Commençons par nous mettre dans l'ambiance. Vous avez sans doute remarqué que les branches des arbres se dénudent à vue d'œil. Il est encore possible çà et là de profiter de jolies journées ensoleillées, à la fraîche. Mais il fait désormais nuit noire après 20 heures.
La météo est capricieuse et dehors, on ne sait pas toujours très bien sur quel pied danser. On voit apparaître ici et là les premières écharpes et les premiers manteaux de la saison froide. Et forcément, on pense à sa propre garde-robe. Il y a quelques jours encore, je m'arrêtais en boutique DeBonneFacture sur ce très beau modèle :
Oui, c'est une pièce qui fait rêver ! Le froid, l'automne, l'hiver, c'est une joie pour certains et une véritable angoisse pour d'autres. De mon côté, tout va bien de ce côté-là. Mais avant d'y revenir, retournons plutôt à l'action en cours, qui s'annonce palpitante.
C'est qu'il fait nuit noire comme je vous disais. Et il fait un peu froid aussi. La musique déboule comme ça, sans prévenir. Sueurs froides et frissons garantis, un peu à la manière du film original.
Dès lors, c'est la panique et la marche s'accélère dans l'appartement. Coup d'œil rapide et inquiet à destination de ma chambre : n'oublions pas que cette pièce renferme quelques trésors que seuls peut-être les amoureux du vêtement peuvent réellement comprendre.
Ceci étant, je vous rassure, c'est bien une chambre : il y a un lit en bataille et des livres en pile façon Tour de Pise. Petit détail qui peut avoir son importance : il y a aussi un portrait de Syd Barrett sans Pink Floyd accroché au mur, juste à l'entrée de la pièce. Il s'agit d'une photo à peu près identique à celle-ci si ce n'est qu'elle est en noir et blanc chez moi :
Vous noterez
qu'il porte une chemise jaune. Les visiteurs savent donc à quoi s'en tenir. Mais le plus important est encore ce qui se cache dans les deux grandes armoires qui servent à entreposer les vêtements.
À première vue, fausse alerte : tout semble normal. Sauf qu'à bien tendre l'oreille... Quelque chose gratte à la porte d'une des armoires. Aurais-je donc oublié le chat dans la penderie ?
Mauvaise pioche : il se repose tranquille sur mon cardigan Stark S.N.S Herning, qui ressemble à ça :
Quant au chat, vous le connaissez peut-être déjà : il est présenté ici. Notez que ce cardigan est une de ses pièces préférées de l'hiver - il est très chaud et très moelleux, c'est pour ça.
Mais alors quel est donc ce bruit mystérieux qui s'amplifie à mesure que la nuit s'avance ? Le fantôme d'un autre âge ? Possible. Sur la façade de l'immeuble, il est inscrit "Anno 1634". Un ninja techwear ? Peu probable, mais sait-on jamais.
Peut-être alors qu'un cauchemar se prépare : une armée de mites prête à envahir les pulls et autres pièces en maille de l'immeuble, par exemple. Je réfléchis quelques instants, un peu étourdi par ces hypothèses sans queue ni tête qui viennent parfois quand on est soudain gagné par l'angoisse.
L'overthinking dès qu'il est question de fringues, vous connaissez ? Il s'agit de rester calme et de revenir à un semblant de logique. Le bruit dans l'armoire s'estompe alors et c'est ainsi que tout s'éclaire.
Ce quelque chose qui gratte à la porte n'est ni un monstre ni une créature qui en veut à mon vestiaire. Non, c'est simplement une pièce qui attend gentiment son heure depuis l'été.
Vous l'avez très certainement déjà croisé sur les pages de vente de l'e-shop BonneGueule : il s'appelle Fitou, il est de couleur noisette et il est tout de même assez difficile de lui résister. Les chats en tout cas n'y résistent pas :
Mais pour l'heure, ce manteau trépigne d'impatience. S'il pouvait parler, il n'hésiterait pas à me dire qu'il veut sortir, et tout de suite. Après tout, il n'a pas tort : les premiers froids sont là et c'est SON moment à lui.
Sauf que mon horloge interne est un peu à la traîne et qu'il fait encore trop chaud selon moi pour lui donner l'occasion de briller en extérieur. Alors en attendant, je passe mentalement en revue tous les manteaux que j'ai connus jusqu'ici. Séquence nostalgie.
