J'ai revu « Fight Club » : ce que je retiens des tenues de Brad Pitt et Edward Norton - Bobine

J'ai revu « Fight Club » : ce que je retiens des tenues de Brad Pitt et Edward Norton - Bobine
Tandis que notre vestiaire estival se dévoile, les programmes TV se relâchent. Je profite de cette accalmie pour vous livrer mes petites réflexions de l'année autour du style, de la mode et du cinéma. Cette fois, je reviens sur l'un des acteurs américains les plus cools de notre époque : Brad Pitt. Vous souvenez-vous de « Fight Club » de David Fincher ? Le film est culte, mais qu'en retient-on côté mode, style et vêtements ? Décryptage.
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Tandis que notre vestiaire estival se dévoile, les programmes TV se relâchent. Je profite de cette accalmie pour vous livrer mes petites réflexions de l'année autour du style, de la mode et du cinéma. Cette fois, je reviens sur l'un des acteurs américains les plus cools de notre époque : Brad Pitt. Vous souvenez-vous de « Fight Club » de David Fincher ? Le film est culte, mais qu'en retient-on côté mode, style et vêtements ? Décryptage.

(Crédit photo de couverture : Brad Pitt et Edward Norton dans « Fight Club », 1999 - photo Imago/Allstar)

En termes de style et de coolitude, la cote de Brad Pitt n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui. On peut dire que la cinquantaine lui va bien. En 2019, il enchaînait deux très beaux films d’auteurs parmi les plus intéressants du cinéma américain : « Ad Astra » de James Gray et « Once upon a time in Hollywood » de Quentin Tarantino.

En 2022, il est à l’affiche de deux films de pure entertainment :  « Le Secret de la Cité perdue » d'Aaron et Adam Nee et « Bullet Train » de David Leitch. Chaque personnage de Brad Pitt a son petit style vestimentaire à lui et il y a toujours matière à y piocher quelque chose d’intéressant.

Il y a peu, j’ai revu « Fight Club » de David Fincher. C’est un film de 1999, plutôt critiqué à sa sortie mais devenu culte depuis. Il divise encore aujourd'hui.

Certains vous diront ainsi qu'il affiche une morale et une esthétique douteuses, d'autres que c'est un des chefs-d'œuvre de la fin du siècle dernier. Ce qui est certain, c'est qu'à le revoir aujourd'hui, « Fight Club » préfigure assez bien les tendances du marché de la mode d'aujourd'hui.

Comment raconter « Fight Club » ?

« La première règle du Fight Club, c'est qu'on ne parle pas du Fight Club ».

On peut en revanche s’arrêter sur les tenues de ses deux acteurs principaux : Brad Pitt et Edward Norton. Si vous jetez un œil sur les premiers films de David Fincher, vous découvrirez un étonnant jeu de contraste moral et stylistique entre les personnages, en plus d'une fascination pour certaines couleurs comme le jaune et le vert.

Dès le deuxième film de David Fincher, « Seven » en 1995, le style très habillé, posé et presque maniaque de Morgan Freeman s’oppose aux chemises mal repassées et à la mise un rien négligée du turbulent Brad Pitt.

Dans le film suivant, « The Game » en 1997, le style très formel et rigide du personnage de Michael Douglas détonne avec la décontraction de celui de Sean Penn. Deux ans plus tard, « Fight Club » applique lui aussi une formule similaire. Évidemment, rien de tout cela n’est dû au hasard : le vêtement est une clé de compréhension de l’intrigue.

1. Brad Pitt ou le retour de la seconde main

Dans « Fight Club », Brad Pitt incarne le rôle de Tyler Durden, un vendeur de savon au charisme rebelle et particulier. Il ne porte ni cravate ni costume. Il adore en revanche les tee-shirts imprimés de plus ou moins bon goût, les vestes en cuir vintage, les pantalons de postier, les chemisettes à motif, les doudounes sans manches typées années 80 et d’une manière générale tout ce qui sort de l’idée que l’on se fait traditionnellement de l’élégance masculine.

Au fur et à mesure que l’on découvre Tyler Durden et son environnement, on prend petit à petit la mesure de son côté marginal. Il vit dans un squat. Ses vêtements semblent tous provenir de friperies.

De fait, c’est un peu le cas : le costumier Michael Kaplan a déniché et retravaillé nombre des pièces du vestiaire de Brad Pitt à partir de la seconde main, dans l’optique de créer des tenues à l’esprit vintage, avec une préférence pour les motifs, les matières et les textures les plus « excentriques ».

On trouve ici des mocassins Gucci vintage, ou des lunettes très seventies de la marque Oliver Peoples. Mais la pièce maîtresse du vestiaire de Tyler Durden, c’est sa veste en cuir vintage, d’un rouge séché travaillé à partir d’un cuir des années 70 pour lui donner l’aspect du sang.

