Sommaire
Enfants du Rock. Pour d’autres une pochette-surprise, riche de styles et de découvertes. Vous trouverez dans tous les cas ici d’autres inspirations et manières de porter le Perfecto. Musique, maestro.« Et si le rock-critic qui sommeille pouvait également se réveiller avec une série sur nos vieilles icônes musicales, cela me rappellerait la lointaine époque où j'avais encore un âge décent pour ouvrir un Rock & Folk ! »
Parmi tous vos nombreux messages, il y a ceux qui partagent, questionnent ou réconfortent, parfois les trois à la fois. Et c’est très inspirant. Jusqu’à il y a peu, la mode n’était qu’un centre d’intérêt connexe à mes passions premières. J’apprends vite, en partie grâce à vous, et ce que je m’efforce de vous apporter en retour, c’est par exemple un autre regard sur le vêtement à travers mon univers : c’est d’abord la mode et le cinéma avec Bobine, c’est ensuite la mode et la musique à travers cette première série baptisée Pochette.
La musique, c’est de mon côté un coup de foudre déclaré un jour de 1991 en entrant encore enfant et pour la première fois chez un disquaire. C’est ainsi que je suis tombé nez à nez avec la pochette de l'album « Bossanova » des Pixies. « Alors ça, c'est le groupe du moment, mon garçon ! » m'avait en substance lancé le vendeur.
Dès lors, plus rien n’a jamais été pareil et la passion dévorante s’est progressivement dirigée vers les coulisses avant même ma majorité.
La suite, ce sont des fanzines, des magazines, des sites Internet, des concerts et des festivals plus ou moins D.I.Y pendant une bonne quinzaine d’années.
Quand on me parle de blouson en cuir, la première chanson qui me vient à l'esprit s'appelle... « I love my leather jacket ». C'est une chanson d'un groupe néo-zélandais confidentiel mais culte qui s'appelle The Chills. Vous trouverez là un premier Perfecto.
Il en existe plein d'autres : les artistes et les Perfecto que vous allez (re)découvrir ici figurent encore aujourd’hui en bonne place dans ma discothèque. Prêt(e)s pour la visite ?
1. PERFECTO & VESTE EN DENIM : P.J. HARVEY
Si le tee-shirt blanc, le jean et les boots forment la tenue fantasmée du Perfecto, il est cependant possible de lui imaginer d'autres associations, et notamment ce qu'on peut mettre en dessous.
Une fois n’est pas coutume, mon premier exemple sera féminin, mais vous verrez que l’idée principale de la tenue est mixte et universelle. Si le Perfecto n’est pas l’apanage des hommes, c’est surtout qu’aussi loin que je remonte le premier Perfecto de ma discothèque n’est autre que celui de P.J. Harvey.
© Paul Bergen/Redferns/Getty Images
PJ Harvey en 1992, sur la scène du Pinkpop festival, Pays-Bas.
Nous sommes alors en 1992, sur les bancs de l’école, à une époque où l’on s’échange cassettes et magazines sous le manteau pour se tenir informés des dernières tendances. La jeune chanteuse anglaise vient de sortir son premier album « Dry » : les chansons sont arides, la démarche intime, féministe et presque punk. Elle résonnera durablement dans le paysage musical, inspirant de nombreuses femmes dans son sillage.
Dans mon souvenir, P.J. Harvey porte un jean et un débardeur noirs, une Sheela-Na-Gig » et retenir plus généralement l’association veste en denim et Perfecto pour vos propres tenues : ça marche à tous les coups !
Pour nos lectrices, outre les pionnières Patti Smith et Françoise Hardy, on peut citer deux autres icônes musicales inspirantes ayant porté le perfecto : Kim Gordon et Debbie Harry.
© Lynn Goldsmith/Corbis/VCG via Getty Images
La chanteuse de Blondie, Debbie Harry, en 1977.
