Que ce soit pour un mariage, un entretien d’embauche ou toute autre occasion, le costume compte parmi les vêtements dont nous prenons le plus soin. Souvent protégé dans sa housse, il bénéficie d’un traitement tout particulier comparé aux autres pièces de notre penderie.
Cela dit, après de bons et loyaux services, votre costume a besoin d’un bon rafraîchissement. Il est alors temps de penser à son entretien et son nettoyage.
Dans cet article, on vous donne les clés pour franchir ce cap sans encombre et ainsi garantir sa longévité.
Disclaimer : SoyezBCBG est une start-up spécialisée dans le pressing à domicile à Paris. Ils nous ont proposé de répondre à une question que l'on s'est tous déjà posé : qu'arrive-t-il concrètement à notre costume une fois déposé au pressing ? Pour ce faire, ils nous ont ouvert les portes d'un de leurs artisans-pressing. La parole est à eux !
L'entretien des vêtements, de l'Antiquité à aujourd'hui
Une perte progressive de l'hygiène
Le lavage des vêtements a beaucoup évolué au cours des siècles. Des vestiges retrouvés par certains archéologues témoignent de l’importance et du soin que les Romains portaient à leurs textiles dès le VIe siècle.
Le linge apporté dans des « ateliers de foulons », laveries automatiques de l’époque, était alors lavé et piétiné par des foulonniers .
Le linge était nettoyé par des « détergents » tels que la « terre à foulon » ou terre de Sommières. Grâce à elle, les couleurs retrouvaient leur éclat et le gras disparaissait. L’urine humaine, quant à elle tout droit venue des toilettes publiques, était utilisée pour son pouvoir blanchissant. Les vêtements étaient par la suite purifiés à l’aide de fumées de souffre.
Au Moyen-Âge, les épidémies (comme la peste et la syphilis) font rage et la peur de l’eau se nourrit de superstitions. Les médecins de l'époque, impuissants, laissaient croire que l’eau pouvait favoriser l’accès des maladies par les pores de la peau. Les populations européennes se préoccupaient alors moins de l’hygiène.
Ce n’est qu’après avoir été portés pendant plusieurs mois - au moins trois - que les vêtements étaient lavés. Pensant que les mauvaises odeurs apportaient elles aussi des maladies, on préconisait alors l’utilisation de parfum.
La Renaissance et son retour à la propreté
Avec la Renaissance, l’importance consacrée à l’hygiène personnelle s’accroît. Les changements de tenues et le port de vêtements « à la façon » symbolisaient l’appartenance aux classes aisées. Au fur et à mesure, l’eau a peu à peu été réintroduite dans le rituel de l’hygiène.
Avec les progrès de la science, de la recherche et de la médecine, on prend progressivement conscience que le manque d’hygiène contribue à la prolifération de maladies contagieuses. L’utilisation du savon se fait plus assidue mais le rituel de lavage du linge reste un processus long et contraignant.
Au cours du XVIIIème siècle, la propreté personnelle demeure un marqueur social important.
Pendant longtemps, la lessive s’est faite en bords de rivière, sur une pierre inclinée ou une simple planche. À la fin du XVIIIème siècle, en réaction à la pollution industrielle et aux épidémies, les populations ont ressenti un profond besoin d'hygiène : cela a grandement favorisé la construction de lavoirs.
Au milieu du XIXème siècle, les premières machines à laver mécaniques sont apparues. Une cuve fermée équipée de palettes en bois (agitateurs), plus tard en métal, a permis aux lavandières de travailler en position debout et d’avoir moins souvent les mains dans l’eau.
Toutefois, avant que les machines à laver ne soient utilisées couramment, les grandes villes se sont dotées de laveries publiques.
Qu'est-ce que le nettoyage à sec ?
En 1855, Jean-Baptiste Jolly répand par mégarde un mélange de térébenthine et d’alcool provenant de sa lampe à pétrole sur une robe. Il constate que le mélange nettoie au lieu de tacher. Involontairement, il venait d'inventer le nettoyage à sec !
Suite à cette découverte, Jean-Baptiste Jolly ouvre son premier établissement de nettoyage à sec à Paris.
De manière assez contre-intuitive, le nettoyage à sec n’a de sec que le nom. Dans les pressings modernes, les vêtements et textiles sont trempés dans des bains de solvants autre que l’eau. Ils sont ensuite essorés et séchés, ce qui entraine l’évaporation du solvant. La plupart du temps, le nettoyage à sec est réalisé avec des hydrocarbures chlorées, dont le plus connu est le perchloroéthylène.
