Tout le monde est sur le pont.
On est le samedi 22 septembre 2018. Personne ne porte de masque, travail rime encore avec bureaux pleins et il y a quelques semaines, on ramenait la coupe à la maison.
Mais aujourd’hui, c'est un autre combat : il est 10h54 et à 11h, on lance une capsule de vêtements dans des matières japonaises qu’on est très fiers d’avoir dénichées.
L’une des stars de la semaine, c’est elle :
C’est notre toute première veste workwear et on place beaucoup d’espoirs sur elle. On aimerait pouvoir en refaire plus tard et pour ça, il faut que le pari soit réussi. Alors, on croise les doigts et on a hâte de voir la suite.
Dans 6 minutes, on met tout en ligne. Tout le monde se souhaite bon courage sur slack
.
Oana
passe le mot aux abonnés par e-mail. David
répond déjà aux questions sur les réseaux. Nos équipes accueillent les premiers arrivés en boutiques. Simon
surveille l’e-shop pour que rien ne plante car en ce moment, on a des problèmes d’ERP
.
Bref, on est tous un peu excités.
Moi, je viens d’arriver chez BonneGueule et je découvre comment ça se passe, avec beaucoup de curiosité et un peu de pop-corn.
TOP départ ! Et ça plante.
Des images ne s’affichent pas.
En boutique, les stocks informatiques se déduisent mal et provoquent des erreurs de tailles . Notre logiciel se met à faire buger les systèmes de paiement.
Alors l’équipe s’accroche, rectifie, ajuste le stock, rassure les clients et actualise les photos sur l’e-shop au fil de la journée.
Et vous savez quoi ? Rien de tout ça ne vous empêche de faire un super accueil à ce lancement.
En boutiques et sur l’e-shop, c’est la folie.
La page de notre première veste workwear croule sous les commandes. On nous la demande dans toutes les boutiques. En quelques jours, les trois-quarts des vestes se sont envolés pour rejoindre vos épaules.
C’est un pari réussi et une super nouvelle pour la suite : on va pouvoir en refaire, des vestes workwear !
Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Parce qu’à ce moment-là, l’histoire de cette pièce (et surtout de sa matière) ne fait que commencer.
Elle a fait des heureux...
...et des heureuses 🙋♀️
Déjà, il y a les messages de nos premiers clients qui la reçoivent.
Ça rend l’équipe produit encore plus contente d’avoir déniché cette étoffe.
"J'adore les vestes workwear, il m'en fallait une pour tous les jours et j'ai clairement été séduit par le style de celle-ci.
En plus, j'aime sa matière robuste, qui vit avec le temps tout en gardant de jolies traces de vieillissement.
Et c’est ça qui la rend unique !"
- Loic, membre de la communauté BonneGueule
Quand on nous envoie des photos et qu’on la voit se délaver au fil des années, ça nous fait quelque chose aussi !
Il faut dire qu’elle avait un très bon potentiel de patine. C’est une des raisons pour lesquelles on l’avait choisie et on avait hâte de voir ce que ça donne.
Un jour, je croise Jade au bureau et je remarque qu’elle la porte aussi.
"Tiens ! C’est notre veste workwear ça, non ?"
"Oui ! C'est un prototype. Elle est hyperconfortable !"
On est toujours en 2018 et les vêtements BonneGueule pour femmes ne sont encore qu'un projet. Alors, au bureau et dans nos boutiques, les femmes de l'équipe portent parfois nos pièces homme en attendant que ça se réalise. Souvent mieux que nous d'ailleurs.
"J'aime beaucoup le natté de la matière et la façon dont elle est tissée. Elle est très souple ! On me demande souvent d'où elle vient quand je la porte.
Au travail, je la mets avec un jean et en soirée, plutôt avec une robe. J'aime bien créer du contraste avec des pièces plus féminines."
- Jade, responsable animation de nos boutiques
Cette année, en team building, je remarque que Morjane la porte aussi.
