Une histoire de famille
Tout commence quand Guillaume, passionné depuis son enfance par l'aviation des Années folles et les premières traversées de la Manche (la première fut celle de Louis Blériot le 25 juillet 1909), tombe sur cette photo, vieux souvenir de famille. Il s'agit de son arrière-grand-père Léon Flam et de son échoppe qui fut fréquentée par les héros des premières heures de l'aviation : Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaume ou encore Jean Mermoz.
L'atelier ouvert à Paris en 1924 fabriquait des sacs en toile et en cuir, et qui étaient numérotés, gage d'une fabrication artisanale dans les règles de l'art.
Il faut savoir que l'aviation à cette époque n'avait rien d'une sinécure.
Chaque kilogramme embarqué dans la carlingue avait son importance,
et même les vols les plus courts se faisaient au péril de la vie des pilotes.
L'hydravion Latécoère "Croix du Sud" de Jean Mermoz.
Le 20 mai 1927, Charles Lindbergh fut le premier pilote à
traverser l'Atlantique sans escale (New-York - Paris),
à bord de l'avion "Spirit of Saint Louis".
Des sacs de grande qualité fabriqués au Portugal
Erratum 29/01/2015 : les sacs sont à présent fabriqués au Portugal.
Mais revenons-en à Guillaume : il décida alors de lancer sa propre gamme de bagagerie en respectant les standards artisanaux de l'époque. Et cela n'a rien d'évident car faire fabriquer des produits travaillés relève d'une véritable traque !
Chasse au petit atelier qui sait encore tanner et travailler le cuir à l'ancienne... ou à l'usine aux 3/4 désaffectés qui arrivent (espérons-le, pour encore quelques temps) à joindre les deux bouts en proposant des gabardines de cotons suffisamment épaisses pour résister à des années d'usure au contact du sol.
Une des dernières soieries françaises (Crédit photos Challenge pour Cinabre).
Bref, j'ai été vraiment très agréablement surpris car les standards de qualité sont équivalents à ceux des sacs Filson (voir l'article sur le sac pour homme) : on retrouve tous les détails d'une maroquinerie masculine robuste.
Vue de l'extérieur : tout est net, aucun fil ne dépasse. Les fermetures éclair sont massives. Bref, tout le sac respire la qualité.
Les sangles sont dans un cuir bien épais : les pores du cuir sont homogènes, fins, pas de craquelures. Les coutures sont régulières et resserrées.
Du côté de la toile, elle est bien épaisse et elle est aussi très régulière :
c'est une matière qui va se patiner avec le temps, à la manière d'une belle toile de jean,
et non s'user bêtement.
On ouvre le sac : le même soin est accordé aux finitions intérieures qu'aux finitions extérieures. Il y a des poches pratiques pour voyager (passeport, monnaie, lunettes de soleil), et des détails coupés dans de belles peausseries rouges (la couleur caractéristique de la marque).
Note : Il existe toute une ligne d'accessoires depuis quelques mois. J'ai beaucoup aimé le carnet de voyage en papier Kraft, les gants et la petite maroquinerie. Les cravates en toile m'ont pour leur part moins convaincues (pas sur la base de la réalisation mais sur celle de l'idée).
Et niveau design : est-ce que c'est beau ?
Eh bien à vous de vous faire votre opinion, mais moi je les trouve très réussis (surtout les sacs bleus). Ce n'était pas prévu mais avec Guillaume on a improvisé un shooting plutôt que de réutiliser des photos de studio. Pour info tous les sacs existent en bleu, noir, mais aussi en vert (absent des photos).
Le premier sac est un porte-documents. Avouez que ça change des mallettes de consultants en informatique ou de la sacoche de votre prof de CE1 !
Le second, c'est le sac en format 21H "Comte de la Vaulx" (21H au lieu de 24H, clin d'oeil au temps -21H24min- qu'il a fallu à Mermoz pour traverser l'Atlantique à bord de son avion le "Comte de la Vaulx"). C'est un format qui conviendra aux usages plus urbains : vous balader avec un bouquin ou des cours et une bouteille d'eau.
Et on termine avec le sac 48H "Croix du Sud" (qui fut le dernier Hydravion sur lequel Jean Mermoz a volé en 1936). Là, on tient le format habituel des sacs pour partir en week-end : quelques fringues, un déo, votre ordinateur (oupah, sinon la copine / les potes râlent) : et hop !
Niveau design, ce qui est particulièrement appréciable est la "tenue" des sacs : même sans être rempli, le sac est suffisamment structuré pour ne pas s'affaisser et conserver son design léché. Autre clin d'oeil aux origines du produit : les sacs sont livrés avec un exemplaire de Vent de Sable de Joseph Kessel, autre pilote de légende.
Enfin, la (souvent douloureuse) question du prix. Les sacs Leon Flam tournent entre 200 € et 300 €, ce qui est très compétitif pour ce standard de qualité et pour un sac qui vous durera des années. Bien sûr, cela représente un investissement : certains préfèreront s'acheter une console de jeux vidéo ou ne pas empiéter sur leurs budgets restaus / soirées du mois. Mais si c'est un sac de qualité avec un design fort que vous recherchez, Leon Flam est pour le moins une piste sérieuse.