Article mis jour en avril 2020 -Disclaimer : Cela faisait longtemps que nous ne l'avions pas fait, nous accueillons donc aujourd'hui un article invité de Thomas, passionné de beaux vêtements qui durent.
Non, ce n’est pas un article sur une série américaine ou encore l’épicerie implantée rue Grenelle à Paris.
Je vais plutôt vous parler d’une marque à l’ADN typiquement japonais.
Et comme souvent au pays du Soleil-Levant en matière de vêtements, la marque The Real McCoy’s reproduit fidèlement des tenues de l'Amérique des années 40 ou 50, mais en mieux. On peut la comparer à la marque Aero Leather Clothing, une autre marque de cuirs haut de gamme très peu distribuée qui ne fabrique presque qu'à la commande .
Cela va de la tenue militaire à celle de motard, de « worker » au look d’étudiant de l’Ivy League.
Vous trouverez donc plusieurs lignes :
- The Real McCoy, la plus orientée militaire / Seconde Guerre mondiale ;
- Joe McCoy, la ligne la plus orientée streetwear ;
- Buco, la plus orientée moto. Allez voir leurs perfectos !
Histoire de la marque The Real McCoy's
The Real McCoy's a été fondée dans les années 80 par Hitoshi Tsujimoto.
Il a pour particularité d'avoir amassé des milliers de vêtements américains d’époque (du XXème siècle) dont plus de 10 000 jeans Levis !
Dans une interview pour le Wall Street Journal, Tsujimoto affirme qu’il ne cesse de perfectionner les pièces qu’il crée. Même si celles-ci sont très largement issues de l’histoire américaine, il n’a de cesse de les embellir.
Il a affiné la coupe notamment, celle des années 40 étant assez large, principalement pour les vêtements militaires qui permettaient d’emporter des armes ou des outils.
The Real McCoy's, une marque haut de gamme
Ayez toutefois à l’esprit que cela reste globalement des vêtements de reproduction militaire. Il n'y a donc pas ou très peu de coupes slim : adieu les jeans ultra skinny à la Cheap Monday.
Pour ce qui est du prix, c'est ce à quoi on peut s'attendre chez des marques japonaises qui font de la "vraie" réplique, et non de la vulgaire copie (copie = mauvaise réplique pour faire simple).
Quelques ordres de grandeur pour vous faire une idée :
- Comptez 100 € pour un tee-shirt,
- 300 € pour un jean,
- 2000 € pour un blouson en cuir.
Bon d'accord, c’est un peu pour les geeks du vêtement. Mais à ce prix-là, vous aurez ce qui se fait de mieux. Aucun compromis en termes de qualité : vous trouverez d’excellentes matières et matériaux ainsi que de très bonnes finitions. C'est la réplique dans toute sa splendeur !
D’ailleurs, ne vous attendez pas à trouver de bonnes affaires en soldes. Je n’ai que très rarement vu leurs articles soldés, ce qui est bon signe, non ?
Ce sont des vêtements faits pour durer, qui se patinent. Par patine, j’entends cette chaleur humaine qu’on retrouve sur tous les objets anciens, qui s’accroît avec les générations. Nouveaux modes de consommation obligent, celle-ci tend malheureusement à disparaître. Et de fait, les jeunes y deviennent moins sensibles.
Pour vous donner une idée du travail des vêtements, les toiles de jeans sont par exemple tissées sur les métiers historiques, et il y a ensuite une recherche de malade pour obtenir les teintes à l'identique après 50 lavages du jean pour qu'il correspondent au modèle de base d'il y a un siècle.
C'est de la geekerie poussée à l'extrême.
La flight jacket A2, produit phare de The Real McCoy
The Real McCoy’s est surtout connu pour la flight jacket A2 en cuir.
Une confection soignée et durable
Pour la petite histoire, alors que je passais dans la boutique de surplus militaire Doursoux - rue Amelot à Paris – un client discutait avec le responsable de la boutique. J'ai compris qu’il était mécontent d’un cuir d'une autre marque acheté ailleurs. En effet, sa flight jacket avait vieilli de 10 ans en quelques mois.
Après son départ, je me suis empressé de demander au gérant s’il s’agissait d’un Real McCoy's. Celui-ci m'a affirmé que non, en ajoutant que les cuirs Real McCoy's étaient les plus beaux qu’il avait eu l’occasion de voir.
Qualité du cuir : du cheval et du cerf pour les plus courageux
Et pour cause, les cuirs sont tannés de manière végétale, même si cela est loin d’être toujours un gage de qualité. C'est le genre d’argument-massue trop souvent mis en avant à mon sens, mais c’est un autre débat.
Vous trouvez également d’autres détails haut de gamme sur les vestes d'aviateurs, je sais qu’on y est attachés chez BonneGueule :
- Les fermetures à glissières Talon, une marque américaine. C'est la première marque de zips qui est apparue sur le marché, si bien qu'on lui doit beaucoup dans sa démocratisation… On peut difficilement faire plus vintage !
