Les modes militaires ont eu un impact aussi important dans l’évolution vestimentaire que dans l’évolution des montres. Savez-vous que la Première Guerre mondiale a également bouleversé l’histoire de l’horlogerie ? . C'est ce que je vais vous raconter ici, avec une sélection de trois montres militaires.
L’histoire horlogère : une marche en avant au son du canon
Les militaires ont très tôt compris l’importance de disposer de l’heure sur le champ de bataille. L’histoire moderne des montres militaires commence avec les montres de poche qui ont rempli cette fonction pendant plusieurs siècles.
Les montres à gousset ont ainsi équipé les officiers des armées en campagne, seuls à pouvoir acquérir sur leurs deniers personnels ces accessoires coûteux, souvent en or ou en argent, sur terre ou sur mer. Pour ne donner qu’un exemple célèbre, l’empereur Napoléon disposera de montres Breguet et Leroy .
D’après l’écrivain et spécialiste de l’histoire des montres Joël Duval, la première véritable commande officielle de montres bracelet militaires pour doter en masse une armée en campagne date de la guerre des Boers en Afrique du Sud et c'est Omega qui avait répondu à cette commande faite par l’armée britannique.
A la fin de cette guerre, les soldats sont revenus avec ces montres, prémices de la future expansion de la montre bracelet. Avec le temps et l’émergence d’une classe moyenne liée à la révolution industrielle, les montres se sont progressivement démocratisées jusqu’aux soldats. Si la montre bracelet militaire en dotation apparaît à la fin du XIXe, la prédominance des montres de poche tant au niveau militaire que civil a continué jusqu’en 1914.
Comme le montre l’affiche publicitaire de l’époque, Lip apporta sa contribution à la victoire en fournissant des montres de poche de qualité irréprochable et notamment à la véritable reine des batailles : l’artillerie. Arme dite savante, le recours à l’artillerie fut d’une importance cruciale, préalable à toute offensive : feu roulant et cadencé, prévu et minuté pour devancer de quelques centaines à quelques dizaines de mètres un assaut, il valait mieux être précis… la mesure du temps est alors essentielle pour à la fois protéger son infanterie et éviter les tirs amis. Devenue la première aviation de guerre en 1918, les pilotes français en furent également dotés.
Dans l’univers apocalyptique des tranchées, un changement massif s’est opéré. Cette guerre sera un choc violent sur le plan humain et dont les impacts sur les comportements et les équipements seront immenses. Et, dans cet enfer, nos vaillants poilus ont aussi été confrontés aux limites de la montre de poche.
Accessoire tenu dans la paume de la main, lié à une chainette elle-même liée à un gilet ou une veste puis rangé dans une poche, la montre de poche s’avère parfaitement lisible mais aussi peu pratique au combat moderne. Ces dernières ne sont pas non plus connues pour leur capacité à encaisser les chocs.
La nature des combats a changé radicalement avec l’augmentation de la puissance de feu et cela nécessite de libérer en permanence les deux mains des soldats sur le champ de bataille. Pour autant, nos vaillants ancêtres ne sont pas débarrassés de leurs montres de poche, ils ont recouru au système D en retirant la chaînette et soudé des anses à leurs montres de poche ou à des montres de col
afin de pouvoir passer un bracelet. Cela a donné naissance aux « montres de tranchées ».
Ces transformations faites en temps de guerre s’avèreront plus pratiques que les montres de poche mais elles avaient des inconvénients : elles n’étaient pas plus résistantes aux chocs ni étanches à l’eau ou à la sueur.
La montre bracelet n’est pas née sur le champ de bataille, ce type de montre avait déjà été créé auparavant et notamment par la maison française Breguet. A l’origine, ces montres bracelet étaient réservées à un public féminin et aristocratique.
La guerre s’achevant, les hommes rentrant dans leurs foyers ont commencé par prendre l’habitude de consulter l’heure au poignet. La production de montres de poche a continué mais pendant l’entre-deux guerres, ces montres ont été petit à petit remplacées par la montre bracelet.
