Vous êtes nombreux à nous avoir parlé de Bruce Field dans les commentaires : « Que valent leurs chemises ? », « Le rapport qualité / prix de leurs produits est-il correct ? », « Est-ce que Bruce Willis porte les chemises de chez Bruce Field ? ».
Face à ces demandes insistantes, nous avons poussé la curiosité un peu plus loin. Mais je n’ai pas la réponse pour ceux qui s’interrogent sur les goûts vestimentaires de Mr Willis en matière de chemises.
Pourquoi un test sur cette marque ?
L’occasion était toute trouvée pour en savoir plus sur Bruce Field : une marque de prêt-à-porter qui se revendique comme le spécialiste de la chemise fabriquée en France, à un prix défiant toute concurrence (70€ la chemise made in France, c'est du jamais vu. Mais que trouve t-on derrière ?).
Ce vestiaire veut s’adresser à toute une catégorie de cadres supérieurs. Mais depuis peu, l’enseigne propose également une garde-robe décontractée pour convaincre un public plus jeune de se laisser tenter par une certaine vision, dirons-nous, "accessible" de l'élégance.
L’article vous proposera un petit historique sur l’origine et les intentions de la marque, sans oublier le test d’une tenue complète comprenant un costume complet et une chemise.
L’histoire de la marque de prêt-à-porter Bruce Field
C’est en 1978 que Richard Layani, alors jeune entrepreneur, décide de lancer sa marque de prêt-à-porter. Ce sera Bruce Field. On ne sait pas vraiment grand-chose d’autre sur les débuts, si ce n’est que le nom est venu à Richard parce qu’il trouvait que cela "sonnait bien pour l’international".
Note de Benoît : c'était l'époque où les marques françaises prenaient des noms anglais, car c'était plus vendeur : Howard's, Hartwood, Hartford, etc.
La chemise, une pièce maîtresse dans le vestiaire masculin
Au départ, Bruce Field veut représenter la base de toute garde-robe professionnelle, le vestiaire idéal pour l’homme de bureau qui débute sa carrière. Quoi de mieux que la chemise business pour commencer ? Elle est indispensable pour être un minimum présentable au bureau.
Bruce Field propose des couleurs sobres, unies, et plusieurs coupes sont disponibles pour convenir à toutes les morphologies. Toutes les chemises présentent des poignets classiques ou mousquetaires (les poignets conçus pour être portés avec des boutons de manchettes).
Dans le détail, voici les différentes coupes :
- Dan : modèle extra-slim et petit col (coupe très ajustée),
- Benton : modèle slim à col classique (c’est de loin le modèle le plus vendu),
- Ben : modèle slim à col haut deux boutons,
- Boston : une coupe droite classique.
L’enseigne choisit elle-même ses propres tissus et les fournit ensuite à un atelier de confection de l’Indre, situé près de Châteauroux. Chaque jour, c’est plus de 400 chemises qui sont produites dans cet atelier ; l’un des derniers en France à réaliser l’intégralité des opérations nécessaires pour confectionner une chemise.
Note de Benoît : c'est une initiative franchement louable, car comme Geoffrey l'a écrit, le made in France est loin d'être le chemin le plus facile pour une marque de vêtements.
Vestiaire masculin : de l’homme de bureau à l’homme élégant
Progressivement, le vestiaire de Bruce Field s’élargit, des costumes aux accessoires. Les clients de la première heure, eux, ont aussi évolués avec la marque. Que ce soit des étudiants à la recherche de leur premier costume aux cadres en quête de renouveau, la diversité dans le choix de la coupe permet à la marque de répondre aux moindres attentes de ses clients.
L’objectif affiché : rendre accessible un costume avec un rapport qualité / prix intéressant. Les costumes coûtent entre 290 et 390 € pour les plus haut de gamme. Là aussi, plusieurs coupes sont disponibles aussi pour satisfaire le plus grand nombre :
- Dax / David : veste cintrée et pantalon ajusté,
- Daniel / David : pareil que la coupe Dax, mais la veste a un revers plus fin et plus moderne,
- Simon / David : veste croisée cintrée et pantalon ajusté,
- Raymond : veste ajustée et pantalon fuselé,
- Dario : veste ajustée (un poil moins que la coupe Raymond) et pantalon fuselé.
