C’est l’hiver.
Tandis que les arbres sommeillent, les parkas reparaissent aux quatre coins des rues. Étant donné le niveau d’investissement qu'un tel vêtement représente, j'ai préféré attendre de jeter mon dévolu sur l'une d'elles en connaissance de cause, sans précipitation.
Quelques mois après m’être enfin décidé, il est temps de vous présenter en détail le modèle Arctic de chez Woolrich (commercialisé 768 € en France). Avant le test complet de cette parka pour hommes très chaude, intéressons-nous à l'histoire de cette marque américaine prestigieuse.
L’histoire de la marque Woolrich
L’histoire commence en 1830, lorsqu’un Anglais du nom de John Rich, immigré aux États-Unis, construit sa première filature de laine à Plum Run, en Pensylvanie.
La situation de la filature est idéale, John Rich est au cœur des exploitations agricoles qui lui permettent de parcourir les fermes à la recherche de la meilleure laine.
Woolrich se spécialise rapidement dans les vêtements d'extérieur, notamment dans les tenues de chasse, activité mondaine par excellence au XIXème siècle.
La légende veut que Woolrich fut la première manufacture à équiper les pantalons masculins de fermetures éclair. Il est difficile de savoir si c'est bien la réalité, tant les rumeurs de ce genre sont nombreuses au sein de l’industrie textile.
Néanmoins, si l’entreprise a réussi à traverser 180 ans d’histoire contemporaine, c’est certainement au prix d’un constant effort d’adaptation de la production au mode de vie occidental, et de la stratégie d’innovation qui en découle.
C’est en raison de ce succès industriel que le gouvernement américain a signé un contrat avec l’entreprise. Celle-ci est missionnée pour imaginer, conceptualiser et produire l’équipement de l’expédition américaine vers l’Antarctique menée par l’Amiral Byrd dans les années 30.
Au terme de ces années de R&D dans le domaine de l’équipement pour conditions extrêmes, Woolrich allie définitivement la maîtrise des matériaux de synthèse à l’expérience des filières traditionnelles de matières naturelles.
Test de la parka Arctic par Woolrich
Si je devais traverser la forêt boréale canadienne à poil, en plein hiver, mais avec un seul vêtement, lequel choisirais-je ?
C’est la question à 800 balles que je me suis posée pour choisir LE manteau d'hiver ultime. Plus qu’une pièce forte, la parka est pour moi le vêtement qui se situe à mi-chemin entre la doudoune et la combinaison spatiale.
Dans ces conditions, il m’était impossible de choisir un modèle dans le style des parkas urbaines courtes qui fourmillent à Paris. Il me fallait quelque chose de suffisamment long pour couvrir les fesses et une partie des jambes. Un truc fat, en somme.
Une parka à la hauteur de son investissement
Cela faisait un certain temps que j'entendais les professionnels du secteur de la mode masculine vanter les mérites des parkas Woolrich, une marque dont la renommée n'est apparemment plus à faire.
De quoi attirer mon attention puis me décider à passer à l'action pour choisir l'un des nombreux modèles de parka proposés par la marque.
Entre les différentes matières techniques, dont des 100 % laines italiennes traitées aux nanomatériaux (comme le modèle Woolrich en laine Loro Piana à 1500 euros), j'ai souhaité partir sur un modèle intermédiaire afin de positionner mon choix au milieu du catalogue de la marque.
Le modèle Woolrich Arctic Dark navy à 769 euros m'a semblé présenter le meilleur compromis.
Ça, c'est moi en 2015, en expédition polaire sur la place de la République.
Une parka masculine taillée pour l'hiver
Au niveau de la couleur, j'ai choisi un gris-bleu pour plusieurs raisons :
- Il permet de composer facilement des tenues dans des couleurs masculines.
- Il met bien en valeur les boutons en corne, la fourrure et mes cheveux.
Pour ce qui concerne la matière, j'ai pris soin de choisir un mélange fibres naturelles / fibres synthétiques (60% coton / 40% polyamide) qui présente la particularité d'être totalement imperméable, ce qui est très appréciable pour un manteau d'hiver.
Pour être précis, il s'agit d'un mélange Teflon® hydrophobe et oléophobe étudié pour sécher vite.
En pratique, j'ai constaté que l'effet obtenu est conforme à la théorie :
J'avoue, je n'ai pas eu l'audace de faire le même test avec de l'huile. #petitjoueur
Un design sobre mais un vêtement haut de gamme
Si le montage du manteau n'est pas spécialement sophistiqué, il respire en tout cas la robustesse.
On sent que les designers sont allés à l'essentiel en choisissant des matériaux d'excellente qualité, sans pour autant chercher à mettre des poches, des fermetures et des écussons partout.
