Après le lancement de la semaine dernière, voici le deuxième acte de ce mois de novembre placé sous le signe de l'élégance simple et hivernale, avec des couleurs toutes douces.
Voici le programme de cette semaine :
- un pantalon et une veste entièrement entoilée, dans une belle laine anthracite
- deux pulls dont un col roulé, dans des mélanges de fil exclusifs à BonneGueule
- une nouvelle série de bonnets incorporant ces mélanges de fils
- de nouvelles chaussettes (enfin !) avec de l'alpaga et de la soie
- et pour finir, une écharpe effet donégal
Pour mettre la main dessus, rendez-vous ce samedi 14 novembre à 11h sur notre e-shop.
En attendant, je vous présente aujourd'hui :
- un manteau avec 45% de baby alpaga dans un tissu exceptionnel pour une main luxueuse
- un manteau 100% laine mérinos française, issue du projet Tricolor
- Benoît
En voilà une présentation qui était attendue ! Voici donc le moment de vous proposer deux nouveaux manteaux, dans deux matières exceptionnelles bien différentes :
- un manteau en mélange de baby alpaga et de laine, très luxueux (et un peu moins cher que notre manteau en yak ! )
- un manteau en 100 % laine française, au même prix que nos autres manteaux permanents 100% laine
En effet, notre offre de manteaux est déjà solide en termes de coloris classiques comme le bleu marine ou le gris. On avait donc envie d'explorer de nouveaux horizons, un style plus fort, et des couleurs un peu plus originales, tout en restant sur des teintes douces et agréables à porter.
Notre manteau en tissu baby alpaga, laine et polyamide
Le grand frisson de La douceur du baby alpaga
Je vais pas vous mentir : je trouve ce tissu sublime, et les 45% de baby alpaga y sont pour beaucoup, notammennt grâce au savoir-faire de l'italien Ferla. Qui d'autre que lui pour travailler d'aussi beaux tissus ?
Ferla, on peut le résumer en 3 points :
- très créatif dans ce qu'il propose
- des couleurs magnifiques
- une spécialité dans le baby alpaga
Pour les plus curieux, je vous invite à dérouler le menu ci-dessous :
Je vais être direct : j'adore Ferla.
Et c'est là que… le premier problème arrive !
D'habitude, les fournisseurs italiens ont une communication très "explicative". Regardez tous les contenus de Vitale Barberis Canonico, d'Albini ou de Candiani.
Ils ont vite compris que le marché était en demande d'explications, d'images d'atelier, de pédagogie. Et les plus gros ont lourdement investi en ce sens .
Par contre, chez Ferla, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
C'est d'autant plus surprenant pour une entreprise aussi ancienne, aux archives mondialement célèbres, qui doit avoir une tonne de trucs à raconter, et dont la créativité est sans égale (je reviens sur ce point dans un instant).
Malgré tout, menons l'enquête, et voyons ce que nous pouvons récupérer comme informations pertinentes…
Une petite entreprise familiale avec un siècle d'existence
Ferla emploie 40 personnes, c'est très peu pour un drapier italien ! D'ailleurs, quand je parle de Ferla à d'autres fournisseurs italiens pour dire que j'aime sa créativité, on me répond à chaque fois "oui, mais tu sais, Ferla ce sont des artisans, c'est pour ça qu'ils sont si chers".
Alors que les drapiers italiens essayent de tirer les prix vers le bas pour rester compétitifs, Ferla a fait le choix inverse, à savoir rester très clairement dans le haut de gamme, avec une offre singulière et créative.
C'est comme ça que cette toute petite entreprise a su se faire une place de choix parmi toutes les marques de luxe .
Pour l'anecdote, ils n'ont que deux clients français : une très grande maison de luxe et… nous !
Enfin, du fait de leur savoir-faire unique, ils veulent le garder secret, et peu d'informations circulent à leur sujet .
Selon moi, il y a trois points qui rendent le positionnement de Ferla singulier :
La touche Ferla #1 : une créativité caractéristique
Ils sont créatifs, mais ça reste toujours de très bon goût et élégant, ça ne part dans tous les sens avec des choses WTF et importables. Bref, ils ont des tissus vraiment spécifiques, très facilement reconnaissables.
Pour vous en rendre compte par vous-même, regardez cette page de leur site internet, qui donne un bon aperçu de la variété de couleurs et de textures qu'ils travaillent.
La touche Ferla #2 : un sens inégalé de la texture
Ils sont à fond dans la boucle et la texture, ce qui donne à leur tissu une main "signature", très difficile à trouver ailleurs. Et croyez-moi, pour avoir longtemps cherché des équivalents autant texturés et créatifs, je sais de quoi je parle !
