Il y a un peu moins d'un an, nous avons sorti notre softshell.
C'est une pièce qui me tenait énormément à coeur : pour la première fois, je dessinais entièrement un vêtement de la ligne BonneGueule.
Je la voulais la plus aboutie possible, tentant de réfléchir à tous les aspects du développement produit.
Alors évidemment, je suis fier de toutes les collections qu’on a sorties et, avec Alexandre, on veut toujours se dépasser. Justement, je me disais qu’on pouvait faire encore mieux et aller plus loin dans l'innovation produit…
Comment ? En développant une pièce qu'on n'avait encore jamais faite, avec un facteur X ou X factor en Anglais . Ce que les Français appellent mystérieusement "un je ne sais quoi" ou encore "la grosse cerise sur le gâteau", si vous préférez.
Vous avez réservé un superbe accueil à cette softshell, elle s'est rapidement retrouvée sold-out ! Vous avez aussi été nombreux à nous formuler des retours très pertinents pour l'améliorer davantage, notamment de la part de nos amis motards.
Du coup, nous avons décidé de la rééditer. Une deuxième version, revue et corrigée, encore meilleure que la première.
Une mise à jour de la softshell V2
Voici les nouveautés :
- la capuche est plus profonde et est maintenant munie d'un système de serrage,
- le col a une meilleure tenue,
- les poches poitrines sont maintenant munies de boutons pressions cachés,
- l'extrémité des manches peut être resserrée à une seule main via une lanière avec du velcro,
- la softshell est un peu plus longue,
- la doublure est en mesh pour augmenter la respirabilité et celle des manches en viscose pour faciliter la "glisse" quand vous l'enfilez.
On va voir tous ces points en détails !
Le point de départ : comment gérer les variations de température ?
Les complications de la mi-saison
Comme souvent, tout part de mes propres besoins. En l'occurence, dans cette période qu'on appelle la "mi-saison", s'habiller est toujours compliqué.
Je vous ai déjà dit que je rentrais souvent à Tours le week-end ? Bon, ben maintenant c'est fait.
Souvent, il fait bon l'après-midi et je sors en bord de Loire, sans la moindre idée de quand je rentrerai . Et c'est là qu'arrive le problème :
- Si je pars avec un simple sweat, j'aurai froid le soir venu, surtout si je rentre chez moi à pied. Et pour un peu qu'il pleuve, il n'y a plus rien à faire...
- Si je pars avec une pièce un poil trop épaisse, j'ai trop chaud toute l'après-midi et dois attendre que le temps se rafraîchisse pour enfin être à l'aise.
Je me souviens très bien m'être fait cette réflexion vers 2h du matin, quand je marchais sur le pont Wilson pour rentrer chez moi. Il avait fait très bon la journée mais aussitôt la nuit tombée, les températures avaient chuté sous les 14°C.
C'est cette grande amplitude thermique qui est compliquée à gérer. On la retrouve aussi en ville avec les transports en commun, par exemple.
Une réflexion qui mûrit...
Dans ma tête, mes premières exigences sur cette pièce se dessinaient :
- Il fallait quelque chose qu'on puisse porter à 12-15°C, tout comme à 20°C…
- …qu'il pleuve ou qu'il vente,
- pouvant être transporté autrement que sur le bras, pour être à l'aise toute l'après-midi s'il fait chaud.
Bref, une pièce capable de gérer des amplitudes de températures prononcées à la mi-saison, la pluie et le vent, le tout avec style et fonctionnalité.
En gros, je cherchais le mouton à cinq pattes… Sur le coup, je me suis même dit "Benoît, tu vas un peu loin cette fois-ci".
Alors c'est vrai, il y de l'urban techwear, mais Acronym et Arc'téryx Veilance ont beau être de très jolies marques, à respectivement 1.228 € et 900 € le blouson, c'est... "un peu" cher.
Du coup, je suis allé voir Alex pour lui parler de mes états d’âme. Voici un résumé fidèle de ce qu’on s’est dit :
- Lui ai-je répondu avec détermination.
