Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Hartford n’est pas une marque anglaise ou américaine, mais bel et bien française ! Son histoire remonte au début des années 80.
En France, si la marque n’est pas encore reconnue à sa juste valeur, c’est parce qu’elle a longtemps cultivé sa discrétion, surtout présente sur le marché américain.
C'est pourquoi, on vous propose de découvrir Hartford, une marque française qui puise son inspiration dans le style américain, tout en assurant un travail méticuleux dans l’élaboration de son vestiaire casual bien garni.
Note de Benoît : leur vestiaire est vraiment très garni, le showroom est immense. Dites-vous que si vous cherchez un type de vêtement casual, Hartford le propose forcément dans sa collection.
L’article présentera aussi une tenue complète comprenant une saharienne, un chino et trois chemises de la dernière collection.
L’Histoire d’Hartford : des fripes au rêve américain
Tout commence en 1979, dans la ville de New York. Yves Chareton vient de terminer ses études de commerce, et il décide d’aller vivre son rêve américain en travaillant dans une banque. Parfois, un seul élément suffit pour venir bousculer le cours d’une vie, et cela peut arriver à n’importe quel moment. Pour Yves, cela s'est fait un soir dans une boîte de nuit où il rencontre un vieux copain.
Après quelques verres échangés, les deux amis se disent qu’il serait bon de retrouver des vraies chemises vintage à l’américaine des années 50.
Les chemises en oxford ou en madras avec les fameux cols « button-down », comme il était possible d’en dénicher aux puces de Clignancourt dans le Paris des années 60.
Retrouver cet héritage était d’autant plus compliqué quand on sait que la mode des chemises, dans les années 70, consistait à introduire des cols pelle à tarte et des coupes cintrées…
Note de Benoît : il faut bien comprendre qu'à cette époque-là, l'offre en prêt-à-porter masculine n'était pas aussi développée qu'actuellement, et qu'il était tout simplement impossible d'acheter des vêtements à l'autre bout de la planète sans passer par des boutiques françaises.
À la recherche des chemises des années 50
Yves se lance donc à la quête de ses chemises d’antan, et après quelques recherches, il tombe miraculeusement sur une fabrique qui disposait d’un vieux stock oublié de tissus. Incroyable !
Le fabricant américain, propriétaire des lieux, est séduit par l’idée de reproduire les chemises de l’époque. La confection reprend du service, la production est sur le point d’être lancée : tout semble fin prêt !
Enfin presque, puisqu’il faut alors choisir un nom ; ça sera Hartford, comme le lieu de naissance de la copine d’Yves.
Un succès également lié à de grands musiciens
À ses débuts, Hartford commence en lançant une petite collection de chemise casual aux inspirations vintage. Le succès se fait jusqu’à ce qu’un certain Bruce Springsteen commande une douzaine de chemises ! "The Boss" les portera régulièrement lors de ses tournées, ce qui ne fera qu’accroître la visibilité d’Hartford.
Mais la plus grande fierté de la marque est celle d’avoir appris qu’Eric Clapton, un autre grand nom de la musique, est le plus grand client de la marque ! Yves, guitariste depuis l’âge de 14 ans, ne peut pas s’empêcher d’écraser une larme en apprenant cette nouvelle.
La montée en puissance de Hartford
Progressivement, la marque se développe, et se forge une réputation de qualité justifiée dans sa quête d’authenticité des chemises. L’ADN d’Hartford ? La réappropriation des codes du vintage américain, le goût des imprimés, le mélange insolite des matières et des couleurs, ni plus ni moins.
D’autant plus que la marque utilise des tissus de Maisons que vous connaissez un peu (Albini, Maruwa, etc.) et que tous les imprimés sont des créations originales. Vous voulez un exemple ? Très bien !
Note de Benoît : la petite chemise en oxford bleu comporte des petites broderies marrantes mais discrètes. C'est un excellent moyen d'ajouter une touche fun et inattendue dans une tenue décontractée.