D’une manière générale, les tenues de Tyler Durden ont quelque chose de violent pour les yeux. C’est qu’il compose son style à l’envers de la mode : c’est à la fois très personnel et très éloigné des canons traditionnels du style.

Certains diront que c’est principalement de mauvais goût : beaucoup de couleurs sans souci d’harmonisation, des matières parfois cheap ou has been, de la récup’ et une bonne grosse dose d’attitude. Tout chez Tyler Durden annonce le retour inespéré du vintage et des friperies aujourd’hui à l’œuvre dans la manière d’envisager son style.

À travers son vestiaire, le personnage de Brad Pitt préfigure ainsi la redécouverte de pièces jugées autrefois ringardes : la chemisette ou la doudoune sans manches ne sont-elles pas désormais réhabilitées sur nombre d’e-shop ? Alors, Tyler Durden serait-il un visionnaire malgré lui ?

Pour nos conseils sur la seconde main, c'est ici.

2. Edward Norton ou les derniers jours du costume business

À l’opposé du style Tyler Durden, celui du narrateur incarné par Edward Norton est assez symptomatique d’un certain style business, uniforme et un peu triste, qui régnait encore en maître il n’y a pas si longtemps dans les bureaux.

On parle là de costumes fabriqués à la chaîne, invariablement bleu ou gris, sans grandes aspérités ni qualité particulière. On en trouve encore un peu partout, à tous les prix.

Dans ces conditions, la chemise blanche et les souliers en cuir sont de rigueur – et de préférence, rien ne doit dépasser du style du voisin. Comme vous le savez, cette vision du costume est en voie de disparation et Jordan n’était pas le dernier à s’en féliciter :

D’une certaine manière, le personnage d’Edward Norton incarne sans le savoir un dinosaure du style au début de cette histoire. Il est entouré de marques comme Ikea ou Starbucks. Il a probablement toute sa garde-robe disponible en double ou triple exemplaire. Tout se ressemble et s’assemble selon un schéma de masse, voué à annihiler toute personnalisation. Tout est aussi question de possession.

Le bonheur selon le personnage d’Edward Norton ?  

« J’avais tout : une chaîne stéreo très convenable, une garde-robe très respectable. J’étais à deux doigts d’être comblé... »

Oui, c’était l’idée. Sauf que tout ne s’est pas exactement passé comme prévu. Dans le film tout d'abord. Mais aussi en dehors : ce qu’on n’avait pas vu venir à l’époque, c’est la révolution des réseaux sociaux, de l’influence et l’envie de tout un chacun de se démarquer, d’avoir son quart d’heure de style à soi – et plus si affinités.

Internet a entre autres rendu tout cela possible. Les amateurs de style et de vêtements se sont bien sûr engouffrés dans cette brèche, rendant la mode un peu plus visible et accessible à tous. Qu'est-ce qui nous influence le plus désormais ? Geoffrey vous livre son analyse :

Pub, médias, Youtubers… qui nous influence le plus ?
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En attendant, vous ne trouverez plus grand monde pour rêver du style et du mode de vie d’Edward Norton dans les premiers temps de « Fight Club ». Et c’est peut-être ça, le bonheur que certains s’accordent aujourd’hui avec le vêtement : cultiver son propre style, s’amuser avec ses vêtements. Tout ceci vous rappelle quelque chose ? Panache !

3. Le style d'hier, nouvelle tendance de demain ?

Tout finalement peut se résumer dans ce cliché ci-dessous. À gauche : Brad Pitt. Il porte un jean indigo et un tee-shirt blanc. Quoi qu'on en dise, ce sont les nouveaux basiques d'aujourd'hui, et ce depuis quelques années maintenant.

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© IMAGO / Allstar

Brad Pitt et Edward Norton dans « Fight Club », 1999.

À droite : Edward Norton. Il porte un débardeur blanc et un pantalon de costume gris. Ce n'est plus le style dominant. À moins que...

La mode est un éternel recommencement. Les tendances s'inverseront donc peut-être, prochainement. Déjà, un certain style rétro revient par la petite porte. Qui sait si Brad Pitt ne nous annoncera pas, dans un prochain film, le style de demain ?

Pour une autre vision du style chez David Fincher :

« Gone Girl » : Des basiques, du bleu et du luxe discret – Bobine
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Jérôme Olivier Jérôme Olivier
Jérôme Olivier, ciné, velours et rock'n'roll

Ex-caviste et rock critic de poche, grand amateur de films et de chats sibériens, je crée des e-mails et je m'intéresse aux petites histoires qui vont avec les vêtements.

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