Pour ça, ils n'hésitent pas à essayer de nombreux mélanges avec de la laine, de la soie, du lin, du mohair, de l'alpaga et, quand c'est nécessaire, du polyamide pour apporter de la solidité.
La touche Ferla #3 : des spécialistes du baby alpaga… mais pas seulement
Ce sont des spécialistes du baby alpaga, ils ont des collections de tissus entières sur ce thème. C'est une matière qui n'est pas facile à travailler de manière créative et eux, ils proposent toujours des dessins super sympas. D'ailleurs, très très peu de drapiers Italiens s'y aventurent.
Ils utilisent aussi abondamment du mohair car ils sont très friands de ces laines luxueuses et duveteuses.
Ferla, c'est un peu mon petit plaisir quand je suis en salon professionnel. Je tiens absolument à passer sur leur stand (bien trop petit et discret par rapport à leur valeur ajoutée, on ne tombe pas dessus par hasard) parce qu'on en prend plein les yeux avec leurs nouveaux tissus.
Voici la composition de ce tissu :
- 45% de baby alpaga
- 45% de laine mérinos
- 10% de polyamide
Rentrons un peu dans les détails…
Baby alpaquoi ?
D'abord, il faut savoir ce qu'est un alpaga. C'est un animal de la famille des camélidés :
Il vivent dans les pays andins. On en trouve surtout au Pérou.
Autrefois, seule la royauté Inca avait droit à sa laine. Elle était considérée comme une fibre divine.
La laine baby alpaga est une catégorie plus fine et plus douce. On la trouve souvent sur les alpagas plus jeunes, d'où son nom. On l'obtient généralement à la première tonte.
On compare sa douceur à celle du cachemire. La différence, c'est que la laine baby alpaga se déforme et bouloche moins.
Elle tient aussi plus chaud que la laine de mouton ou d'agneau.
Elle est difficile à travailler et donc assez rare sur le marché.
Quand on dit rare, on parle d'1,5% de la production mondiale de laine alpaga.
45% de baby alpaga ?
45% de baby alpaga, c'est vraiment conséquent en termes de proportion, et ça place directement ce tissu dans la catégorie des "tissus utilisés uniquement chez les maisons de luxe"
C'est grâce à une telle proportion de baby alpaga qu'on obtient une douceur qui est bien plus proche d'un 100% cachemire que d'un 100% laine.
Par rapport à notre manteau 100% yak, réputé très doux, je trouve le mélange de Ferla un poil plus doux encore. Merci pour le jeu de mot.
Malheureusement, un manteau 100% baby alpaga n'est pas faisable : il coûterait une fortune et serait trop fragile.
C'est pour cette raison qu'il y a 45% de laine mérinos, permettant d'apporter une bonne dose de robustesse.
Ici, un fil de laine est en plus composé de deux fils en laine retordus sur eux-mêmes, pour le rendre plus solide.
Quant au polyamide, son rôle est très important : il permet de solidifier le fil de baby alpaga, mais aussi de donner cet effet de "minuscule bouclette" si caractéristique à Ferla.
Un motif chevrons tout doux
Si j'aime autant Ferla, c'est qu'ils maîtrisent à la perfection les effets de fondu et de chiné. Sur ce tissu, il y a un visuel "neigeux" qui me plaît énormément. Les chevrons se dessinent tout en douceur, avec mille et une nuances…
Des épaules raglans
C'est une caractéristique très visible de ce manteau, on a voulu explorer une autre épaule, qui la rend confortable avec un blazer par exemple.
Une spectaculaire parementure américaine
Pour rappel, une parementure est une pièce de tissu qui vient se placer sous le tissu du dessus, celui que l'on voit de l'extérieur.
Dans le cas de ce manteau, c'est l'une de mes finitions préférées sur ce manteau. Il n'y a pas de tissu de doublure à l'avant (à part à l'intérieur des manches), tout est fait avec le tissu Ferla.
Quand vous ouvrez la veste, je trouve que cela fait son effet, c'est très haut de gamme :
En plus de ça, au niveau du torse, cela permet d'avoir deux couches de tissus (le tissu à l'extérieur "revient" à l'intérieur), donc un plus haut niveau de chaleur.
L'avantage, c'est que les poches intérieures sont également cousues dans ce tissu, qui est plus résistant qu'un tissu de doublure.
C'est une construction qui demande plus de soin qu'une construction normale : vu qu'il n'y a pas de doublure pour cacher les coutures du dos, tout doit être nickel, et on a fait ganser les coutures pour un rendu encore plus haut de gamme.
Une fente d'aisance dans le dos
Elle est discrète sur les photos, mais elle est elle bien là ! Elle permet d'apporter de l'aisance lors de certains mouvements. Elle est également pratique si vous souhaitez porter une grosse maille, car elle agit comme un soufflet.
