Léo et Violette, c'est une jeune marque de maroquinerie qui fait des sacs pour le quotidien : là ou le fonctionnel et l'esthétisme doivent se rencontrer. C'est assez rare de trouver un sac élégant dans lequel on peut transporter son ordinateur tous les jours sans y laisser un bras !
Léo et Violette, un jeune couple, voient naître leur marque éponyme grâce au crowdfunding : les 48.000 € récoltés sur KickStarter leur ont permis de lancer leur première production.
Les deux protagonistes.
Dans cet interview de Léo, on va voir comment fonctionne le crowdfunding, et quelles sont ses conseils pour réussir un financement participatif ?
Qu'est ce que le crowdfunding ?
C'est une nouvelle méthode de financement participatif qui s'avère être une alternative très intéressante pour les jeunes marques (et les entrepreneurs).
Le principe est simple : la marque soumet un projet sur une plate-forme dédiée (comme KickStarter, ou Kiss Kiss Bank Bank en France), et les contributeurs (comme vous et moi), pouvons le soutenir grâce aux différentes formes de récompenses proposées par la marque (en général des produits à prix préférentiel, ou des cadeaux).
On en avait déjà parlé avec la découverte du modèle économique de Gustin.
Interview de Léo : comment réussir sa campagne KickStarter ?
Pourquoi avoir choisi le crowdfunding pour Léo & Violette ?
On n’avait pas beaucoup d’assurance vis-à-vis du succès de la marque et de notre concept. La meilleure solution pour tester ce concept, c’était de le soumettre à la communauté.
Nous pensons forcément que notre idée est bien, mais qu’en pensent les autres ? Donc on s’est dit qu’on allait mettre ça sur Kick Starter de manière à pouvoir sonder le marché sur une courte période.
La vidéo KickStarter de Léo et Violette.
Pourquoi avoir utilisé Kick Starter USA plutôt que, par exemple, Kiss Kiss Bank Bank en France ?
Kick Starter est réservé aux Anglais, aux Américains et aux Pays-Bas. On a eu la chance de le faire sur Kick Starter car on a de la famille aux Etats-Unis qui a pu le faire pour nous.
On voulait vraiment le faire avec Kick Starter parce que c’est la plate-forme de crowdfunding n°1 dans le monde : ils ont atteint le 1 milliard de dons. Ça touche un public énorme, et pour nous c’était ça ou rien dans notre état d’esprit.
Selon toi, quelles sont les bonnes pratiques pour réussir sa campagne de crowdfunding ?
Il n’y a pas un seul modèle pour y arriver. J’ai vu des centaines de projets y arriver, par des moyens très différents les uns des autres. Après il y a quelques concepts clés à respecter :
- Vivre une expérience KickStarter avant de proposer soi-même un projet, regarder des centaines de projets, et participer aux projets de référence sur KickStarter pour comprendre les mécanismes de base : paiement, newsletter, relation entre le porteur du projet et les participants.
- Faire un pré-lancement pour fédérer les gens avant le début parce que c’est ce début qui est le plus important : il faut que ça parte fort.
- Être très dynamique dans la communication (contacter un maximum de blogs, de sites, de magazines, etc) et être clair sur le projet : mettre des photos, des visuels, des descriptions qui vont vraiment rassurer celui qui va acheter le produit.
- Ne pas se perdre dans les contreparties : aller à l'essentiel.
Peux-tu m'en dire plus sur le pré-lancement ?
Ce qu’on avait fait et qui avait bien marché, ça s’appelle le pré-lancement.
Il faut commencer à en parler, trois ou quatre semaines avant le début de la campagne : sur Facebook, à ses amis, à ses proches. Il faut profiter de la viralité des réseaux pour que le jour où le projet se lance, il y ait tout de suite des gens qui viennent et qui participent parce qu’après c’est un effet boule de neige : plus il y a de gens qui participent au début, plus il y a de chances pour que le projet apparaisse dans les projets réussis.