Quelques sessions de remue-méninges plus tard, l’idée de la softshell nous est venue.
Pourquoi une softshell ?
C'est un produit très courant chez les randonneurs.
Du coup, elles sont assez larges, avec des zips et des empiècements partout, dans des coloris et des textures trop sportives. Et moi, je ne veux pas ressembler à un randonneur quand je me pose en terrasse.
Je voulais une softshell cool, qu'on ait envie de porter tous les jours. J’ai donc sorti mes plus beaux crayons et je me suis mis à dessiner un prototype, tel Alfred dans Batman :
J'y voyais plus clair sur le design, une softshell pratique mais à l'aspect urbain. Cependant, l'essentiel était ailleurs : il fallait trouver LA matière.
En effet, trouver une matière technique et imperméable est plutôt simple, mais en trouver une qui n'ait pas un "aspect randonnée", croyez-moi, c'est une autre paire de manches (et les prix décollent).
Alors avec Alexandre, on a fait plusieurs salons Première Vision. À force de chercher, on a fini par trouver un partenaire capable de nous fournir cette X Fabric : Sympatex .
Sympatex est une entreprise qu'on suit depuis longtemps. Elle est spécialisée dans la production de techwear exceptionnel, notamment pour des gens qui souhaitent monter l’Everest... mais pas seulement !
J'étais très rassuré de voir qu'ils avaient déjà travaillé avec Acronym, Nobis ou Maharishi, la preuve en image :
Finalement, après plusieurs mois de développement avec Sympatex et une dizaine d'allers-retours de production, on y est arrivés. Comme on va le voir, ce ne fut pas une aventure de tout repos !
Une jolie matière avant tout
Comme je l'ai évoqué, trouver une belle matière technique :
- qui ne soit ni noire, ni bleue, ni dans des couleurs pétantes,
- avec un aspect un minimum urbain,
c'est la croix et la bannière !
Imaginez ma joie chez Sympatex en tombant sur :
- une matière kaki chiné,
- qui ressemble à de la gabardine,
- imperméable ET respirante !
Si vous regardez la matière de près, vous verrez toute sa subtilité. C'est exactement ce que je voulais.
Une matière hautement performante
C'est un tissu dit "deux couches" (ou "laminé deux couches").
- Il y a une couche extérieure en polyester, celle qui est visible. C'est elle qui donne l'aspect visuel de la pièce et qui est déperlante.
- En-dessous, il y a la fameuse membrane Sympatex, respirante et imperméable.
Au niveau de l'étanchéité, la matière résiste à une pression d'une colonne d'eau de 45 000 mm, alors que la plupart des tests d'étanchéité s'arrêtent à 20 000 mm ! En gros, cela signifie que vous pouvez remplir un tube de 45 mètres d'eau, posé sur notre matière, sans que l'eau ne passe.
Le graal de la respirabilité
Au niveau de la respirabilité, c'est un peu plus technique. En fait, on mesure la capacité de la matière à laisser passer la vapeur d'eau, c'est l'indice RET. Pour cela, je vous renvoie à la définition de Milone dans son introduction du techwear :
Le RET (Resistance Evaporative Transfert) est l'indice (qui est un peu devenu la norme) qui mesure la capacité d’un tissu à laisser s’échapper la vapeur d’eau générée par le corps (transpiration). Plus l’indice est faible, plus il indique que le vêtement est respirant.
- RET inférieur à 6 : très respirant,
- RET entre 6 et 12 : respirant,
- RET entre 12 et 20 : faiblement respirant,
- RET au-delà de 20 : non respirant.
Ici, le RET est de 6, ce qui le rend vraiment respirant.
Petit aparté sur un vêtement respirant
Qu'on soit bien clairs, un vêtement, aussi respirant soit-il, n'est pas la solution miracle à la sudation. Si vous transpirez en tee-shirt, ce n'est pas en rajoutant une couche supplémentaire, aussi aérée soit-elle, que vous aurez moins chaud ou transpirerez moins. Je préfère être très clair là-dessus.