La première a tenu la basse du groupe américain Sonic Youth pendant 30 ans, distillant au passage sa vision de la mode et du vêtement à chacune de ses apparitions. Tout la musique du quatuor tient dans son patronyme +.
Si Kim Gordon porte par exemple le Perfecto en toute sobriété avec robe et bottines noires, vous trouverez d’autres variations parmi les personnages du clip « Dirty boots » : tee-shirt, chemise à carreaux, jean ou jupe écossaise et probables Converse aux pieds.
La seconde n’est autre que la voix et le moteur principal de Blondie. Issu de la scène punk new-yorkaise du milieu des années 70, le groupe deviendra célèbre avec des chansons plus ouvertement pop comme « Atomic », « Call me » ou « Heart of Glass ».
De la musique, des fringues souvent trouvées en friperie puis customisées et du blond platine : Debbie Harry suscitera évidemment l’intérêt du monde de la mode. Sa vision du Perfecto ? Un exemple en vidéo ou en image ci-dessus : un foulard, un pull à col v rose sous son blouson de cuir et un pantalon qu'on soupçonne un rien habillé.
Pour (re)découvrir
P.J. Harvey : l'album « Dry » (1992)
Sonic Youth : l'album « Daydream Nation » (1988)
Blondie : l'album « Parallel Lines » (1978).
Pour nos conseils sur la veste en denim :
C'est une de ses forces, au même titre que son écriture nourrie par de grands auteurs comme Jack Kerouac, Jack London ou John Steinbeck et sa générosité jamais démentie envers le public. On pourrait ajouter son goût prononcé pour le denim dans ses tenues. C'est le plus souvent d'esprit US et décontracté : vestes en denim, jeans et parfois même des Converse aux pieds.
© Monty Fresco/Evening Standard/Getty Images
Bruce Springsteen en 1975.
S'il fallait résumer Bruce Springsteen en deux lignes : propulsé " nouveau Bob Dylan " à ses débuts, désormais abonné au statut de Boss, il s'est trouvé un groupe parfait pour faire vivre ses chansons sur scène et figure parmi les meilleurs conteurs de l'Amérique contemporaine.
Son Perfecto noir, on le découvre sur la pochette de son troisième album « Born To Run » en 1975. Il porte la barbe, les cheveux frisés, un jean et un tee-shirt blanc. À cette époque, il n'est pas rare de le voir également arborer cette même tenue avec divers accessoires, comme le bonnet, la casquette, l'écharpe et... bien souvent le bandana : un plus pour l'attitude, un plus aussi pour le style.
Pour un aperçu de son Amérique et de son Perfecto sous les projecteurs, un émouvant extrait de son concert à l'Hammersmith Odeon de Londres en 1975 ici.
Pour (re)découvrir Bruce Springsteen : l'album « Born to run » (1975).
Pour nos conseils sur les bandanas :
C'est fun, sans prise de tête, avec un esprit irrémédiablement rebelle et adolescent qui s'accorde évidemment très bien avec le style et l'état de leurs vêtements. Si vous souhaitez porter votre Perfecto " à la new-yorkaise ", vous ne trouverez pas meilleure inspiration.
Pour (re)découvrir The Ramones : l'album « Rocket to Russia » (1977).
Pour d'autres looks avec Converse :
4. PERFECTO & HÉRITAGE PUNK : JOE STRUMMER (THE CLASH)
Passons maintenant de l'autre côté de l'Atlantique, plus proche de nous. Le cheminement vers le style amène bien souvent à découvrir toutes sortes d’univers et de tendances. Il en va de même pour la musique : sans le punk, il est probable que je ne serais pas allé fouiner du côté du dub, du reggae ou du funk.
Si les Sex Pistols sont communément le premier groupe qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque le mouvement punk, le mot apparaît dès les années 60 à propos des groupes de rock garage. La rumeur se propage par la suite avec des groupes américains comme The Stooges ou le MC5.