Après les chemises, le deuxième relai de croissance de la marque arrive en 1996, avec l’introduction des maillots de bain qui font fureur sur les côtes méditerranéennes. L’inspiration surf des années 60, les tissus originaux, les multiples couleurs, la technique de lavage délavé, la ceinture élastique, sans oublier l’incontournable slip en coton (anti-irritations s'il vous plaît !) : tous ces produits plaisent rapidement et la clientèle se développe.
Note de Benoît : ici aussi, il faut comprendre qu'à ce moment-là, les longs bermudas de bain des surfeurs (boardshorts) régnaient en maître sur les plages d'été. Hartford a su proposer quelque chose de fort et de différent, ce qui explique le succès de cette pièce ; plus de dix ans avant que d'autres marques se positionnent sur le créneau du maillot de bain haut de gamme (Seagale, Robinsons les bains, Cuisse de Grenouille).
De cette manière, le maillot de bain chez Hartford est devenu une pièce emblématique de la marque. Il paraît même qu'une certaine marque d'eau minérale très connue, qui aime beaucoup les bébés et la jeunesse, a décidé de faire appel aux maillots Hartford pour sa dernière campagne de pub...
La collection s’agrandit pour toucher le vestiaire américain classique (pantalon, chino, chemise chambray, parka) qui est retravaillée avec un ton moderne, sans pour autant négliger la tradition. Cette volonté de redéfinir un style, tout en insufflant une certaine modernité, constitue le slogan même d’Hartford : « Alternative Classics ».
Années 2000 et arrivée de la collection femme
Au début des années 2000, Hartford veut introduire des éléments nouveaux avec des lignes innovantes. Ainsi, en 2001, une première collection pour Femme voit le jour. Six ans plus tard, en 2007, ce sont les enfants qui peuvent aller faire du toboggan habillés en Hartford.
La clientèle d’Hartford est principalement américaine (1er marché), italienne et française (2ème ex æquo).
Elle est constituée en grande partie des professions libérales (architectes, médecins, avocats, etc.), âgés de 35-50 ans, qui apprécient la qualité des pièces sobres (pas de logo, style casual au boulot) et la légère décontraction qu’elle apporte dans n’importe quelle tenue (pas de coupe très ajustée). Certaines pièces peuvent aussi avoir un petit côté preppy à la française. Dans cette démarche, on se rapproche des marques comme J. Crew et de Gant Rugger.
Aujourd'hui, le capital de l'entreprise appartient totalement à la famille. Yann Chareton, le fils, est chargé du développement et s'occupe de l'e-commerce. Marina, la fille, coordonne la collection Femme. Yves, lui, travaille à la gestion de l'image de sa marque, et il reste plutôt discret. Il aime bien se retrouver dans son bureau de style pour continuer à développer l'univers d'Hartford.
Test de la marque Hartford
Pour ce test, cinq pièces ont été choisies : un chino, une saharienne et trois chemises. L’idée était de présenter un vestiaire complet, tout en montrant la diversité et le savoir-faire d'Hartford. Car si la marque a commencé en proposant des chemises vintages et des maillots de bain, elle a su étendre ses collections pour retravailler tout un ensemble de la garde-robe américaine.
La saharienne Jonas (kaki, 190 euros)
Avec le soleil qui revient, il fallait bien parler d’une saharienne. C’est une veste militaire de mi-saison, totalement revisitée par Hartford, aux allures vintage avec sa couleur kaki et sa coupe casual qui la rend un peu plus urbaine. Sa toile est 100 % coton délavée.
La saharienne a 4 poches plaquées à soufflets et à rabats : deux au niveau de la poitrine et deux au niveau des hanches. Une petite poche intérieure est disponible. Sans surprises, c'est très fonctionnel, comme chez toutes les pièces militaires.
Dans une volonté vintage, Hartford a tenu à rechercher un tissu de l’époque. C’est ce qui expliquerait pourquoi le tissage de la saharienne est issu d’une technique Ripstop.
Autrement dit, c'est une méthode de tissage spécifique qui donne au tissu cet aspect finement quadrillé, avec les fils qui ont été solidement intercalés. De cette manière, le vêtement résiste mieux aux déchirures, tout en gardant de la légèreté.
Une fois portée, la veste est très légère et conserve une certaine fraîcheur. Des œillets d’aération sont présents sous les aisselles, pour un usage en mi-saison ou lors des soirées d’été.