Note de Benoît : je salue ce point de la marque, c'est tout à son honneur de proposer cinq coupes différentes pour cette gamme de prix.
Notons aussi la présence de la collection dite « Prestige ». Une montée en gamme qui correspond à des costumes semi-entoilés, avec des tissus de maisons que vous connaissez bien : Lanificio Fratelli Cerruti, Vitale Barberis Canonico, Dormeuil ou Reda ; dont les prix défient toute concurrence. Les costumes sont réalisés par des façonniers en France, au Portugal ou en Italie.
Note de Benoît : chose assez rare pour être soulignée, la marque prend la peine de préciser qu'il est possible de dépareiller costume et pantalon à la commande en contactant le service client. Par contre, il est dommage que le lieu de fabrication des costumes n'est pas systématiquement indiqué sur les pages produits.
Si la marque reste assez discrète, c’est parce qu’elle déclare "consacrer une grande partie de son budget dans la qualité du vêtement plutôt que dans le marketing."
C’est en partie de cette manière que l'enseigne a su acquérir et fidéliser des clients, âgés en moyenne de 35-40 ans, qui louent le bon rapport qualité / prix et le made in France.
Bruce Field à l’écoute de ses clients
Dans la gamme de prix à laquelle Bruce Field est positionnée (entrée de gamme), la concurrence est rude. C’est pourquoi, la marque accorde une attention toute particulière aux retours de leurs clients.
Bien que plus de 70 % du vestiaire de Bruce Field se veut intemporel et sobre, cela n’exclut pas l’intégration de nouvelles expérimentations un peu plus décontractées, comme c’est le cas pour ces tee-shirts à motifs imprimés que je trouve plutôt réussis et assez étonnants pour une marque résolument orientée "business wear".
Bien entendu, il faut commencer par petites touches et il y a bien eu quelques ratés (quelques couleurs ou quelques coupes), mais cela est sans conséquence.
Autre initiative surprenante pour une marque aussi discrète : Bruce Field a développé un blog, "Bruce Life", qui se définit comme un site de "lifestyle pour gentleman 2.0". Pourquoi pas...
Il est de temps de se faire une idée avec le test !
Test de la marque Bruce Field
Je vais être honnête avec vous, jusqu'à présent, je n'ai jamais eu à porter de costume de toute ma vie. D'abord, parce que l'occasion ne s'était jamais présentée auparavant (c'est ça d'étudier dans le journalisme).
Cela ne pouvait pas mieux tomber pour moi, car Bruce Field présente des offres intéressantes pour toute personne souhaitant se procurer son tout premier costume.
Note de Benoît : afin que vous ayez une idée juste de la coupe, j'ai demandé à Onur de retoucher UNIQUEMENT la longueur du pantalon. Le but étant que vous ayez une bonne idée du cintrage de la veste quand vous sortez de la boutique, sans retouche.
Le costume coupe Dario en pure laine Vitale Barberis Canonico Super 150's
Le costume que j'ai choisi est issu de la collection "Prestige" ; il est donc semi-entoilé et son tissu provient d'une maison prestigieuse que vous connaissez bien : Vitale Barberis Canonico. C'est la plus vieille entreprise de filature au monde. Si vous souhaitez être incollable sur le sujet, je vous renvoie à l'excellent article de Hugo Jacomet sur le Parisian Gentleman.
Son titrage est un "Super 150's". Pour faire simple, plus l'indice est élevé, plus le fil est fin. Je vous arrête tout de suite, cela ne constitue pas un gage de qualité pour autant ; ce n'est rien d'autre que la mesure permettant de se faire une idée sur la grosseur du fil.
Vous me direz alors que plus c'est fin, plus ça risque de se froisser. C'est vrai, mais le titrage Super 150's est parfait pour un usage au quotidien. Je vous épargne les détails techniques, mais pour résumer, ce titrage assure un excellent tombé, un tissu souple plus cher et plus fragile.
Pour ce qui est de la coupe Dario, la veste est ajustée. Une coupe légèrement fittée et qui permet une certaine aisance dans les mouvements.
