Retrouvez Romain dans notre lookbook “Les Costumes, Nouvelle Saison”.
Nos nouveaux costumes sont disponibles ici.
Michel. Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais dans la vie ?
Romain. Je m’appelle Romain. Je crois que j’ai… 35 ans, j’oublie toujours (rires). C’est terrible, au bout d’un moment, tu arrêtes de compter.
M. À partir de quel âge ?
R. 33, je crois.
M. Ok, j’ai 31. C’est bientôt mon tour.
R. Tu verras, à partir d’un moment, tu bloques. Après, ça dépend de si tu les fêtes ou pas… Dans la vie, je suis fiscaliste, d’une formation de droit fiscal. Après avoir été avocat quelques années, je suis maintenant juriste fiscaliste en entreprise.
Sur Instagram, Romain poste également des photos argentiques depuis son compte @lastrolog.
M. Dans ce métier, il doit y avoir un rapport particulier au vêtement et plus spécifiquement au costume, j’imagine ?
R. Oui, c’est marrant car j’ai remarqué que ça attirait les jeunes qui s’intéressaient aux costumes dès les études. À l’époque, je me sentais un peu seul là-dedans mais aujourd’hui, je vois que les jeunes qui parlent de costumes et cravates sur les forums sont souvent étudiants en droit ou stagiaires avocats. J’aime les costumes et c’est vrai que ce métier donne un bon prétexte pour en porter. Après, comme dans tous les milieux, on en porte de moins en moins. Chaque cabinet et chaque entreprise a ses propres codes, qui dépendent souvent des managers et sont transmis par mimétisme aux collaborateurs. Ces managers essaient eux-mêmes de se mettre au niveau pour leurs clients, donc comme partout il y a encore le besoin d’être bien présenté. La norme, ça reste de porter un costume mais quand il n’y a pas besoin d’être en représentation, une journée habituelle au bureau, tu en vois très peu. Que ce soit en entreprise ou en cabinet.
@lastrolab, Instagram.
M. Chez Fursac, quand j’y travaillais en 2016, les clients venant de la finance ou du droit choisissaient des tissus avec très peu de textures et de micromotifs. Même pour une cravate, un piqué de diamant, c’était le maximum. Tu as observé une évolution à ce niveau ?
R. J’y ai repensé ce matin, encore. Quand j’étais en master 2, il y a 12 ans à peu près, un jour, j’ai mis une cravate en tricot alors que ça n’était pas encore revenu à la mode comme aujourd’hui. Du coup, on me demandait ce que je faisais avec une chaussette autour du cou. Depuis, j’ai l’impression qu’il y a eu une polarisation. Ceux qui s’intéressent au costume y vont beaucoup plus à fond et ceux qui n’aiment pas en porter l’abandonnent petit à petit, puisqu’il est devenu facultatif.
M. Donc le “costume subit” existe de moins en moins.
R. Exactement, et c’est tant mieux !
M. Et toi, quand portes-tu le costume dans ta vie ?
R. J’ai justement la chance de pouvoir évacuer mon envie d’en porter au travail, deux à trois fois par semaine suivant le rythme et le télétravail. Du coup, le reste du temps, pour plus de confort, de praticité et pour ne pas les abîmer outre mesure, j’aime me tourner vers des tenues plus décontractées. Des vêtements typés vintage comme des jeans par exemple. J’aime porter plein de choses différentes et ces cadres variés m’en donnent l’occasion. Et puis crapahuter dans un square avec ses enfants, c’est quand même plus simple en jean (rires).
M. Combien de costumes as-tu ?
R. (Silence et soupir de réflexion).
M. Question surprise. Il y en a d’autres, ne t’en fais pas (rires).
R. Dans ma tête, j'ai l'impression de ne pas en avoir tant que ça mais je pense quand même que mon placard déborde un petit peu. Le problème, c’est aussi qu’il y en a certains que je garde alors qu’ils ne me vont plus depuis longtemps. Je n’ai pas encore réussi à m’en débarrasser. Est-ce que je récupérerai mon poids d’il y a 12 ans ? Malheureusement, j’en doute (rires). Je pense… une dizaine. Et une dizaine de vestes à dépareiller.
@lastrolab, Instagram.