Dans les années 70, Richard Hell du groupe américain Television ou les New York Dolls peuvent être considérés comme les premiers vrais punks de l’histoire. Habile commercial et manager des seconds, Malcom Mc Laren importera l’esprit jusqu’en Europe créant de toutes pièces l’uniforme et le groupe Sex Pistols. On peut leur préférer Public Image, la suite des aventures du leader John Lydon, plus riche musicalement.
Le mouvement punk explose en tout cas en 1977, entraînant dans son sillage une ribambelle de groupes plus ou moins oubliés aujourd’hui. L’esprit cependant est resté, et dans le cas particulier de la mode : la récupération, les friperies et la seconde main qui faisaient le bonheur du vestiaire punk sont plus que jamais d’actualité.
© Julian Yewdall/Getty Images
Joe Strummer et Paul Simonon, The Clash sur scène en 1977.
Parmi les fers de lance du mouvement punk en Angleterre : The Clash. Plus intéressant que les Sex Pistols, ne serait-ce que pour leur ouverture musicale et surtout leur style vestimentaire qui mêle dans un joyeux foutoir le rockabilly, la mode militaire et bien d’autres univers, le groupe est en partie resté dans les annales du vêtement grâce à la chanson « Should I Stay or Should I Go », associée à une fameuse campagne de publicité Levi’s en 1991.
Mais pour les fans, The Clash, ce sont surtout des albums comme « London Calling » et le charisme du guitariste Joe Strummer, grand amateur de chemises d’inspiration militaire.
Dans le vestiaire du groupe, le perfecto est évidemment à l’honneur, que ce soit sur les épaules de son bassiste Paul Simonon ou celles de Joe Strummer. Boots, jeans, tee-shirt, Perfecto, avec des pointes ici et là de denim ou des réminiscences décontractées du combo cravate chemise. Si le budget vous manque et que la débrouillardise ne vous fait pas peur, vous trouverez plein d’idées d’inspirations pour votre style chez Joe Strummer.
Pour (re)découvrir The Clash : l'album « London Calling » (1979)
Pour d'autres looks avec blouson Perfecto :
Vous retrouverez en tout cas chez Alan Vega le Perfecto solidement accroché, le plus souvent associé à du denim, des tee-shirts ou des chemises. Mais rien n'empêche le style rock d'aller voir ailleurs, du côté du western ou de l'habillé plus ou moins formel : chemises western et blousons de cuir à franges, souliers ou sneakers blanches, pantalons de costume et chouettes blazers croisés.
Pour les amateurs, un aperçu d'Alan Vega en noir et en Perfecto, ici en live à la télévision française à la toute fin des années 80. C'est une chanson à l'origine produite par Ric Ocazek des Cars, et elle pourrait figurer sans mal sur la B.O de la troisième saison de « Twin Peaks ». Quant au brassard noir que portait parfois Alan Vega au bras de ses blazers, à vous de voir.
Pour (re)découvrir Suicide : l'album « Suicide » (1977).
Pour la petite histoire du Perfecto :
Pour en savoir davantage sur cet incroyable personnage, je vous invite à la lecture d'« I Want more », petite autobiographie passionnante du leader des Stooges. Autre ressource intéressante, si jamais les geta japonaises vous intriguent par ailleurs : cette Renaud, bien sûr. Mais aussi Bernard Lavilliers, Manu Chao période Mano Negra et bien d'autres. De mon côté, hormis quelques monstres sacrés comme Serge Gainsbourg ou Léo Ferré, je n'ai été qu'assez peu marqué par la chanson française plus jeune.
Il y a cependant quelques exceptions. Le parcours d'Alain Bashung est par exemple intéressant à plus d'un titre. Il est à la fois musical et stylistique, et c'est un bon exemple des vertus du temps qui passe.
