S'il y a bien une pièce qui nous a été demandée maintes fois, c'est un blazer bleu !
Et ça tombe bien, parce que c'était ce que je voulais depuis un an : une pièce habillée pour porter avec des chemises formelles. Ça me tenait très à coeur !
Alexandre peut en témoigner :
"Alex, il nous faudrait un blazer quand même... avec une boutonnière milanaise. Et il faudrait un prix accessible."
À ce moment-là, je pense qu'il a eu quelques sueurs froides :
"Ça y est, il me demande encore la lune à force de me rabâcher ce qu'il a vu au Pitti Uomo. Et en plus il va falloir convaincre Geoffrey. Je travaille dans une boîte de fous."
Mais Alexandre n'est pas du genre à baisser les bras...
Nous voulions donc :
- Proposer un beau blazer bleu, mais avec une matière plus travaillée. Je ne voulais surtout pas qu'on ait l'impression qu'un de nos clients s'est contenté de prendre une veste de costume en guise de blazer.
- Mais de l'autre côté, il fallait aussi un tissu facile à porter... Vous voyez la difficulté ?
- Et enfin, je voulais un détail introuvable ailleurs, cette fameuse boutonnière milanaise...
Qu'est-ce que la boutonnière milanaise ?
La boutonnière milanaise est une boutonnière décorative que l'on trouve habituellement sur les revers de vestes... des costumes en grande mesure !
Mais rien à voir avec la ville de Milan. Le nom vient de "La Milanese" qui était une marque de fil épais et rigide utilisé pour sa réalisation. La marque de fil n'existe plus, mais le nom est resté.
Sa particularité ? Elle ne peut être faite qu'à la main : l'opération est bien trop délicate et précise pour une machine.
Elle consiste à renforcer et surélever la boutonnière grâce à un petit cordonnet (le fameux fil Milanese !). Il en résulte une boutonnière épurée, dense, fine et très raffinée.
À une époque où les costumes devaient durer le plus longtemps possible, les boutonnières, soumises à des frottements récurrents, devaient être renforcées : la boutonnière milanaise est née.
Cela dit, c'est un détail rarissime en prêt-à-porter contemporain.
J'en ai aperçu chez Tom Ford (entrée de gamme : 2.000 €), un petit peu chez Lanvin pour les costumes les plus haut-de-gamme, et chez Gucci sur la ligne Lapo Elkann en demi-mesure. En effet, peu de grandes Maisons de luxe se risquent à intégrer à leur structure de marge une opération qui ne peut être effectuée qu'à la main...
Dans tous les cas, nous sommes extrêmement fiers de vous proposer une boutonnière milanaise sur notre blazer. Je crois que dans cette gamme de prix, nous sommes les seuls à proposer ce détail.
Pourquoi ce détail me tient-il autant à cœur ?
C'est une finition extrêmement distinguée et élégante.
Au Pitti - là où se rencontrent les hommes les mieux habillés de la planète - c'était un détail récurrent qui m'a beaucoup marqué. Et pourtant, il était introuvable dans le prêt-à-porter français (et c'est toujours le cas).
Alors, quand Alexandre est revenu vers moi en me disant :
"C'est bon, on peut la faire, l'atelier est emballé par l'idée !"
Vous imaginez bien que j'ai sauté sur l'occasion ! Il ne nous restait plus qu'à préparer un argumentaire pour convaincre Geoffrey et l'affaire était réglée. Alexandre a ensuite veillé à ce que cette précieuse milanaise soit bien effectuée tout au long de la production.
Et je trouve ça très sympa qu'un élément fait à la main, censé renforcer une boutonnière, ait un tel rendu esthétique, avec un aspect bien plus sophistiqué qu'une boutonnière classique.
Bref, c'est un vrai morceau de fait-main que vous aurez sur le revers !
Des boutonnières de manches... fermées
Si vous avez attentivement observé les photos, vous avez remarqué que les boutonnières au niveau des manches sont fermées, alors que nous avons régulièrement écrit que des boutonnières ouvertes sont des indices d'une belle fabrication.
Mais des boutonnières ouvertes nous posaient un (gros) problème : la retouche de la longueur de manche aurait été très compliquée. Le retoucheur étant obligé de complètement démonter la manche au niveau de l'épaule pour la raccourcir. Et autant vous dire que c'est une finition très coûteuse... que certains refusent de faire.
Alors que dans le cas de boutonnières fermées, le retoucheur peut très facilement décaler les boutonnières et retoucher la longueur de la manche par le bas. Plus classique, la retouche est bien moins coûteuse et facile à faire (env. 30 €) !
Et évidemment, on peut bien sûr rallonger de 2 ou 3 cm les manches...
Des boutons qui s'embrassent ?