"Je l'avais achetée dès sa sortie. La matière est complètement dingue et je ne voyais rien de tel chez les marques pour femmes. Je savais qu'elle avait du potentiel pour bien se patiner et je n’ai pas été déçue. Le délavage est vraiment cool !"
"Je l'ai beaucoup portée, aussi bien avec un hoodie et des sneakers qu'avec des chaussures plus habillées, pour sortir ou pour bosser. D'ailleurs, les clients en boutique me demandaient souvent si on avait une veste comme celle que je porte et malheureusement, on n'en avait plus !"
- Morjane, responsable de notre boutique à Bordeaux
Et si on en faisait une veste workwear femme ?
Pour ça, il faut d'abord convaincre le chef 😉
Retour vers le futur, nous sommes en décembre 2020 et l’ambiance a un peu changé dans le monde.
Dans l'équipe produit, Julien et Charlotte réfléchissent à notre première veste workwear femme. Il faut choisir une matière et parmi les candidats retenus, il y a trois étoffes très sympas.
Charlotte évoque la possibilité de refaire la matière de notre première veste workwear homme.
Sur le principe, Julien n’est pas convaincu :
"J'ai peur qu'elle soit perçue comme trop masculine. Je pense qu'on devrait s'orienter vers quelque chose de plus léger et de moins épais".
- Julien, chef de collection
Mais Charlotte n’abandonne pas l’idée. Elle est convaincue que la matière de notre première veste workwear vous plairait.
Comme pour les autres vêtements de cette collection, elle demande aux femmes de l’équipe.
"Sur cette veste, vous voyez quoi comme matière ?"
"Celle de la kano , ce serait top !"
"Oui franchement elle est bien mieux que les deux autres. Elle a un truc qu'on ne retrouve pas ailleurs et le grain est superbe !"
Convictions confirmées. Entre ses reliefs, sa souplesse et son délavage, Charlotte sait que c'est la matière qu'il vous faut. Elle revient à la charge avec les bulletins de vote de l'équipe.
"OK, je te fais entièrement confiance. Tu as très bien appuyé ton point de vue et tu as carte blanche pour cette matière. Je pense que c'est un bon pari. Je te suis !"
- Julien, chef de collection
Pour le pari, Charlotte croise les doigts mais avant, il reste un autre défi : reproduire la même matière.
Le vrai combat commence ici
Et c’est pas gagné !
Afin de vous raconter pourquoi l'équipe produit a failli ne pas y arriver, je dois vous expliquer ce qui rend cette matière si exceptionnelle.
Je vais vous donner sa recette.
Notre tisserand japonais file puis compose l'étoffe de coton sur un vieux métier sans navette qui s'appelle le ratier. Ça donne la variante d'une armure qu'on nomme le piquet. Ça, c'est la base qui permet d'obtenir ce natté.
Dova, c'est notre fournisseur japonais. Sur internet, la seule chose qu'on trouve sur lui, c'est sa collaboration avec Prada en 2010. Dova s’était fait remarquer avec une de ses toiles de jean artisanales. La filature était qualifiée comme "la plus sophistiquée au monde" dans la presse professionnelle. Rien que ça ? Et alors ? Moi, une fois, j'ai été premier de la classe en techno.
On ne les voit jamais dans les salons textiles. Pour pouvoir travailler avec eux, il faut les trouver et construire une relation de confiance dans la durée.
Dova fonctionne comme une association d'artisans. Elle rassemble et valorise le savoir-faire de nombreux tisserands qui sont trop confidentiels pour exporter leur travail hors du Japon à grande échelle.
Cette veste workwear, c'est notre 5ème pièce avec eux (instant fierté). Maintenant, on est même amis sur Facebook et oui, on frime un peu.
Ensuite, il la teint à l'indigo avec deux niveaux d'intensité différents . C'est l'ingrédient secret pour obtenir ces nuances de bleus variées. Au fil des ports et des tours dans votre machine à laver , le délavage sera d'autant plus riche.
Tout ça, ça se passe au Japon dans la région d'Okayama. Ensuite, on monte la veste dans notre atelier en Europe.
À cette étape, la matière est encore raide. C'est là que la magie opère : le lavage.