M. Et quel serait le prochain ?
R. Rien de fou, mais j’aimerais me prendre un costume gris car justement, celui que j’ai ne me va plus. J’aimerais qu’il soit dans un style assez classique, il faut que je fasse ma petite analyse de marché.
M. Un costume gris classique, simple mais efficace, c'est beau.
R. Oui. Longtemps, tout le monde n’a juré que par le costume bleu mais tu as des gris qui sont magnifiques aussi. Dans une tenue simple, ce futur costume serait sobre mais en même temps très beau. En tout cas, je l’espère.
M. Question polémique du jour : la largeur des revers, quel minimum syndical ?
R. Ahaha… je n’ai jamais mesuré, en vrai. Je fais confiance à mon œil. Je pense qu’il faut que ça prenne à peu près la moitié de la poitrine. Ni trop grand, ni trop petit.
M. Et ton premier costume, c’était quoi ? Si tu t’en souviens, évidemment.
R. Bien sûr ! Mais je ne saurai pas te dire pour quelle occasion c’était. J’étais ado. Étonnamment, ce n’était pas un costume trop nul. Je l’avais pris dans une boutique assez classique à Marseille, puisque je suis marseillais d’origine.
@lastrolog, Instagram.
R. C’était un costume gris en laine un peu froide. Gris avec des rayures roses, mais très discrètes. Rien de criard. C’était le début des années 2000, donc trois boutons. La marque s’appelait “Lubiam” pour Luigi Bianchi Mantova. L.B.M., Une marque qui existe toujours et qui a évolué au fil du temps. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus déstructuré avec des poches plaquées etc. Et ce costume, je l’ai gardé. Je l’ai longtemps laissé chez mes parents et un jour, je l’ai récupéré. J’ai recommencé à le porter en commençant à travailler et finalement, je n’ai pas réussi à me remettre aux trois boutons. J’ai fini par le donner chez Emmaüs. Mais pour le coup, c’est un costume que je ne renie pas. Alors qu’en tant que stagiaire, j’ai ensuite porté d’autres trucs un peu plus bizarres, un peu trop brillants peut-être. Celui-là était à peu près normal.
M. Belle première prise. C’est vrai qu’on n’a pas tous commencé comme ça. Et si demain, tu montais dans une machine à remonter le temps pour te revoir face à tes premiers choix de costumes, quels conseils te donnerais-tu ?
R. À part un ou deux qui étaient un peu hasardeux, je ne changerais pas grand-chose en fait. Ah, si ! Justement, de ne pas prendre de coupes trop ajustées par rapport à l’évolution de morphologie que j’évoquais. Tu vois, par exemple, les bas de pantalon, je trouve que ça marque beaucoup une époque. Et typiquement, un costume avec un pantalon très ajusté et un peu court, que j’ai pris en 2012 ou 2013, serait très bien aujourd’hui sauf à ce niveau-là. Les modes et les goûts changent, donc je pense que je me conseillerais de prendre des coupes plus intemporelles.
M. Je vois très bien de quoi tu veux parler. J’en revends un en ce moment même, précisément pour cette raison. Il est nickel, mais trop ajusté en bas.
R. C’est exactement ça. Et on prend moins de plaisir à le porter. Après, en termes de tissus, de textures et de couleurs j’étais resté assez classique et du coup, j’en suis toujours très content aujourd’hui.
M. Comment as-tu appris à porter le costume ?
R. Il y avait très peu de costumes dans mon environnement familial. Mon père en portait un petit peu mais c’était plutôt par obligation donc à part quand il allait au travail ou à un mariage, je ne le voyais pas en porter. Du coup, c’est par internet que j’ai appris. Au début des années 2000, je pense que tous les hommes qui avaient un ordinateur et un hobby se sont mis à en parler sur internet. Les vêtements et costumes en font partie donc je me suis renseigné en échangeant avec des passionnés. En me rendant dans des boutiques, aussi. J’aurais aimé te dire dans les films mais la vérité, c’est que c’est souvent si ancien que ça relèverait plus du déguisement aujourd’hui. Ce qui m’inspire le plus, ce sont les photos d’italiens bien habillés, très classiques. Pour te donner un exemple, il y avait un Tumblr, et je crois qu’il existe toujours, qui s’appelait “Italian Industrialists and Intellectuals”. Des hommes d’affaires italiens qui s’habillaient de façon neutre et sobre mais avec beaucoup de goût. Je trouve que ça a beaucoup de classe. Ce n’est pas dans l’exubérance, ni dans l’extravagance et en même temps, il y a un peu de coquetterie dans ce qu’ils font. Mais toujours sans faire d’excès. C’est un idéal vers lequel j’aimerais bien tendre. Idéalement, en réussissant à incorporer une touche plus française dans les matières ou les coupes.
