C'est un article un peu particulier pour moi, car je vais parler d'un type de pièce que je n'avais pas du tout l'habitude de porter, et que j'ai découvert il y a quelques mois.
Je porte et j'écris souvent sur des blazers, des chemises, des sweats, des pantalons, des jeans. Mais je n'avais jamais exploré les possibilités d'un gilet sans manches, car j'avais une image assez "80's" de ce vêtement depuis Retour vers le futur :
C'était un produit que je ne comprenais pas forcément avant de rencontrer Guillaume Cadot, fondateur de sa marque éponyme, spécialisée dans le gilet sans manches en flanelle.
Qui est Guillaume Cadot ?
Sur un produit avec un tel besoin d'explication, il est d'abord nécessaire de comprendre le parcours de Guillaume, car de nombreux éléments lui ont permis de mûrir sa réflexion. Je vais bien prendre le temps de vous l'exposer, car il est assez rare qu'un créateur me parle de son histoire, et des répercussions sur son travail, avec un tel niveau de détails.
Guillaume vient donc de la région lyonnaise, où il a baigné dans un environnement familial particulier :
- certains membres de sa famille avaient des métiers de bouche ce qui, dit-il, l'a sensibilisé dès le plus jeune âge aux beaux produits authentiques,
- d'autres étaient tisseurs dans le domaine de la soierie, ce qui lui a inculqué très tôt une culture du textile et du beau tissu,
- et enfin, il y avait une vraie passion pour le vélo, la moto et plus particulièrement les sports mécaniques, d'où une recherche de vêtements stylés mais confortables pour la conduite.
Ce creuset lui a donc permis d'avoir une sensibilité produit, textile, et fonctionnelle.
Il m'a dit avoir souvent fait les boutiques quand il était enfant. Il s'est d'ailleurs abonné au Vogue Homme à 14 ans (à une époque où la presse papier régnait en maître), et après avoir longuement économisé, il s'achète sa première paire de Weston à 15 ans (notez bien qu'à l'époque, les prix n'étaient pas les mêmes).
Et comme nombre de créateurs actuels, il commencera par un travail dans une entreprise qui n'a rien à voir avec la mode : la Française des Jeux, où il développera divers concepts. Il s'aperçut à ce moment-là qu'il aimait créer et imaginer de nouvelles choses (notez ce point, il est important pour la suite).
Puis, en grand passionné de design, il rejoint le célèbre bureau de tendances NellyRodi, où il plonge en plein coeur dans un univers de mode, de recherche et d'avant-garde.
Une sensibilité italienne très marquée
Parallèlement, il se marie avec une Franco-Italienne originaire de Toscane. Et comme l'Italie des magazines le faisait rêver, il fera de nombreux voyages chez nos amis transalpins, plus particulièrement à Forte Dei Marmi, station balnéaire toscane assez branchée.
"Là-bas, c'est le Pitti Uomo version plage Benoit ! Tu adorerais" m'a-t-il dit.
Et il va remarquer que les Italiens portent souvent des gilets sans manches matelassés pour ne pas avoir froid quand il y a du vent, mais suffisamment légers pour être portés à la plage dans des températures douces.
Il s'aperçoit alors que dans de nombreux sports, le "sans manches" est pratique et confortable, que ce soit pour l'équitation, la pêche, l'automobile, ou même la chasse. Et il commence à aimer de plus en plus ce vêtement qui gaine la silhouette, et qu'on peut transporter et porter absolument partout.
Et puis un jour, alors qu'il était en train de réfléchir à ce concept, il remarque un "sans manches" en flanelle et en nylon porté sur une veste dans une vitrine. C'est le déclic : "mais pourquoi je n'en ferais pas un qui soit uniquement en flanelle ? "
L'idée est pertinente, car si on trouve sans problème ce genre de vêtement en nylon, avec un design très sportswear, c'est une autre paire de manches (si je peux me permettre) pour en trouver un avec un design élégant.
En parallèle, Guillaume écrit régulièrement pour le magazine Intersection : un curieux média qui combine "mobilité et style", qui a bien influencé sa vision de la mode, où le pratique se doit d'être stylé. Il n'en fallait pas plus pour qu'il se décide à se lancer dans l'aventure en créant la marque Cadot, de son nom de famille.