Comment as-tu réussi à créer cette communauté, à fédérer d’autres personnes que tes proches autour du projet ?
C’est là que Kick Starter est incroyable, et c’est la grande différence avec les autres plates-formes.
Il y a des millions d’utilisateurs et donc il y a beaucoup de gens qui découvrent le projet directement par l‘intermédiaire de Kick Starter.
Ce sont des efforts qu’on n’a pas à faire. On s’expose à une communauté qui est intéressée et active. Après on a fait tout ce travail de communication qui nous a amené le reste du monde.
Dans le crowdfunding il y a des "contreparties" importantes offertes aux "backers" qui soutiennent le projet. Quelles sont celles que tu as mis en place ?
Nous étions axés sur le produit, on voulait avoir un minimum de contreparties pour que les gens ne se perdent pas et puissent aller à l’essentiel. On voulait que les gens pré-commandent le produit (le petit cartable) donc on a mis 5 ou 6 contreparties.
C’étaient juste des déclinaisons de cartables pour les 30 premiers à prix réduits, pour les 100 premiers c’était le prix réduit ou la livraison offerte, et pour le reste c’était le petit cartable au prix coûtant.
Si quelqu’un voulait prendre 2 petits cartables, c’était prix réduit aussi. Pour finir, il y avait des contreparties avec des montants oscillant entre 1 et 20 $ en échange de goodies.
Selon toi c’est suffisant pour la réussite du projet ?
Non ! Je pense qu’un conseil assez important à donner, c’est qu’il ne faut pas trop se perdre dans les contreparties. Nous on était mono-produit donc c’était assez simple. Mais ces contreparties de 1 ou 20 $, ça représente 2 % des 58 000 $ qu’on a levé, c’est rien du tout. Il y a tellement de contreparties qu’à un moment on ne sait même plus ce qu’on achète.
Nous, la personne venait, voyait clairement ce qu’on offrait, et son prix. Elle se disait « J’ai envie du cartable, c’est tel prix, c’est ici pour l’acheter, et je l’achète. Simple. ».
A contrario, quelles sont les erreurs à éviter ?
Faire tout l’inverse de ces 3 étapes là, tout simplement. Lancer un produit sur une campagne en se disant « Je vais me lancer sans trop savoir comment ça marche », ce n’est pas possible.
Au-delà des erreurs à éviter, il y a des projets qui me paraissaient impossibles, peu professionnels, et finissent par réussir. Au contraire, il y en a que je trouve top mais qui échouent. C’est difficile de dire « faut pas faire ça », mais il faut toujours se mettre à la place du contributeur.
Comment expliques-tu que 53 % des projets qui sont proposés sur Kick Starter échouent ?
Je pense qu’il faut avoir un objectif qui est réalisable, qui est cohérent avec le prix du produit. Nous, on demandait 38.000 $, mais ça correspondait à 100 commandes. 100 commandes, ce n’est pas un objectif infranchissable (c'est cohérent et atteignable).
Si une personne demande 5.000 € mais que ça correspond à 1.000 commandes, là ça va être compliqué, parce qu'il faut toucher 1.000 personnes. Et toucher 1000 personnes, ce n’est pas pareil. Au final, on n’a pas explosé en terme de personnes, on a vendu le produit à 150-155 personnes, mais ça nous a fait exploser l’objectif. On l'a dépassé de 20.000 $.
A partir de 20 % tu as la moitié du projet qui est gagné. C’est vraiment vérifiable ?
Quand tu regardes beaucoup de projets, ceux qui démarrent très fort atteignent forcément leurs objectifs. C’est cette émulation du début qui va attirer les gens ensuite. L'idée, c'est de faire participer sa famille et son entourage au début, tout de suite (tu n’es pas débité, tu as jusqu’à la fin du projet pour annuler ta commande). Ce genre d'opérations fait monter le chiffre très vite et les gens se disent « Si c’est monté aussi vite en 24 heures, c’est qu’il y a du succès » donc les gens sont rassurés par le succès (surtout dans le cadre d'un produit onéreux).