En revanche, si c'est le fait de rajouter une couche qui vous fait habituellement transpirer, avoir une matière respirante prend ici tout son sens.
Une membrane active hydrophile/phobe
Chose un peu atypique, c'est une membrane qui ne comporte pas de pores.
Sur la plupart des membranes, on part du principe qu'une goutte d'eau de pluie est bien plus grosse que la transpiration qui s'évacue du corps. Elles sont donc parcourues de minuscules pores ne laissant passer que cette dernière. Problème : au bout d'un moment, quand il y a beaucoup de transpiration, les pores sont obstrués d'eau et la respirabilité diminue.
Sur notre membrane Sympatex, c'est grâce à un savant jeu de composants hydrophiles à l'intérieur (qui attirent l'eau) et hydrophobes à l'extérieur que la transpiration est évacuée.
À noter que plus l'humidité intérieure augmente, plus le transfert se fait rapidement, c'est-à-dire qu'elle devient de plus en plus efficace à mesure que vous transpirez.
Un matière avec quelques contraintes techniques
Une confection exigeante
Tout d'abord, une belle matière technique a un prix (à peu près celui d'une flanelle de laine haut de gamme). Mais grâce à nos marges resserrées, on peut vous proposer cette pièce à un prix en deçà de ce qu'elle coûterait ailleurs.
Et puis surtout, il faut des ateliers spécialisés dans ce genre de montage.
Par exemple, il a fallu mettre des coutures étanches pour assurer l'étanchéité de la pièce. C'est un procédé très technique, qui prend du temps, et qui est donc doublement coûteux. J'ai vite compris pourquoi la moindre pièce avec des coutures étanches coûtait directement quelques centaines d'euros.
À ce sujet, soyons bien clairs : une veste avec une belle matière performante, montée avec des coutures étanches, coûte au moins 400 euros. Si c'est moins cher, c'est que l'on a fait des économies soit sur la matière, soit sur le montage.
Une approche écologique
Le point le plus étonnant avec Sympatex est qu'ils ont réussi à faire des membranes très performantes, tout en les rendant écologiques. Eh oui, la membrane est 100 % recyclable, comme une simple bouteille en plastique. Et ça, ce sont les seuls à le faire.
Point important également : la membrane ne contient pas de PFC (=composés perfluorés), un perturbateur endocrinien souvent présents dans les vêtements de sport.
Enfin, Sympatex travaille beaucoup à réutiliser les déchets de production de la membrane, à hauteur de 15 %, chose suffisamment rare pour être signalée.
Une softshell urbaine et technique
La capuche
Pour le coup, il fallait trouver la bonne taille du pied de col pour pouvoir passer le menton, tout en donnant un peu de caractère à la pièce.
Grâce à vos retours, nous l'avons améliorée par rapport à la version précédente. Plus profonde, elle est également dotée d'une patte de serrage à l'arrière. Vous pourrez ainsi la régler selon la taille de votre tête.
Elle reste évidemment amovible : quand il fait beau, peut-être voulez-vous une allure moins "sportswear", sans capuche.
Elle est donc maintenue par un système de zip et de boutons-pression qui, mine de rien, habille le col avec les coutures. Et on s'est débrouillés pour que tout soit invisible une fois la capuche retirée : pas de zip ou de boutons-pression à l'air.
Dans la foulée, nous avons renforcé le thermocollage pour une meilleure tenue du col.
Des poches fonctionnelles et discrètes
Vous verrez deux poches plaquées très épurées sur la poitrine, que vous pourrez désormais maintenir bien fermées grâce à des boutons-pression.
Vous trouverez également une petite poche invisible côté coeur, zippée, avec un léger décalage de la couture qui donne une touche asymétrique que j'aimais bien.
Quant aux deux poches pour les mains, elles ont quelques particularités :
- Elles sont zippées, pour ne pas perdre leur contenu,
- La poche de droite renferme une poche interne exprès pour votre téléphone , de manière à ce qu'il soit bien maintenu pendant son transport et, surtout, enlever totalement le risque de chute,
- La poche de gauche contient un petit mousqueton interne pour vos clés. Là aussi, j'en ai parfois vu tomber des poches latérales de mes amis. Ici, plus de risques : elles sont bien tenues et ne se détacheront pas, même quand la poche est ouverte !