- Le tissu gonfle et laisse apparaître une constellation de reliefs
- Il s'assouplit et s'adoucit pour devenir un bonheur à sentir sur soi
- Il se délave juste un peu, ce qui donne des subtiles zones éclaircies.
Et c'est là que ça coince. Enfin pas que.
Là, comme ça, vous vous dites qu'il suffirait de tout refaire pareil et puis voilà. À nous la matière de folie et c'est parti pour une nouvelle tournée de vestes prêtes à patiner.
Seulement voilà : dans une recette, tout est une question de dosage. Il faut que la technique de lavage et tous ses paramètres soient identiques.
Ajoutez à ça une pandémie mondiale et vous voilà dans de beaux draps de laine.
Les prix à l'import sont devenus très instables, de même pour les frais de ports des matières donc on a du mal à faire revenir la même étoffe du Japon en maintenant le prix de vente final qu'on s'est fixé.
Alors, on attend le bon moment et il met du temps à arriver.
Puis, un jour, on y arrive. On peut faire venir la matière à un prix raisonnable et donc sans devoir rendre la veste plus chère.
Maintenant, il faut monter la veste à partir du tissu.
On tente le coup dans notre atelier habituel au Portugal, mais les prix montent encore trop pour la construction qu'on veut faire. On ne veut pas que la veste dépasse les 200€ pour vous et même en comprimant notre marge, ça ne passe pas.
On se tourne alors vers notre fabricant spécialisé en Roumanie. On fait déjà nos chinos et nos blazers avec lui. Il peut nous proposer un coût de revient qui nous aidera à contenir le prix.
OK, on a fini par trouver une solution. Maintenant, il faut retrouver la recette de ce fameux lavage. La même qu'il y a trois ans.
La quête commence par un coup de fil à l'atelier avec lequel on avait fait la première veste.
"Désolé, mais le laveur avec lequel je l'avais fait est fermé."
Frustrant. On va devoir y aller par tâtonnement. Alors, c'est parti. On tente avec notre fabricant en Roumanie !
Essai numéro 1 : le prototype arrive au bureau. On ouvre le colis et on voit des traces blanches très prononcées sur les coutures. Le niveau de relief n'est pas le même non plus.
Au second essai, c'est l'inverse. Pas assez de variété dans les nuances de délavage. On reste sur notre faim.
On envoie même notre seul exemplaire de la toute première veste pour servir d'exemple. On espère et on attend.
Rien à faire. Ce n'est toujours pas ça.
Alors, on continue à tâtonner : un peu plus fort, un peu moins, peut-être plus longtemps ?
Allez, la cinquième c'est la bonne, non ?
Eh bien oui ! Ça y est !
On a fini par recevoir un prototype avec le même niveau de subtilité dans la couleur, du relief et du gonflant au toucher.
On trouve aussi que ça match super bien avec la forme de la veste !
Vers l'infini(tions) et au-delà !
On adore aller trop loin
Les finitions et nous, c'est une longue histoire d'amour. On les bichonne et on vous les montre jusqu'au moindre bouton. Vous venez voir ?
Notre veste workwear femme en cinq points
Vous avez tout scrollé sans lire 😮 ? Bon, OK, je vous pardonne
- Elle a la même matière que notre toute première veste workwear, un coup de cœur que les femmes de l'équipe tenaient beaucoup à refaire pour vous
- Elle est tissée sur un vieux métier puis teinte à l'indigo à Okayama, au Japon
- Elle est montée et lavée en Roumanie, ce qui lui donne de la souplesse et du gonflant
- Elle se délavera et se patinera au fil des années avec de superbes reflets bleus
- Message de l'équipe : laissez-nous en quelques-unes svp, on l'attend aussi et on a hâte 😍
Maintenant, c’est à vous d'écrire la suite. Poncez-la, délavez-la, malmenez-la et surtout : on veut voir vos patines en jpeg !
Messieurs, on a aussi pensé à vous
La version homme revient bientôt sur l'e-shop dans la même matière ! Restez connectés 😉
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