Duvet de canard, fourrure de coyote authentique et revêtement imperméable, seuls les matériaux se sont vraisemblablement améliorés par rapport à la version originale.
Pour le reste, on retrouve effectivement le modèle de 1972, jusque dans la coupe et l'esthétique.
Sans surprise, ce manteau est l'un des plus chauds que j'aie jamais porté.
Complètement fermé, il faut que les températures soient très basses pour ne pas crever de chaud. L'occasion de tester une fois de plus l'excellente propriété isolante du duvet de canard.
Une parka homme pratique et fonctionnelle
En observant le manteau dans ses moindres détails, on reconnaît le pragmatisme américain.
Woolrich est allé à l'essentiel, pour que l'utilisateur ait une véritable combinaison contre le froid.
À l'intérieur, plutôt que des poches "portefeuilles" classiques qui viendraient percer le duvet, les concepteurs ont conçu deux poches à scratch présentant le double avantage d'être très larges, et de se trouver tout en bas du vêtement pour que la silhouette reste fine.
Le seul défaut que je trouve à cette parka concerne le sens de montage de la fermeture éclair qui est inversé par rapport à mes autres manteaux.
C'est ainsi la main gauche qui dirige le tube mobile pour le faire entrer dans la navette qui se trouve main droite, comme vous pouvez le constater sur la photo suivante.
Autrement, il est possible d'enlever la fourrure qui est fixée à la capuche par un double système de zip et de boutons pression.
Utilité de la fourrure véritable
Il s’avère que la fourrure possède un intérêt thermique évident comparé à un équivalent synthétique. J’ai constaté que la présence de ce fourrage d’origine animale casse le flux de vent froid incident, et immobilise l’air autour du cou et du pourtour extérieur du visage.
J’ai fait le test de mettre la capuche avant de rouler à vélo, par mauvais temps (+ 4°C, vent et pluie), et, contrairement à mes autres manteaux à capuche, j’ai constaté que le vent et la pluie ne s’engouffraient pas, même si les cordons de la capuche n'étaient pas serrés.
On notera également la présence d'un cordon de serrage interne qui permet de cintrer la parka et d'augmenter ainsi votre protection face au froid, en empêchant l'air de s'engouffrer par le dessous quand vous marchez.
Test de la parka Arctic après deux hivers (Geoffrey)
Étant, moi aussi, l'heureux détenteur d'une parka Arctic, je partage totalement l'avis de Romain : c'est un super produit. Un investissement certain, mais qui vaut son prix.
Un produit très pratique également, soigné dans les moindres détails de cordons de serrages ou de sangles pour bien protéger le cou.
Je complèterai simplement en disant qu'après deux saisons, la parka est toujours dans un bon état.
Côté points négatifs : la déperlance a largement décru, ce qui est tout de même assez normal étant donné mes usages intensifs. Mais la parka reste utilisable sous des petites averses : le duvet ne se mouille pas trop.
Deux boutons sont tombés aussi, mais sur deux ans c'est ok, d'autant qu'une fois j'avais un peu forcé la fermeture.
Production de la fourrure véritable
Si l'avantage thermique de la fourrure véritable sur la fourrure synthétique est sans appel, il faut se rappeler qu'elle est issue de la chasse d’animaux sauvages, et que la question du traitement de ces êtres vivants dotés de sensibilité est importante.
Woolrich affirme respecter un tas de chartes internationales sur la protection des animaux, notamment le règlement européen 3254/1991 qui interdit les pièges à mâchoires, et plus largement tout le droit européen qui n'autorise que les méthodes de chasse considérées "sans cruauté" visant des espèces qui ne sont pas en voie d'extinction.
En l’occurence, Woolrich affirme que 100% de son approvisionnement en fourrure de coyote provient de trappeurs et de chasseurs canadiens certifiés au sens de l’AIHTS (Agreement on International Human Trapping Standards), une norme destinée à épouser le droit européen au sujet de la réglementation des fourrures.
Animal nuisible dont la population doit être régulée, méthode de chasse sans cruauté, respect des normes européennes ; tout cela ne doit pas empêcher de considérer l’usage de la fourrure d'animal sauvage comme exceptionnel.
J'estime par conséquent que cet achat doit s’inscrire dans une démarche de consommation raisonnable, et je me refuserais d'avoir plusieurs vêtements à fourrure de ce type.
Mon avis sur la parka Arctic Woolrich (769 €)
Si j’ai la chance de réaliser mon rêve de participer, un jour, à une expédition dans le Pôle sud, ce sera clairement avec le modèle Arctic proposé par Woolrich.
Les matières nobles et le design fonctionnel de cette parka en font un vêtement robuste résolument technique.