Cela dit, nous avons mis le paquet sur les autres finitions : la boutonnière milanaise évidemment, mais aussi les boutons en corne et les (très poétiques) kissing buttons...
La technique des kissing buttons consiste à faire se chevaucher très subtilement les boutons des manches. C'est un détail de puriste, et notre petit clin d’œil à Naples 😉
Un blazer avec un vrai semi-entoilage
Petit rappel : de l'importance de l'entoilage
L’entoilage est la couche cousue entre le tissu extérieur et la doublure. Il renforce une pièce d’une veste en apportant des épaisseurs facilitant son montage, ou qui donnent sa forme, sa tenue et son tombé à une veste.
S'il n'y avait pas d'entoilage, la veste n'aurait aucune tenue et tomberait comme une chemise.
Toute la délicatesse de l'entoilage consiste à trouver un rendu souple (qui peut suivre vos mouvements) MAIS aussi rigide (pour structurer la veste). Et l'homme n'a encore rien trouvé de mieux qu'une toile tailleur en crin de cheval pour allier ces deux exigences.
Véritable ossature de la veste, il s'agit d'une toile souple et respirante faite de fils de crin de cheval :
En entrée-de-gamme, marre du thermocollage
Les costumes en entrée-de-gamme sont thermocollés : on applique une toile enduite de résine thermocollante et on la chauffe pour qu'elle adhère au tissu.
Le rendu est rigide et manque de fluidité, mais la mise en œuvre est économique et rapide. Bref, c'est la technique idéale pour de gros volumes industriels en entrée-de-gamme.
Par contre cela cloque vite sous la pluie ou après quelques passages au pressing (c'est un peu l'obsolescence programmée du blazer...). Et c'est bien sûr bien moins respirant (mais idéal si vous aimez le sauna en été !).
À l'opposé, l'entoilage traditionnel
Ici, point de résine ou de colle, mais uniquement des toiles tailleurs et du fil. C'est la technique utilisée pour les costumes en grande mesure (2.000 € et plus).
C'est long et coûteux... il faut plusieurs dizaines d'heures de travail à des tailleurs qualifiés pour confectionner UN SEUL costume entièrement entoilé.
Mais les avantages sont indiscutables : étant donné qu'il s'agit "juste" de tissus superposés, sans colle, le tombé est beaucoup plus souple et fluide, et il accompagne le mouvement.
Vous gagnez en confort, et la blazer traverse bien mieux le temps...
Économique et durable : le semi-entoilage
Et entre les deux, il y a le montage semi-entoilé de notre blazer : la facilité de confection du thermocollage, et la souplesse de l'entoilage complet.
Tous les semi-entoilés ont une petite base thermocollée (certes beaucoup plus légère qu'un thermocollé, on ne la sent quasiment pas) localisée particulièrement au bas de la veste (d'où le nom de "semi-entoilé").
Mais attention ! Parmi les petits secrets les mieux gardés de l'industrie, il y a deux qualités de semi-entoilage :
- L'entoilage d'entrée de gamme : seuls les revers sont entoilés (et non le plastron qui recouvre le buste),
- Le "vrai" semi-entoilage : avec un plastron volant (notre critère personnel de qualité). On le sent sans problème en pinçant le tissu. Comment le sait-on ? On est allé disséquer une veste chez notre retoucheur favori (Michel, de l'Atelier Kost, rue de Cléry à Paris). Comme dit Alexandre : que du haut de gamme : pas d'amalgame.
Une tombé sans effort, tout en souplesse
Le montage semi-entoilé nous a permis de donner à ce blazer du confort et une grande souplesse dans le tombé.
Et enfin, la veste suit parfaitement vos mouvements, étant donné que la partie en contact avec votre poitrine (le plastron volant) n'est pas solidaire du tissu extérieur :
Un blazer avec une coupe ajustée aux influences italiennes
Il faut savoir que le patronage de la veste nous vient tout droit d'Alberto Caruso, qui a une réputation considérable dans la fabrication du costume haut de gamme, à tel point que Laurent de Milanese Special Edition y a consacré deux articles : un sur la marque Caruso, et un autre sur le fondateur.
Bref, c'est un Monsieur qui sait ce qu'il fait quand il dessine un patron de veste !
En l'occurrence, sa "patte" se fait sentir sur deux points :
Une emmanchure haute pour favoriser le mouvement
La manche s'emboîte assez haut avec la poitrine, pour donner du confort et de la liberté au mouvement (vous n'êtes pas un Playmobil).
Une épaule naturelle au padding léger
Le dessin de l'épaule est simple et léger. Il y a très peu de padding (= le rembourrage habituel des épaules).
La veste épouse parfaitement votre épaule, de manière naturelle.