Qui aurait pu prédire que le Bashung de la fin des années 70 donnerait naissance à de grands disques comme « Osez Josephine », « Fantaisie Militaire » ou « L'Imprudence » ? Du style ouvertement rock des débuts à l'élégance formelle des dernières années, le parcours stylistique d'Alain Bashung est comme indissociable de l'évolution de sa musique.
© Collection ChristopheL / Photothèque Lecœuvre / IMAGO
Alain Bashung sur scène circa 1981.
Mais revenons à la fin des années 70. Très fortement inspiré du rock’n’roll des pionniers anglo-saxons à ses débuts, Alain Bashung s'est assez logiquement paré d'un imaginaire et d'un vestiaire rock’n’roll : du jean, des santiags, du cuir et pas seulement sur les blousons.
À l'heure où le mouvement punk fait trembler les murs de Buckingham Palace, Alain Bashung apparaît alors un rien décalé, presque anachronique dans son pantalon slim en cuir noir.
Ses premiers pas discographiques sont ainsi un éloge du cuir. On peut le voir sur la pochette de son album « Pizza » ou dans le clip d'un de ses premiers grands succès ici. Dans cette vidéo, Bashung affiche même un look total rock'n'roll : Perfecto et pantalon en cuir noir, chemise à rayures et longue écharpe, boots et lunettes noires. Too much ?
On peut le retrouver dans un autre style parmi les nombreuses images prises en coulisses, moins outrancier mais toujours en Perfecto, dans la vidéo de cet autre grand succès.
Évidemment, c'est un des styles les plus connotés de cette petite sélection. S'il paraît parfait sur le papier, il est plus difficile à assumer dans la vie quotidienne. À moins bien sûr de vouer un culte à Buddy Holly, Gene Vincent et Elvis Presley et de n'avoir besoin de personne en Harley Davidson.
Dans les années 80, à mesure qu'Alain Bashung s'éloigne du rock pour embrasser les hautes sphères de la chanson, le Perfecto se trouve en parallèle de nouvelles icônes à travers la pop culture : moins électrique et dans une moindre mesure plus présentable, le fameux blouson de cuir rejoint le vestiaire de Madonna, Michael Jackson, Samantha Fox ou plus récemment David Guetta.
Pour (re)découvrir Alain Bashung : l'album « Fantaisie militaire » (1998)
Pour nos conseils sur les blousons en cuir :
Pour (re)découvrir Motörhead : l'album « Ace Of Spades » (1980).
Pour d'autres looks dans le registre metal :
De mon côté, outre la période pré-seventies, c'est une de mes époques préférées en termes de style vestimentaire et musicale et vous pourrez le redécouvrir chez beaucoup de groupes anglais de cette époque, comme par exemple Echo & The Bunnymen ici en action avec veste militaire pour son leader Ian McCulloch en 1980 et là un peu plus tard avec Perfecto oversize. Au passage, toujours dans ces premières années 80 et pour ceux qui rechercheraient des idées de layering avec caban : une piste ici, à travers l'un de mes groupes préférés.
Pour (re)découvrir The Cure : l'album « Disintegration » (1989)
Pour nos conseils sur les pantalons larges :
10. PERFECTO & HOMEWEAR : PETER HOOK (NEW ORDER)
Jusqu'ici, nous avons surtout observé le Perfecto en extérieur. Il y a dès lors peut-être une question qui vous vient à l'esprit : ce blouson peut-il se porter en mode homewear ? Pour le savoir, je vous invite à retrouver l'une des places fortes du rock anglais : Manchester, les disques Factory, le design de Peter Saville et… la musique de New Order.
Si j’ai toujours été plus attiré par les disques et les tenues de Joy Division, c’est cependant avec des groupes comme New Order ou les Stone Roses que j’ai appris à danser (mal). Comme la mode et la musique entretiennent des liens particuliers, notez que les Japonais de la marque Blue Monday » en 1983, sans doute le titre le plus emblématique du groupe et accessoirement « le premier morceau de disco qui soit honnête » selon les propres mots de Bernard Sumner. Il y a cependant beaucoup d’autres choses à découvrir chez New Order : des ambiances, de la musique de danse, des chansons pop et une certaine mélancolie rassérénante.