La Seconde Guerre mondiale a vu le triomphe définitif de la montre bracelet sur la montre de poche. Cette dernière n’a pas totalement disparue, la marine conservant des montres de poche spéciales comme les fameux chronomètres de marine.
Les montres bracelet de l’époque disposeront de très petits diamètres par rapport à nos standards actuels. Si les montres de poche étaient de 46-50 mm de diamètre, les montres bracelet n’étaient généralement que de 30-33 mm.
Le mobilisation et le triomphe de la montre bracelet
Les besoins d’équiper les soldats non seulement en armes et en vêtements mais aussi en montres ont conduit à réserver toute la production horlogère au profit des armées. Ainsi, l’américain Hamilton est devenu à cette époque la première manufacture horlogère mondiale du fait des commandes militaires gigantesques.
Hamilton ne fut pas la seule marque américaine à fournir les GI’s, les célèbres marques Waltham, Elgin et Bulova ont également consacrées toutes leur production à l’effort de guerre.
Les marques suisses ont quant à elles fournies les différents belligérants, quelle que soit le camp .
Ci-dessus, trois des montres réglementaires de l’armée américaine : deux Hamilton encadrent une Elgin. On remarquera que le cadran noir n’avait pas le monopole dans les montres militaires. Les deux premières montres sont radioactives du fait du radium sur les chiffres et les aiguilles : la luminescence est garantie mais les seuils de tolérance sont franchis. Après-guerre, le radium sera peu à peu remplacé par le tritium, nettement moins dangereux.
Les montres de la Seconde Guerre mondiale sont différentes de celles des époques antérieures car cette fois-ci elles répondent aux besoins d’étanchéité, elles sont résistantes à la poussière et elles sont antichoc.
À la fin de la guerre, les millions de soldats démobilisés rentrent dans leur foyer et ramènent avec eux non seulement le chino mais également les montres bracelet reçues en dotation, ainsi que les montres prises sur l’ennemi.
Après-guerre, de nombreuses marques vont ainsi faire de la montre militaire une spécialité à côté des montres civiles qui sont à nouveau commercialisées : les français Breguet, Yema ou Auricoste équiperont l’armée de l’air française tandis que l’américain Hamilton reviendra à la montre civile mais continuera également de doter les soldats américains.
Avec le temps, le design évolue pour certains modèles et les années 70 verront l’arrivée d’une forme typique de cette époque : le boîtier dit tonneau.
Le lent déclin de la montre militaire mécanique
La crise du quartz des années 70 ne va pas immédiatement changer l’habitude des militaires pour les montres mécaniques et c’est lié à plusieurs raisons :
- Les cahiers de charges militaires évoluent lentement.
- L’importance accordée par les militaires à la fiabilité et à la robustesse est primordiale : la montre mécanique n’ayant plus à faire ses preuves dans ce domaine, elle est privilégiée par rapport aux modèles quartz qui se répandent dans le monde civil.
Il est bon de rappeler que la montre quartz n’a pas été jugée « meilleure » que la montre mécanique par les militaires. Quand les modèles à quartz ont envahi le monde civil, l’armée n’a été que peu séduite par ces derniers. Et pour cause : les mouvements à quartz étaient plus fragiles que les solides mouvements mécaniques. Le mouvement à quartz n’apprécie guère les chocs et il faudra attendre les mouvements de type G-Shock de Casio pour permettre à certaines de pouvoir réellement encaisser la vie des militaires. Entre une centaine d’euros pour une G-Shock et plusieurs centaines ou milliers d’euros pour une montre mécanique actuelle, les soldats font des choix par défaut.
Le véritable coup d’arrêt aux montres mécaniques dans le monde militaire est en fait donné par… la chute des budgets aux armées. La qualité des équipements des soldats s’en ressentent d’ailleurs durement et cela ne concerne pas que l’horlogerie. Ainsi nos militaires doivent souvent acheter à leur frais un équipement qui n’est pas en dotation officielle mais qui s’avère autrement plus efficace et confortable que certains éléments de mauvaise qualité et notamment au niveau des sacs ou des rangers pour ne citer que cet exemple.
