Quand on m’a proposé d’écrire pour BonneGueule, c’était comme un rêve de gosse qui se réalisait. Fidèle lecteur depuis deux ans, c’est avec plaisir que je me suis lancé dans l’aventure.
Maintenant, la question est pourquoi avoir testé Monsieur Lacenaire ? Tout d’abord, j’ai été séduit par leur teddy. Puis, en découvrant la collection, je suis tombé sous le charme d'autres pièces, comme la chemise en tissu Japonais Dandelion ou le pull en coton égyptien Tree sunshine dont je vais vous parler. 😉
La passion de la maille :
Il faut avouer que le titre de cet article était facile mais là n’est pas la question ! L’histoire de Monsieur Lacenaire débute avec une jeune femme passionnée de maille. Garance Broca fait ses classes chez Hermès pendant 4 ans au département maille du PAP femme. Pendant ses nombreuses visites dans les usines, elle découvre les matières, la langue italienne, l’approche de la perfection, et la recette secrète des pâtes al dente. Comme elle le dit elle-même « la qualité des formations Hermès est à la hauteur de la qualité de leur produit ».
Plus sa passion pour la maille grandit, plus elle remarque que celle-ci est sous-exploitée. Le marché de la maille masculine étant encore très pauvre, elle décide alors de fonder sa marque sous le nom de Monsieur Lacenaire, en hommage à Pierre-François Lacenaire, criminel mondain et poète maudit du XIXe siècle. Elle s’impose un crédo : explorer sa créativité tout en restant dans le cadre chic et classique du vestiaire masculin.
Depuis sa première collection, quatre années se sont écoulées. Garance a ouvert son premier magasin dans le marais au 57 rue charlot, où elle y organise beaucoup d’évènements comme des concerts (en partenariat avec le festival Baléapop), des signatures de chaussures Buddy et prochainement un tournoi de baby-foot dans la boutique. Ses collections ont elles aussi évolué en même temps que ses inspirations : des jeux vidéo aux jeux tangram très géométriques en passant par des motifs anciens de maille type élan ou flocon de neige.
Les vêtements que j’ai utilisé dans ce test sont imprégnés de son imagination et de cette envie : redécouvrir à chaque fois sa pièce.
" Mais, qu'est-ce que c'est que quoi dis-donc ? "
Pour ceux qui ne l'auraient pas reconnu, cette phrase (non elle n’est pas de moi malheureusement …) est un gimmick culte du Youtubeur PV Nova que je vous conseille d’aller regarder et écouter.
Mais revenons à nos moutons, et commençons par le pull Tree sunshine.
Un peu d’histoire :
Avant de partir dans une analyse approfondie de cette pièce, plongeons nous dans l’histoire du pull d’Aran.
Car oui, le pull de Monsieur Lacenaire est bien inspiré des pulls d’Aran connu de chacun pour être porté au moment des fêtes pour une seule raison : vous tenir chaud.
Ce chandail nous vient tout droit de la côte Ouest de l’Irlande. Fait à 100% de laine, il est hydrofuge et permet de maintenir une température idéale au contact du corps. Les spécificités de ce pull sont les différents motifs que l’on peut apercevoir. D’après la légende, chaque famille de l’île d’Aran était dépositaire d’un motif leur permettant de déterminer, en cas de décès en mer, de quelle famille était le noyé. Pratique non ?
Le pull Tree sunshine (200 euros) :
Ne vous attendez pas à une grosse maille à porter lors d’une soirée au coin du feu en cuisant des marrons. La pièce de Monsieur Lacenaire est à l’opposé de l’original mais elle en garde la technique.
Ce qui m’a attiré dans ce pull, c’est le travail de l’arbre dessiné voulant toucher la lumière. On comprend toute la maîtrise de Garance qui a réussi à réaliser un arbre graphique avec le point Aran et le jeu de couleur. Un pull d’Aran traditionnel nécessite environ 60 heures de travail alors estimez le temps qu’il faut en plus pour réaliser un arbre et ajouter de la couleur.
Il faut savoir que cette maille est disponible en deux couleurs (sunshine qui est le jaune et brick qui tend vers du rouge rouille).
Dans la photo ci-dessous, on observe plus clairement la maîtrise technique du point de maille.
Le jaune façon Color Block est assez subtil en étant dégradé. J’y trouve la signification d’un paysage reposant avec un soleil couchant ainsi qu'un arbre contre lequel s’adosser. C’est intéressant de voir les interprétations de chacun.
On découvre après quelques secondes le nœud de l’arbre (photo ci-dessous). Détail technique qui ajoute un petit quelque chose à la broderie.
Observez aussi les bords-côte en bas du pull. Il faut savoir qu’il y a une continuité dans le tissage entre la matière et le bord-côte habituellement réservé au haut de gamme (habituellement on voit une coupure entre la matière et le bord-côte, ce dernier est rajouté après).
Le dernier point très important sur cette pièce est la matière. Ce pull est fait de coton égyptien (Florian en avait parlé dans son article sur les chemises Saint-Sens).
Le coton égyptien est réputé comme le « meilleur coton du monde » de part ses nombreuses qualités :
- Sa longueur produisant de solides et beaux fils
- Sa finesse lui permettant une perméabilité exceptionnelle
- Enfin sa résistance se répercutant sur le vêtement qui va mieux vieillir et résister aux lavages et autres agressions.
En plus de ses nombreuses qualités, le coton égyptien est ramassé à la main et est de facto très cher. Ce prix de la matière première se répercute alors sur le prix du pull qui peut en effrayer plus d’un (mais à l’heure où je vous parle, il est actuellement en solde sur le site de Monsieur Lacenaire).