La saharienne est disponible ici.
Note de Benoît : c'est une pièce très sympathique, à un prix très raisonnable et pas mal de possibilités de looks. Elle a l'avantage d'avoir un design assez intemporel. Attention cependant, on n'est pas sur une coupe fittée comme notre saharienne avec la marque Aigle, la démarche n'est pas tout à fait la même (pas de membrane MTD ou de choses comme ça). Mais je pense m'en prendre une pour l'été.
Le pantalon chino Tucson (gris clair, 125 euros)
J’ai choisi un pantalon chino 100 % coton qui présente plusieurs caractéristiques. La première est le fait qu’il a subi un double lavage. Autrement dit, toute trace de substance chimique résiduelle, liée à la production industrielle des vêtements, a disparu et il ne bougera pas au lavage.
Le coton peau de pêche est très léger tout comme la pièce.
Le chino a une coupe légèrement semi-slim, bien ajustée aux cuisses, avec une petite ouverture vers le bas (je porte une taille 30 et l’ouverture est de 18 cm).
Le tout dans une armure de twill de coton délavé au teint « Mastic ». C’est une couleur gris claire qui lui confère un petit côté ancien et précieux à la fois. Une sorte d’argile séchée sous le soleil du Portugal. C’est d’ailleurs dans ce pays qu’il a été confectionné.
Comme bon nombre de pantalons, la longueur du chino est à retoucher selon votre taille, mais roulotter deux ou trois fois le bas n’enlève rien de son charme.
Notre Alexandre vous dirait qu’il apprécie l’effet visuel que produit l’effet de matière en trop. Mais comme les goûts et les couleurs, c’est à définir selon vos affinités.
Les poches latérales sont suffisamment profondes pour accueillir votre smartphone et les poches arrières le sont presque tout autant !
La confection est propre, les coutures intérieures du haut sont gansées, la fourche ne présente aucun défaut, tout cela constitue un chino bien confectionné.
Le pantalon présente une très bonne qualité pour un prix raisonnable. C’est une pièce qui conviendra parfaitement pour le printemps et l’été !
Le chino est disponible ici.
Test des chemises Hartford
Pour les chemises, j'en ai choisi trois pour vous montrer une bonne partie du savoir-faire d'Hartford, notamment dans leurs motifs et leurs imprimés qui sont des créations originales.
Toutes leurs chemises ont été fabriquées au Maroc avec qui Hartford travaille, notamment avec leur façonnier historique, et ce, depuis plus de 30 ans ! Chaque chemise porte des noms (PAUL, PADDY, SAMMY, etc.) qui correspondent à des coupes. Par exemple, SAMMY et SIDE commencent par la lettre "S" comme slim-fit. Ces noms de code proviennent historiquement de la production qui détient une place importante chez Hartford.
La première va faire office de test général et les deux autres chemises vont mettre en avant le rendu de leurs motifs sur une tenue.
La chemise PAUL à micro-imprimés losange (141 euros)
J'ai choisi cette chemise parce qu'elle m'a tout de suite intrigué. Sa profondeur et sa clarté, portée par un habile jeu de couleurs : bleu et blanc, est du plus bel effet.
Elle me va très bien, mais il y a un petit souci à relever. La coupe de la chemise est une slim-fit en taille S. Sachant que je mesure 1m77 pour 66 kg, j'ai donc un physique plutôt longiligne, et cela veut dire que cette chemise risque de ne pas être à la bonne taille pour ceux qui mesurent moins d'1m75.
D'autant plus que la marque ne propose pas de taille XS à l'unité, sauf si vous êtes grossiste... Tout cela peut s'expliquer en raison du sizing américain, ce qui est compréhensible compte tenu de l'histoire de la marque, mais cela risque de pénaliser un public plus jeune (ou plus mince) qui serait tenté par l'univers d'Hartford.
Note de Benoît : c'est l'une des faiblesses de Hartford, les coupes conviennent assez peu aux petites morphologies. Le sizing de leur taille S pourrait être un M chez d'autres marques !