Est-ce la mort de la montre mécanique militaire ? Non. Des marques continuent à produire des montres en édition limitée réservée notamment à des unités spéciales. La marque Tudor a ainsi proposé au COS une Black Bay à cadran bleu et avec une inscription bleu blanc rouge ou la marque française MAT Watches qui est très active sur le créneau des unités spéciales. Ces montres ne sont pas en dotation officielle mais elles sont proposées à ces unités qui généralement s’empressent de les acheter. Nombre de militaires ont gardé cet attachement à la montre mécanique car elle demeure un des symboles durables de leurs années dans l’armée.
Et d’ailleurs, très souvent, les militaires professionnels offraient à leurs camarades de combat sur le départ, une montre un peu spéciale, une montre dite « de fin de service ». Ces montres étaient souvent gravées sur le fond de boite du nom du porteur et de son unité, elles n’étaient pas nécessairement des modèles militaires mais pouvaient également être des montres plaquées or.
Les spécificités de la montre militaire
Cela va s’en dire, les montres militaires doivent être robustes et précises, capables d’encaisser certains chocs tout en gardant une bonne tenue de l’heure. L’étanchéité est également un requis et particulièrement pour les montres de l’armée de terre ou de la marine. A cet égard, les commandos recourent souvent à des montres de plongée, les unités spéciales comme les nageurs de combat ou les parachutistes ont recouru à un moment à des Tudor Submariner.
Le cas de l’armée de l’air est assez différent. Le chronographe prédomine pendant longtemps dans cette arme, et notamment ceux de Breguet. Toutefois, on verra des aviateurs porter d’autres modèles plus classiques à la place du chronographe. Pour ne citer qu’un exemple, les aviateurs de l’armée de l’air française ont été équipés dans le passé d’une montre de plongée comme la Yema Superman.
Le problème du chronographe est généralement sa faible étanchéité du fait de la couronne non vissée et surtout de ses poussoirs par lesquels l’eau peut s’infiltrer .
Une, deux… et trois montres militaires
Dans le respect des précédentes sélections, chaque montre a été testée et portée pendant un minimum de 10 jours . Toutes les montres sont des modèles de prêt. Les tests ont été menés sur des modèles commercialisés et non des prototypes.
Si d’aventure un prototype est détecté dans les modèles de prêt, il est renvoyé et échangé avec le modèle vendu au grand public .
Les montres sont toutes photographiées pour un rendu réaliste au poignet.
Enfin, les modèles sélectionnés ont été présentés par mes soins à certains membres de la rédaction et d’ailleurs, à la fin de l’article, je vous donnerai leurs préférences personnelles.
Et maintenant, aux armes !
1.Hamilton Khaki Aviation Pilot Pioneer Mechanical
Il est difficile de ne pas évoquer Hamilton, née à Lancaster en Pennsylvanie aux Etats-Unis
, dans une sélection de montres militaires. Historiquement, la marque a en effet toute sa légitimité dans ce domaine. En outre, la marque a été volontairement positionnée sur ce segment dans l’offre du Swatch Group.
La collection Khaki ne se limite pas au fameux modèle trois aiguilles avec un boitier rond. En 2019, une nouvelle réinterprétation est apparue et elle est une excellente surprise. La forme du boitier – dite tonneau – est caractéristique d’un modèle de montres militaires qui a équipé l’armée britannique : le W10. Hamilton et CWC ont équipé les militaires d’outre-manche à cette époque avec ce type de montres.
Si le modèle W10 d’origine a été produit entre 1973 et 1976, le modèle actuel lui reste très fidèle. La différence visuelle notable par rapport au modèle d’aujourd’hui est la présence du Broad Arrow sur la montre d’origine. La réédition n’en est pas dotée tout simplement car il s’agit d’une indication militaire de l’armée britannique et non autorisé à être reproduit sur un modèle commercial.