Si le groupe n’a jamais particulièrement brillé pour son style vestimentaire, vous trouverez en revanche du Perfecto et une certaine forme de panache décontracté à le porter chez son très influent bassiste Peter Hook.
Regardez par exemple la vidéo de la chanson « The Perfect Kiss » : nous sommes en 1985 et tout le style New Order pourrait être résumé dans cette chanson et son final tout en frissons. À la basse, Peter Hook porte une barbe et une coupe de cheveux dignes de Chuck Norris, un Perfecto usé de tous les côtés, un tee-shirt noir et un bas quasi homewear : c’est un jogging gris qu’on appellerait peut-être jogpant aujourd’hui, associé à des chaussettes blanches et de probables baskets.
J’ai beau chercher : je ne vois pas de tenue avec Perfecto plus « chill » dans ma discothèque.
Pour (re)découvrir New Order : l’album « Low-Life » (1985).
Pour nos conseils sur le homewear :
11. PERFECTO & PANTALON BLANC : DAVE GAHAN (DEPECHE MODE)
Vous le savez : chez BonneGueule on adore le pantalon blanc. Impossible donc de ne pas mentionner ici le nom d'un groupe qui aime à le porter. Un indice : il est inspiré d’un vieux titre de magazine de mode français.
Plus de 40 ans après sa formation, Depeche Mode sonne comme une évidence : de grands disques, un art constant de la ritournelle synthétique qui fait se rencontrer Kraftwerk et les Beatles, des coupes de cheveux improbables, du charisme incarné par le chanteur Dave Gahan et bien sûr des vêtements à foison, parfois même issus du vestiaire féminin.
Ils font désormais figure de dinosaures new wave aux côtés de U2 ou The Cure. On leur doit des dizaines de classiques pop, et sans doute l’une des plus belles chansons jamais écrites sur le silence. Mais si l’on ne peut que louer les talents de compositeur de Martin L. Gore, on peut également souligner l’appétit jamais démenti du groupe pour la mode.
© Fryderyk Gabowicz/picture alliance via Getty Images
Depeche Mode en concert à Dortmund, Allemagne - 1988.
Il suffit de jeter un œil à leurs nombreuses vidéos, et de s’arrêter sur l’une des tenues emblématiques de Dave Gahan. Vous pouvez entre autres la retrouver dans la vidéo d’« Enjoy The Silence », une chanson extraite de ce que l’on peut considérer comme leur meilleur album : « Violator », probablement la bande-son inconsciente de mon année 90. Le groupe est alors connu partout, même dans les coins les plus reculés de la Mayenne.
Perfecto noir, jean blanc, boots noires, tee-shirt ou débardeur. C’est un nouvel exemple de ce que le blanc en bas peut avoir de merveilleux et notez que le jean blanc et le Perfecto est une combinaison qui n’a bien sûr pas échappé à Jordan dans son Panache dédié. Des Perfecto, et plus généralement du cuir, vous en trouverez dans tous les cas beaucoup dans les tenues de Depeche Mode, toutes époques confondues.
Dans un autre genre, et puisque l’on évoque ici l’un des grands groupes anglais des années 80, j’en profite pour glisser un tout petit mot sur les concurrents irlandais de U2 dont les premiers disques ont encore aujourd’hui quelque chose d’incroyablement touchant : la guitare si caractéristique de The Edge, le souffle héroïque de l’ensemble et une certaine maladresse adolescente compensée par la passion, l’envie, la foi, appelez cela comme vous voudrez.
