Les mocassins : chaussures sportswear chic
Le mocassin est une paire de chaussures très légère et totalement adaptée pour un usage estival. Son historique est aussi long que la barbe d'Alexandre, et figurez-vous que le mocassin serait même la plus ancienne paire de chaussures de l’histoire de l’humanité !
Avec le temps, son usage a un petit peu évolué. De la course automobile dès années 30 aux films italiens des années 50-60, le mocassin a su apporter une petite touche « sportswear chic ».
Cet article va vous permettre de reconnaître un mocassin dit de « qualité » ; et pour cela, il existe plusieurs indices à savoir repérer, dans les matières et la confection.
Dans la lignée de notre dossier de Bobrunel va nous aider à bien vous expliquer ce que vous devez regarder quand vous avez un mocassin dans les mains en boutique.
Vous allez voir, elle a été très généreuse en explications et conseils, avec de nombreuses photos comparatives !
Bobrunel, fabricant de mocassins de qualité
Des indices pour repérer un mocassin de qualité
La gamme de prix
Tout commence par le prix ! C’est un indice de qualité facile à repérer, mais pas suffisant non plus pour se faire un avis définitif. Disons que le prix constitue une manière rapide pour se faire une idée sur la qualité d'une paire de mocassins.
Vous vous doutez bien que des mocassins à petit prix susciteront moult interrogations. Et vous avez de quoi réfléchir sur la qualité des matières ou de la production, dont les coûts sont réduits afin de proposer une offre la moins chère possible.
Sachez qu’un mocassin de qualité réclame un peu plus d’une centaine d’opérations d’assemblage au façonnier ( = atelier de montage) !
Disons qu'il faut compter un peu plus de 100 € pour une paire de mocassins (ou souliers en général) de bonne facture.
L'origine des cuirs utilisés
Une paire de mocassins, c’est surtout et avant tout du cuir. De qualité, si possible ! Ça tombe bien, puisque les meilleurs proviennent de France, d’Italie, d'Angleterre – et plus récemment – de l'Espagne et du Portugal.
Si le cuir de vos mocassins est originaire de l’un de ces pays, c'est donc plutôt bon signe, mais cela ne fait pas tout. On peut tout à fait trouver de mauvais cuirs en Italie par exemple.
La qualité des matières employées
Le choix du cuir pour un mocassin
Comme vous le savez à présent, le cuir provient de différents animaux qui détiennent chacun des spécificités selon leur race : agneau, mouton, veau, vache, chèvre, crocodile, python... Les plus nobles proviennent des animaux les plus jeunes, car la peau est plus souple ; mais aussi moins exposée aux parasites et aux maladies.
Par exemple, pour la chaussure, le cuir de vachette sera privilégié parce qu’il est réputé pour être très résistant. Le cuir de veau, quant à lui, se prête plus si on recherche de la souplesse et de la douceur.
Pour rappel, une fois que la peau a été prélevée sur la bête, il faut la travailler pour la faire passer d’un état brut naturel à un cuir exploitable par l’opération de tannage. Cette étape franchie, différentes finitions sont choisies : finitions aniline, finitions semi-aniline et finitions pigmentées.
- Finitions aniline : met en valeur une surface du cuir en le recouvrant d’un produit transparent. L’aspect recherché est naturel et plus joli, mais l’entretien est délicat.
- Finitions semi-aniline : couvert d’une couche de pigment légèrement opaque et d’une couche de produit translucide, ce qui permet de cacher de petits défauts. C’est un compromis entre l’aniline et le cuir pigmenté.
- Cuir pigmenté : le cuir est est recouvert d’une couche de pigment opaque. L’avantage ? Il est facile d’entretien et peu sensible à l’eau, mais le rendu est un peu moins authentique. Ces cuirs se comportent différemment avec une simple goutte d'eau :
Dans l'idéal, il faut du cuir aniline ou semi-aniline, car l'aspect est plus naturel et surtout : il y a un meilleur échange thermique, donc plus de confort.
Cela donnera lieu à plusieurs dénominations de cuirs avec des caractéristiques différentes :
- Cuir pleine fleur : c’est la partie la plus noble du cuir, là où est ancré le poil de l’animal. Il se reconnaît par ses marques asymétriques et inégales.
- Cuir fleur corrigé : c’est un cuir poncé au niveau de la fleur, pour en corriger les irrégularités.