Le Broad Arrow est ce symbole en forme d’accent circonflexe présent sur le cadran, il indique que la montre est destinée à l’armée britannique.
La montre est dotée d’un mouvement dérivé de l’ETA 2802, ce qui est d’ailleurs en rapport avec la montre originale qui était dotée d’un mouvement ETA déjà à cette époque . Le calibre actuel est un calibre à remontage manuel, ce qui est également dans le même esprit que le modèle des années 70.
Le verre est, une fois n’est pas coutume, minéral et non un saphir, l’originale étant dotée d’un plexiglas. Un choix qui peut paraître pour le coup un peu surprenant voire même un peu à regretter. Le confort visuel n’en est en aucun cas altéré pour autant, il existe d’autres montres dans le secteur qui sont dotés de verre autre que le saphir.
Les bracelets d’Hamilton ne sont pas exempts de défauts, je recommande souvent de les changer d’ailleurs au profit d’autres bracelets. La montre peut être choisie selon deux configurations : avec un nato en textile ou un nato en cuir. Entre les deux, je conseillerais le nato cuir dont la couleur est de très bon goût d’ailleurs.
En revanche, le cuir de ce bracelet risque à mon avis de se marquer très vite et sa finesse laisse présager d’une usure qui peut s’avérer prématurée. Ce point n’est néanmoins pas déterminant . L’autre réserve peut être le choix d’une teinte façon vieux tritium sur les index du cadran ou les aiguilles.
Dans le cas de cette montre, l’effet n’est pas déplaisant. Cependant, je pense qu’une réinterprétation actuelle d’une montre vintage n’a pas besoin d’avoir ces marques de « vieillissement » artificielles.
La montre est fine, légère et confortable au poignet, son diamètre très mesuré est respectueux du passé et ne posera aucun problème à l’immense majorité des poignets.
Cette montre est une excellente réinterprétation dont je salue le design : il est fort appréciable de revoir une forme de boitier typique des années 70 pour changer des éternels boitiers ronds.
Niveau look, je recommanderais de porter cette montre avec un style de type workwear et chipper à Jordan quelques pulls à col roulé grosse maille en mérinos donegal pour l’hiver ou tout simplement un blouson bleu de type Harrington. Le chino est en option.
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 36x33 mm, 10 mm d’épaisseur
- Boitier en acier brossé
- Verre minéral
- Mouvement mécanique à remontage manuel H50 dérivé du ETA 2802
- 80 heures de réserve de marche
- Etanchéité 100 mètres
- Prix : de 745 euros avec le bracelet nato textile et 795 euros avec le bracelet nato en cuir
- Référence H76419531
On aime
- Excellente idée de rééditer une montre militaire des années 70 !
- Un design qui tranche avec la majorité des montres d’inspiration militaire actuelles
- Des dimensions contenues
- Charme du remontage manuel
- Calibre mis à jour avec 80h de réserve de marche
On aime moins
- Absence de verre saphir
- Finesse du bracelet qui laisse présager d’une usure prématurée de ce dernier
Où la trouver ?
La boutique en ligne Hamilton ou un distributeur officiel de la marque
2. MAT California
Je préfère vous avertir, cette montre est le coup de cœur de la sélection et c’est sincèrement mérité au regard de la qualité de l’offre. MAT (Mer-Air-Terre) Watches est une marque relativement jeune dans le monde horloger.
Née en 2005, elle est française et son fondateur est un ancien sapeur-pompier de Paris, son propre frère étant lui-même membre d’une unité spéciale. Très imprégné du monde militaire et de ses codes, la marque s’attache dans les moindres détails à rechercher la qualité et au regard du produit final et de ses accessoires, je pense que le pari est largement tenu. Mer-Air-Terre est en effet connue auprès de certaines unités de l’Armée Française et parmi les plus prestigieuses.