Une gorge centrale repensée
Vous me connaissez, j'adore les tissus texturés.
C'est pour cette raison que les boutons-pression de la gorge centrale sont placés sur un gros grain qui donne toute l'identité de la pièce.
Quant au zip central, il s'agit d'un YKK argenté, car c'est une couleur de zip que j'aime beaucoup.
Une doublure douce
Là aussi, vos recommandations sont passées par là.
Au départ, nous avions opté pour un mélange de viscose et de coton.
Finalement, nous l'avons troqué contre une doublure en mesh pour augmenter la respirabilité de la softshell.
Pour l'intérieur des manches, nous avons choisi de la viscose. Aussi respirante que du coton, elle "glisse" pour un enfilage facile.
Une sangle particulière
C'est très certainement le point sur lequel j'ai le plus embêté Alexandre. C'est un élément un peu inattendu mais terriblement pratique, à tel point que même Zegna Sport s'y met !
Le constat est simple : c'est un vêtement à porter à la mi-saison mais, en attendant la fraîcheur de la soirée ou s'il fait vraiment chaud en plein soleil, porter son blouson à la main devient pénible.
C'est là que je me suis rappelé avoir vu, en hiver, certaines Montréalaises transporter leur Canada Goose sur le dos dans le métro surchauffé, tandis qu'il faisait -15°C dehors . Puis je me suis remémoré les premières collections de Rick Owens, qui comportaient aussi des sangles pour le transport.
Il nous en fallait donc une sur notre softshell ! C'est le genre de détails auquel on est peu habitués au début et qu'on regrette finalement de ne pas voir plus souvent ! En cas de chaleur, il suffit d'enlever le blouson et le porter en bandoulière.
C'est un détail qui, à mes yeux, n'en est finalement pas un. On le voit beaucoup trop rarement et que je suis très content de vous le proposer !
Alors que je m'apprêtais à choisir une sangle toute simple, Alexandre m'a stoppé :
Benoît, on a beaucoup travaillé la matière et la doublure. Ce serait bête de choisir une sangle qu'on voit partout, non ?
Il avait raison, donc on s'est un peu amusé sur le choix des sangles en choisissant une référence gris chiné d'un fournisseur italien.
Cela étant, sa mise en place a été compliquée car il a fallu trouver la bonne manière de piquer la sangle dans la matière et non uniquement dans la doublure, afin que ce soit résistant. Mais si vous ne voulez pas de cette sangle, pas d'inquiétude ! Elle est totalement amovible grâce à une fermeture en velcro.
Des pattes de serrage réfléchies
Sur la première version, nous avions opté pour une patte avec boutons-pression.
À la demande de nos lecteurs à moto, nous avons repensé le système. Il s'appuie maintenant sur du velcro, de sorte que vous puissiez choisir un rendu plus ou moins serré selon votre convenance.
Une seule main suffit d'ailleurs à cette opération !
Comment entretenir la softshell ?
Pour activer la déperlance de votre softshell, repassez-là en "linge plat" (avec un mouchoir ou un chiffon entre le fer et l'étoffe) pendant 5 minutes à thermostat 2 - soit 150° - lorsque vous la recevrez.
C’est une pièce qui n’a pas besoin d’être lavée souvent, à part si vous avez fait une énorme catastrophe avec.
Un lavage en machine à 30°C, une fois par an et en essorage minimum suffit amplement. Complétez cette étape par un repassage à thermostat 1 (110°) à même la matière et hop, vous réactiverez la déperlance.
En revanche, pas de nettoyage à sec !
Comment porter une softshell ?
Comment choisir sa taille ?
Le sizing est très classique, prenez simplement votre taille habituelle ! Je sais que je dis ça à chaque lancement, mais c'est aussi simple que ça !
Comment se procurer la softshell BonneGueule ?
La softshell est à présent disponible sur notre shop et dans nos boutiques.