- Croûte de cuir : dans ce cuir, pas de fleur, mais une croûte qui a été enduite de vernis pour simuler la sensation d’un cuir pleine fleur. Elle peut être ensuite transformée en cuir suédé.
- Cuir nubuck : c’est un cuir pleine fleur qui a été gratté pour avoir un léger côté abrasif.
- Cuir velours : c’est un cuir obtenu par le ponçage côté chair.
Retenez qu'une paire de très haute qualité s'orientera sur des finitions aniline ou semi-aniline avec un cuir pleine fleur. Pour le bas de gamme, ça sera plutôt des finitions pigmentées avec de la croûte de cuir. Un cuir de qualité, c'est aussi une paire qui tiendra plus longtemps sur la durée. À ce propos, apprenez une bonne fois pour toutes à déchiffrer les pictogrammes qu'on retrouve sur les petites étiquettes collées sur la semelle :
Remerciez la DGCCRF pour ce beau tableau, et même si le contenu est un peu... aride, je vous encourage très fortement à jeter un coup d’œil sur le décret encadrant la commercialisation d'articles en cuir.
Les finitions à regarder pour déterminer la qualité d'un mocassin
Pour bien déterminer la qualité d’un cuir dans une paire de mocassins, il faut les toucher ! Un daim ou un cuir velours de qualité se reconnaît facilement grâce à la trace laissée par le passage d’un doigt sur la matière.
Concernant l’usure des matières, le mocassin est connu pour être un produit sensible. Pour comprendre cela, il faut remonter aux années 30, lorsque l’essor du mocassin s’est concrétisé, grâce au sport automobile !
Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, les mocassins (aussi appelés « car shoes ») permettaient aux pilotes de course d’adhérer au mieux à leurs pédales d’accélération. Ce n’était pas fait pour jouer au tennis, comme vous vous en doutez bien.
Cependant, le principal défaut du mocassin réside dans la durée de vie de sa semelle. Et c'est un point sur lequel j'ai beaucoup interrogé Bobrunel afin de savoir (enfin !) quelle est la durée de vie d'un mocassin ; car on entend un peu tout et n'importe quoi à ce sujet.
Avant tout, il faut savoir qu'un mocassin s'usera inexorablement, dans toutes les gammes de prix. Les picots de la semelle vont s'user, que ça soit sur une paire à 100 euros ou à 300 euros.
Il n'y pas de miracles de ce côté-là, c'est un peu le prix à payer pour avoir une chaussure très souple et confortable (vous vous doutez qu'une semelle plus rigide ferait perdre le côté "chausson" du mocassin).
D'ailleurs, le SAV d'une grande marque de mocassins (et aux prix pas donnés) n'hésite pas à dire à leurs clients de jeter la paire une fois les picots usagés : bravo pour le gâchis.
Porter un mocassin au quotidien
Avant tout, il faut savoir qu'une bonne utilisation d'un mocassin est de un à trois ports par semaine, et qu'il faut éviter (comme pour toute chaussure) de le porter plusieurs jours d'affilé. Sinon, l'humidité ne s'évapore pas complètement et elle va fragiliser le cuir. Et évidemment, n'allez pas marcher dans les flaques, les porter quand il pleut ou vous amuser à jouer au foot avec !
Avec deux ports par semaine, vous pouvez espérer porter vos mocassins pendant environ deux saisons (rarement moins).
Théoriquement, il est possible de ressemeler le mocassin, mais c'est une opération difficile et coûteuse que la majorité des cordonniers refuseront de faire.
Note de Benoît : Aubercy propose une solution au problème de l'usure, avec le très beau mocassin Etretat (dont la semelle à elle seule a nécessité deux ans de développement). C'est plus cher qu'un mocassin Tod's, mais la qualité est sans commune mesure, avec la possibilité de le customiser et d'être chaussé avec l'une des meilleures marques de chaussures française. J'espère pouvoir vous en proposer un test un jour ! Kenzo propose aussi des mocassins avec une semelle plus résistante, mais je n'ai aucune idée de la qualité.
On peut le conserver plusieurs saisons avec un entretien soigneux. Pour les produits nécessaires, comptez au minimum :
- Une bombe imperméabilisante
- Une brosse à daim ou cirage
- Des embauchoirs après la pluie
Les avantages du port de mocassins
Mais pourquoi s'orienter vers une chaussure dont l'usure est contraignante ? À cette question, Bobrunel est catégorique. En effet, le mocassin a des avantages incomparables par rapport à d'autres types de chaussures :
- le confort évidemment. Il y a une souplesse et une élasticité extrêmement appréciables, et dès que la doublure est dans un cuir de qualité, c'est vrai plaisir à porter ; d'autant plus que le mocassin va se "mouler" peu à peu à votre pied. Bref, ce sont les chaussons ultimes pour vos vacances !
