8 paires, dans 8 boutiques, en 23 exemplaires : voilà le défi qu'on s'est lancés pour ce début d'année 2023. On a donc réveillé des rouleaux de cuir dormants dans notre atelier au Portugal, avant de demander à nos conseillers de s’amuser avec. L'idée ? Qu'ils imaginent des sneakers uniques et ultra-limitées. Défi relevé : elles seront disponibles ce samedi 21 janvier dès 10 heures, uniquement dans nos magasins.
Voici le troisième et dernier chapitre de notre tour d’Europe des savoir-faire. Le premier était l’Italie, avec notre manteau vénitien. Le second était la France, avec notre sac à dos confectionné au cœur de L'Aveyron. Benoît, co-fondateur de BonneGueule, et Julien, responsable de collection, nous racontent l'histoire derrière ce projet de sneakers, qui a cette fois-ci pour décor le Portugal.
Nos huit paires de sneakers en cuir upcyclé
1 - Créer raisonnablement, en utilisant l’existant
Ces sneakers, on les a créées à partir de chutes de cuir en attente d'une nouvelle vie. Elles patientaient sagement à Felgueiras dans l'usine de Loïk - "un mec super sympa et grand fan de sneakers", résume Benoît.
"Quand un atelier de sneakers produit des pièces, il lui reste toujours des chutes de cuir. C'est impossible de consommer pile-poil le rouleau en entier", explique le co-fondateur de BonneGueule. "Au fil des années et des productions, ce sont des chutes qui s'accumulent et qui permettraient de faire des dizaines de paires tout au plus. On a eu envie de les utiliser pour créer une collection très réduite".
"Ce sont des restes, des déchets, des rouleaux posés dans un coin de l’entrepôt qui ne servent à rien. On a été chercher ça, plutôt que de reproduire de la matière", appuie Julien. On parle alors d'upcycling : une méthode de production plus raisonnable, qui consiste à récupérer et revaloriser des matériaux inutilisés, abimés ou abandonnés, afin de les transformer en quelque chose d'utile et/ou de beau.
"Loïk, c'est un grand passionné. On parle le même langage. Certains fabricants produisent pour produire. Lui, il a une vraie sensibilité, un vrai attrait pour le côté technique et même une sorte de direction artistique. On s'est tout de suite compris", confie Benoît. "Quand on lui a proposé le projet, il était super chaud".
Pour le design, on a fait appel à Nicolas, styliste spécialisé dans la chaussure qui a travaillé pour de belles marques et qui avait déjà pensé nos mocassins. Basé à Bruxelles, il est, lui aussi, un fan de sneakers.
"Dessiner des sneakers, c'est un métier qui ne s'improvise pas : penser la forme, les proportions, les empiècement, remarquer chaque détail...", énumère Benoît. "On a adoré travaillé avec quelqu'un qui avait cette sensibilité. Ca a été extrêmement enrichissant".
"Je voulais vraiment une paire de type running, car c'est ce que j'aime porter au quotidien. C'est hyper confortable, hyper pratique, tout-terrain. Et en plus, ça va avec tout. C'est une sneaker contemporaine et couteau-suisse".
2 - Des paires uniques pour un style unique
Dès le début, Julien et Benoît ont envie d'impliquer le plus de monde possible dans ce projet. "Avec BonneGueule, on essaie de développer une culture du partage et du collaboratif. Impliquer les conseillers dans la création, je savais que ça leur ferait plaisir", raconte Benoît.
"C'est là qu’on a pensé à faire appel aux équipes des boutiques", se souvient Julien. "On leur a alors demandé d’imaginer, sur un sketch vierge, trois propositions de combos qui traduiraient leurs envies pour cette sneaker. Les conseillers ont tout de suite été très emballés par le projet. Ils ont réagit très rapidement et nous ont envoyé leurs trois combos". "On leur a vraiment donné une toile blanche et on leur a demandé de s'amuser", ajoute Benoît.
Pourquoi trois combos ? Tout simplement parce que lorsqu'on fait le choix d'utiliser des chutes de cuir déjà existantes... il faut faire avec ce que l'on a et ce qui est disponible sur place, dans l'atelier au Portugal. "Ainsi, si on ne trouvait pas les éléments nécessaires en terme de matières ou coloris pour un combo proposé, on avait à disposition des alternatives avec les deux autres propositions", résume Julien.
Des sketchs vierges des sneakers
En découvrant les propositions, Julien et Benoît identifient tout de suite "des trucs très cool". Avec Charlotte, cheffe de produit junior, ils partent alors au Portugal dans l'usine de Loïk. Dans l'entrepôt où sont stockés tous les cuirs, tels des chasseurs de trésors, ils se mettent à la recherche des rouleaux qui peuvent correspondre à ce que les conseillers en boutique ont imaginé.
