Cela faisait un certain temps que je souhaitais acquérir un cuir. Après m'être convaincu de la nécessité d'avoir cette pièce dans ma garde-robe (si si, je vous assure que cette étape prend du temps), j'ai dû m'intéresser au marché d'un peu plus près.
J'ai donc commencé à regarder ce que proposaient les marques et, surtout, à regarder les blousons en cuir portés dans la rue. Cette deuxième étape a pris du temps mais, très vite, je me suis tourné vers Schott (inventeur du Perfecto) car c'est une marque qui possède un vrai savoir-faire et dont les prix sont loin d'être fous.
Schott : une marque de blousons en cuir qui fait référence
Pourquoi avoir choisi un blouson Schott (prononcé "chotte") ? Tout simplement car la marque possède une véritable expertise dans le cuir.
Comprendre par là que le blouson en cuir n'est pas une pièce noyée parmi d'autres dans un large plan de collection. Le travail de cette matière fait partie de leur ADN et de leur histoire depuis le début. La maîtrise des processus de création et d'industrialisation est donc légitime.
C'est un précieux conseil que je vous donne : avant d'acheter une pièce de ce genre, il faut se tourner vers les spécialistes, les acteurs historiques du marché. Maîtriser le cuir ne se fait pas du jour au lendemain, donc autant faire confiance à une marque qui fait ça depuis le début.
Histoire de la marque Schott
Petit retour en arrière : en 1913, les frères Schott (Irving et Jack) montent une usine de création et de confection de vêtements à New York. Pour commencer, ils se spécialisent dans le vêtement de pluie : ils fabriquent des cirés dans leur petit appartement du Lower East Side.
Très vite, les pièces sont reconnues pour leur résistance et leur fonctionnalité. Mais l'histoire de la marque va prendre une toute autre dimension en 1928.
La marque qui inventa le Perfecto pour hommes
Cette année-là, la marque reçoit une commande un peu spéciale venant d'une boutique Harley Davidson : un blouson en cuir, qui doit être résistant, sans pour autant faire l'impasse sur le style. Irving, passionné de motos, saute sur l'occasion et Schott lance cette année-là le premier blouson cuir avec un zip : le Perfecto !
Schott est, encore aujourd'hui, propriétaire de la marque déposée "Perfecto" qui fait référence aux cigares cubains qu'Irving avait l'habitude de fumer. Pour l'anecdote, les premiers Perfecto étaient vendus $5.50 !
Ce que le vestiaire masculin doit à Schott
En 1940, en pleine Seconde Guerre Mondiale, et comme beaucoup d'autres entreprises américaines, Schott stoppe toute production civile pour participer à l'effort de guerre, devenant ainsi l'un des plus gros fournisseurs d'habillement de l'armée américaine.
Ils ont fourni des cabans en drap de laine à l'US Navy (marine de guerre des USA), des blousons en cuir (la flight jacket, soit "veste de vol") et des modèles en nylon (bombers) à l'armée de l'air.
Toutes ces pièces sont considérées comme des "best-sellers", des "incontournables" et font encore aujourd'hui partie des collections Schott. Cette influence militaire se retrouve aussi sur toutes les autres pièces des collections.
Histoire de la flight jacket (blouson d'aviateur)
Je voulais tester un blouson polyvalent mais avec, quand même, sa dose de caractère. Je me suis donc tourné vers le modèle LC1380, qui revisite un grand basique du vestiaire masculin : la flight jacket.
C'est clairement un blouson d'inspiration militaire avec une vraie histoire, il en existe différentes catégories. Chacune d'entre elles est associée à un héritage, à un corps d'armée... Il convient de bien assimiler les différences de style pour ne pas se tromper.
Une naissance dans les airs
Historiquement, la flight jacket a été développée pour les aviateurs de la Première Guerre Mondiale. En effet, les cockpits ouverts des avions ont contraint les aviateurs à trouver un blouson suffisamment chaud pour résister aux froides températures.
C'est en 1917 que l'US Army Aviation lance le développement de la première flight jacket avec un cahier des charges relativement simple : une veste avec un col haut (parfois fourré) ; une fermeture à glissière avec un rabat ; un gros bords-côtes à la taille pour bien isoler du froid (appelé aussi tricotine).
Les différents types de flight jackets
En 1927, tous les pilotes de l'US Air Force sont équipés d'un blouson A1, qui est la ré-interprétation de la veste développée dix ans auparavant, avec des caractéristiques similaires mais au format blouson : un col relevé, deux poches, et des bords-côtes à la taille et aux poignets.
Très peu de temps après, le blouson A1 est remplacé par le blouson A2 (qui possède, lui, un col type chemise).
Dès 1930, ce dernier est standardisé et équipe tous les pilotes de chasse américains. Exceptée la marine américaine (l'US Navy), qui lui préfère un dérivé pour équiper son aéronavale : le blouson G1 ( très proche du A2).