Il y a une question tout à la fois futile et existentielle qui me taraude depuis maintenant plusieurs décennies. Pour l’illustrer, je vous invite à vous replonger dans la vidéo de « Pride (In The Name Of Love) », un des grands tubes de l’année 1984, avec du noir partout dans ses vêtements. Le batteur Larry Mullen Jr y porte jeans, Perfecto et tee-shirt noirs, avec de probables boots aux pieds. Sachant que le Perfecto tient chaud, comment peut-on humainement jouer de la batterie sans broncher avec un tel blouson sur le dos ?
Pour (re)découvrir Depeche Mode : l'album « Violator » (1990).
Pour d'autres looks avec pantalon blanc :
12. PERFECTO & CHEMISES BOUTONNÉES : THE JESUS & MARY CHAIN
"Que pensez-vous des chemises boutonnées jusqu’en haut ?" C’était de mémoire un sujet de podcast, et si dans l’ensemble toute la rédaction s’accordait sur un non courtois mais relativement définitif, j’aurais pu de mon côté nuancer le propos en prenant appui sur l’un de mes groupes préférés : les écossais Jesus & Mary Chain.
De la même manière que Nicolò avec ses pépites, j’ai cependant tendance à garder certains secrets pour moi. C’est par exemple le cas de disques comme « Psychocandy » ou surtout « Darklands » : ils m’accompagnent depuis 25 ans.
À travers eux, je pourrais également parler d’une couleur que Benoît déteste par-dessus tout mais que j’ai portée fièrement pendant la majeure partie de ma vie : le noir, c’est bien sûr la couleur du rock et personne n’imagine The Jesus & Mary Chain débouler sur scène en tenues casual chic.
© Gie Knaeps/Getty Images
William et Jim Reid (The Jesus & Mary Chain) en 1987.
Pour la musique, imaginez un courant apparu au milieu des années 80 faisant se rencontrer les guitares les plus bruyantes du Velvet Underground avec l’art de la mélodie pop des sixties.
Pour le style, vous pouvez oublier le peigne, sortir les boots, les pièces en denim, les tee-shirts et pulls rayés, les chemises à carreaux ou les chemises noires boutonnées jusqu’en haut, les lunettes noires et les blousons de cuir noirs.
Parmi eux, il y a évidemment le Perfecto que vous retrouverez par exemple chez le bassiste Douglas Hart. Vous pouvez le voir ici. La chanson est culte et pour les plus cinéphiles d’entre vous, pensez par exemple à la bande-son qui accompagne Bill Murray et Scarlett Johansson dans « Lost In Translation » de Sophia Coppola.
Un autre exemple ici, sur cet autre classique de 1987 : regardez plus précisément le Perfecto sur les épaules du guitariste William Reid, associé avec jean et chemise à carreaux. Parmi les grands fans du groupe en France : Etienne Daho. On y reviendra. En attendant, dites-moi : est-ce que vous trouvez toujours les chemises boutonnées jusqu’en haut ringardes ?
Pour (re)découvrir The Jesus & Mary Chain : l'album « Darklands » (1987).
Pour nos conseils sur les chemises :
Tandis que Daho truste les hit-parades au milieu des années 80, il aime à citer le Velvet Underground, Syd Barrett, David Bowie mais aussi Françoise Hardy et... Serge Gainsbourg, qu'il rencontre par le biais des Enfants du Rock.
Pour les plus curieux, vous trouverez sur Internet des traces d'une rencontre TV entre les deux hommes. Étienne Daho y apparaît tout en noir et porte entre autres un blouson Perfecto. Gainsbourg de son côté a son élégance à lui : jean, chemise bleue sous un blazer à rayures, manches retroussées, Repetto et chaussettes blanches.
© CONTI/Gamma-Rapho via Getty Images
Etienne Daho circa 1987.