Ainsi, la marque a proposé des séries limitées destinées directement aux unités spéciales comme par exemple le Raid, le GIGN, le GSPR , le COS, les Commandos Marine, les Sapeurs-Pompiers de Paris ou la Légion Etrangère et bénéficie d’une image de solidité et de robustesse. Question légitimité, difficile de faire mieux actuellement
Ne bénéficiant pas de toute la puissance de feu des grands groupes horlogers, cette marque indépendante, reste peu connue du grand public alors qu’elle propose également d’autres produits, comme des montres de plongée.
La montre choisie pour la sélection est le modèle California. Avec un diamètre et une épaisseur contenus, la montre semble au final plus petite au porter, j’ai même plutôt tendance à voir un 38mm plutôt qu’un 39mm, cette impression est renforcée par la taille réduite des cornes. Couronne vissée, verre saphir bombé, boitier robuste en acier, la montre est étanche à 100m et répond donc à la très grande majorité des situations rencontrées par les militaires ou tout simplement par ceux qui ont besoin d’une montre pour barouder.
Le mouvement est une valeur sûre du secteur : le 2824 d’ETA connu pour sa fiabilité et la facilité de son entretien par tout horloger qui se respecte. Etanchéité et chronométrie sont testées plusieurs fois avant toute livraison au client final.
Le boîtier en acier brossé répond au besoin des militaires d’éviter les montres polies, bien trop brillantes pour rester discrètes. A noter que les cornes sont percées, ce qui est un plus agréable et fonctionnel pour changer de bracelet. La montre est livrée avec trois bracelets et un petit outil pour effectuer les changements.
Ce qui différencie cette montre par rapport aux autres modèles de la sélection c’est surtout ce cadran graphite, plus fin que celui de l’Hamilton, avec ses rails dorés et les index et les chiffres cerclés. La montre est très lisible et cela est également dû à une originalité avec le mélange des chiffres romains à 2 heures et 10 heures et les chiffres arabes à 4 heures et 8 heures.
Originalité car si la montre reprend quasiment en tous points les exigences du matériel militaire. La présence de cerclage doré apporte une touche de chaleur, permettant en changeant de bracelet d’adapter cette montre à de nombreux looks. Là est le paradoxe apparent : c’est effectivement une montre militaire mais qui peut également s’adapter à d’autres styles.
Trois bracelets sont fournis avec la montre : en cuir marron à tannage végétal, en véritable caoutchouc et en textile tactique. Les trois sont de qualité et présentent une excellente robustesse. Ainsi, la montre répond presque toutes les situations , du casual chic si on opte pour un bracelet en cuir plus classique, au look décontracté avec le cuir marron fourni, au domaine nautique avec le bracelet caoutchouc ou tactique avec le bracelet en textile.
Le bracelet en cuir fourni avec la montre est celui qui a ma préférence et il va très bien à un look militaire ou un look workwear. Il est épais et pourtant il reste très souple. Il s’avère vraiment agréable au porter.
Garante d’une authenticité militaire, aussi bien adaptée aux officiers et aux soldats qu’à un plus large public, issue d’une marque indépendante française qui vise la qualité jusqu’au moindre détail, cette montre me semble une réussite en tout point pour son segment.
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 39 mm de diamètre, 11,5 mm d’épaisseur
- Boitier en acier brossé
- Verre saphir
- Mouvement mécanique à remontage automatique ETA 2824
- 42 heures de réserve de marche
- Etanchéité 100 mètres
- Prix : 1.350 euros livrée avec trois bracelets (cuir tannage végétal, caoutchouc, tissu tactique)
- Référence AG7 GM A6
On aime
- Grande lisibilité de l’heure
- Originalité des chiffres qui mélange chiffres romains et arabes
- Une montre aux dimensions contenues, une épaisseur maîtrisée et les 39mm de diamètre qui paraissent honnêtement moindres au porter
- Mouvement ETA 2824 qui n’est plus à présenter : une valeur sûre, solide et facile d'entretien
- Une montre totalement dans l’esprit militaire mais qui peut paradoxalement être facilement adaptée à une multitude de looks du fait de la présence des index et des chiffres cerclés dorés
- Cornes percées pour faciliter le changement des bracelets (à noter la présence dans le kit d’un outil pour enlever les pompes)
- Trois bracelets livrés de très bonne facture : détail qui a son importance et qui indique une réelle recherche de la qualité par la marque
- Légitimité militaire réelle de la marque associée à la robustesse du modèle
On aime moins
On cherche encore, car c’est un sans-faute : mission accomplie pour cette montre. Si on veut vraiment chipoter, à la rigueur la réserve de marche de 42 heures mais il est dorénavant impossible pour une entreprise n’appartenant pas au Swatch Group de se fournir en mouvements revalorisés par ETA.