La différence : le A2 est équipé d'un col en cuir et de pattes d'épaule alors que le G1 est doté d'un col fourrure sans patte d'épaule.
Les blousons A2 et G1 étaient très appréciés par les pilotes qui les personnalisaient en y ajoutant les insignes de leurs unités, des dessins de pinups ou des figures guerrières.
Test du blouson LC1380 de la marque Schott (439 €)
Le blouson que j'ai choisi est le modèle LC1380. Vous l'aurez compris, avec son col en fourrure de mouton, celui-ci s'inspire plutôt du blouson G1.
Un col polyvalent
J'apprécie beaucoup le col amovible. Cela rend la pièce plus polyvalente et moins marquée "militaire". Le système d'accroche fonctionne avec des boutons-pression de très bonne qualité (soyez sans crainte, le col ne s'arrachera pas) et un bouton qui s'insère dans un passant.
La qualité du cuir
Le blouson est en cuir de vachette, un des cuirs les plus couramment utilisés dans la confection de ce type de pièce car il est robuste.
De plus, le grain de peau (autrement dit, le dessin de la surface de la peau) est dans son ensemble régulier et homogène. On remarque quand même quelques défauts dans la peau à certains endroits, mais le résultat visuel est beau et propre.
Pour ce prix, il vous sera très difficile de trouver mieux (les peaux "parfaites" sans aucun défaut sont réservées à l'industrie du luxe). Je vous invite à (re)lire l'excellent article de Romain Rousseau sur comment reconnaître un cuir de qualité.
Enfin, le blouson pèse 2,20 kg ! Je vous assure qu'au porté, cela se ressent ! Au début, c'est même assez désagréable et l'on se sent contraint par le vêtement. Mais au fur et à mesure des ports, le cuir va s'assouplir et tout rentre dans l'ordre (liberté de mouvements...).
Avantage de l'épaisseur du cuir et de son poids : celui-ci tient très chaud !
Des finitions efficaces
J'aime beaucoup les pièces avec de gros bords-côtes : cela isole du froid et assure un bon maintien de la manche au début du poignet (aucun risque de voir la manche "grignoter" le poignet). Ceux du blouson sont de bonne qualité car ils ne se desserrent pas et ne s'effilochent pas avec le temps.
Les poches latérales sont dotées d'un système astucieux de double-poches. La première est facilement accessible en ôtant un bouton-pression : placez-y les objets du quotidien. La seconde est zippée, elle est recommandée pour les biens plus précieux.
La poche zippée côté coeur vous permettra de glisser petite monnaie, carte de transports, clefs et autres petits éléments. Elles sont toutes doublées polaire et garderont vos mains au chaud.
L'intérieur du blouson possède quelques surprises agréables : deux poches intérieures avec finitions cuir et doublées polaire, ainsi qu'une poche pour y glisser son téléphone portable (pourvue d'oeillets d'aération).
La doublure amovible
La doublure du corps (en nylon) est amovible et très pratique. Accrochée au blouson, elle permet d'ajouter une couche supplémentaire et apporte encore un peu plus de chaleur et d'isolation.
Séparée (grâce à un astucieux système de boutonnage), elle fera office de gilet sans manches. Ses finitions m'ont agréablement surpris : les poches latérales sont doublées polaire et les passepoils en cuir sont propres. La poche intérieure avec un bouton-pression jouit des mêmes caractéristiques.
Finalement, on se retrouve avec une vraie seconde pièce (pour ma part, je la mets par dessus certains de mes pulls hiver, elle passe facilement en-dessous de tout type d'outerwear).
Précision : une fois la doublure ôtée, une "sous-doublure" en nylon fera son apparition : votre peau ne sera jamais à même le cuir.
Le blouson Schott est disponible ici.
Autre pièce intéressante du vestiaire militaire réinterprété : le bomber. On en voit de plus en plus sur les hommes dans la rue. Mais là encore, difficile de trouver son bonheur : beaucoup viennent de friperie et la coupe est donc désuète (effet "boule sur patte") et d'autres, mieux coupés, sont de piètre qualité.
Récemment, Schott s'est associé à American College pour dessiner un bomber qui mêle habilement respect des traditions et modernisation. J'ai demandé à Maxime de me dire ce qu'il pensait de cette pièce.
L'histoire du bomber masculin
Le bomber, que l’on appelle aussi Flight Jacket MA-1, apparaît dans les années 50.
C'était le blouson utilisé par les pilotes de l’US Air Force et la marine américaine. Il est produit par l’entreprise historique Alpha Industries (nom de code du bomber : MIL-J-8279), mais aussi par la marque Schott qui souhaitait diversifier son offre de blouson.
Celui-ci vient remplacer les blousons en cuir et les bombers avec un col en fourrure (aussi appelé B-15), car il est plus léger et plus pratique (le col en fourrure était gênant pour fixer le harnais des pilotes).