Aujourd'hui, l'offre de la marque est très lisible : une belle veste sans manches, en flanelle, bien fittée, au matelassage léger, pratique et élégante. C'est maintenant le moment de rentrer dans les détails !
La veste sans manches Cadot
Avant tout, une petite mise en garde s'impose... Attention, ce n’est PAS une doudoune sans manches, et Guillaume insiste bien sur ce point. Le rembourrage n’est pas en duvet (sinon la pièce dépasserait très facilement les 300 €) mais en ouate Primaloft, ce qui la rend plus légère et facile à glisser entre deux vêtements (ce point est central chez Cadot). Mais alors à quoi la pièce peut-elle bien servir ?
Eh bien, sachez avant tout qu'il n'y a pas de saison sur ce produit. Guillaume avait bien remarqué que les Italiens en portaient toute l'année : par-dessus une chemise ou un pull un soir un peu frais en été, ou en-dessous d'une parka ou d'un manteau, comme un produit d'appoint. Voilà pourquoi il insiste bien sur le fait que ce n'est absolument pas une doudoune sans manches.
Ce vêtement en devient presque ludique, car il est amusant de chercher toutes les combinaisons possibles. Par exemple, certains s'amuseront à le porter par-dessus un blazer (en mode Pitti activé), tandis que l'autre préféreront le placer entre la chemise et le blazer.
Les plus décontractés d'entre vous se plairont à le porter avec un sweat ou même un cardigan en grosse maille (William de Six & Sept est d'ailleurs fan de cet assemblage avec un gilet Cadot).
La matière est une flanelle de laine de chez Vitale Barberis Canonico. Vous ne serez pas donc pas dépaysé sur la qualité : c'est du 100% laine, beau, élégant, et avec une belle couleur. Quant à la doublure, c'est un coton déniché au Portugal.
Il y a un double zip en métal de chez YKK. Cela peut sembler étonnant d'en avoir un sur un vêtement aussi court, mais Guillaume aime bien voir comment les Italiens jouent avec pour donner l'impression que c'est une veste avec un seul bouton (en descendant franchement le zip du haut, et en remontant légèrement celui du bas). Toutes les poches (extérieures et intérieures) sont également équipées d'un zip en métal, un très bon point.
D'un point de vue purement design, j'ai apprécié que les coutures des compartiments matelassés ne soient pas trop éloignées les unes des autres, car sinon on tombe sur un design plus sportswear.
En termes de confection, de qualité, et de design, il est bien difficile de prendre ce produit en défaut. C'est élégant, bien pensé et super pratique. Le tout à un prix très raisonnable de moins de 200 € (normalement, sur un vêtement en flanelle de ce type, c'est plus cher).
Le ressenti du port de la veste sans manche
N’ayant jamais porté de « sans manches » comme Guillaume l’appelle, j’étais curieux de voir le résultat. Inutile de faire durer le suspense : c’est top. Ou plutôt : c’est maintenant devenu un de mes vêtements indispensables.
Le fait qu’il n’y ait pas de manches permet une bonne régulation de l’excès de chaleur aux aisselles, et surtout, un confort au top pour bouger les bras. C’est assez compliqué à décrire, mais il y a comme un équilibre thermique parfait.
La ouate Primaloft et la flanelle jouent bien leurs rôles, il y a une espèce de chaleur enveloppante très agréable quand on le porte fermé. Le ressenti est différent d’un pull, on se sent plus libre au niveau des mouvements.
En fait, dans tous les cas où vous sentez qu'il vous manque une épaisseur pour ne pas avoir froid, mais sans vous embêter à changer de vêtement, il vous suffit juste d'enfiler votre "sans manches" en-dessous... ou au-dessus :
- vous êtes en manteau et vous avez quand même froid,
- vous êtes juste en sweat au printemps, il fait encore un peu froid, mais vous n'avez pas envie de porter un blouson,
- vous avez envie de porter votre trench, mais il fait encore un peu frais.
Ce sont dans toutes ces situation où vous serez bien contents d'avoir un gilet matelassé sous la main !
