Une seule tenue pour tout l’été.
L’idée, ce n’est pas de mettre au point un uniforme d’été. Ce n’est pas d’avoir x déguisements de soi-même bien accrochés sur des cintres. En fait, c’est même tout ce que je déteste.
Les psychopathes ont des uniformes. Je le dis juste comme ça.
Si un jour je devais vriller, devenir hors la loi je veux dire - la loi des Hommes, pas de l’habillement -, une peine très efficace serait de me condamner à porter un uniforme. Le même costume, les mêmes chaussures et la même chemise et accessoire encore et encore, jour après jour. Et si vraiment le juge voulait ajouter un peu de cruauté à cette peine, il posterait tous les jours sur mon chemin des gens payés pour dire : « il est nouveau ce costume ? ».
On a le mythe de Sisyphe qu’on peut.
Non là, il s’agit plutôt d’une sorte de template. Un modèle quoi, pour parler français. On garde une même structure mais la forme, la couleur, la texture varient selon l’humeur.
Avantages :
- On ne perd pas trop de temps le matin à savoir comment s’habiller
- Si on a bien fait son travail, cette tenue est particulièrement adaptée à la saison dans laquelle on s’inscrit
- On garde une certaine créativité
- On développe un style personnel
Inconvénients :
- Il faut avoir plusieurs vêtements assurant la même fonction (vous allez comprendre plus bas)
- La créativité n’est pas à son paroxysme non plus
- Il y a un potentiel de lassitude
Alors, c’est quoi cette tenue ?
Un débardeur comme couche de base
Si vous avez lu l’article sur les choses que l’équipe est pressée de porter cet été, vous le savez déjà : le débardeur est entré il y a peu dans ma vie.
Et franchement, je ne sais pas ce que j’attendais. Comment se fait-il qu’il ait mis autant de temps pour venir à moi. On se dit qu’on en sait suffisamment, que rien ne peut plus vraiment vous étonner dans votre niche et puis quelque chose débarque et donne une nouvelle résonance à vos certitudes stylistiques.
C’est banal, le débardeur (que vous l'appeliez "marcel" ou encore "tank top" d'ailleurs). Des milliers de personnes en portent (des centaines de milliers ?). Et souvent pas bien, selon mon goût.
La manière dont je l’envisage : en forme de sous-vêtement (pas de t-shirt dont on aurait coupé les manches), avec des petites perforations dans toute la matière, de couleur claire.
Proche du corps ou non : je n’ai pas encore décidé. J’ai un Maison Cornichon que j’ai pris très ample. J’ai des Hemen qui sont très ajustés.
Je crois que, comme toujours, la vérité se trouve au milieu : pas trop d’excès de matière mais pas non plus jusqu’à mettre en valeur la légère brioche qui s’est installée juste au-dessus de la ceinture.
Avantages :
- Les aisselles sont dégagées, ce qui tranquillise l’esprit
- La matière ajourée fait que le vent passe et la peau frissonne de plaisir
- Ça donne quand même une petite touche rétro bien cool
- Je peux faire du layering alors qu'il fait trop chaud pour ça
J’aime aussi ce modèle de Scott Fraser (attention les frais de port… n'est-ce pas Michel ?) et celui-ci de Gimaguas.
Une chemise à manches courtes par-dessus
Si j’aime le débardeur, je ne suis pas encore vraiment au stade où je le porte sans rien au-dessus. À part dans le secret de mon foyer et je vois bien que ma compagne me regarde en coin de temps en temps.
Le débardeur seul a une connotation à laquelle même les esprits les plus libres n’échapperont pas : il apparaît vite comme une faute de goût.
Entre la faute de goût et le kitsch, il n’y a qu’un pas. Le kitsch est défendable, la faute de goût l’est moins.
Donc si je veux le porter seul, il faut que j’accentue le kitsch avec par exemple une médaille en or et des lunettes à verres teintés. C’est tout, pas plus. C’est déjà beaucoup. Et bien sûr, les lunettes à verres teintés, je ne les porterais pas chez moi, en intérieur, entendu que ce n’est que pour la frime et que je ne frime plus auprès de quiconque chez moi. Elles ont depuis longtemps percé le secret de mon cœur.
Mais pour le reste de monde, ça reste valable.
Bref, tout ça pour dire : je mets toujours quelque chose par-dessus mon débardeur. Et, c’est même tout le but car je peux faire du layering en été, grâce à ça. Le débardeur ajouré s’oublie, il laisse libre les aisselles et si la chemise à manche courte que je mets au-dessus est suffisamment ample et légère, elle volera au vent et, si ce dernier fait bien son travail, l’air passera entre le chemise et le débardeur, le débardeur et la peau.