Cette chemise est composée de lin français à 100 % (un autre signe de qualité). Son col est italien et ses motifs sont des losanges imprimés bleu marine.
La chemise a une poche poitrine, ce qui renforce son côté très américain. Les coutures sont discrètes et se fondent merveilleusement dans les motifs.
Les boutons sont en nacre. Pour le vérifier, rien de plus simple, vous prenez le bouton et vous le touchez avec vos lèvres. Si c'est froid, c'est du vrai. Ne vous amusez pas à faire cela en boutique !
À noter aussi, un détail très sympa qui ravira les puristes (comme dirait Alex) : un liséré selvedge en dessous de la patte capucin.
Toutes ces petites finitions traditionnelles sont agréables à relever. Mais ce qui est vraiment bien avec cette chemise, c'est son confort et sa légèreté. Une fois enfilée, je n'avais pas l'impression de porter une chemise du fait de sa légèreté. Le 100 % lin et ces motifs sobres et drôlement recherchés sont parfaits pour l'été.
La chemise est disponible ici.
Note de Benoît : très belle chemise en lin de la part d'Hartford, rien à redire sur ce point-là.
La chemise PAL-8, indigo à micro-points (136 euros)
Pour cette seconde chemise, le choix s'est fait parce que sa couleur bleu indigo a rapidement capté mon attention par des micro-points imprimés.
Note de Benoit : le tissu est vraiment top ! Dommage que le sizing soit un peu ample.
La chemise est composée de lin (55 %) et de coton (45 %). Son tissu est italien et le lin indigo a été délavé pour produire un rendu vintage. La coupe de la chemise est droite, mais un peu trop. Ça taille large, les manches sont un peu trop longues, et la longueur de la chemise aussi, et pourtant, j’ai pris la plus petite taille disponible (taille S).
C'est pourquoi, une fois n'est pas coutume, j'ai proposé à Jérémy (1m85 pour 76 kg) de porter la chemise pour que vous ayez un bon rendu de la pièce. D'habitude, il porte du M / L.
La chemise est à sa taille et la longueur est bonne. Pourtant, quand il lève les bras, on se rend compte que la coupe de la chemise est encore un peu trop juste.
Le col est boutonné ("button-down"), typiquement américain. Ce type de col est souple et ne contient aucun emplacement pour y loger des baleines de col ; c'est ce qui fait que la chemise est adaptée pour être portée sans cravate dans un cadre de détente ou pour les sorties en fin de semaine.
La chemise est disponible ici.
La chemise PADDY à micro-imprimés à fleurs (127 euros)
Cette troisième chemise, a les mêmes finitions que la première. Elle est constituée à 71 % de coton et 29 % de lin et possède des micro-imprimés à fleurs. Elle est disponible en coupe slim-fit, alors je peux vous la montrer.
De loin, la chemise offre une belle petite illusion d'un bleu chiné et granulé qui est du plus bel effet. De près, le rendu des imprimés est très précis. Il y a même un petit effet psychédélique qui peut se ressentir lorsque l'on voit cette chemise. Et cela témoigne d'une certaine finesse dans la pièce.
Comme les autres chemises, elle présente les mêmes finitions traditionnelles et le tissu est très léger. Rien à dire, elle est de bonne qualité !
La chemise est disponible ici.
Conclusion du test Hartford
Les prix sont raisonnables et les produits sont de bonne facture. La qualité des chemises et des pantalons est bonne, le reste des pièces se situe sur du milieu de gamme intéressant.
En retravaillant l'héritage vintage américain pour l'adapter à un ton contemporain, Hartford est sans conteste une marque casual.
Le choix de leurs propres tissus, leurs créations originales (imprimés), la diversité des pièces tant sur le style que dans les couleurs est un fait rare à souligner.
Par contre, il est évident que la marque doit faire un effort dans son sizing et ses coupes, comme proposer une taille XS, pour pouvoir toucher un public plus jeune et/ou plus fin qui serait intéressé par l'univers d'Hartford. Mais si vous êtes un peu costaud, vous venez de trouver la marque qu'il vous faut !
Toutes les pièces que je vous ai présentées sont à retrouver sur le site d'Hartford.