Après avoir rédigé le test des derby Garçonne & Chérubin, je me sentais d'attaque pour continuer sur ma lancée, et vous faire (re)découvrir cette marque de chaussures old school.
L'occasion s'est présentée avec Sebago, et j'ai donc naturellement proposé à Luca de rédiger cet article. Et puis, ayant grandi à Versailles, je ne suis pas étrangère au mocassin ! 😉
J'espère vraiment que vous apprendrez autant de choses que moi au sujet de cette marque emblématique...
Histoire de la marque américaine de souliers Sebago
Les origines de la marque Sebago
L'histoire de Sebago débute avec trois amis en janvier 1946 , en Amérique du Nord. L'un d'entre eux tient un commerce de chaussures dans le Maine, et décide un beau jour de s'associer avec ses deux copains hommes d'affaires pour créer une usine de souliers. Joseph Cordeau, William Beaudoin et Daniel Wellehan fondent ainsi la "Sebago-Moc Company".
Ils ont un gros point commun : ils sont tous natifs de la Nouvelle-Angleterre ! Cette région est située à l'extrême nord-est des États-Unis, et composée de six États différents (dont le Maine, qui est frontalier avec le Canada).
Les cours d'eau sont omniprésents dans ce coin ; cela fait donc partie intégrante de la culture des habitants : activités et sports nautiques, détente au bord du lac... Cette dimension est chère au cœur des fondateurs (et l'est toujours aujourd'hui pour ses habitants).
Cela fait d'ailleurs totalement partie de l'ADN de la marque. En effet, "Sebago" est le nom d'un lac dans le Maine, les fondateurs l'ont donc délibérément choisi pour cette raison.
Autre anecdote à ce sujet : "Sebago" peut se traduire comme "grande étendue d'eau", selon le dialecte d'une tribu locale d'Amérindiens (qu'on appelle les Abénaquis).
Le produit : la chaussure Sebago
Des inspirations Amérindiennes
Ces Indiens vivent toujours dans le Maine, même s'ils représentent une minorité ethnique qui se limite à quelques réserves. Ce sont d'ailleurs eux qui sont à l'origine de la première paire de chaussures Sebago : les penny loafers. Ce sont des mocassins, inspirés de ceux portés par ces autochtones.
En effet, comme vous le savez maintenant grâce au guide du mocassin, c'est la chaussure la plus ancienne de l'histoire de l'humanité. Les mocassins indiens ont d'ailleurs eu beaucoup de succès dans les années 40.
Le concept des souliers Sebago
L'idée était simple : proposer des mocassins de qualité, confortables et pratiques, le tout alliant une certaine élégance à des influences sportives. Un autre critère primordial pour ces souliers : la résistance à l'eau. En effet, la cible des créateurs était d'abord les locaux, donc des adeptes de sports nautiques, navigateurs, pêcheurs...
Les premières chaussures produites étaient donc des "beef roll penny loafers" : c'est un mocassin souple cousu à la main, le modèle que Luca détaille plus bas dans cet article.
Historique de la société Sebago
Au départ, les produits sont vendus exclusivement aux États-Unis. Leur renommée ne dépasse pas leurs frontières. Il faut attendre les années 60 pour que cela change.
En 1964, en Suisse, un certain Sir Francisco Gaudier achète une paire de classic penny loafers Sebago. Bluffé par la qualité des produits, ce businessman décide d'aller voir de ses propres yeux les usines de Sebago dans le Maine, aux USA (il ne faisait pas les choses à moitié).
Séduit par sa visite et impressionné par la qualité des produits, il commence alors à vendre les chaussures via sa société, et ce dans toute l'Europe. Une fois lancés sur le marché, ces souliers deviennent vite un gros succès commercial pour tous les vacanciers du Sud de la France.
C'est en 1970 que "Sebago-Moc" lance son modèle iconique : la chaussure bateau « Docksides ». Le succès est immédiat, et tel qu'elles définissent désormais toute la catégorie de chaussures bateau de la marque. Le style "Ivy League" étant très à la mode à cette époque, les étudiants des universités américaines l'adoptent rapidement, ce qui fait de ces souliers un incontournable de la génération preppy des 70's.
En 1971, Sebago lance des chaussures décontractées cousues à la machine cette fois : les "Jesse Janes". La même année, les créateurs suppriment le "Moc" et "Company" du nom de la société, ce sera donc tout simplement "Sebago" (plus impactant, n'est-ce pas ?).
Dans les années 80, la marque devient le fournisseur officiel de chaussures de yachting, pour l'équipe de voile américaine. Cette visibilité lui permet de se faire connaître au plus grand nombre.