De loin, le costume garde sa couleur unie, mais lorsqu'on se rapproche, on peut discerner de toutes petites rayures qui se fondent tout en sobriété.
Les épaules présentent pas mal de rembourrage, c'est caractéristique des vestes à la française.
L'emmanchure est basse, ce qui fait que les manches (larges) sont un peu longues pour être portés comme un blazer au quotidien, on verrait de suite qu'il s'agit d'une veste de costume dépareillée.
En parlant des manches, je relève les kissing buttons, un détail qui a son petit charme.
Mais la grande surprise du costume provient de son semi-entoilage ! Je ne suis pas allé jusqu'à découper la pièce pour décrypter son patronnage mais ça se voit de suite au toucher.
Pour ce qui est du pantalon, sa coupe est fuselée : c'est ajusté et cela se réduit un peu vers le bas.
Les boutonnières sont propres, pas un fil qui dépasse autant sur la veste que sur le pantalon. En revanche, les boutons sont en plastique. À ce prix-là, c'est quelque chose de normal.
En somme, c'est un costume qui conviendra bien à ceux qui sont à la recherche d'une première pièce business, même si Bruce Field propose d'autre modèles avec des couleurs et motifs différents.
La cravate fine en maille tricot
Des pois rouges sur un bleu satiné, la douceur de la soie, et un rapport qualité / prix très bon, qu'ajouter de plus sur les cravates ? Proposer une cravate 100% soie à presque 29 euros est un petit exploit en soi !
La cravate est disponible ici à 29 euros.
La chemise à motifs fantaisie
J'ai choisi une pièce avec des motifs peu communs, comme pour saluer l'ouverture de la marque dans sa volonté de diversifier son vestiaire classique par quelques touches décontractées.
Gros bémol cependant : chez Bruce Field, aussi incroyable que cela puisse paraître, la taille S n'existe pas !
Note de Benoît : c'est tout bonnement incompréhensible, je ne croyais pas Onur quand il me l'a dit, mais j'ai vérifié et il est strictement impossible de trouver du S sur l'e-shop ! Faire l'impasse sur le XS je veux bien, mais quand même, la marque aurait tout à gagner à proposer du S ! En 2015, avec l'offre pléthorique pour l'homme, c'est un choix que je n'arrive pas à saisir. Espérons que cela va s'arranger pour les saisons suivantes. C'est d'autant plus curieux, car Bruce Field propose des costumes en taille 46 !
Mais rassurez-vous, il existe quatre coupes différentes, qui trouveront certainement chemise à votre épaule. Pour ma part, je porte la chemise taille M en coupe "extra slim fit".
Le tissu est un coton double retors légèrement épais au toucher. Un très bon point.
Cette chemise, pour son prix, se situe dans une entrée de gamme honnête qui ravira tout ceux qui veulent se procurer une première chemise de qualité.
Note de Benoît : les prix des chemises sont juste en-dessous des chemises Boggi, c'est-à-dire entre 70 et 90 €.
Vous pouvez retrouver toutes les chemises ici pour 70 euros.
Mon avis sur la marque Bruce Field
Pour un premier costume, Bruce Field remplit honorablement sa mission avec sa collection "Prestige". Des belles matières, un large choix dans les coupes, un semi-entoilage ; un costume qui présente cela à un prix pareil est étonnant, une bonne surprise ! On est dans du bon rapport qualité / prix de ce côté-là.
Les chemises présentent des qualités évidentes pour une entrée de gamme raisonnable. C'est une pièce qui tiendra bien dans la durée et selon les lavages. La pluralité des coupes, le choix du col ou des manches, est appréciable.
Pour ce qui est des accessoires, la cravate 100 % soie, à moins de 30 €, est clairement un très bon rapport qualité / prix.
Une critique concerne les boutons, j'aurai aimé en avoir dans des matières différentes (nacre pour les chemises, ou en corne pour les costumes éventuellement). De cette manière, les pièces monteraient en gamme.
Pour résumer, Bruce Field propose un vestiaire qui saura convenir à ceux qui veulent s'offrir quelques pièces sobres d'entrée de gamme indispensable pour un prix tout à fait abordable.