain M. Night Shyamalan emmène une nouvelle fois Bruce Willis sur le terrain du fantastique et de la psychologie. À la croisée de ces deux chemins,le vêtement s'illustre ici par sa symbolique : il révèle l'identité de son porteur, quitte à voler la vedette aux grandes stars du film. Décryptage.

(Crédit photo de couverture : Bruce Willis dans « Incassable », 2000 - IMAGO / Everett Collection)

LE PITCH : FANTASTIQUE, PSYCHOLOGIE ET COMIC BOOKS

Philadelphie, début des années 2000. David Dunn est agent de sécurité. Il mène une vie ordinaire avec sa femme et son fils. Pourtant, quelque chose le ronge de toute évidence de l'intérieur : une étrange tristesse mêlée de solitude et de trouble identitaire.

Qui est-il ? Et comment se fait-il qu'il soit le seul survivant d'un terrible accident de train survenu sur le trajet New-York-Philadelphie ? C'est ce qu'un homme étrange surnommé « l'Homme de verre », passionné de comic books et de super-héros, compte bien découvrir...

« Incassable » est un des meilleurs films de M. Night Shyamalan, et certains le considèrent même comme l'un des plus passionnants films ayant pour sujet le monde des super-héros.

Habitué de l'univers fantastique, le réalisateur américain retrouve ici l'acteur Bruce Willis : comme dans « Sixième Sens », on lui découvre de nouvelles facettes de jeu, plus denses et psychologiques. Également présents au casting : Samuel L. Jackson, Robin Wright et Spencer Treat Clark.

POUR OU CONTRE LE STYLE SUPER-HÉROS AU CINÉMA ?

Vous le savez : depuis quelques années maintenant, les films de super-héros trustent les plus hautes places du box office. Ce n'est pas sans incidences, qu'elles soient positives ou négatives, notamment sur le rapport que l'on peut désormais entretenir avec le 7ème Art. Mais dans ce registre très codifié, il existe comme dans tout autre genre des bons et des mauvais films.

À notre niveau, il faut avouer que cela modifie grandement notre perception des costumes de cinéma. Ils sont de fait plus techniques, voire carrément technologiques. S'ils laissent place à l'imagination la plus futuriste, ils sont aussi moins susceptibles d'inspirer nos tenues quotidiennes. Pourtant, le sujet est loin d'être dénué d'intérêt et le vêtement technique pourrait même devenir un enjeu vital pour l'avenir. Dans Bobine, on s'est déjà penché sur Spider-Man ici :

Qu'il s'agisse des films ou des costumes de super-héros, l'avènement du genre au cinéma est un des débats de notre temps, et vous avez certainement votre propre opinion sur le sujet. D'ailleurs :racontez-nous, car ça nous intéresse tout particulièrement !

Bien sûr, « Incassable » n'est pas une aventure épique à la Marvel. C'est un film plus intérieur : il s'intéresse à l'origine des super-héros, et plus encore à la quête d'identité de ses personnages. Or vous allez le voir, cette recherche identitaire passe et s'explique aussi par le style.

Pour aller plus loin, briser les idées reçues et comprendre un peu mieux l'origine et la signification des super-héros, vous pouvez jeter un œil sur le très éclairant livre de l'historien William Blanc : « Super-héros, une histoire politique ».

CE QU'IL FAUT VOIR CÔTÉ STYLE…

Bruce Willis figure-t-il dans votre Panthéon personnel du style au cinéma ? Si ce n'est pas le premier nom qui vient communément à l'esprit, on trouve tout de même des idées et des tenues intéressantes dans sa carrière. Dans « Incassable », ce n'est pas tant la forme qui compte que ce que son vestiaire raconte de son personnage.

On le découvre ainsi dans un premier temps en costume et cravate. Le style formel n'est pas son truc et ça se voit : la cravate est très nonchalamment nouée, la coupe n'est pas au mieux et le mariage de sombre et d'écru jauni ne fait pas rêver.

Tout laisse à penser qu'il vient de ressortir son unique costume du placard et qu'il ne date pas d'hier. Pour le reste, son vestiaire de tous les jours est relativement commun et fonctionnel.

Alors oui, David Dunn manque de panache, de fraîcheur et même de joie de vivre. Mais il se cherche et tente de comprendre qui il est. C'est précisément cette quête que le film donne à voir. Côté vêtement, cela se traduit par des contrastes très évidents (coupes, couleurs, style) dès lors que le personnage de Samuel L. Jackson entre en jeu. L'un ne semble pas exister sans l'autre.

Vous aurez donc probablement du mal à voir autre chose que le vestiaire de ces deux personnages que tout oppose et réunit à la fois. Mais en y regardant de plus près, vous trouverez tout de même des chemisettes à fleurs ou une chouette veste en cuir de type trucker chez Robin Wright.

Les costumes sont signés Joanna Johnston. Elle a beaucoup travaillé avec Steven Spielberg mais aussi avec Robert Zemeckis. Les aventures de Marty McFly par exemple, c'est elle. Bref, trois bonnes raisons de revoir « Incassable » à travers le vêtement ?