Les années suivantes, Sebago sponsorise des événements sportifs : essentiellement des courses nautiques (Coupe de l'America, Young America, Celebrity Regatta ou encore la Newport Bermuda Race). Dans la foulée, Sebago propose des chaussures totalement étanches : les "Drysides".
La marque de souliers Sebago aujourd'hui
Aujourd'hui, Sebago s'est bien développée. Elle est actuellement distribuée dans 120 pays à travers le monde. Si leurs chaussures sont adorées par les pratiquants de sports nautiques pour leur qualité, certains lui reprochent aussi un côté un peu vieillot dans le design.
Des collaborations et une image de marque modernisées
Afin de plaire aux nouvelles générations, la marque culte de chaussures a cherché à concrétiser de nouveaux partenariats. C'était une nécessité pour elle, car pour de nombreux jeunes hommes, c'était une marque uniquement réservée aux hommes plus âgés.
Fin 2011, Sebago lance une collaboration avec Filson. En tant qu'équipementier outdoor, l'association de ces deux était très cohérente !
Découvrez en images la collaboration Sebago x Filson :
La marque a également développé des modèles exclusifs de Docksides multicolores avec le concept store parisien Colette. Une collection spéciale pour femmes a également vu le jour à cette occasion. Cinq femmes influentes ont créé des éditions limitées : la collection s'appelle "Six Degrees" (en référence à l’idée que chaque personne sur Terre est connectée via six interactions... Et que 5 femmes + 1 marque = 6 !).
Sebago a également conçu des modèles en édition limitée avec VANE. Il s'agit d'un collectif de design new-yorkais assez hype à New York. Ils ont même créé un pop up store exclusif à NYC, dédié à cette collection !
Enfin, les fans de sneakers doivent connaître Ronnie Fieg. Ce designer / blogueur / sneakers addict a lui aussi fait une collaboration avec Sebago. Il a été interviewé à ce sujet, dans l'usine Sebago située en République Dominicaine.
Les modèles de mocassins et chaussures de la marque Sebago
Les Docksides (chaussures bateau)
Le modèle phare de Sebago, ce sont les fameuses Docksides ! Ce sont elles les véritables "chaussures bateau". Marines par excellence, elles sont cousues à la main, depuis leur conception en 1970. Leur création est la conséquence d'une vraie demande de la part des clients navigateurs ou amateurs d'activités nautiques.
Souples, confortables et résistantes, en voici les caractéristiques principales :
- Structure d'un véritable mocassin, construit dans un seul morceau de cuir cousu main,
- Tige (extérieur de la chaussure) en cuir pleine fleur, nubuck ou daim,
- Semelles en caoutchouc antidérapantes,
- Lacets en cuir,
- Oeillets en laiton anti-corrosion,
- Semelle intérieure en cuir
- Semelle extérieure adaptée pour le nautisme, avec caoutchouc anti-dérapant.
Les Spinnaker (les mêmes, version colorée)
Suite au succès des Docksides, la marque a souhaité les décliner dans une version plus colorée. C'est ainsi que les Spinnaker voient le jour. Pour votre culture personnelle et les fans de nautisme : un "spinnaker" est "un type de voile hissée à l'avant d'un voilier lorsque le vent souffle depuis l'arrière du navire" (merci mon ami Wikipédia).
La tige est toujours de deux ou trois couleurs, et les finitions sont les mêmes que celles énumérées plus haut pour les Docksides.
Les penny loafers Classic (mocassins)
Les penny loafers sont donc les premières chaussures développées par Sebago. Elles sont montées sans aucun trou de guidage pour les cordonniers, qui sont donc de vrais experts.
Leur structure a justement été brevetée "Welt Construction" (il s'agit concrètement d'un cousu Goodyear). Leur design est resté inchangé depuis plus de 70 ans !
Le Président John F. Kennedy et James Dean ont popularisé ces loafers en les portant dans un contexte décontracté (en bord de mer), le tout sans chaussettes (assez rare à l'époque).
Les étapes de la confection des mocassins penny loafers Sebago
Il y a différentes étapes dans la confection des mocassins :
- La découpe : après avoir choisi le cuir à utiliser, la forme de la chaussure est découpée dans la matière (les artisans n'utilisent que les meilleures parties de la peau),
- Le cousu main : Les artisans utilisent ensuite un poinçon, qui leur permet de percer des trous à la main dans la tige en cuir. Ensuite, il faut coudre la tige avec un fil de nylon. Le devant est mis en forme de tube, c'est cela qu'on appelle le « beef roll ».