Pour toi le crowdfunding, est-ce que c’est une méthode à la mode, ou est-ce que ça va vraiment prendre le pas sur les financements classiques ?
Je pense que ça peut prendre une part de marché aux financements classiques, mais que ça ne les remplacera pas. Le financement standard permet d’avoir un peu de temps, de fabriquer, d’embaucher des gens.
Le crowdfunding reste une solution incroyable surtout pour se faire connaître, pour exister, pour faire parler. Et derrière, c'est simple de repartir parce qu’on avait déjà eu des contacts avec certains sites, on avait déjà une base de clients qui avait fait un super bouche-à-oreille, donc tout de suite on a eu des commandes.
Que peut-on souhaiter à Léo & Violette ?
Que les gens continuent d'être satisfaits des produits. Pour l’instant, nous n'avons pas eu de retours négatifs sur le produit, et ça, pour nous, c’est la meilleure chose : le bouche-à-oreille est super positif.
Test Léo et Violette du Nouveau Cartable
J'ai choisi de tester Le Nouveau Cartable qui est un briefcase, ou une sacoche pour ordinateur (ou documents) en français.
C'est un briefcase volontairement épuré, ce qui lui donne une élégance à toute épreuve. Il existe également en noir, mais j'ai trouvé le marron plus intéressant car le cuir végétal marron se patinera, et lui donnera un cachet supplémentaire dans le temps.
Par cuir végétal, j'entends que le tannage est végétal (=obtenu de manière naturelle, sans chrome). Si vous souhaitez en savoir plus, Romain en avait parlé lors de son test sur la sacoche Bleu de Chauffe.
Trois maîtres mots : pratique, élégant et polyvalent
Cela fait presque 2 mois que j'utilise quotidiennement ce sac, et je dois dire qu'il vieillit très bien. Je l'ai volontairement porté tous les jours pour voir comment il allait se comporter (et aussi parce que j'y suis devenu un peu accro), et je ne suis pas déçu !
Le cuir se patine gentiment, et il commence à travailler un peu, ce qui lui apporte un cachet sympa. Qu'on se le dise, si vous achetez un sac en cuir, c'est pour qu'il "vive" dans le temps : ce qui apporte de l'authenticité à la pièce. Ce n'est pas pour le garder comme neuf avec un aspect lisse mais au contraire pour venir discrètement contraster avec le style initial (ici du briefcase).
Le cuir se patine et vieillit bien. Si le cuir de votre sac n'a pas de plis, posez-vous des questions.
Pourquoi est-il pratique au quotidien ?
Il se divise en 2 compartiments :
- Compartiment principal : pour ranger sans risque votre ordinateur (13"). Il y a même une poche spécialement créé pour ranger son Macbook Air 13". Elle est pensée de telle sorte que le soufflet sur le côté peut s'agrandir si vous avez des choses encombrantes à mettre comme un chargeur, une bouteille d'eau, un portefeuille, ou encore un vêtement (écharpe, cardigan à maille fine etc.).
- Compartiment secondaire : spécialement pensé pour le voyage avec des compartiments pour glisser votre passeport, titre de transport, et mettre tout ce qui vous encombre au quotidien (clés, étui à lunettes, cartes de visites... ou autres : je ne veux pas le savoir :)).
Clou du spectacle, un compartiment spécialement dédié à votre Ipad. Pas de risque de rayure, tout est entièrement doublé en suédine (un cuir suédé fendu très finement).
Ça s'applique également à l'ensemble du cartable.
Votre ordinateur sera confortablement installé ;).
La preuve en vidéo (elles sont toutes bien réalisées d'ailleurs) :
Pour ma part, je me balade toujours avec une bouteille de pastis 😉
C'est une blague bien sûr, Geoffrey et Benoît ne m'ont pas encore rendu alcoolique.
J'ai fait le test, tout rentre dans le sac. Un beau sac, de la musique avec le mac, des mini boules de pétanque et du Henri Bardouin : on est au top 🙂
Élégant et polyvalent ? Si si, je vous l'assure !