Où la trouver ?
Disponible sur la boutique en ligne de la marque et également visible dans les bureaux de la marque à 18 Rue Vignon, dans le 9ème arrondissement à Paris que je vous conseille de visiter
3. Longines Avigation Big Eye
Historiquement, Longines a équipé de nombreuses armées tant en montres qu’en calibres : en Occident avec les modèles affichant le Broad Arrow britannique par exemple ou en Orient avec notamment l’armée impériale japonaise.
Portée ici avec le gilet en mérinos BonneGueule, je suis prêt à prendre les commandes d’un Dewoitine 520. Ou d’un P51 Mustang à la rigueur.La montre de la sélection est une réinterprétation commercialisée en 2017 d’un ancien modèle de la marque . Le modèle actuel reprend certains des codes des montres militaires de l’armée de l’air et particulièrement le type XX avec quelques différences toutefois.
Le type XX est un modèle de montre fabriqué par Breguet à partir des années 50 et qui a équipé nombre d’aviateurs de l’Armée de l’Air. Son design est devenu une référence dans le domaine à tel point que l’on se réfère au type XX également pour les montres qui ne sont pas issues de Breguet.
Il s’agit également du premier chronographe présenté dans les nouveaux articles consacrés aux montres pour BonneGueule. Le chronographe est la complication la plus répandue dans le domaine des montres. Un chronographe permet, comme son nom l’indique, de mesurer le temps qui s’écoule à partir d’un instant T.
Cette complication est en vérité relativement peu utile de nos jours mais pour les militaires et plus encore les aviateurs, cette complication était fondamentale : ils avaient besoin d’une montre pour à la fois disposer de l’heure mais également pour mesurer des temps plus ou moins longs et notamment au début les temps de chauffe des moteurs d’avion avant de commencer son vol. Autrement dit, le chronographe a deux fonctions et cela requiert la gestion de deux systèmes de mesure du temps.
De manière classique, on retrouve deux poussoirs — un pour lancer le chrono et le stopper, un autre pour la remise à zéro — et une couronne de bonne dimension pour régler l’heure ou remonter la montre. Ce que l’on note tout de suite est la grande visibilité du cadran. Certains chronographes sont beaucoup trop chargés , ce qui n’est pas le cas de cette Longines dont le cadran est certes « rempli » avec la présence des trois compteurs dont un de taille plus importante que les autres, d’où le nom de Big Eye.
Le premier compteur situé à 9h est la petite seconde. Le deuxième situé à 6h s’appelle un totalisateur sur 12 heures et le troisième compteur est gradué sur 30 minutes et chaque cran représente 3 minutes.
Sans nécessiter un poignet de Yéti, la montre fait 41 mm et pour un chronographe, ce n’est pas nécessairement un problème . Même dans les années 60, les chronographes étaient d’un diamètre généralement plus grand que les montres à trois aiguilles.
La présence des compteurs et aussi l’exigence de lisibilité requièrent ce besoin d’un diamètre plus important, la Big Eye étant dans la norme actuelle. De même, l’épaisseur de la montre est généralement supérieure avec un chronographe à remontage automatique.
Le célèbre 7750 Valjoux ne peut d’ailleurs pas prétendre à remporter le premier prix de la minceur, pas plus le ETA A08.L01 qui équipe la montre. Ce dernier est un calibre relativement récent qui date des années 2000 et développé par ETA pour Longines.