- La semelle : elle est assemblée à la tige à l'aide d'une trépointe (cousu Goodyear). C'est une bande de cuir placée tout autour de la semelle, cousue à la tige puis à la semelle en cuir. Grâce à elle, le fond de la chaussure est renforcé et plus solide.
Le test des mocassins penny loafers Sebago (par Luca)
J'ai choisi de tester les mocassins penny "à roulé prononcé". Et j'ai été le premier surpris (dès le premier port), car je ne m'attendais pas à être aussi à l'aise en mocassins !
Ce modèle (référence Grant, coloris Cordo) est très bien conçu :
• Entièrement cousu à la main,
• Tige non doublée en cuir de veau tanné
• Semelle première en cuir
• Semelle extérieure en caoutchouc thermoplastique (déposée : "Sebago Maine Street")
Porter des mocassins : avec ou sans chaussettes ?
Cela fait maintenant plus d'un mois que je les porte, et dès le départ, les mocassins ont été très confortables. Ma grande question avant le premier port était : chaussettes invisibles ou pas de chaussettes ?
J'ai donc essayé les deux pour comparer, car les Sebago sont, à la base, des chaussures qui se portent pour les balades en bateau (donc à potentiellement se mouiller les pieds, ce qui ne fait pas bon ménage avec des chaussettes).
Comme d'habitude, j'ai eu ce même ressenti de malaise : sans chaussettes vos pieds gonflent assez vite ; et je ne vous parle pas de la fin de journée et de ce que vous faites subir à votre entourage, en retirant vos souliers. Je dois tout de même souligner qu'elles sont plus aérées que la plupart des mocassins que j'ai pu chausser.
Avec des chaussettes invisibles, vos pieds glisseront un peu dans le mocassin la première heure de port, mais vous verrez que cet effet s'estompe très vite. La différence en fin de journée est incomparable, donc un conseil : portez des chaussettes invisibles !
Le cuir des penny loafers Sebago
Le cuir des Sebago (du veau pleine fleur) est vraiment confortable et vieillit bien. Après un mois de port, il n'a presque pas bougé, on ne voit toujours pas de plis disgracieux sur la tige du mocassin. C'est vraiment du costaud.
Le plus étonnant, c'est qu'il est imperméable. Sans pitié, j'ai trempé les mocassins plusieurs minutes dans de l'eau : le cuir ne m'en a pas voulu !
En ce qui concerne l'intérieur de la chaussure, une semelle de confort perforée absorbera les chocs de vos pas ; et la peau retournée au-dessous, votre transpiration.
Je vous disais que ces mocassins sont confortables, avant tout grâce à cette finition qui vient épouser la cheville. Le retour de cuir est bien épais, ce qui permet de ne pas agresser votre peau et de ne pas souffrir un bon mois durant.
En ce qui concerne la semelle, elle est en caoutchouc thermoplastique déposé par la marque. Encore une fois, elle vient accentuer cette proximité avec le monde nautique, en vous évitant de glisser sur le pont lors d'une manoeuvre maladroite de Tonton Daniel.
Le design des mocassins Sebago
Au premier coup d'oeil, je trouvais que le design des mocassins était un peu vieillot. Je trouvais la forme trop carrée, les lignes trop brutes et la semelle trop imposante, d'autant plus que sa couleur noire dénote avec le reste de la chaussure.
En gros, je me voyais attendre de passer la quarantaine avant de les chausser.
Finalement, une fois portés, les mocassins s'intègrent dans un bon nombre de tenues et l'effet "désuet" se ressent moins ! Je n'imaginais pas les adopter aussi vite.
Comment porter les mocassins penny loafers ?
Que vous portiez un jean, un short, un chino : le mocassin va avec pratiquement tout. Sur la photo ci-dessus, je les porte avec un pantalon cargo et une chemise habillée. C'est une pièce qui peut faire peur, mais qui ne devrait pas. Beaucoup de choix s'offrent à vous !
L'avis de Luca sur les mocassins penny loafers de Sebago
Je suis très agréablement surpris par ces mocassins, tant en termes de qualité que de confort. J'ai vraiment l'impression qu'ils sont increvables !
La couleur du cuir change petit à petit également, en s'éclaircissant par endroit. C'est véritablement un produit qui mérite d'être porté sur plusieurs saisons.
En ce qui concerne les points d'améliorations : le design est un peu vieillot, et des roulés de cuir trop imposants sur la tige du mocassin (ce que je trouve personnellement un peu grossier au premier coup d'oeil).