Même si ce pull apparaît comme une pièce de créateur, il se marie très bien avec des basiques comme un chino simple et des sneakers. Vous pouvez sublimer le tout avec une très belle paire de lunette de soleil et quelques accessoires.
Cependant, la coupe n’est pas complètement cintrée. On aperçoit sur les photos cet effet de ballotement qui peut être nuisible à votre tenue, mais ceci est un détail si la maille est bien accordée.
J’ai vraiment aimé cette pièce de part sa légèreté et son originalité. Elle se porte très facilement toute l’année, aussi bien en dessous d’un caban d’hiver qu’aux soirées fraîches d’été. J’aurais juste une remarque qui concerne le col que je trouve trop proche du cou mais c’est à mettre entre guillemets, ayant un « cou de taureau ».
La chemise Dandelion :
Continuons à découvrir l’univers de Garance avec sa chemise Dandelion (elle aussi en solde).
Pour cette pièce, elle a voulu mettre en avant une matière qu’elle apprécie beaucoup : le tissu japonais. Ce tissu est très agréable à porter, bénéficiant d’une légèreté et de belles nuances de bleu. Pour mettre en avant ce dernier, elle et son équipe ont mis au point deux spécificités.
Commençons par le col. Celui-ci est très géométrique et fin. L’intérêt et but premier est de porter sa chemise fermée jusqu’en haut (comme les hipsters !).
Comme vous pouvez le sentir sur la photo, je ne suis pas très à l’aise, car ayant un cou assez fort, fermer mon col jusqu’en haut a tendance à appuyer sur ma pomme d’Adam. N’étant pas attiré par la tentation, je déboutonne les derniers crans pour un côté plus libéré, délivré :
Il faut cependant souligner qu’il est très facile de boutonner jusqu’en haut sa chemise (une performance car d’habitude, je ne peux fermer aucune chemise jusqu'à ce point, à moins de m’étouffer).
La poche poitrine a elle aussi une particularité de part sa forme. Une photo illustrée étant plus parlante que des mots :
La poche, très géométrique, a pour but de mettre en avant le motif et de ne pas créer de coupure entre la poche et le reste du motif. Je trouve ça réussi même si la forme de la poche ne permet pas de mettre un objet carré ou rectangulaire type portefeuille ou même portable.
Parlons du motif, qu’en est-il ? Comme vous l’aurez compris, c’est une chemise de créateur, Monsieur Lacenaire qui plus est spécialisé dans la maille. Les petits points que vous pouvez apercevoir sur la photo sont des points de maille avec pour petit nom : point Dobby (une référence à Harry Potter ?).
Les deux côtés d'un point Dobby.
Il consiste à laisser d’un côté le motif propre (petits points blancs en laine à gauche sur la photo) et de laisser de l’autre côté les fils, afin de les couper (pas complètement), donnant une forme de nœud papillon (à droite sur la photo).
Garance a voulu mettre en avant les deux formes du motif. Sur une grande partie de la chemise, on aperçoit le petit point et sur le reste, incluant la poche, on remarque le nœud papillon.
C’est LE détail qui donne un charme à cette pièce. Chaque point de maille est unique et on en découvre un peu plus à chaque fois.
L’autre point à souligner est la présence d’une boutonnière propre dans la finition, avec des boutons en nacre cousus en croix.
Mais il y a toujours un mais : des défauts frustrants pour une chemise à ce prix là.
Premièrement, le col n’est pas symétrique. Je m’explique. Il est plus large d’un côté que de l’autre. Le col ne se place pas alors parfaitement. Ça n’influence pas beaucoup au porter mais ça reste un problème de finition.
Deuxièmement, au niveau des coutures des aisselles, la tête de manche n’est pas alignée.
Enfin, ce qui m’a le plus dérangé mais qui est un choix personnel de la marque, la coupe. C’est une coupe droite. Vous aurez l’impression de flotter dedans si vous êtes habitués à des coupes cintrées, cependant cela permet aussi d’explorer de nouvelles tenues.
En conclusion :
Monsieur Lacenaire crée de belles pièces de créateurs. Les mailles sont vraiment agréables et bien finies même si le col est à revoir (à mon avis). On sent la volonté de renouveler une pièce contenant beaucoup de stéréotypes. Cependant, les finitions sont encore limites pour le prix affiché (surtout pour la chemise).
Si vous aimez la maille et porter quelque chose d’original, cette marque est pour vous. Si ce n’est pas dans votre budget, attendez les soldes pour avoir des prix plus raisonnables (encore plus loin !). Cependant, leurs teddys sont vraiment intemporels et magnifiques !
Finalement, derrière cette marque, il y a une jeune équipe talentueuse et très sympathique dont vous pouvez aller voir les créations au magasin, dans le marais au 57 rue charlot.
N’oubliez pas, BonneGueule vient de sortir sa maille ! 😉
Crédit photo : Je remercie énormément ma photographe et amie de longue date Katell Roland pour les superbes photos ! Son site internet et sa page Facebook ! Check it out, vous serez SWAG !
Article rédigé par Valentin, anciennement stagiaire chez BonneGueule.
Sans oublier nos propres pulls et cardigans...
Au menu des pulls et des cardigans chez BonneGueule, c’est mérinos extrafine, superyak et baby alpaga. Le tout tricoté sans un seul coup de ciseau (montage traditionnel "fully fashioned") dans notre atelier à Venise.