1. L'AMPLEUR ET L'AJUSTÉ, DEUX MONDES COMPLÉMENTAIRES

De manière caricaturale, on pourrait présenter les deux personnages principaux d'« Incassable » comme deux extrêmes qui s'attirent et se repoussent en même temps. Le parallèle avec leur style vestimentaire est intéressant à plus d'un titre.

D'un côté, David Dunn incarné par Bruce Willis : un homme en perdition, qui porte principalement des vêtements amples, casual et très ordinaires : des jeans, des tee-shirts, des chemises et des vestes d'inspiration workwear.

La casquette est son accessoire de style par défaut. Il n'y a rien qui sorte véritablement du lot ou qui puisse laisser penser que cet homme a une appétence pour le style ou des pouvoirs particuliers.

De l'autre Elijah Price, le personnage interprété par Samuel L. Jackson. Malgré sa condition physique fragile, il témoigne d'une assurance singulière. Ses vêtements sont à la fois plus ajustés et stylisés que ceux de son partenaire à l'écran : des pulls à col roulés, un long manteau et des gants en cuir, des couleurs plus fortes.

Ses tenues ont à elles seules quelque chose de fantastique. Est-ce que sa lecture assidue des comic books a influé sur sa manière de s'habiller ? Possible.

Dans la vie de tous les jours, on est parfois tenté d'opposer les tenues ajustées aux tenues plus amples. À l'instar des personnages d'« Incassable », on peut pourquoi pas y voir deux visions du monde différentes.

Sauf qu'en pratique, on peut tout à fait passer de l'un à l'autre au gré des envies, à partir du moment où l'on choisit ses vêtements à la taille qui nous convient le mieux.

À moins qu'il ne s'agisse d'une volonté, il n'y a pas de compétition entre les deux. Ce sont deux approches complémentaires, qui peuvent par ailleurs répondre à des besoins spécifiques. L'ampleur a par exemple toute sa place en été, indépendamment des questions de style. Si cette dernière vous effraie, Jordan vous invite à essayer ici :

poncho de couleur verte. Cette pièce est à la fois fonctionnelle, très anodine et totalement fantastique.

Ce n'est pas du coton Ventile mais du nylon. Pas de marque, juste les inscriptions « FSU » sur la poitrine et « SECURITY » dans le dos. C'est-à-dire que c'est un vêtement de travail avec une fonction pratique : protéger de la pluie.

Pour le style et le grand frisson du poncho, vous pouvez en revanche vous diriger vers des marques comme Norwegian Rain. En attendant, avouez que ça vous change un bonhomme et que Bruce Willis passe soudainement du statut « ennuyant » à « intriguant ». Est-ce à dire que c'est le poncho qui fait le super-héros ?

C'est toute la magie de cette pièce : elle est à la fois la source et la fin du mystère. Si les secrets de l'imperméabilité vous passionnent, c'est ici. Et si jamais vous êtes comme Bruce Willis à la recherche du vêtement qui vous tiendra au sec tout en rehaussant votre style, une piste ici ou plus généralement là :

3. UNE NOUVELLE PREUVE DES SUPER POUVOIRS DU VÊTEMENT

Il manque bien sûr quelques compléments de réponse sur le rôle majeur du poncho de Bruce Willis. Mais par respect pour celles et ceux qui n'ont pas encore vu le film, on ne devoilera pas ici toutes les clés d'« Incassable ». En revanche, on peut une nouvelle fois souligner la puissance du vêtement et sa signification au cinéma.

Oui, Bruce Willis porte la casquette et la capuche en même temps. Mais un autre détail devrait à coup sûr vous intriguer : son poncho évolue en effet au cours du film. Il en existe de fait plusieurs versions, de la plus courte à la longue.

Ce poncho a la particularité de s'allonger au fur et à mesure de la révélation des pouvoirs de son porteur. Comment est-ce possible ? Si jamais vous ne croyez toujours pas aux super pouvoirs du vêtement, quelques explications ici :

… POUR EN ÉLABORER DES TENUES INSPIRANTES

Les oppositions vestimentaires entre les personnages de Bruce Willis et Samuel L. Jackson sont flagrantes. Mais leurs différences n'en sont pas moins inspirantes, à leur manière. Regardez par exemple les deux tenues sur la photographie ci-dessous. On ne les voit que partiellement mais on devine assez bien le chemin stylistique parcouru :

À gauche, Bruce Willis affiche un look résolument casual aux accents workwear. On distingue un jean bleach, un tee-shirt rouge, une chemise à carreaux peut-être et une sorte de veste de travail couleur miel-moutarde. Prise de risque minimale.

À droite, Samuel L. Jackson fait preuve de plus d'audace et d'originalité. S'agit-il d'un nouveau maître de la couleur  ? Il faut en tout cas une certaine dose d'assurance pour oser le camaïeu violet, à plus forte raison avec un costume.

Si vous ne vous êtes pas encore essayé à cette technique toute en nuances qu'est le camaïeu, David vous donne quelques conseils ici. Quant au violet, superhéros ou pas, qui parmi vous se sent prêt à tenter l'aventure ?

Jérôme Olivier Jérôme Olivier
Jérôme Olivier, ciné, velours et rock'n'roll

Ex-caviste et rock critic de poche, grand amateur de films et de chats sibériens, je crée des e-mails et je m'intéresse aux petites histoires qui vont avec les vêtements.

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