Celui-ci est mon tout premier du genre, avec matière noble et belles finitions. Jusqu'ici, je n'avais jamais trop été attiré par les manteaux d'hiver, en particulier ceux qui sont assez longs.
Car figurez-vous que j'aime le froid. Si je me suis peu à peu intéressé au manteau, c'est surtout grâce à vous et à vos nombreuses questions sur le sujet. Vous n'y croyez pas ?
Impossible de me rappeler un quelconque manteau avant l'an 2000, à croire que mon vestiaire n'en a jamais vu passer un seul. Je visualise très vaguement des blousons courts et c'est à peu près tout. Mon premier vrai souvenir remonte à une bonne dizaine d'années : c'est un manteau de type trench, en laine et de couleur camel.
Marque anglaise dont j'ai oublié le nom. Il n'était pas très chaud mais pour une personne pas trop frileuse comme moi, ça fait toujours le job. Je pense à lui parfois, à sa couleur surtout qui m'allait bien.
Quelques années plus tard, je me suis laissé tenter par un caban très épais chiné dans une friperie de la rue du Temple à Paris. Marque Levi's, années 70, joli style et couleur marine, pas plus de 50 euros. Il m'a accompagné de nombreuses années. Si vous n'avez pas trop de budget, et que vous cherchez quelque chose avec du caractère, la seconde main est une option très intéressante.
Puis j'ai finalement fait l'acquisition d'un pardessus Balibaris de première génération, un peu comme celui que vous voyez ci-dessus. Bleu marine plus foncé et d'occasion, là aussi. Ma première pensée en le portant a été pour Al Pacino. Vous savez, cette fameuse scène où il relève le col de son manteau en feignant un revolver avec son doigt en poche.
Cela se passe sur les marches de l'immeuble où est soigné son père, il fait un peu froid et c'est dans «Le Parrain» de Francis Ford Coppola. Quand j'y repense, c'est presque une révélation.
Voilà donc à quoi me fait penser un manteau d'hiver : un truc en lien avec les montagnes russes du suspense. C'est un peu fou et pourtant il y a un peu de ça, je ne saurais précisément expliquer pourquoi.
Autant j'aime le froid autant j'ai souvent été mal à l'aise avec les longs manteaux d'hiver : trop longs, trop lourds, trop chauds, trop encombrants ? Je rêve d'une Pokéball dans laquelle je pourrais mettre absolument tout ce qui me gêne à la marche : les sacs, les bagages, les vêtements dont on ne sait que faire quand on a trop chaud et plus généralement tous les trucs plus ou moins utiles qu'on emporte avec soi quand on devient prudent et précautionneux.
Bien heureusement, à force de lire vos messages et de sentir votre curiosité sur les manteaux, quelque chose s'est tout de même un peu apaisé pour moi de ce côté-là.
J'ai donc commencé à chercher plus sérieusement, tout comme vous ou comme Nicolò à travers sa quête du manteau clair idéal. Les quelques trouvailles que j'ai faites ont donné lieu à des pépites comme ici ce duffle-coat de la marque Thomas Farthing :
Ou bien encore là, à travers ce magnifique caban de la marque SEH Kelly :
Des manteaux pas très longs, finalement. Et plutôt de couleur marron. Ça fait plus ou moins deux ans que j'y réfléchis.
J'avoue : j'étais à deux doigts de craquer pour le modèle SEH Kelly. Mais j'en suis tout de même bien sagement resté là, jusqu'à cet instant de l'été 2021 où je l'ai finalement reconnu. C'était lui, forcément, le manteau qu'il me fallait :
Un coup de foudre, ou un truc du genre "chant des sirènes". Ça ne s'explique pas vraiment non plus, si ce n'est qu'il y a du marron et que cette pièce me fait penser à plein de films que j'aime bien. Comme quoi, il n'est pas toujours nécessaire d'aller très loin pour trouver ce qui nous convient. Il faut juste laisser venir à soi l'évidence.
Un frisson dans la nuit d'Halloween, c'est donc ainsi que ce manteau se rappelle à moi. Combien de temps vais-je lui résister ? Sans doute autant qu'il en faut pour se décider à remettre le chauffage en route. Mais la sortie est imminente. Et vous, racontez-moi : où en êtes-vous de votre recherche de manteau ?