(Je porte un blouson Hédus (modèle Lennox) et un formidable gilet sans manches de la marque Cadot)
Comme vous le savez, les boots BGAH-01 en collaboration avec Heschung présentent des empiècements en laine.
Et il ne s'agit pas de n'importe quelle laine, puisque nous avons travaillé avec Arpin, filature bientôt bicentenaire et Entreprise du Patrimoine Vivant.
Comme le label l'indique, c'est une véritable part du patrimoine français, qui continue de travailler de manière artisanale. Nous allons découvrir aujourd'hui les 8 étapes permettant de passer de la bourre de laine à la constitution d'un beau drap de laine.
Comment obtient-on un drap de laine ?
1. Lavage
On commence par laver les bourres de laine fraîchement tondues, encore sales et grasses. L'entreprise se sert uniquement d'eau savonneuse, et a banni tout traitement chimique, afin de préserver la résistance naturelle de la fibre.
La matière est ensuite mise à sécher à l'air libre, et régulièrement remuée pour un séchage optimal.
2. Battage
Une fois la laine sèche, celle-ci est passée dans un batteur, qui va aérer la fibre et enlever les dernières impuretés.
Il présente des tiges métalliques qui vont la peigner afin de conserver sa longueur (la longueur de la fibre est fonction de sa résistance). On y ajoute alors de l'oléine, une graisse végétale pouvant être facilement nettoyée (contrairement aux graisses animales), et qui apporte de la souplesse et de "l'onctuosité" à la matière.
3. Peignage
La laine est ensuite passée dans une machine appelée "un loup", en raison de ses dents qui rappellent la gueule de l'animal. Cette étape vise à peigner la laine, de sorte qu'elle soit démêlée, plus fine et plus légère.
4. Cardage
Vient l'étape du cardage, où la matière est transformée en voile de laine. On se retrouve avec un "début" de fil, encore très fragile, mais qui commence à se rapprocher du drap de laine.
5. Filage
Le voile obtenu va être enroulé en bobines. Ce procédé se fait grâce à une machine qui va enrouler le fil dans le sens de la longueur autour d'une fusée. Le nombre de tour effectué par minute déterminera, lui aussi, la résistance du fil.
6. Ourdissage
L'ourdissoir, du verbe "ordonner", est l'appareil étalant le fil de la bobine. Cette phase permet au fil d'être de la bonne largeur, compte-tenu du métier à tisser sur lequel il sera utilisé.
7. Tissage
Le rouleau est désormais prêt à passer au métier à tisser. Arpin utilise des métiers de type "jacquard", tissant entre eux plus de 2.000 fils. Cela permet de tisser des motifs complexes en commandant chaque fil de chaîne de manière séparée.
8. Lavage et séchage
Le rouleau de drap de laine est maintenant prêt, il ne reste plus qu'à le laver pour retirer l'oléine précédemment ajoutée, et à l'essorer pour qu'il sèche.
Bonus : le foulonnage
Nous vous en avions parlé, c'est l'étape permettant de densifier certains draps de laine (ce n'est pas systématique), dont le drap de Bonneval utilisé sur les BGAH-01.
Et c'est comme ça qu'on obtient des draps de laine qui se révèlent aussi durables que riches en couleurs.
D'ici dimanche, nous vous expliquerons comment est tanné le cuir des chaussures Heschung, au sein des tanneries Haas en Alsace. Mais aussi comment porter les boots Heschung dans de nombreux looks très différents.
Merci à la filature Arpin et à Héloïse Jost pour notre visite de ce très bel exemple de patrimoine artisanal français.