Si le fameux blouson de cuir de chez Schott n'est pas étranger à Etienne Daho, notez qu'il le porte entre autres à la manière du groupe écossais évoqué plus haut. Dans ces années-là, il porte aussi la marinière, un vêtement immortalisé par Pierre & Gilles sur la pochette de l'album « La Notte, la notte » en 1984. Rien n'empêche d'associer les deux, marinière et Perfecto, ne serait-ce que pour changer de l'éternel tee-shirt blanc.
Signalons aussi, pour ceux qui s'inquiéteraient du port du Perfecto passé l'adolescence, qu'à 65 ans, Etienne Daho porte toujours le blouson de cuir avec élégance. En témoignent ses sorties médiatiques à l'occasion de l'album « Blitz » en 2017.
Sur l'autre versant, plus sombre, de la pop française, on peut aussi regarder du côté de Taxi Girl et de son chanteur Daniel Darc, autre amateur de Perfecto et d'effluves rock’n’roll.
Pour (re)découvrir Etienne Daho : l'album « La Notte, la notte » (1984)
Pour d'autres looks avec blouson Perfecto :
De Lou Reed en solo, on retient surtout de son vestiaire son inamovible tee-shirt noir. Vous pouvez jeter un œil via les vidéos YouTube : il est presque partout. C'est aussi pas mal de blousons en cuir, et notamment le Perfecto dans les années 80, ici par exemple porté avec jean et tee-shirt, dans la plus pure tradition liée à ce blouson.
Pour les curieux, mon album préféré de Lou Reed n'est pas le plus évident, mais il me suit partout depuis mes 16 ans : il s'appelle « Berlin ».
Si le port du Perfecto chez lui n'est pas surprenant, il le sera peut-être davantage chez un personnage plus fantasque, habitué des frasques et/ou des défilés de mode et dont Lou Reed semblait par ailleurs apprécier la musique.
© Francois G. Durand/WireImage
Kanye West à Paris, 2012.
Kanye West est une des stars du hip-hop contemporain et lui aussi ne dit pas non au Perfecto ou à la mode en général. Il l'intègre en revanche dans un registre bien différent, plus volontiers streetwear : sneakers en avant, jogging ou jean bleach à trous, tendance au porter loose en haut.
Tout n'est pas nécessairement à prendre dans le vestiaire de Kanye West, mais c'est en tout cas une autre piste à explorer pour une autre manière d'envisager le Perfecto. Comme quelques autres pièces relativement connotées du vestiaire masculin, le Perfecto peut être réinventé à la faveur d'un autre style. Dans cet esprit : pensez également au sweat et au hoodie.
Quant à la musique de Kanye West : c'est inventif, un peu fou, riche de styles, de couleurs et d'idées musicales. Pour mieux se rendre compte du temps qui passe et apprécier la patine de certains de ses albums, on peut pourquoi pas commencer par le début, voire pour suivre l'exemple de Dior : par ici.
Pour (re)découvrir Lou Reed : l'album «Berlin» (1973) & Kanye West l'album «The College dropout» (2004).
Pour en savoir plus sur le streetwear :
À travers ce clip volontiers suggestif, on redécouvre ni plus ni moins que les origines du Perfecto. Souvenez-vous de l'histoire contée par Jordan : le Perfecto a été créé pour faire de la moto. C'est précisément ce que fait ici Justin Timberlake, sur les traces du Marlon Brando de « l'Equipée Sauvage ».
Il a le casque et les gants en cuir. Il porte son blouson noir fermé. En bas : un pantalon ajusté mais fluide et une paire de boots. En haut : un simple débardeur noir qu'on découvre bien vite. Puis des lunettes noires. C'est volontairement sexy : en une poignée de secondes, Justin Timberlake redonne à notre vieux blouson de motard une nouvelle jeunesse. Et si au terme de ces 15 petits portraits à base de musique et de blouson Perfecto, vous vous laissiez finalement tenter ?
Pour (re)découvrir Justin Timberlake : l'album « Futuresex/Lovesounds » (2006)
Nos looks avec blouson Perfecto :