Maintenant que nous faisons la différence entre la laverie (lavage à l’eau et à la lessive) et le pressing (nettoyage dans un bain de solvants chimiques), intéressons-nous tout particulièrement à la partie pressing car je vous rappelle que notre costume ne doit jamais, au grand jamais être mis dans une machine à laver traditionnelle !
On le répète donc : nettoyage en machine in-ter-dit !
Les différentes technologies utilisées par les pressings traditionnels
Le nettoyage à sec au perchloroéthylène
Le perchloroéthylène est le solvant le plus couramment utilisé pour le nettoyage à sec. Bien qu’efficace, notamment sur les taches grasses, il est classé "cancérigène probable" par le Centre International de Recherche contre le Cancer et "cancérigène possible" par l’UE.
Ainsi, la France a renforcé la réglementation en imposant le remplacement progressif du « perchlo » par des solvants non dangereux pour l’Homme et l’environnement d’ici 2020. L'Hexagone est pionnier en la matière : seulement une poignée de pays l'imite.
Cependant, le site du CFET (organisation professionnelle de l’entretien des textiles en Ile-de France) nous rappelle que « Le perchlo utilisé dans de bonnes conditions n’est pas plus dangereux que d’autres composés organiques volatils type vernis, peinture, carburant… ».
Aujourd'hui, le perchlo est encore utilisé par environ 90% des pressings car c’est le solvant le plus efficace du marché.
Nettoyage à sec au KWL
Issu lui aussi de l’hydrocarbure, c’est une alternative moins dangereuse que le perchlo. Il offre une grande qualité de nettoyage et de détachage, qui reste toutefois inférieure à celle du perchlo.
En revanche, c’est un solvant éco-responsable avec un impact beaucoup moins important pour la planète.
Vers de nouvelles technologies de nettoyage
Ces dernières années, on a vu se développer en France de nouvelles enseignes de pressing (écologiques, innovantes, etc.), utilisant des procédés différents pour le nettoyage des vêtements.
L’Aquanettoyage
Egalement appelé "Aquacleaning" ou "Wet cleaning", cette méthode de nettoyage à l'eau offre la possibilité d’entretenir différemment le textile délicat. Son principe est simple : il consiste à utiliser l’eau en tant que solvant, mélangée à des lessives et adoucissants biodégradables.
Le procédé est plus économe en énergie et utilise moins de produits nocifs pour l’environnement, même s’il en rejette une partie. Malheureusement, il est moins efficace pour les taches de graisse /huile / cire... De plus, les risques de rétrécissement dus à l’eau sont importants.
Nettoyage au silicone liquide
Élaboré il y a une vingtaine d’années aux États-Unis par GreenEarth, le nettoyage avec silicone est une technique dite propre (au même titre que le KWL). Elle nécessite l’utilisation de solvant doux à base de silicone D5 et de lessives biodégradables.
Les solvants permettent le traitement efficace d’articles intraitables par l’Aquanettoyage et assurent de bons résultats. Cependant, certaines taches de graisse / huile / cire ont également du mal à partir avec ce procédé.
Comprendre les prix des pressings
Les prix des pressings dans les grandes villes peuvent varier du simple au double. Alors comment expliquer qu’un pressing vous propose de nettoyer votre costume pour 25 euros, tandis qu’un autre offre la même prestation pour 10 euros ?
La différence est justifiée non seulement par le coût des loyers fonciers de chaque pressing (un pressing situé en plein cœur de Paris sera étrangement plus cher qu’un établissement en périphérie), mais aussi par la qualité des produits et des techniques utilisés pour l’entretien des vêtements .
Vous allez le voir, l'intervention humaine est très importante dans les pressings (nombreux contrôles et travail à la main). Un artisan traditionnel n’aura donc pas le même prix qu’un pressing économique et / ou industriel.
Pressing traditionnel : service économique vs service "haute qualité"
Un de nos artisans, un pressing traditionnel, nous a montré les coulisses afin de mieux comprendre le métier et vous expliquer les différences de service. Ici, on se focalisera sur le service économique et le service labellisé "haute qualité" par le CFET.
Qu'entend-on par "service économique" ?
Le service économique reste le nettoyage avec la finition la plus basique. Idéal pour un vêtement qui n’est pas taché et ne nécessite qu’un entretien léger.
Ici, il n’y a aucun contrôle effectué par l’atelier, donc aucun détachage local avant le nettoyage du vêtement. Celui-ci sera mis tel quel dans la machine, imbibé de solvants puis essoré et évaporé. La plupart des vêtements seront repassés mécaniquement (presse ou mannequin).