On fait souvent l'amalgame, sac élégant = tenue habillée voir formelle (costume). Oui, c'est prendre le moins de risque possible, mais il est tout à fait possible de porter le briefcase avec un look décontracté.
C'est justement l'intérêt : créer des contrastes de styles. Vous voyez, ça passe comme une lettre à la poste. Bon, pour les lunettes, vous n'êtes vraiment pas obligés.
Chemise BG, pantalon et sneakers Gant Rugger.
Vous pouvez également le porter en bandoulière. Si vous n'aimez pas, elle peut s'enlever très facilement. Ps. Mon coiffeur est en prison mais il sort bientôt 🙂
Et bien évidemment il s'intègre sans souci avec une tenue plus habillée.
Blazer Gant Rugger, jeans Dnm Pieces, chemise Commune de Paris et derby Menlook Label, cravate camo Asos (et pochette Pochette Square).
Le rapport qualité / prix est-il bon ?
Côté produit, c'est du 100 % made in Italy : le cuir vient d'une tannerie italienne, et c'est un atelier près de Naples (travaillant pour Chloé, Givenchy, John Galliano, etc.) qui produit tous les sacs Léo et Violette.
C'est vraiment propre, les coutures sont régulières et l'assemblage des différentes pièces de cuir est maîtrisé. Notez que le bouton pression se détache pour agrandir la largeur du sac : c'est très pratique.
Faire de la maroquinerie, c'est un vrai savoir-faire. Les bons ateliers travaillent souvent pour les maisons de luxe et pour les jeunes marques de qualité.
Une fois le tannage du cuir terminé, place à la découpe des peaux avec les emporte-pièces. On découpe toutes les parties du briefcase avec une seule et même peau pour que l'ensemble soit homogène.
Toutes les parties sont assemblées avec des machines (et une aiguille) spéciales pour le cuir : plus puissante que celles des vêtements pour que l'aiguille transperce le cuir et fasse de beaux points de couture. Pour m'y être essayer par le passé, c'est vraiment plus dur que de confectionner un vêtement.
Pour 330 euros, pour cette qualité (cuir + confection), c'est un prix quasiment imbattable. Regardez l'infographie ci-dessous et vous prendrez pourquoi. On est sur un modèle économique pure players avec un minimum d'intermédiaire similaire à Maison Standards (ou à notre ligne BonneGueule).
Pas de distributeurs, ni de boutiques physiques et une liaison directe avec l'usine. Cet ensemble permet de maîtriser les coûts au maximum. Un sac de la sorte coûterait facilement 100 à 200 euros de plus dans une boutique d'une marque premium (et le luxe n'en parlons pas).
Bref, on joue la carte de la transparence chez Léo et Violette, et je suis ravi de cette initiative (qui commence à trouver écho dans d'autres secteurs comme la lunetterie avec Jimmy Fairly ou la déco avec Made.com).
Note : si comprendre comment fonctionne le marché de la mode vous intéresse, n'hésitez pas à jeter un coup d'oeil aux 2 articles qu'on avait écrit sur comment fonctionne le circuit de prêt-à-porter (suite ici).
Verdict final ?
Comme je vous l'ai dit, je suis entièrement satisfait du comportement du Nouveau cartable : il se bonifie dans le temps. Reste à voir comment vont vieillir les fermetures éclair (surtout dans les arrondis), même si je n'ai rien à signaler pour l'instant.
Le seul point négatif à mon sens, c'est la largeur de la bandoulière qui fait mal à l'usage si on a son ordinateur à l'intérieur du sac (même si je pense que c'est un parti pris créatif de Léo et Violette).
En résumé, ce briefcase est élégant et passe-partout avec un excellent rapport qualité / prix.
J'oubliais, ils viennent de sortir 2 nouveaux sacs (ça peut toujours servir) :
Le 48h (ou weekender) pour partir en weekend.
La double pochette dans un style plus rétro et classique
(convoitée par Thomas, notre comptable).