"On se coupait pleins de petits bouts et on regardait si ça matchait avec les dessins, notamment en fonction des matières", explique Julien. "Par exemple, les gris sur les matières en suédé sont souvent très différents les uns des autres : ils peuvent tirer sur une couleur assez neutre mais aussi sur du vert, bleu ou rouge... Lorsque tu veux mixer deux gris, comme un gris moyen et un gris clair, si ils ne tirent pas vers la même teint... c’est juste affreux !".
Une difficulté supplémentaire à prendre en compte, lorsque l'on choisit d'utiliser des morceaux déjà existants et où il y a, de ce fait, peu de quantité. S'adapter, tester, recommencer. "On a fait plein, plein d’essais", se rappelle Julien.
Les efforts en valaient toutefois la chandelle : chaque paire est unique en son genre et reflète l'univers de chaque boutique. Et leur nombre très limité assurera un style unique à ceux qui arriveront à mettre la main dessus.
Kelly et Mathieu, conseillers à Lyon, nous parlent de leur paire
"On nous a vraiment laissé carte blanche", affirme Mathieu. "On a pu proposer ce qu'on voulait en fonction de notre univers et nos goûts : moi, je suis parti sur quelque chose de très 'dad shoes', avec du gris, du taupe et des touches un peu plus flashy. De son côté, Kelly a fait une proposition avec ses couleurs préférées : du terraccota et du vert, qu'elle a associé à un beige plus doux".
- Ci-dessous, la sneaker de Lyon, des sketchs à la version finale
C'est ce dernier combo qui a été retenu pour la collection. Mais entre le premier dessin et la version finale, tout n'a pas été de tout repos. "Ce qui a été le plus dur, c'était d'imaginer les matières et ce que ça pouvait donner avec les différentes couleurs", souligne Kelly. "Julien nous a donc envoyé un nouveau dessin avec les effets de matières et textures, puis des prototypes qui reprenaient ce combo de couleurs, avec différentes finitions. Cela nous a permis de mieux nous projeter et de choisir ce qui nous plaisait le plus".
Cette paire lyonnaise, Kelly et Mathieu en sont fiers. Et ils l'imaginent bien portée avec : "le t-shirt Cuba blanc, le Yell beige, la Pavie verte, le jean Reinji bleach, une casquette, une montre vintage Omega et des bagues Harpo".
Ultra-limitées
Chacune de nos 8 boutiques proposera entre 18 et 23 paires de la version imaginée par ses conseillers. Ces sneakers sont donc une édition ultra-limitée en raison des faibles quantité de cuir auxquelles il a fallu s'adapter, comme nous vous le racontions plus haut. Un exercice périlleux mais enrichissant.
"Dès le début, on savait très bien qu'on allait être limités dans le choix des coloris et textures", souligne Julien. "Imaginons que nous avons envie de mettre du jaune sur l'une des paires : peut-être qu'il n'existe tout simplement pas de rouleau correspondant dans l'entrepôt. C'était la même chose pour les quantités : tu peux trouver la bonne couleur et le bon cuir, mais tomber sur un rouleau bien trop petit, ce qui ne permettrait pas de faire le nombre de paires désirées".
Pourquoi Strasbourg n'a-t-elle pas sa propre paire ?
On va être tout à fait honnêtes avec vous. Si vous connaissez bien BonneGueule, vous savez sûrement que nous avons 9 boutiques en France. Alors pourquoi seulement 8 paires et 8 boutiques ? Et pourquoi Strasbourg n'a-t-elle pas sa propre création ?
Nos conseillers strasbourgeois ont bel et bien participé au projet. Leur paire, élégant mélange de blanc, taupe, vert sapin et bordeaux, a même été fabriquée. Nous avons malheureusement découvert, peu de temps avant le lancement de la collection, un défaut de fabrication.
"Le fabricant nous a prévenu durant la production de la série de chaussures que la matière en suédé bordeaux dégorgeait un peu, à sec, sur le mesh blanc", selon Julien, notre responsable de collection. "Ce n'est pas un suédé qu'on a acheté mais qu'on a pris dans un stock déjà existant : nous n'avions donc pas d'historique dessus. Il se trouve qu'il n'était pas stable : à l'usine, Loïk a tenté de contrôler ce défaut en mettant du produit imperméabilisant à trois reprises, mais il y avait encore un aspect rosé sur le tissu blanc. Il nous a envoyé une pièce que j'ai testée moi-même : au bout d'un moment, en raison de l'humidité, on a pu constater des perditions de suédé bordeaux sur le blanc, ce qui donnait un aspect rose. On a donc pris la décision d'écarter cette pièce plutôt que de prendre le risque de décevoir des clients".
Ayant un niveau d'exigence élevé quant aux produits que l'on vous propose, nous n'avons pas souhaité prendre le risque de mettre cette paire en vente. Et croyez-nous : nous en sommes les premiers et les plus déçus. Nous espérons de tout coeur que notre clientèle strasbourgoise ne nous en tiendra pas rigueur et comprendra la position difficile dans laquelle nous nous sommes trouvés.