La plus grande force de Cadot est d'en avoir imaginé une version élégante, légère et extrêmement polyvalente. Il a soigneusement évité l'écueil d'en faire un produit trop sportswear en utilisant de la flanelle, et non un nylon brillant.
Cela dit, il prépare des versions de son gilet dans des flanelles techniques, on en saura plus dans quelques mois...
Visuellement, la silhouette est intéressante, puisque ce gilet gaine légèrement le buste, sans pour autant toucher aux proportions des bras et épaules : cela donne une silhouette plutôt sportive.
Guillaume, grand admirateur de l'art tailleur, est très sensible à des coupes bien fittées, et force est de reconnaître que le cintrage est parfaitement dosé.
Quel usage pour le sans manches Cadot ?
C’est parfait avec un coupe-vent, car le sans manches vient donner une enveloppe de chaleur en-dessous d'une matière imperméable, là où certains softshells ne sont pas forcément assez chaudes.
C’est également le vêtement ultime pour le voyage et l’avion. En effet, les quatre poches zippées (détail tout bête, mais tellement pratique quand c’est sur TOUTES les poches d’un vêtement) permettent de glisser à la volée passeport et carte d’embarquement, et d’y avoir accès facilement. De plus, c’est l’arme fatale contre la clim excessive en plein vol.
Enfin, quand on plie le vêtement, il prend très peu de place dans la valise (l’absence de manches enlève d’autant plus d’épaisseur à ranger).
On a donc : vêtement fonctionnel + matière élégante + super pouvoir thermique contre la mauvaise clim + taille réduite à ranger = vêtement de voyage parfait.
Je parle de l’avion, mais ce vêtement trouvera parfaitement sa place si vous êtes conducteur, car encore une fois, l’absence de manches est un bonheur pour les mouvements avec les bras tendus. Pour ma part, il ne me quitte jamais quand je pars en week-end.
Et enfin, tous les utilisateurs de deux roues (motocyclette, cyclomoteur, et vélo) trouveront beaucoup d'intérêt à ce produit, qui vous tient chaud en laissant les aisselles aérées.
Encore une fois, c'est littéralement un vêtement couteau-suisse, qui est utile tout le temps, en toute saison, dans toutes les occasions. Je me suis même parfois surpris à le garder au bureau, le matin, le temps que les radiateurs chauffent la pièce en hiver.
Un dernier mot sur les nouveaux produits Cadot
En venant récupérer mon gilet sans manches, Guillaume venait de recevoir de nouveaux produits : deux blazers. Il y en a un totalement souple (pas de padding aux épaules) en laine bleu marine, et un autre matelassé en nylon déperlant.
Concernant la coupe, surprise : c’est parfaitement coupé ! Les épaules, le cintrage, tout est nickel, rien à redire. L’absence de padding rend ces vestes très souples et confortables à porter.
Concernant la veste en laine, pour moins de 250 €, c’est une piste très sérieuse pour ceux qui veulent une veste basique et fiable au budget (très) raisonnable.
Quant à la veste en nylon, c’est la pièce ultime pour les élégants qui ont trop chaud en manteau, et trop froid juste en veste, au moment de l’automne ou du printemps naissant. C’est vraiment beau et parfaitement fitté.
Alors que je ne l’avais pas vu venir sur ce terrain, Cadot est définitivement une marque à surveiller de près si vous cherchez un blazer à l’excellent rapport qualité/prix (sur ce prix-là, il est absolument imbattable : 245 € pour une veste en flanelle Vitale Barberis ! ).
Mon avis sur la marque Cadot
Peu de choses à redire sur ce vêtement parfaitement bien conçu et abouti. À la base, je n’avais aucune affinité pour ce genre de pièce, et force est de constater que je le mets plusieurs fois par semaine en aillant bien du mal à m'en séparer.
Chose amusante : quand je l'ai prêté en soirée à des amis qui voulaient aller dehors fumer chercher des glaçons, on ne me la rendait pas spontanément.
Dernière chose, si vous cherchez des tenues d'inspiration, vous pouvez vous reporter au blog de Guillaume Cadot, qui représente bien son univers. Par exemple, il poste régulièrement ses vêtements portés par lui-même :
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