Le calibre le plus répandu pour les chronographes est le 7750 Valjoux, qui est un calibre automatique certes volumineux en terme d’épaisseur mais réputé pour sa fiabilité.
Le A08.L01 est un mouvement chronographe dit à roue à colonne, il n’est pas une évolution du 7750 mais plutôt un nouveau calibre. La fréquence est la même que pour 7750 (28,800) mais sa réserve de marche passe de 42 heures à 54 heures.
Du fait de ses caractéristiques, je conseillerais de la porter résolument dans un style allant du business casual au look workwear. N’hésitez pas non plus à aller vers des pièces plus fortes avec notamment des vestes en cuir, sans aller nécessairement jusqu’au bombardier sauf si vous avez un B17 ou un B24 Liberator dans votre parking 😉
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 41 mm de diamètre, 14,7 mm d’épaisseur
- Boîtier en acier satiné, légère touche de polissage sur le pourtour du verre
- Verre saphir
- Mouvement mécanique chronographe à remontage automatique ETA A08.L01
- 54 heures de réserve de marche
- Etanchéité 30 mètres
- Prix : 2.530 euros
- Référence : L2.816.4.53.2
On aime
- Un design irréprochable et séduisant, on a affaire à un beau chronographe d’inspiration militaire : voilà une excellente alternative par rapport à d’autres chronographes très connus comme la Speedmaster d’Omega ou la Daytona de Rolex.
- Un cadran dont je souligne la clarté et la lisibilité en dépit de 3 compteurs
- Le mouvement chronographe roue à colonne ETA A08.L01 qui et plus récent et tout aussi fiable que le vénérable 7750 Valjoux
- 54 heures de réserve de marche ce qui est fort honorable
- Un prix qui reste très correct pour un chronographe roue à colonne
On aime moins
- Etanchéité de 30 mètres seulement, non revalorisée et c’est dommage
Où la trouver ?
Dans les boutiques Longines mais aussi auprès d’une une grande variété de distributeurs de la marque.
4. Et les autres marques ?
Bien d’autres marques pourraient être citées concernant les montres militaires ou d’inspiration militaires.
- Dans le luxe, Breguet reste une référence de par son passé même si les prix sont très élevés aujourd’hui.
- Dans le haut de gamme, IWC propose plusieurs modèles en rappel à son passé comme le modèle dit Spitfire. J’émettrais un bémol sur ces montres car que si leur design est vraiment réussi, le prix était sans comparaison par rapport au mouvement les équipant (SW-200 ou SW-400 selon les modèles) ce qui était à mon sens bien trop cher. IWC semble aujourd’hui retourner vers des mouvements plus intéressants pour ces modèles, la nouvelle Spitfire recourant à un calibre de manufacture. A suivre attentivement.
- Dans le moyen de gamme, sans citer toutes les marques allemandes, la marque Stowa est une porte d’entrée pour ceux qui préfèrent les modèles germaniques de type aviateur notamment.
- Dans un budget beaucoup plus restreint, la Seiko 5 Military est généralement citée pour les tarifs étudiants.
Mes remerciements l’écrivain et spécialiste de l’histoire des montres Joël Duval avec lequel j’ai échangé et qui a fourni aimablement certaines de ses photographies avec des montres de sa collection privée.
L’avis de la rédaction
Comme d’habitude, dans un esprit de partage, les montres de la sélection ont été présentées aux membres de l’équipe de BonneGueule disponibles, mais cette fois j’ai souhaité connaître leurs préférences après les avoir présentées et, bien sûr, un petit essayage.
Verdict !
Notre community manager David penche vers l’Hamilton et son design des seventies.
Notre rédacteur en chef choisirait la Longines Big Eye car il a un petit faible pour les chronographes.
Benoît et moi penchons vers la MAT Watches.
C’est ainsi que s’achève cette première sélection dédiée aux montres militaires mécaniques, si vous portez l’uniforme ou si vous souhaitez simplement porter une montre solide pour barouder, les montres militaires mécaniques ne risqueront pas de vous lâcher pendant vos missions.