Comme beaucoup de vêtements que nous portons de nos jours, il est issu d’une utilisation militaire puis popularisé à la fin des années 60, étant porté par des stars telle que James Dean, Marilyn Monroe ou encore Steeve McQueen dans Le Chasseur.
Aujourd’hui, le bomber est une pièce classique du vestiaire masculin (et féminin), bien ancré dans l’imaginaire collectif grâce à Tom Cruise dans Top Gun et aux marques qui le revisitent saison après saison.
Voici les caractéristiques que l'on retrouve sur cette pièce :
- Le bomber se reconnaît à son tissu en nylon, souvent bleu ou vert olive, avec la doublure orange qui servait comme repère aux pilotes en détresse (très utile si vous vous retrouvez sur une île déserte) ;
- Le blouson possède une poche zippée sur la manche gauche qui permet d'y mettre son portefeuille ou même un téléphone ;
- Deux poches avec rabat équipées de boutons-pression viennent accentuer le côté pratique du vêtement ;
- Le col en coton est tricoté de la même façon que les bords-côtes situés au niveau des manches et à la ceinture du blouson, qui isolent du froid ;
- Enfin, le blouson se ferme grâce à un zip remontant jusqu'au col.
Test du bomber kaki American College de la marque Schott (175 €)
Même si la marque emblématique est Alpha Industries, des bombers Schott en nylon sont fabriqués pour l’aviation.
On retrouve donc légitimement ces modèles encore aujourd’hui dans le catalogue de la marque.
Schott a repris tous les détails classiques et historiques du bomber tout en travaillant la coupe, qui se veut très ajustée.
Intérieur du bomber
On trouve donc la fameuse doublure orange composée à 55 % de viscose et 45 % d'acetate (un dérivé de la viscose), ce qui est très correct en termes de solidité et de confort. On est loin des standards bas de gamme que l'on retrouve souvent pour ce type de pièce.
Une poche qui se ferme avec un bouton-pression vient se positionner sur le côté gauche et ajoute un effet pratique à cette doublure.
Les finitions pratiques
L'autre caractéristique de ce blouson est la poche zippée sur le bras gauche, détail pratique et esthétique de ce genre de vêtement. Le zip est de bonne facture et la poche assez grande pour y mettre ses papiers ou son portefeuille. Il y a aussi 4 rangements pour stylos ou tickets de métro.
C'est un détail bien pensé, pratique lorsqu'on ne veut pas ouvrir sa veste et attraper froid.
Les poches latérales extérieures sont en biais, permettant un accès facile pour y mettre ses mains au chaud ou ranger ses affaires. Elles sont aussi équipées de rabats avec boutons-pression, un supplément de sécurité pour ne pas perdre ce qu'on y met.
J'ai noté que les boutons-pression pouvaient vite s'user, donc attention lorsqu'on referme la poche.
L'autre intérêt du bomber est qu'il est équipé de bords-côtes très épais aux mains, à la ceinture et au niveau du cou. Très utile lorsque les températures approchent le 0, ils font bien le travail de garder le corps au chaud.
Pour avoir fait les photos un jour où il faisait 0°C, je n'ai pas ressenti le vent ni le froid s'infiltrer.
Le dernier point à relever est l'imposant zip qui permet la fermeture du blouson. Il remonte bien jusqu'au col et une lanière en cuir donne une touche authentique à ce bomber qui reste fidèle à ces origines.
Mon avis sur le bomber pour homme Schott
Je suis agréablement surpris par ce blouson, une pièce de mi-saison qui reste efficace par temps froid.
C'est du 100 % nylon, les coutures sont propres et rapprochées, les bords-côtes épais et la doublure est très confortable tout en étant durable.
La coupe est cintrée comme il faut, on peut mettre un pull en dessous. C'est un vrai blouson, il s'arrête au niveau de la ceinture, en haut des fesses.
Le bomber est confectionné en Chine et vendu à 149 euros sur le site de la marque. À ce prix, il sera difficile de trouver une pièce aussi bien montée avec tous ces détails techniques.
Pour les plus septiques sur le Made in China, je vous invite à relire cet article qui explique très bien l'intérêt du rapport qualité / prix à la provenance d'un produit.
Vous pouvez retrouver le bomber Schott ici.
Mon avis sur la marque Schott
Je trouve que Schott est une marque avec un vrai bon rapport qualité / prix. Un blouson en cuir avec col mouton amovible à 439 €, je trouve que c'est un très bon achat. Idem pour un bomber à 175 €, bien coupé.
La marque réinterprète bien le vestiaire militaire en l'adaptant à un port urbain et un usage quotidien (les bombers qu'on trouve moins cher en friperie ont une coupe trop marquée en forme de boule).
Les pièces dégagent une réelle identité, à la limite du "bad boy", et suffisent à elles seules à constituer un look. Je vous conseille donc de privilégier des pièces simples pour compléter votre tenue.