@lastrolab, Instagram.
M. C’est vrai qu’on n’y pense pas forcément, mais il n’y a pas qu’Instagram pour s’inspirer. Question surprise #3 : La cravate, dans le pantalon ou par-dessus ?
R. Jacques Chirac, sors de ce corps (rires) ! Non, pas dans le pantalon quand même. Il y a des gens qui la rentrent dedans ?
M. J’en connais certains, oui (ndr : m’abstenant de dire que je l’ai fait aussi). Donc pour toi, c’est plutôt juste par-dessus ?
R. Pas plutôt, toujours ahah.
M. D’ailleurs, peux-tu nous parler de ta tenue le jour de notre shooting ? Pourquoi as-tu choisi ces pièces-là ?
R. En fait, chaque année, quand l’été approche, je me remets à penser aux costumes beiges. Je n’ai jamais réussi à franchir le pas, car c’est un investissement pour un vêtement dont l’usage peut être limité. Et on trouve toujours quelque chose de plus basique et passe-partout à acheter avant. En voyant ce costume à mi-chemin entre le beige et le marron, j’ai trouvé que c’était très sympa comme couleur estivale. Il est souple, léger. Il change du gris et du marine. J’avais justement envie de changer, sans faire dans l’excentricité pour autant. Je voulais voir ce que ça pouvait donner, autant avec une chemise et une cravate qu’avec une chemise en denim ouverte sur un marcel blanc. C’est une couleur relativement classique, qui a toujours existé dans les tenues estivales mais qui se perd un peu parce qu’on voit de moins en moins de costumes. Ça va très bien avec les chemises bleu ciel et je ne porte quasiment que ça. En fait, j’avais envie de me faire plaisir !
M. Demain, tu as un entretien d’embauche pour le job de tes rêves (peut-être que tu l’as déjà aujourd’hui). Tu dois venir en costume. Qu’est-ce que tu mets ?
R. Hmmm… Ça peut être n’importe quel costume ou il doit déjà être dans ma garde-robe ?
M. Tu peux même prendre un Yves Saint Laurent, si tu veux (rires).
R. L’idée, c’est que je fais quand même très attention à ce que je porte. J’ai toujours la peur de trop m’habiller, d’en faire trop. Donc je pense que ce serait un costume très sobre, d’autant plus dans mon secteur. Bleu marine, ou gris. Une chemise bleu ciel à rayures, parce que c’est ce que j’aime porter en ce moment. Une cravate, pour montrer que je prends l’entretien au sérieux. Je pense que même si aujourd’hui, ça ne se fait plus trop de porter la cravate au bureau, c’est quelque chose qui peut être attendu d’un candidat. En tricot bleu marine, pour que ce soit quand même plus décontracté. Et puis, si je me sens à l’aise, une pochette discrète. Pour les chaussures, hmmm… Ah ! Juste, pour la cravate, bleu marine ou bordeaux sinon. Et les chaussures qui me plaisent au moment où je vais à l’entretien. Tu sais, on a toujours une paire qu’on prend plus de plaisir à porter que les autres. En ce moment, je suis très Alden. Une paire noire.
M. D’ailleurs, nouvelle question pseudo-polémique : les souliers, “brown in town” ou “no brown in town”, Monsieur le juriste fiscaliste ?
R. C’est comme dans la vie, il faut de tout ! Toutes les couleurs de chaussures sont belles, il faut juste qu’elles soient bien assorties au pantalon. J’ai commencé avec beaucoup de chaussures marron et là, je me rattrape en achetant des chaussures noires.
M. Nous sommes bien d’accord.
@lastrolab, Instagram.