- Différents traitements de cuir (cuir aniline, cuir pigmenté..) et différents types de cuir (cuir de cheval, de cerf, etc).
Alors non, vous ne trouverez pas de blouson en agneau plongé. On reste sur un travail de reproduction : le sourcing de matières premières respecte donc certaines contraintes, même si encore une fois, ils y ajoutent leur propre touche.
Je sais que sur beaucoup de blogs / sites de conseils, l’agneau plongé est systématiquement mis en avant comme le Graal pour sa finesse et son toucher. Gardez plutôt l’esprit ouvert, ne dénigrez pas systématiquement tous les autres cuirs. 🙂
Vous pourrez avoir de bonnes surprises, le cuir de cerf par exemple. Celui-ci est plus traditionnellement utilisé dans la ganterie pour sa souplesse et sa résistance. Plutôt rare et donc assez coûteux.
Le souci du détail d'époque
Des reproductions sont créées à partir de patrons originaux utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, entre autres ceux de l’entreprise américaine The Rough Wear Clothing Company (plus de 200 000 blousons produits à cette époque).
Mêmes méthodes mais aussi mêmes machines de fabrication… avec tout ce que ça comporte en limitations : réglages, rentabilité, précision, etc. Le détail est poussé jusqu’à la couleur du blouson. Par exemple, au sein de la Rough Wear Clothing Company, le Russet brown était utilisé au début de la guerre puis remplacé plus tard par le Seal brown.
Vous noterez que les blousons d'aviateurs sont souvent disponibles dans deux versions : une épurée sans aucun patch - version « sortie d’usine » - et d’autres plus colorées, avec des patchs d’époque que les pilotes étaient fières d’arborer.
Exemple avec les blousons du 53ème escadron américain, surnommé TABLY.
Autre feature insolite : vous pourrez également trouver ce qu’on appelle « la cloche de Capri ». Celle-ci était un porte-bonheur et, comme son nom l’indique, était vraisemblablement fabriquée par les moines de l’île de Capri (à côté de Naples, en Italie).
Elle était portée par les aviateurs américains envoyés à Capri.
Ces petites cloches sont souvent gravées de l’inscription San Michele, en référence à une légende.
Un pauvre garçon ayant perdu une brebis aurait suivi le son léger d’une cloche, et c'est Saint-Michel qui serait en fait apparu. Il lui aurait alors donné une petite cloche en lui disant de toujours en suivre le son pour rester loin du danger.
Note : D’ailleurs, si vous êtes à Capri, n’hésitez pas à aller faire un tour à la magnifique villa San Michele.
Où trouver plus d'infos sur la flight jacket ?
Si vous êtes un vrai fan de ce genre de blouson – et j’en fait partie – je vous conseille le livre de John A. Maguire, Art of the Flight Jacket : Classic Leather Jackets of World War II. À réserver aux passionnés.
Vous pouvez également feuilleter The Real McCoy's Yearbook : les pièces les plus emblématiques du catalogue de la marque y sont soigneusement décrites, l’histoire qui les accompagne également.
On y apprend par exemple que les doublures en soie rouge étaient fièrement portées par les pilotes de l’Air Force ayant abattu au moins cinq avions.
Pas étonnant que le niveau moyen de connaissance des Japonais en matière de vêtement dépasse largement celui des Européens. Enfin, pour le moment 🙂 .
Histoire : pourquoi a-t-on arrêté de produire des vestes en cuir dans l'armée ?
Le cuir est une ressource limitée et difficile à travailler. Le nylon, quant à lui, est plus simple à travailler et ne nécessite que de l’eau, du charbon et de l’air. La production est plus stable et maîtrisable, donc plus facile pour des quantités de masse.
Les flight jackets en nylon offrent également plus de fonctionnalités : une plus grande liberté de mouvement et plus de légèreté. Regardons ça de plus près !
Le blouson B10
Le premier blouson d’aviateur qui n’était pas en cuir est le B10 (enfin, pour être précis, il y a eu un modèle de blouson en coton pour la marine un peu avant : le 37J1).
Le bomber MA-1
On note la disparition du col type A2 (du fait de l’apparition de casques imposants). La doublure devient orange : plus facilement repérable en cas d'urgence, il suffisait au pilote de retourner sa veste.
La veste M65
Où acheter les vêtements The Real McCoy's ?
Le site officiel Japonais ne livre qu’au Japon. Il reste néanmoins d’autres alternatives plus près de chez nous :
- Une boutique officielle est ouverte à Londres depuis Juin 2014, rue Henrrieta
- Le site Superdenim ayant fermé en novembre 2019, vous pouvez vous acheter la marque sur le site Marrkt.
Bonus : le néon de la marque.