Les solvants employés lors du nettoyage économique sont capables de dissoudre et d’éliminer plusieurs taches grasses (beurre, huile, etc.) mais en l’absence de détachage local, un grand nombre de taches dites « maigres » ne peuvent être enlevées à l’aide de ce service.
En effet, la plupart des taches requièrent une attention particulière et un niveau d’expertise professionnelle élevé.
Qu'attendre du service labellisé "haute qualité" ?
Derrière le label "haute qualité", quels sont les soins prodigués aux vêtements ? Suivons notre artisan !
- 1ère phase : le contrôle qualité en amont
Une fois votre costume déposé, l’artisan l’inspecte une première fois soigneusement, repère les taches et protège les garnitures / accessoires non-démontables.
- 2ème phase : le détachage local
Avant de nettoyer le vêtement, l’artisan l'emmène dans une cabine de détachage. Ici, il étudie la composition du costume et utilise les produits et techniques adéquats pour détacher localement (sous les aisselles, au niveau du col, sur des taches spécifiques, au niveau des pliures des genoux etc.).
Ici, les taches sont traitées une par une selon leur typologie.
- 3ème phase : le nettoyage
Une fois détaché, le vêtement va être nettoyé à sec dans une machine spécialisée. Selon les professionnels du secteur, les machines italiennes sont les plus performantes.
- 4ème phase : le contrôle à la sortie
Après un cycle de nettoyage qui peut durer entre 45 et 80 minutes selon les machines, le costume va être inspecté pour qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises (bouton décousu, tache tenace). À la suite de ce contrôle, l’artisan jugera s'il est nécessaire d’effectuer un second détachage et nettoyage afin d’obtenir le résultat le plus parfait possible.
- 5ème phase : le repassage à la main
Dans certains pressings, le repassage se fait à très haute température quel que soit le vêtement et à l’aide de machines (repassage mécanique type presse), de sorte d’accélérer la cadence. Pourtant, ces machines sont normalement dédiées aux lins plats type serviettes, nappes et torchons.
Pas de machine pour le label "haute qualité", les vêtements sont repassés entièrement à la main. À chaque tissu sa température et son type de repassage afin de préserver les fibres du costume.
Les fers sont également protégés par des patins pour d’éviter tout lustrage du vêtement (surbrillance lié au port très régulier d’un costume mais également à un repassage fait à trop forte température).
Pour résumer :
- Service économique : nettoyage professionnel et repassage mécanique.
- Service "haute qualité" : contrôle en amont ; détachage spécialisé ; nettoyage professionnel (double nettoyage si nécessaire) ; contrôle à la sortie ; repassage à la main. Les opérations supplémentaires nécessaires (égalisation, apprêtages spéciaux) permettant une finition de l’article aussi parfaite que possible.
À quelle fréquence nettoyer son costume ?
Faire nettoyer votre costume par un professionnel a un coût , mais cela reste la meilleure solution pour son entretien.
La fréquence de nettoyage de votre costume va dépendre du rythme auquel vous le portez.
Pour un usage ponctuel, on vous recommande un passage au pressing une à deux fois par an. Si vous l'arborez plusieurs fois par semaine, il faudra alors y aller une fois tous les deux mois, sauf en cas de tache ou d’odeur persistante par exemple.
Le mot de la fin : trucs et astuces pour entretenir son costume chez soi
Avant de penser au pressing, nous oublions très souvent qu'il existe un bon nombre de petites astuces pour bien entretenir son costume et ainsi augmenter sa durée de vie, surtout si vous avez investi dans une pièce de qualité.
Vous avez peut-être l’habitude de plier vos costumes ou de les empiler sur un cintre pour gagner de la place ? Eh bien, il est temps de changer cette mauvaise manie ! Votre costume doit être suspendu correctement, de préférence sur un cintre large et en bois. Pourquoi ? Parce que le cintre large est plus adapté au poids de la veste et lui permettra de garder sa forme initiale. De plus, le bois absorbe l’humidité.
Vous aimez votre costume et nous vous comprenons, mais ce n’est pas une raison suffisante pour le porter continuellement ! L’idéal est d’alterner.
Votre costume est composé de fibres naturelles qui ont besoin d’espaces secs et surtout d’air pour évacuer chaleur et odeurs. Il faut donc éviter de le garder sous sa protection plastique lorsqu’il revient du pressing et le laisser respirer dans un endroit ventilé après chaque utilisation.
Le brossage est recommandé après chaque utilisation de votre costume : servez-vous d’une brosse à poils souples naturels et brossez dans le sens de la fibre pour retirer cheveux, poils et éventuellement le dépoussiérer. Votre costume vous dira merci !
Dans le cas de bouloches, utilisez avec douceur un rasoir à cet effet.