Des poches intérieures zippées
Vous commencez à me connaître : pour moi elles sont tout simplement indispensables pour sécuriser de petits effets personnels, notamment si vous pliez votre manteau en deux sur le dossier d'une chaise.
Des boutons pour serrer les manches
En cas de coup de froid, ou si vous voulez un rendu plus ajusté à l'avant-bras, il suffit simplement de resserrer la manche avec le deuxième bouton.
Une ceinture pour affiner la taille
C'est l'autre détail très visuel : ce manteau est muni d'une ceinture, à vous de jouer avec comme vous le sentez !
Est-ce qu'on peut retirer la ceinture si on le souhaite ?
Bien sûr que oui !
Si vous préférez un rendu sans ceinture, vous pouvez l'enlever, et vous pouvez même enlever les passants de ceinture simplement, grâce à un Découd-vite.
Si vous n'êtes pas en confiance pour le faire, n'importe quel retoucheur de quartier pourra vous le faire en quelques minutes.
Des contre-boutons en renfort
Afin de renforcer la solidité et la couture des boutons, ils sont renforcés avec un contre-bouton :
Quelques idées de tenues
Les présentations étant faites, passons au manteau suivant !
Un manteau 100% laine française Tricolor
Quatre races de moutons français pour un seul drap de laine
On continue sur notre lancée de l'an dernier, en utilisant à nouveau une laine issue du projet Tricolor. Je vous le détaille plus bas, mais pour faire simple, sachez que c'est une très belle initiative qui valorise les laines françaises.
La particularité de ces laines ? Elles sont magnifiques !
Une couleur unique
A l'instar de notre bomber sorti l'an dernier, je suis un grand fan de ces teintes taupe/sable propres aux laines du projet Tricolor.
C'est un beige très chiné, presque poudré, avec une belle irrégularité. Franchement, on m'aurait dit que c'était un fournisseur japonais derrière cette laine, je n'aurais pas été surpris.
La couleur me fait beaucoup penser à du yak, et ce n'est pas si surprenant quand on sait que ce drap de laine est de couleur naturelle, sans teintures, tout comme l'était notre manteau en yak de l'an dernier.
C'est donc un drap 100% laine, de 500g/m² (poids lourd pour l'hiver).
Et c'est à nouveau Le Passe Trame, dans le Tarn, qui effectue le tissage.
Bref, c'est une matière qui démontre magistralement le savoir-faire français quand il faut faire des tissus avec une âme.
Et comme je l'ai déjà dit, une grosse fierté, c'est que cette laine provient de moutons français ! Ça paraît bête dit comme ça, mais c'est tout sauf un détail…
Une couleur réalisée sans teinture
Le plus impressionnant sur cette laine ? Il n'y a absolument aucun colorant.
Ce que vous voyez, ce sont juste les laines de trois races françaises de moutons plus ou moins foncées, habilement mélangées par le tisseur :
🐏la race Île-de-France est une race issue d'un croisement de brebis de race mérinos de Rambouillet avec des béliers anglais. Elle jouit d'une excellente qualité lainière et elle s'adapte facilement à des conditions d'élevage variées.
🐏la race Solognote est une race ancienne et rustique, élevée autrefois pour sa laine, et qui s'adapte très bien aux sols pauvres. Race de petits effectifs, elle est maintenant sous un programme de sauvegarde.
🐏la race mérinos d'Arles est une célèbre race française reconnue pour la qualité de sa laine.
🐏la race noire du Velay est une race française si ancienne qu'on en connaît mal les origines. Elle était déjà élevée par les Celtes. Et comme son nom l'indique, elle fournit une laine complètement noire.
Le projet Tricolor : un petit pas pour BonneGueule, un grand pas pour la laine 🚀
Ce manteau en laine élevée en France, c'est mine de rien un petit morceau d'histoire qui s'écrit. Car cela faisait des décennies que ça n'existait plus à une échelle industrielle !
Pourquoi est-ce nouveau de tondre des moutons français pour faire des vêtements ?
Pour faire simple, les tisseurs français ont généralement du mal à travailler les laines locales au rendu très brut. C'était plus simple de commander du mérinos issu des élevages australiens ou néo-zélandais.
Et pour certaines races, il est vrai que la qualité de la laine, très rêche, n'est pas à la hauteur pour faire un pull ou un manteau.
Je vous rappelle que les moutons en France sont avant tout élevés pour produire du lait, du fromage et de la viande, mais pas pour de la laine.
Sauf que ces moutons, il faut bien les tondre ! Et les éleveurs de moutons français ne savaient pas quoi faire de leur laine...