L’idéal pour la chemise, c’est de prendre un voile de coton ou un coton-lin très peu dense. Le 100% lin est possible bien sûr, c'est juste que les mélanges de matières ont plus de tenue et doivent être moins souvent repassées.
Des chemises que je conseille :
- Une 11.11/ELEVEN ELEVEN que j'ai portée dans Panache quand il fait chaud
- Une la Paz
- Une Harago hors de prix (ça solde de temps en temps)
Et tellement d’autres… pourvu qu'elles soient à manches courtes, légères comme des plumes et amples.
Ah oui, il faut une chemise de couleur claire. Le sombre attire la chaleur, c'est bien connu.
Un pantalon ample et léger
Pas de short. Non pas que je sois contre. J’en porte. Simplement, s’il ne fallait avoir qu’une tenue d’été, je privilégierais le pantalon. Pour deux raisons principales :
Selon ma morphologie, il doit être taille haute. Selon les conditions climatiques, il doit être ample : laissez respirer les cuisses, laissez s'épanouir les mollets. S’il touche trop votre peau quand êtes debout, immobile, c’est perdu. Ce n’est pas le bon pantalon pour l’été.
Vraiment, cela peut vous paraître une question de goût. Mais une fois que vous franchissez le pas, vous ne pouvez que comprendre. Que celui qui préfèrera le pantalon qui colle à la peau me donne ses raisons ! Je les attends de pied ferme.
Deux affirmations dogmatiques :
Concernant sa matière, c’est un peu comme la chemise. Matière naturelle, cela va sans dire. Le pantalon d’été que je porte le plus est un 100% lin issu de notre collab avec Informale. Je l’ai en marine. Dans l’idéal, il faudrait qu'il soit clair, rapport à cette sombre histoire que le sombre attire la chaleur.
D'autres pantalons qui font l'affaire :
Mais aussi :
- À gauche un pantalon cargo-jogpants en seersucker écru de Barena
- À droite un pantalon sublimissime que-je-ne-pouvais-pas-ne-pas-vous-montrer-tellement-il-est-magnifique de Album Di Famiglia. Malheureusement en rupture chez Rendez-Vous Store. Mais ça valait le coup d'œil.
Des sandales pour finir
Là, j’écris ces lignes dans le train. Direction Paris. C’est ma croix, j’y vais tous les mercredis, aller-retour. Je prends le vélo pour me rendre à la gare. Je ne raconte pas ça pour déblatérer sur ma vie, je raconte ça pour dire que, dans ma tenue d'été idéale, il me faut des chaussures fermées. Ou du moins qui tiennent aux pieds.
Quand je fais l’aller-retour en Birkenstock, s’il devait m’arriver quelque chose à vélo, mes sabots seraient expédiés fissa dans les airs, direction la Voie lactée. À grande vitesse, ça peut devenir un projectile dangereux pour tout ce qui se trouverait sur son chemin. Je ne veux pas avoir ça sur la conscience.
Et en même temps, au plus fort de l’été, des mocassins non doublés ou des sneakers en toile légère, c’est bien mais je crois qu’on peut aller plus loin dans la respirabilité de la chaussure. C’est pour cela que j’opterais pour une paire de sandales.
Pas n’importe lesquelles. Précisément celles-ci :
Ce sont des Steve Mono prêtées par l'excellente boutique et e-shop Flâneurs. Bises à Peter et Quentin.
Je n'en possède pas encore. C’est un achat que je dois faire pour parfaire cette tenue d’été idéale. La tenue des tenues. Celle qui reste à la fin quand il n’en reste plus.
Il y a peut-être une petite barrière esthétique à passer pour certains. Mais pour autant je ne pense pas qu’elle soit insurmontable.
En plus de ses qualités pratiques, je trouve que leur intérêt réside aussi dans le fait qu’elles exposent le pied juste ce qu’il faut.
Même s’il m’arrive de le faire, je ne suis pas adepte de se balader en ville avec des Arizona par exemple. Encore moins des tongs. Je ne me sens pas à l’aise tout simplement et je n’aime pas particulièrement l’idée de montrer mes pieds. Je n’ai aucun complexe avec mes pieds, je précise, c’est juste qu’il me semble que ce n’est pas le lieu pour le faire.
D'autres sandales possibles :
- Les Jérôme de La Botte Gardianne (à gauche)
- Les Ferret de Paraboot (bien que je trouve la forme un peu trop pointue - à voir au pied) (à droite)
Et vous, si vous ne deviez retenir qu'une tenue d'été, ce serait laquelle ?