- le côté estival : vous les enfilez, vous êtes presque en vacances instantanément. C'est une chaussure aérée et parfaitement adaptée quand il fait très chaud (surtout si vous vous refusez à porter des tongs).
- et enfin, le style : si vous aimez tout ce qui est "sportwear chic", avec des possibilités de tenues estivales élégantes et décontractées, difficile de passer à côté du mocassin. C'est clairement un type de chaussure bien plus adapté que des bottines pour manger dans un restaurant en bord de plage avec votre promise.
La réalisation du mocassin en lui-même
L'aspect extérieur : des détails qui n'en sont pas
Souvent invisible pour le client profane mais facilement repérable par un œil averti, un mocassin de super qualité est souvent constitué de pièces de cuir coupées dans un sens particulier. Ce sens est appelé « sens prêtant » et correspond à une découpe de la pièce dans le sens de la largeur (et non de la longueur).
Ce procédé suppose donc de ne pas utiliser de chutes de cuirs, garantissant donc la qualité de la chaussure. Ce sens prêtant confère au mocassin une élasticité et une souplesse lui permettant de s’adapter aux pieds du porteur tout en accentuant la sensation de confort (notamment lors de la marche, en s’agrandissant et en rétrécissant lors du processus d'écrasement / décollage du sol). Oui, c'est technique, mais c'est aussi très confortable !
Si vous pouvez tordre le mocassin, le plier, et constater qu’il reprend sa forme initiale (non altérée après quelques massages) : c’est un mocassin de qualité.
Les finitions des coutures doivent être les plus nettes et régulières que possibles, et surtout ne pas laisser apparaître des bouts de fils. Les picots doivent recouvrir l’intégralité du mocassin ET garantir leur souplesse.
La forme de la chaussure est révélatrice. Les différentes lignes de force qui donnent sa forme à la chaussure sont le fruit de calculs savants sur les rapports de proportion entre la largeur, la longueur, l’épaisseur, le montage et les spécificités de la tige.
Le flanc, ici cerclé de vert, doit être resserré pour épouser au mieux la forme du pied humain. Les mocassins de qualité ont donc un flanc légèrement concave, et non droit.
Idéalement, les fils à coudre sont lubrifiés et les fils de laçage sont cirés, afin de ne pas abîmer le cuir à cause du frottement.
Puis, il y a les finitions classiques à bien regarder :
L'aspect intérieur : pour le confort d'un mocassin
De nombreux points de qualité se cachent à l’intérieur d’un mocassin et garantissent un confort à toute épreuve. Un mocassin de bonne qualité possède deux couches de semelles intérieures : la première de propreté et la seconde de confort.
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La première de propreté est un peu la vitrine du mocassin. Si elle peut être respirante, c’est un plus.
- La seconde de confort, cachée sous la première de propreté, est bien plus technique et importante. Elle permet d’assurer une vraie sensation de confort. Elle est composée d'un plastique unique à chaque fabricant, et dont la composition est secrète. Car suivant sa formule chimique, il aura des propriétés particulières (confort, souplesse, résistance...).
Contrairement aux idées répandues, une semelle moelleuse n’est pas forcément la plus confortable sur la durée ! La sensation de confort sera d’autant plus vive que la semelle soit intégrale ou non.
Le mot de la fin : pensez mocassins !
Voilà, avec tout ce que nous venons de voir ensemble, je pense qu'on a bien fait le tour de la question ! Vous savez maintenant reconnaître une belle paire de mocassins de qualité à plus de 100 mètres.
Note finale de Benoît : Un grand merci à Bobrunel, qui a vraiment joué le jeu pour la qualité de ses explications et sa pédagogie ! Et très sincèrement, alors que c'est pas du tout mon style de chaussures, cela m'a donné envie de goûter à ce fameux confort estival.
Je rajoute mon petit avis sur Bobrunel : ils proposent une qualité haut de gamme, au prix raisonnable de 140 € (comptez au moins 250 € pour un produit équivalent chez une marque classique). Au-delà, vous pouvez aussi personnaliser les modèles.