Dernier détail : une petite barchetta
Peut-être l'avez-vous vu : la poche poitrine (celle où vous mettez la pochette) a un léger arrondi.
Cela porte un joli nom : la barchetta, qui signifie - toujours selon Hugo - "petit bateau", cette forme évoquant une coque de navire.
Un cintrage naturel et qui accompagne le mouvement
Et enfin, en ce qui concerne le cintrage, je crois que les photos parlent d'elles-mêmes.
C'est une coupe plutôt ajustée, coupée au scalpel, avec une longueur adaptée à un port décontracté / dépareillé (jean, chino, sans soucis) !
La matière : un mesh aéré 100% laine de Vitale Barberis Canonico
Nous sommes retournés voir Vitale Barberis Canonico à Biella (VBC qui est, rappelons-le, la plus vieille filature au Monde, encore en activité après 300 ans).
Ce tissu 100% laine a un poids de 280 grammes par mètre linéaire (beaucoup plus léger que notre pantalon en flanelle), d'un bleu qui vous transportera en vacances !
Je ne voulais surtout pas d'un tissu que l'on pourrait trouver sur un costume classique, mais je voulais encore moins quelque chose d'exubérant... C'est pour cette raison que ce tissu "hopsack" en relief, aéré, mouliné avec tons de bleu, m'a tout de suite convaincu.
Pourquoi de la laine en été ?
Eh oui, la laine peut tout à fait se prêter à un vêtement estival. Celle que nous avons choisie a même plusieurs avantages par rapport au coton :
- Ce "mesh" de laine ne se froisse pas (c'est bluffant),
- Le tissage est très aéré, ce qui fait que la veste "respire" mieux qu'avec une laine classique,
- La laine a des propriétés thermorégulantes, car c'est une fibre qui emprisonne naturellement l'air,
- La fibre de laine ne se mouille presque pas (contrairement au coton qui absorbe), pour une excellente évacuation de la sueur, et contre la rétention des odeurs.
Ceux qui veulent aller plus loin liront la dernière partie de cet article d'Hugo, où Maurizio Albertini (il dirige l'équipe de design de Vitale Barberis) commente le tissu que nous avons choisi...
Les finitions du haut de gamme
Notre blazer est fabriqué exactement au même endroit que notre pantalon en flanelle, en Roumanie, dans notre atelier spécialisé dans les pièces tailleurs.
Au niveau des finitions, en plus des deux poches extérieures et de trois poches intérieures, dont une sous la ligne de cintrage pour votre téléphone portable, sans risque de déformer la coupe.
Les poches comportent des demi-lunes, comme sur notre pantalon en flanelle, qui préservent les coutures des déchirures.
Enfin, il y a ce qu'on appelle des "salières" au niveau des aisselles : ce sont des renforts de la doublure qui protègent le tissu extérieur des frottements et de la transpiration.
Il y a des fils blancs sur les manches et en bas, c'est normal ?
Oui ! On appelle ça des "fils de bâti". Il y en a au niveau des manches, sur les pans arrière, et sur la boutonnière milanaise. Ils protègent ces zones pendant le transport.
De la même manière, les poches extérieures et la poches poitrine sont cousues, afin de les garder bien plaquées pendant tout le circuit de livraison.
Qu'il s'agisse des fils blancs ou des poches à ouvrir, il suffit d'enlever les fils (petite lame bien pointue, et non votre couteau à beurrer).
J'insiste bien sur ce point : c'est très simple à faire, et ça prend 47 secondes à découdre (c'est même un plaisir quand on s'achète une belle pièce).
Comment choisir sa taille ?
Le blazer taille normalement : comme d'habitude, prenez votre taille habituelle ! C'est peut-être la phrase que je répète le plus dans un article de présentation, mais vraiment, il n'y a pas de surprise au niveau de la coupe ! Faites-nous et faites-vous confiance !
Si vous avez commandé chez nous (ou portez habituellement) :
- du XS, prenez du 44 sur ce blazer
- du S, prenez du 46 sur ce blazer
- du M, prenez du 48 sur ce blazer
- du L, prenez du 50 sur ce blazer
- du XL, prenez du 52 sur ce blazer
- du XXL, prenez du 54 sur ce blazer
Il n'y a vraiment pas à se compliquer la vie !
Un blazer qui se porte sans risque
Porter ce blazer n'a rien de compliqué : sa coupe se prête autant à des tenues formelles que casual, et comme vous le savez, le bleu va avec quasiment toutes les couleurs de votre vestiaire. C'est super intuitif.
La ligne BonneGueule III est désormais disponible !
À présent, au moment où vous lisez cet article, la collection est disponible sur l'Atelier BonneGueule :
- Le blazer infroissable en mesh de laine Vitale Barberis Canonico BG-3.1
- Le jean gris d'été légèrement stretch BG-3.3