Alors on en fait quoi de la laine des moutons français ?
Ce fut une surprise pour moi : la laine des moutons français est considérée comme un déchet.
C'est à peine si elle finit en isolant pour le bâtiment ou exportée en Chine… quand elle n'est pas détruite !
En effet, si on regarde l'aspect économique de la chose, on comprend le choix des éleveurs :
L'économie de la laine française en 30s chrono
- il y a 7 millions de moutons en France…
- qui produisent 14 millions de kg de laine…
- éparpillés au sein de 58 races, un cheptel très hétérogène.
Le problème est le suivant :
- une tonte de mouton coûte 2,5 €
- un mouton produit en moyenne 2 kg de laine,
- mais le kilo de laine est acheté à l'éleveur à un prix oscillant entre 0,3€ et 0,1€ ! C'est totalement insignifiant.
Et encore, ça c'est dans le cas où un éleveur trouve un acheteur pour la laine. Sauf qu'on en vient à des situations invraisemblables où certains éleveurs n'arrivent même plus à trouver des collecteurs qui reprennent la laine, même gratuitement.
Ils sont donc obligés de payer des collecteurs qui vont la mettre en déchetterie.
On comprend donc mieux pourquoi certains éleveurs brûlent leur laine, même si la loi l'interdit.
Aujourd'hui, dans le cadre du projet Tricolor, le kilo de laine est acheté à environ 1€ auprès des éleveurs, avec à terme, l'ambition que la revente de la laine puisse couvrir les frais de tonte.
Quelle solution face à ça ?
Il y a bien quelques initiatives pour valoriser la laine de certains moutons français, mais vu que chacun fait ça dans son coin, elles ne sont pas assez organisées pour être utilisées par des marques de vêtements.
Certains pays y sont très bien arrivés, comme le Royaume-Uni où la majeure partie de la laine des moutons est valorisée, alors pourquoi pas nous ?
En France, il y manque une vraie dimension industrielle pour que des marques comme BonneGueule puissent accéder à ces draps de laine très particuliers.
Mais ça, c'était avant.
La demande croissante de matières écoresponsables, en circuit court, et un certain attrait pour les matières plus brutes, riches en histoire, ont permis au projet Tricolor de restaurer une relation entre éleveurs et tisseurs français
Le projet Tricolor
Tricolor c'est un projet de Première Vision et Made in Town .
Comme vous l'avez compris, leur objectif est de relancer les filières lainières françaises, de revaloriser la production annuelle de laine française.
Et à cette occasion, ils ont même produit une très belle web-série, que j'applaudis à deux mains
Pour tout vous dire, alors qu'on pensait prendre nos caméras pour filmer, et quand on a vu la qualité de ces vidéos, on s'est dit que le travail avait déjà été superbement fait…
Je vous invite particulièrement à regarder les épisode 3 et 4, où on voit la Filature du Parc et le Passe-Trame en action, ce sont eux qui sont derrière cette belle laine beige. Et l'ami Lionel Bonneville, dirigeant de Jules Tournier, y fait même un caméo !
Une laine avec une belle tenue
Le fait d'avoir un drap de laine bien costaud permet d'avoir un tombé du manteau très "net" et structuré. Il n'y a pas de plis, et il dessine une jolie carrure. Jugez plutôt :
Une nouvelle forme
Pour ce manteau, nous avons exploré une forme dite "mac", simple et tellement intemporelle…
Comme l'autre manteau, il est composé de boutons cachés, car on trouvait que visuellement, cela mettait bien la matière en avant.
Des boutons en corne sur les manches
On trouvait intéressant ce contraste entre cette laine brute et authentique avec ces boutons.
Cette finition fait plus "tailleur"'.. Petit détail important : les boutons se chevauchent légèrement, comme sur un blazer haut de gamme.
Une spectaculaire parementure américaine
Eh oui, il y en a une, comme sur le premier manteau présenté ci-dessus. Je le rappelle, c'est l'une de mes finitions préférées !
Quand vous ouvrez la veste, je trouve que cela fait son effet, c'est très haut de gamme :
En plus de ça, au niveau du torse, cela permet d'avoir deux couches de tissus (le tissu à l'extérieur "revient" à l'intérieur), donc un plus haut niveau de chaleur.
L'avantage, c'est que les poches intérieures sont également cousues dans ce tissu, qui est plus résistant qu'un tissu de doublure.
Elles sont également zippées, pour garder vos petits effets personnels en sécurité :
Des contre-boutons en renfort
Afin de renforcer la solidité et la couture des boutons, ils sont renforcés avec un contre-bouton :
Quelques idées de tenues avec ce manteau en laine Tricolor
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