Pour palier cet imprévu, la boutique de Strasbourg proposera, à titre exceptionnel, 13 paires issues des créations de Rennes, Nantes et Toulouse.
3 - Des paires confortables ET durables
Des sneakers en cuir upcyclé, ça s'inscrit totalement dans notre démarche RSE. Mais pour aller jusqu'au bout, il nous fallait aussi créer des paires confortables, pour que vous les portiez souvent. Et de haute qualité, pour qu'elles soient durables et que vous les portiez longtemps. On a donc travaillé avec les meilleurs matériaux et techniques possibles, afin de remplir cet objectif.
"Pour ces paires, on a fait un montage classique propre au savoir-faire portugais, mais en utilisant une première de montage de type Strobel", détaille Loïk. "Cela nous a permis de rendre la chaussure plus souple et d'apporter un confort supplémentaire".
Trouver la semelle extérieure idéale a pris du temps. "Je suis extrêmement exigeant sur la qualité de nos semelles", rappelle Benoît. "Je voulais absolument une semelle Vibram, très réputée, Italienne".
La paire de sneakers de Paris, boutique Commines
"Le choix de la semelle et de sa marque sont extrêmement importants", souligne Loïk. "Avec une semelle Vibram, on a tout d'abord un midsole en phylon qui vient apporter de l'amorti. Ensuite, l'outsole est en rubber : un matériau plus rigide et dur qui permet d'apport de la durabilité".
Pour la semelle intérieure (aussi appelée "insole"), ces sneakers comportent une mousse moulée avec une densité de 100 kilos. "En plus d'être confortable, elle a aussi une capacité de récupération assez importante qui lui permet de ne pas se déformer et, encore une fois, d'ajouter de la durabilité à la chaussure", précise Loïk.
Les différents matériaux qui composent la partie supérieure des sneakers ("upper"), à savoir du cuir suédé, du cuir nappa et du mesh, sont originaires d'Italie et d'Espagne, et de très haute qualité.
La question du prix
Ces sneakers, on vous les propose au prix de 195 euros.
"On a un très grand nombre d'empiècements : c'est donc une chaussure très compliquée à réaliser avec beaucoup d'étapes de coupe et de couture", avance Loïk. "Mais c'est aussi grâce à ces empiècement qu'on a pu faire des coloris incroyables. On a fait le choix de privilégier le style et le design, quitte à ce que ce soit compliqué à produire".
"On pourrait penser que lorsqu'on utilise des tissus déjà existants, le coût est moindre - notamment parce que le temps de production n’est pas du tout le même. Mais en fait, à quelques exceptions près, l’usine va nous facturer la même chose : les frais de développement, le temps de travail... c’est du coût à la minute et c'est plutôt ça qui compte dans la sneaker", détaille Julien.
"Ce qui coûte cher aussi, c'est la semelle : c'est quasiment 20 euros la semelle, sans compter ensuite toute la confection", poursuit-il. "Si on avait créé un modèle 100% 'neuf', cela aurait été assez équivalent en termes de prix si on avait utilisé du suédé haut de gamme, et moins cher si le suédé choisi avait été basique et de qualité très moyenne".
"Pour être clair, sur cette collection, on voulait surtout se faire plaisir et créer un truc un peu cool - parce qu’en terme d’objectif et de marge... on y est pas du tout !", confie-t-il.
4 - Plus de produits upcyclés dans le futur ?
Nous sommes plus que fiers de vous proposer un nouveau type de produit, qui lie créativité, savoir-faire, beaux matériaux et durablité.
"On essaie d'inspirer les gens à emprunter une démarche plus responsable. Cet impact qu'on recherche, ça doit devenir un standard. De notre côté, on n'a jamais travaillé autant de matières responsables, bio etc.", résume Benoît. "On a cette volonté d'aller plus loin, de le faire concrètement, et avec une certaine singularité, comme ici avec ce projet."
Peut-on s'attendre à plus de produits upcyclés dans le futur de BonneGueule ? "On a créé des sneakers avec des chutes de cuir, qu'est-ce qui nous empêche de créer des vêtements avec des chutes de tissus ?", répond Benoît. "Mais je veux le faire uniquement s'il y a un propos créatif concret derrière."
Différents sketchs de sneakers
Attention : par souci d'équité envers tous nos clients et en raison des très faibles quantités, il ne sera pas possible de réserver et/ou commander les paires à distance auprès de nos boutiques.
Sachez toutefois que si vous n'êtes pas en mesure de venir découvrir ces paires en boutiques, nous travaillons actuellement sur une version grise. Cette dernière n'étant pas en cuir upcyclé, nous pourrons vous la proposer en ligne sur notre e-shop et ce, très prochainement.